lundi 26 janvier 2015

2015 : L'Arabie Saoudite vous présente ses meilleurs vieux

Le roi Abdallah est mort à 90 ans. Il avait survécu à deux autres princes héritiers. Son successeur est Salman, déjà âgé de 79 ans, et il ne peut pas s’attendre à survivre guère plus d’une décennie. Et à 69 ans, le nouveau prince héritier Muqrin n’est pas un poulet de printemps. Ces vieillards peuvent-ils continuer à diriger un des pays les plus riches au monde sans qu’une révolution ne survienne ?

Combien de temps nos dirigeants occidentaux vont-ils continuer à flatter, caresser dans le sens du poil – et armer – ces autocrates riches comme Crésus ? Avant que ceux-ci ne paraissent aussi pitoyables à leurs propres concitoyens qu’aux Arabes qui ont à supporter le code moral wahhabite d’Arabie Saoudite – l’extrémisme anti-apostat le plus puriste incarné dans une famille dirigeante de quelques milliers d’individus dont le culte sectaire a été fondé par un prédicateur violent au 18ème siècle ? Vous rappelez-vous des Talibans ? Et sur ce terrain-là, d’Oussama ben Laden ?
À quand la révolution en Arabie saoudite ?Abdullah était « franc et avait le courage de ses convictions », nous a dit Obama. Il avait un « engagement pour la paix » et « une meilleure compréhension entre les religions », a déclaré notre Cameron. Tout cela est dit d’un homme dont le royaume décapite des dizaines de personnes chaque année à l’issue de procès qui ne respectent aucune des normes reconnues d’équité, dans lesquels une femme birmane a été traînée à travers les rues de la Mecque ce mois-ci, hurlant son innocence du meurtre de son beau-fils, pour finalement avoir sa tête coupée par un bourreau du gouvernement, qui a eu besoin de s’y prendre à trois fois avec son épée pour la décapiter. Assurément, c’est cela un engagement pour la paix et la compréhension interconfessionnelle…
Mais il y a un autre aspect d’Abdullah qui était tout à son honneur, mais naturellement laissé de côté à cause de notre propre histoire d’amour avec Israël – son offre continue de paix avec Israël et la reconnaissance arabe complète de notre premier allié, en échange d’un État palestinien et d’un retrait militaire israélien de l’ensemble de Gaza, de la Cisjordanie et du Golan. En un mot, l’application de la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies numéro 242, plus une nouvelle et pacifique « Palestine » arabe. « Un diable d’accord », comme le président Bill Clinton l’avait qualifié quand Abdullah – alors prince héritier – avait divulgué son plan en 2002.
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Le malheureux John Kerry lui a donné sa bénédiction – un baiser de la mort, peut-être, mais au moins un signe de sa reconnaissance perpétuelle. Même le Tarzan militaire égyptien, le général-président Abdel-Fattah Al-Sisi, a demandé un renouveau de cette idée de plan. Benjamin Netanyahu aurait parlé du « potentiel » de l’initiative – bien que son acharnement à détruire toute possibilité d’un quelconque État palestinien en volant toujours plus de terres arabes en Cisjordanie, empêche qu’on le prenne au sérieux.
Le mieux qu’Obama pouvait produire sur le sujet cette semaine a été de déblatérer sur les « mesures audacieuses » proposées par Abdullah, sans préciser de quelles « mesures » il était question. Les élections israéliennes – comme les élections américaines, d’ailleurs – sont trop proches pour que le leader de la première superpuissance mondiale (pour encore combien de temps ?) puisse avoir un langage plus courageux que cela…
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Le roi d'Arabie saoudite, Salman ben Abdelaziz al-Saoud (centre),
aux funérailles de son frère et prédécesseur Abdallah
Dans ses derniers jours, les incapacités physiques du précédent roi Fahd étaient devenues évidentes pour tous ceux qui le connaissaient. Abdullah aurait été sénile, et son successeur Salman calomnié dans les heures qui ont suivi sa prise de fonction comme souffrant de démence. Mais ces types sont rusés. Ils savent comment la succession doit être décidée en privé, comment mille princes royaux doivent être subornés et soudoyés et favorisés, tout en gérant la richesse tirée du pétrole avec le style wahhabite et sa version État islamique EI), et sous une justice aux yeux bandés.
Ainsi les présidents américains pouvaient louer la magnanimité de la sagesse du royaume wahhabite tandis qu’un comité au Pentagone écoutait un expert de la société Rand décrire l’Arabie Saoudite après les attentats du 9/11 comme « un noyau du mal au Moyen-Orient ». Ainsi au Liban, le roi mort pouvait être appelé un « chevalier arabe » – qualificatif normal de la part des sunnites qui ont bénéficié des largesses du royaume – alors que dans les zones contrôlées par l’EI, sa disparition a été accueillie comme une preuve supplémentaire de la désintégration de la Maison des Saoud. Après avoir perdu sa citoyenneté, Ben Laden avait le même but de détruire la monarchie. Peut-être avait-il été désireux de la couronne de l’Arabie pour lui-même.
Les défenseurs d’Abdullah étaient légion – et la plupart du temps bien rémunérés – et nous allons beaucoup les entendre dans les prochains jours. Ils parleront de sa « modernité » et de son encouragement pour l’éducation des femmes, sa réduction des « fatwas » religieuses, son octroi d’un peu d’espace pour les critiques. Ces défenseurs espèrent que les coups de fouet aux blogueurs resteront hors de vue du public pendant un certain temps.
En 2011, Abdullah avait à juste titre peur des révolutions arabes, envoyant ses troupes pour écraser la dissidence chiite à Bahreïn tout en promettant de distribuer près de 300 milliards de livres sterling en bourses d’études, nouvelles infrastructures, logements publics et allocations de chômage à son propre peuple pour acheter sa tranquillité.
Mais l’âge rétrécit la monarchie. La dernière famille directe du fondateur du royaume a maintenant vieilli – le Prince héritier Muqrin est lui-même le plus jeune fils survivant du roi Abdulaziz – et la révolution qui menace la monarchie ne viendra pas d’Iran. Ni de la propre minorité chiite de l’Arabie Saoudite, ni des wahhabites armés par le pays… Elle viendra de l’intérieur de la famille royale.


Le nouveau roi Salman : un soutien important d’Al-Qaïda

  Qui-est-Salman-le-nouveau-roi-d-Arabie-saoudite_article_popinLe nouveau roi d’Arabie Saoudite, Salman bin Abdulaziz al Saud (ci-contre avec Hollande),  devrait, selon toute vraisemblance, régner en suivant une orientation religieuse encore plus sectaire dans le Wahabisme, et en s’efforçant de limiter l’effet des quelques timides réformes initiées par l’ex-roi Abdallah. 

C'est l’implication de Salman dans le financement du 11/9 et d’autres actes terroristes qui contraint Obama à refuser de déclassifier les 28 pages censurées du rapport du Comité du Renseignement du Sénat publié en 2002 au sujet des failles des services de renseignement autour de ces attentats. En effet, en tant que gouverneur de Riyad à l’époque, le nom de Salman apparait comme l’un des « gros poissons » dans ces 28 pages censurées du rapport




En 2006, les chefs de l’opposition démocratique saoudienne en Grande-Bretagne ont dénoncé Salman, en l’accusant de fournir du matériel et de l’assistance aux réseaux d’al-Qaïda opérant en Afghanistan, et ce, avant et après le 11-Septembre. Ces chefs de l’opposition ont révélé que les membres d’al-Qaïda se rendaient fréquemment à Riyad en route vers le Pakistan et ensuite les régions de l’Afghanistan contrôlées par les Talibans. Ces informateurs saoudiens ont aussi révélé que le bureau du gouverneur Salman payait en cash les hôtels et les trajets de ces membres d’al-Qaïda.


Il ne fait aucun doute que les activités de Salman en lien avec al-Qaïda étaient connues de la CIA, laquelle a donné son accord à l’envoi par l’Arabie Saoudite de combattants arabes pour aider les troupes de Moudjahidines depuis les tout premiers jours de l’engagement de l’Agence aux côtés des djihadistes dans le but de renverser le gouvernement socialiste en Afghanistan.


Peu de temps avant son mystérieux décès en Écosse en 2005, l’ex-ministre britannique des Affaires étrangères, Robin Cook, avait écrit dans The Guardian, qu’al-Qaïda était une base de données de la CIA contenant les noms de mercenaires, de financiers et d’interlocuteurs de la CIA, qui tous combattaient les Soviétiques en Afghanistan :

 

«Dans les années 1980, [Oussama Ben Laden] était armé et financé par les Saoudiens pour déchainer le djihad contre l’occupation russe en Afghanistan. Al-Qaïda [sic], littéralement “la base de données”, était initialement le nom du fichier informatique contenant les noms des milliers de Moudjahidins recrutés et entrainés avec l’aide de la CIA pour aller se battre contre les Russes. »



Après qu’un prince saoudien et proche parent du conseiller en chef du Roi Salman, le Prince Mohammed Bin Nayef , aussi appelé simplement “Nayef”, eut été arrêté en France pour trafic de cocaïne en 1999, le ministre saoudien de l’Intérieur informa Paris en 2000 que si la France inculpait le jeune prince Nayef, un contrat lucratif de 7 milliards de dollars pour des radars militaires, connu sous le nom de Projet SBGDP (“Garde Frontière”) avec la société française Thales, serait annulé.



Le trafic de cocaïne organisé par Nayef servait, selon un document confidentiel de la DEA américaine (Drug Enforcement Administration), à financer al-Qaïda en Afghanistan.
L’argent de la drogue pour financer les réseaux terroristes d’al-Qaïda en Afghanistan et au Pakistan, une interprétation stricte du Coran dans le futur gouvernement d’Arabie Saoudite, le retour à la très redoutée police religieuse, la « mutaween », et la répression contre les opposants légitimes et les dissidents internes en  Arabie Saoudite : voilà l’héritage que la gouvernance du Roi Salman lègue à l’Arabie Saoudite. 

Hollande-La-Honte


François Hollande, a « salué » dans la nuit de jeudi à vendredi « la mémoire » du roi Abdallah d'Arabie Saoudite, « un homme d’État dont l’action a profondément marqué l’histoire de son pays et dont la vision d’une paix juste et durable au Moyen-Orient reste plus que jamais d’actualité », selon le communiqué de l’Élysée ...
Mieux, le Président Hollande s'est rendu en personne à Riyad , en Arabie Saoudite, une théocratie ultra rigoriste, dans laquelle les femmes ne peuvent pas conduire et dans laquelle les blogueurs peuvent être condamnés à mille coup de fouets pour "insulte à l'islam" et pour avoir écrit "Free Saudi Liberal"
Comment peut-on aller faire la guerre contre l’État Islamique en Irak et au Levant MAIS aller saluer la mémoire d'Abdallah d'Arabie Saoudite ? Ne pouvait-il pas envoyer au mieux un ambassadeur ou un fonctionnaire lambda quelconque ? On ne souvient pas du fait que Hollande ait assisté aux obsèques de Margaret Thatcher (décédée le 8 avril 2013) ou à celle de la Reine Fabiola de Belgique (décédée le 5 décembre 2014) ?
Hollande vient de donner raison à tous les djihadistes du monde, eux qui, entre autres, dénoncent l'hypocrisie et les doubles discours occidentaux.

 Hannibal GENSERIC