mardi 28 octobre 2025

Les États-Unis envisagent de mener une guerre d'usure par procuration intensifiée contre la Russie

 Veille du départ de Trump : la présidence qui n'a jamais existé – Charlie  Hebdo

Chaque partie de ce qui constitue sans doute la nouvelle stratégie en trois phases de Trump contre la Russie présente ses inconvénients.

La dernière escalade de Trump contre la Russie s'est traduite par l'imposition de sanctions sévères contre ses deux plus grandes entreprises énergétiques, l'annulation de sa rencontre prévue avec Poutine et la déclaration de ne plus se revoir, sauf pour finaliser un accord sur l'Ukraine. Le Wall Street Journal (WSJ) a évoqué les implications de ce revirement , insinuant qu'il présageait une intensification de la guerre d'usure par procuration menée par les États-Unis contre la Russie. Cet article explore brièvement la forme que pourrait prendre cette situation et ses chances de succès.

Le Wall Street Journal affirme que « la révolution des drones… signifie qu'aucune des deux parties n'est susceptible de réaliser des avancées territoriales majeures dans un avenir proche », mais il passe sous silence que cela est également dû au soutien continu de l'OTAN à l'Ukraine, notamment à l'achat par l'UE d'armes américaines à prix fort pour leur transfert vers l'Ukraine conformément au nouveau programme de l'été dernier. Maintenir cet équilibre de fait entre drones et forces conventionnelles, dû au soutien indispensable de l'OTAN à l'Ukraine, est donc la priorité absolue des États-Unis s'ils veulent affaiblir la puissance russe à terme.

Le deuxième volet de ce qui constitue sans doute la nouvelle stratégie en trois phases de Trump contre la Russie consiste à faire respecter strictement les dernières sanctions, notamment à l'égard des partenaires indiens et chinois de la Russie, qui constituent ensemble le noyau dur des BRICS, afin de réduire considérablement les flux de revenus extérieurs de la Russie. L'objectif est de créer les conditions de troubles socio-économiques en Russie tout en érodant progressivement son statut de grande puissance si l'Inde, la Chine et d'autres pays commencent à la maintenir à distance pour éviter des droits de douane punitifs écrasants.

Enfin, le dernier volet vise à attiser les troubles en Russie en exacerbant les difficultés socio-économiques susmentionnées, par un soutien probable à de nouvelles frappes ukrainiennes à longue portée contre des raffineries de pétrole et d'autres infrastructures critiques, estimant que la dégradation rapide du niveau de vie retournerait la population contre Poutine. L'idée est que la pression politique d'en bas s'ajouterait aux pressions économiques, politiques et militaires extérieures pour contraindre ce dernier à geler le front sans aucune concession de l'Ukraine.

Chaque volet de la nouvelle stratégie en trois phases de Trump contre la Russie présente des inconvénients. Le premier point est que la charge financière du maintien de l'équilibre des forces dans cette guerre par procuration incombe à l'Europe, dont certains États pourraient préférer réduire leurs dépenses en armes américaines pour l'Ukraine plutôt que de reconstituer leurs stocks. On observe également un intérêt croissant pour la priorité accordée au complexe militaro-industriel européen plutôt qu'à celui des États-Unis. Il n'est donc pas acquis que les lignes de front tiennent indéfiniment.

Quant au second point, il a été expliqué ici pourquoi l'Inde et la Chine ne devraient pas cesser complètement d'importer de l'énergie russe, notamment parce que la flambée des prix nuirait davantage à leur croissance économique que des droits de douane américains punitifs. Ni l'une ni l'autre ne souhaite se débarrasser de la Russie au risque que son rival renforce ses liens avec elle, ce qui pourrait alors se faire à ses dépens. Si les flux de revenus extérieurs de la Russie pourraient diminuer, son trésor de guerre pourrait continuer à financer le conflit pendant au moins quelques années encore, retardant ainsi l'impact des sanctions.

Enfin, le peuple russe est resté calme pendant des périodes bien plus difficiles, pendant la Seconde Guerre mondiale et après l'effondrement de l'Union soviétique, que celles qu'il aurait pu subir suite aux frappes ukrainiennes de grande ampleur contre ses infrastructures critiques. Il ne devrait donc pas connaître de troubles graves. Les services de sécurité sont également suffisamment puissants pour faire face à toute éventualité. Pour ces raisons, l'intensification de la guerre d'usure par procuration menée par les États-Unis contre la Russie est peu susceptible de réussir, mais elle pourrait néanmoins causer des dommages.

ANDRÉ KORYBKO

28 OCTOBRE 2025


1 commentaire:

  1. Cette guerre est menée DEPUIS 1945 ! Mais certains...... considèrent ces protagonistes comme des partenaires.....
    VA SAVOIR POURQUOI ????

    RépondreSupprimer

Les commentaires hors sujet, ou comportant des attaques personnelles ou des insultes seront supprimés. Les auteurs des écrits publiés en sont les seuls responsables. Leur contenu n'engage pas la responsabilité de ce blog ou de Hannibal Genséric. Les commentaires sont vérifiés avant publication, laquelle est différée de quelques heures.