“Les
Etats-Unis ? C’est l’histoire d’une bande d’esclavagistes qui voulurent
être libres. Alors ils ont tué plein d’Anglais blancs pour pouvoir
garder leurs esclaves noirs africains et ils purent continuer à éliminer
les hommes rouges, continuer à bouger vers l’Ouest pour aller voler les
terres des Mexicains bronzés, ce qui leur donna un espace volé pour
pouvoir plus tard bombarder nucléairement les jaunes. Vous savez ce que
devrait-être le slogan de ce pays : ‘Donnez-nous une couleur, on
l’éliminera !”
George Carlin
Une nation pacifique ?
[...]
Vous ne pouvez pas dire aux Américians Originels (Indiens) que nous
étions une nation pacifique alors que nous mouvions au travers du
continent et nous engagions dans des centaines de guerres contre eux.
Les Etats-Unis se sont engagés dans au moins vingt interventions
militaires dans les Caraïbes dans les vingt premières années du siècle
dernier (XXème siècle), de la seconde guerre mondiale à aujourd’hui,
nous avons eu une interminable succession de guerres et d’interventions
militaires.
Juste
cinq ans après la fin de la guerre la plus désastreuse de l’histoire de
l’humanité, après la seconde guerre mondiale, nous sommes en guerre en
Corée. Ensuite, presqu’immédiatement, nous allons aider les Français en
Indochine, suppléant plus de 80% de leur équipement militaire et bientôt
nous sommes impliqués en Asie du Sud-Est. Nous bombardons non seulement
le Vietnam mais aussi le Laos et le Cambodge.
Dans
les années 1950, nous sommes aussi impliqués dans des opérations
secrètes de renversement de gouvernements en Iran (1953) et au Guatémala
(1954). De plus alors même que nous sommes impliqués par la suite au
Vietnam, nous envoyons également l’armée en République Dominicaine. Dans
cette période nous donnons aussi une énorme aide militaire à
l’Indonésie, aidant ainsi le dictateur local Suharto, à mener une guerre
interne contre son opposition au cours de laquelle plusieurs centaines
de milliers d’opposants à son régime seront tués. Puis en 1975, le
gouvernement américain apporte un soutien critique à la campagne féroce
et brutale de mise au pas de la population du Timor Oriental, dans
laquelle des centaines de milliers de personnes seront tuées.
Dans
les années 1980. Lorsque Reagan arrive aux affaires, nous commençons
une guerre secrète en Amérique Centrale, au Salvador et au Honduras, au
Costa Rica et spécifiquement au Nicaragua, y créant une force
contre-révolutionnaire les Contras, que Reagan appelle les “Combattants
de la Liberté”.
En
1978, avant même que les Russes n’entrent en Afghanistan, nous envoyons
secrètement des armes aux rebelles les moudjahidines. Certains d’entre
eux deviendront par la suite les Talibans, les gens qui soudainement
deviendront nos ennemis. Le Conseiller à la Sécurité Nationale du
président Carter, Zbigniew Brzezinski, crânait alors qu’il savait que
les Etats-Unis allaient “provoquer une intervention militaire
soviétique” en Afghanistan. Ceci se produisit, provoquant une guerre qui
dura 10 ans. La guerre fut dévastatrice pour les Afghans et laissa le
pays en ruine. Dès que ce fut fini, les Etats-Unis se retirèrent. Les
gens que nous soutenions, les fondamentalistes religieux prirent le
pouvoir en Afghanistan et y établirent leur régime.
Presqu’aussitôt
la venue aux affaire de George Bush Sr en 1989, il lança une guerre
contre la Panama, qui tua plusieurs milliers de personnes. Deux ans plus
tard, nous étions en guerre dans le Golfe, utilisant l’invasion du
Koweït par Saddam Hussein (NdT :
qui eut au préalable le feu vert de Washington et fut encouragé de le
faire se faisant ainsi piéger…) comme excuse pour intensifier notre
présence militaire dans la région et pour stationner des troupes en
Arabie Saoudite, ce qui devint par la suite un des crimes principaux qui
fit réagir Oussama Ben Laden et d’autres nationalistes saoudiens.
Puis, avec l’administration Clinton, nous avons bombardé l’Afghanistan, le Soudan, la Yougoslavie et encore l’Irak.
Puis, avec l’administration Clinton, nous avons bombardé l’Afghanistan, le Soudan, la Yougoslavie et encore l’Irak.
Pour
que quelqu’un comme Bush nous appelle une “nation pacifique”, cela veut
dire qu’il faille laisser de côté une bien grande portion de
l’histoire.
Il
est en fait juste de dire que depuis la seconde guerre mondiale, il n’y
a pas eu de nation plus belliqueuse et activement engagée dans les
conflits que les Etats-Unis.
[...] Pour nous faire entrer de nouveau en guerre (NdT :
Après les attentats du 11 Septembre 2001), ils veulent nous faire agir
comme si nous étions nés hier. Ils veulent que nous oublions l’histoire
de nos gouvernements, parce que si vous oubliez l’histoire, c’est à dire
si vous êtes nés d’hier, alors vous allez croire n’importe quoi.
Comment croyez-vous que nous ayons ajouté le Texas, le Colorado, le
Nouveau-Mexique, l’Arizona et la Californie aux Etats-Unis ? Parce que
les Mexicains nous aimaient beaucoup et qu’ils nous les ont donné ? Nous
avons acquis ces territoires suite à la guerre contre le Mexique et
nous avons pensé que les Mexicains devraient être contents que nous
n’ayons pas tout pris. Cette guerre contre le Mexique a commencé avec un
mensonge. Il y a eu un incident à la frontière américain-mexicaine. Des
troupes américaines allèrent en zone disputée et des gens y furent
tués. Le président James Polk décréta que le sang avait coulé en terre
américaine et les armées furent envoyées vers Mexico-City, peu de temps
après nous avions la moitié du Mexique.
[...]
Ainsi l’histoire peut-être utile. Elle peut vous en dire beaucoup sur
votre gouvernement, au sujet des mensonges et de la tricherie
perpétuelle. Si les gens savaient cette histoire, ils ne resteraient pas
assis béatement à écouter un Bush parler et à s’émerveiller qu’il soit
capable de lire.
[...] Le gouvernemnt nous dit qu’il est absolument déterminé à éradiquer les camps d’entrainement terroristes (NdT :
créés par la CIA, MI6, Mossad, ISI et financé par les Saoudiens et pays
du Conseil de Coopération du Golfe), mais ici aux Etats-Unis, la
sinistre “École des Amériques” (NdT :
autrefois basée au Panama) a entraîné et entraîne toujours des
personnels qui s’engagent dans le terrorisme, elle entraîne des gens qui
deviennent les organisateurs des escadrons de la mort en Amérique
Centrale (NdT : technique de
“contre-insurrection” développée par l’armée française lors de la
bataille d’Alger de 1957 et que des cadres tortionnaires français comme
le général Aussarès, enseignèrent à l’École des Amériques…).
Si
vous mettez au mur des photos de classe de l’École des Amériques, vous
aurez une une sérieuse galerie de terroristes internationaux, comme par
exemple le chef des escadrons de la mort salvadoriens Roberto
D’Aubuisson, qui prît par au massacre de 811 personnes à El Mozote en
1981, ainsi que beaucoup de généraux et de dictateurs qui passèrent dans
les rangs de l’École des Amériques.
Vous savez, le dictateur panaméen Manuel Noriega est allé à l’École des Amériques,
puis est devenu un employé de la CIA, puis soudainement est devenu un
ennemi et un terroriste, alors nous sommes entrés en guerre contre le
Panama pour le capturer.
Nous n’irons probablement pas de si tôt en guerre contre Henry Kissinger !
Les
Etats-Unis se sont opposés de manière persistante à la création d’un
tribunal international contre les crimes de guerre parce qu’il pourrait
être utilisé contre les personnels du gouvernement américain et ses
militaires…
Kissinger
a écrit récemment qu’un tel tribunal serait un mauvaise idée ! Bien sûr
que c’est une mauvaise idée, il pourrait bien être un des premiers à y
être jugé. (NdT : N’oublions pas que Kissinger est le protégé et l’homme d’action de la famille Rockefeller…)
[...] Le gouvernement américain quel qu’il soit n’est clairement pas intéressé en une telle initiative.
Sur
les mouvements sociaux et la lutte anti-ségrégationniste dont Zinn fut
un fervent activiste il dit ceci (toujours avec Arnove en 2002) :
Pas en notre nom
[...]
Je
pense que la chute de l’URSS il y a dix ans nous a donné une nouvelle
opportunité de discuter au sujet du socialisme d’une façon qui ne serait
pas entachée par le stalinisme, par un état policier et le goulag (NdT :
qu’aujourd’hui en 2014, les Etats-Unis ont remplacé en devenant le Pays
du Goulag Levant depuis 2001…). Nous pouvons retourner à cette fraîche
vision du socialisme qui nous fut donnée avant l’avènement de l’URSS par
des gens comme Eugène Debs, Helen Keller et Jack London. C’est une
vision du socialisme qui peut inspirer les gens, qui a inspiré plusieurs
millions de personnes dans ce pays à la fin XIXème et début XXème
siècles. Je pense que nous avons de nouveau cette opportunité pour le
faire.
Cela
prendra pas mal de temps et d’éducation, il est clair que les gens
n’ont aucune foi dans les institutions du gouvernement. La revue Business Week,
qui n’est pas exactement un magazine prolétaire, a conduit une étude il
y a plusieurs années, étude qui indiqua que les gens avaient un sérieux
manque de confiance dans les entreprises et le gros business et
spécifiquement celles qui infuencent la politique. Ce scepticisme montre
l’aliénation qui existe et donc l’opportuunité qui existe aussi en ce
moment pour projeter de nouvelles idées vers les gens.
La
guerre a toujours diminué notre liberté. Quand notre liberté s’est
étendue, cela n’a jamais été le résultat de guerre ou de quoi que ce
soit le gouvernement aurait fait, mais toujours en résultat de l’action
directe des citoyens. Le meilleur exemple de cela est l’histoire des
afro-américains aux Etats-Unis, l’histoire de l’esclavage et de la
ségrégation. Ce ne fut pas le gouvernement qui initia le mouvement
contre l’esclavage mais les abolitionnistes noirs et blancs. Ce ne fut
pas le gouvernement qui initia la bataille contre la ségrégation dans
les années 1950 et 1960, mais le mouvement social des peuples du sud des
Etats-Unis. Ce ne fut pas le gouvernement qui donna aux ouvriers la
liberté de ne travailler que huit heures par jour au lieu de 12. Ce
furent les ouvriers et les travailleurs eux-mêmes qui s’organisèrent en
syndicats, firent grève après grève et firent face dans les rues à la
répression de la police. Le gouvernement était de l’autre côté, le
gouvernement a toujours été du côté des employeurs et des grosses
entreprises.
La
liberté des travailleurs, la liberté des noirs ont toujours dépendu des
luttes du peuple lui-même contre le gouvernement. Donc, si on y regarde
de près historiquement, nous ne pouvons certainement pas dépendre des
gouvernements pour maintenir ou gagner nos libertés. Nous ne pouvons
compter que sur nos propres efforts bien organisés.
Une
autre leçon que nous enseigne l’histoire est que vous ne devez jamais
dépendre de vos droits légaux. Ne croyez jamais que vous pouvez montrer
un statut légal ou la constitution et dire : “Vous voyez, c’est ce qu’il
y est dit et donc c’est ce que je vais avoir.” Parce que quoi que dise
la constitution, quelque soit ce que disent les statuts, quiconque en
fait détient le pouvoir en une situation donnée déterminera si les
droits que vous avez sur le papier seront les droits que vous aurez de
fait. Ceci est une situation très commune dans notre société. Les gens
luttent pour avoir leurs droits, ils les obtiennent sur le papier, mais
la réalité du pouvoir et de la richesse intervient et ces droits légaux
ne veulent plus dire grand chose. Vous devez vraiment lutter pour qu’ils
deviennent réels.
[...] Je pense que l’échec du système capitaliste pour résoudre les problèmes fondamentaux va devenir de plus en plus évident.
[...]
Un système qui place les bénéfices des entreprises et des actionnaires
au dessus de toute autre considération est voué à être exposé à l’échec.
Je ne sais pas quand cela deviendra l’évidence même pour la vaste
majorité du public américain mais cela est certain de se produire dans
le futur.
Source :
“Terrorism and War”, Howard Zinn with Anthony Arnove, Open Media, 2002
Traduit de l’anglais par Résistance 71
A
l'époque, Howard Zinn ignorait que cette même année 2002, un coup
d'Etat d'origine US allait tenter de renverser Hugo Chavez, sans
succès :
Et
que Sam remettrait ça sur le tapis plusieurs fois, avec plusieurs
tentatives d'assassinat, dont la dernière qui a peut-être réussi (le
cancer, ça s'injecte).
Il ignorait aussi que des tentatives d'assassinat contre son successeur auraient lieu jusqu'en 2014 : http://www.mondialisation.ca/venezu...
Il ignorait aussi que Bush était sur le point d'envahir l'Irak, et qu'il y aurait 1 à 2 millions de morts.
ll ignorait que son pays allait remettre ça en Libye, en Syrie, en Ukraine, en Somalie et ailleurs.
Il l'ignorait, mais je pense qu'il s'en doutait...
Mais ce qu'il savait, c'est que tout ça aura un terme. Même si le Bon Dieu n'existait pas.
On me reproche souvent de dire du mal des américains. Mais qui pourrait en dire du bien ?
Pourquoi,
comme le disait une banderole brandie au Pakistan, les Américains
sont-ils le "peuple le plus haï de la terre" ? (Ce n'est pas tout à fait
vrai : Israël a le pompon, avec 52% d'opinions négatives, soit 3.8
milliards de gens qui detestent ce pays).
Ce
ne sont pas les Américains en tant que peuple qui sont détestés ; ce
qui est rejeté plus fondamentalement, c'est leur entité politique
caractérisée par une violence répressive, le souci obsessionnel de leurs
propres intérêts, la façon de se positionner comme centre du monde et
surtout d'édicter comme norme ce qui doit être "raisonnable, normal et
approprié".
Moi, je leur reproche surtout d'être à la base de presque toutes les guerres depuis 70 ans. Qui dira le contraire ?