Le Général Wesley Clark, ancien Commandant suprême des alliés en
Europe (SACEUR), de 1997 à 2001, déclarait récemment sur CNN que
« l’État islamique avait été créé grâce au financement de nos amis et de
nos alliés … dans le but de se battre jusqu’à la mort contre le
Hezbollah » 1.
Autrement dit, la raison d’être et de prospérer de Daech est de
« contourner » les positions du Hezbollah, aujourd’hui ennemi principal,
au Liban et en Syrie. Accessoirement Wesley Clark confirme
indirectement que la CIA – laquelle supervise les menées des « alliés et
amis » des É-U - est à ce titre associé à la création de l’ÉI… Par
ailleurs, et ce n’est plus un secret pour quiconque, fortement adossé à
l’Otan par le truchement à la Turquie qui en est son « Pilier
oriental ».
Cependant, à l’heure où d’horrifiques exécutions hollywoodiennes
d’otages et de prisonniers se multiplient et en l’absence de tout repère
élémentaire, historique, géographique et théologique, il est illusoire
d’espérer saisir la portée réelle et le sens des événements en cours.
Parce que parler de l’islam radical, takfiriste n’a pas de valeur
explicative si l’on ne définit pas ce qu’est ou serait ce radicalisme et
plus tard sa place dans le projet géopolitique global de l’imperium
judéo-protestant.
Brève histoire du wahhabisme
Au cours de son histoire, l’islam a connu plusieurs fois la tentation
du puritanisme. À commencer par la secte rigoriste des Séparés, les
Kharidjites, aux tout premiers âges de l’expansion musulmane. Ce qui
nous intéresse ici ce sont les formes modernes et plus précisément
contemporaines qui font de la prédication, si besoin est par la force,
une obligation cachée de la révélation coranique. Cet inédit VIe
Pilier de la foi s’accomplit dans le djihad, lequel n’est plus compris
dans son acception traditionnelle, à savoir comme un effort de
perfectionnement intérieur, mais désormais en tant que Guerre sainte.
C’est là l’expression d’un islam hétérodoxe, structurellement violent,
très différent par exemple de l’École malékite dominant au Maghreb,
celle-ci appliquant à la lettre Verset 256 de la Sourate II : « Point de contrainte en religion, le droit chemin se distingue de l’égarement… » !
Aujourd’hui tous les mouvements qui se réclament de cet islam très
singulier, et que la plupart des docteurs de la foi n’hésitent pas à
qualifier de schismatique, sortent de la matrice du wahhabisme, religion
d’État en Arabie et Qatar. Or l’histoire nous montre que loin de
connaître une expansion inédite à la fin du XXe siècle, ce mouvement tout autant idéologique que religieux, né au XVIIIe
siècle avec l’alliance - sans doute en 1744 et que d’aucuns nomment le
Pacte du Nejd - passée entre le prédicateur Abdelwahhab et ibn Séoud,
maître de Diriyya. De là va naître un composé particulièrement détonnant
dont nous voyons à présent la descendance hier en Tchétchènie,
aujourd’hui en Irak et en Syrie, au Turkestan chinois, le Xinjiang, mais
aussi au Yémen, en Somalie, en Libye, en Tunisie et en Algérie, au Mali
et au Nigeria, et maintenant dans les périphéries urbaines de l’Union
européenne. Une liste évidemment non exhaustive.
Pourquoi une telle diffusion explosive en ce début de XXIe
siècle ? Nous ne nous arrêterons pas sur les facteurs historiques qui
ont favorisé au siècle dernier l’expansion du fondamentalisme wahhabite,
circonstances aux rangs desquelles s’inscrit au premier rang la
protection de la Grande Bretagne au cours de la Grande Guerre, puis
celle des États-Unis en 1945. Alliance avec la modernité énergétique qui
va engendrer des océans de pétrodollars. Ceux-ci vont irriguer des
décennies durant les champs fertiles de la prédication salafo-wahhabite
avec la bénédiction de Londres et de Washington.
Au demeurant à question complexe réponse simple. Le wahhabisme, comme
toute idéologie, est un vecteur qui avance par la force de sa propre
inertie. Le wahhabisme et ses avatars takfiristes – Al Qaïda, Al-Nosra,
Daech, Chebab, Boko Haram, etc. - recèlent en effet, par la seule
logique de leur concept fondateur, une puissance expansive dont il est
difficile de voir les limites temporelles. D’autant que le
salafo-wahhabisme tend à s’imposer comme la nouvelle orthodoxie de
l’islam, en Orient comme en Occident, en négation des formes et des
quatre grandes Écoles antérieures de l’islam sunnite, que l’on désignera
par facilité par les termes de classiques, traditionnelles et
populaires. Concluons ici en disant qu’en soi le schisme wahhabite à
vocation, en son principe même, à la conquête universelle.
Premiers antécédents historiques
Rappelons pour commencer quelques faits marquant qui ne sont pas sans rapport avec l’actualité… Dès le XIXe
siècle, précisément en 1802, les tribus wahhabites ravagent Kerbela,
ville sainte du Chiisme, s’emparent de Nadjaf, menacent Bagdad et Damas.
En 1803 les Séoud suppriment le pèlerinage à La Mecque et en 1805,
bafouant l’autorité du Sultan « Protecteur et Serviteur » des lieux
saints. Ils profanent et mettent à sac Médine. L’année suivante ce
sera au tour de La Mecque, sous la conduite de Séoud ben Abdelaziz ben
Mohammed petit-fils du fondateur de la dynastie.
La Porte [Constantinople] ordonne au pacha d’Égypte, Mehmet Ali, de
ramener l’ordre en Arabie. Une première campagne est lancée en 1811 et
aboutit à la reprise de La Mecque deux ans plus tard. Une seconde
expédition commence en 1812 au cours de laquelle Abdelaziz ibn Séoud
est éliminé en décembre 1814. Mais l’imam Tourki ben Abdallah Al Séoud
réussit a créer en 1824 un deuxième État wahhabite avec Riyad pour
capitale, lequel se maintiendra jusqu’en en 1892. À partir de là, les
britanniques en lutte contre l’Empire ottoman n’auront de cesse de
soutenir le wahhabisme à des fins géopolitiques : pour s’assurer de la
Route des Indes, puis, plus tard, pour contrer les ambitions
allemandes. En 1902, Abdelaziz ben Abderrahman Al Séoud reconquiert
Riyad et le Nedjd entre 1902 et 1912 avec l’aide britannique, avant
d’arracher le Hedjaz et de prendre possession de La Mecque le 14 octobre
1924, de Médine et de Djeddah le troisième royaume wahhabite est
proclamé en septembre 1932.
L’essaimage au sein du dar al-islam
Mais l’arbre séoudien ne doit pas cacher la forêt. En fait́
l’essaimage du wahhabisme hors du monde arabe a commencé très tôt,
dès le début du XIXe siècle. Relevons ainsi, à titre
d’exemple, la prédication wahhabite d’un certain Sayyed Ahmed au Pendjab
à la suite d’un pèlerinage à La Mecque, entre 1821 et 1824, où
l’auraient accompagné quelque 700 compagnons et disciples.
Celui-ci entend, comme tous les wahhabites, rendre force et vigueur à « l’obligation absente » que serait la guerre sainte, le djihâd.
Ayant rassemblé une armée à Peshawar, il appelle en 1826 à la
guerre sainte contre les Sikhs et l’année suivante se proclame « Commandeur des croyants »,
Amir al-Mu’minin. Un titre qui sera également celui en Afghanistan de
Mollah Omar, protecteur d’Oussama Ben Laden, jusqu’à la chute du
régime Taleb à l’automne 2001. De la même façon que ce dernier, Sayyed
Ahmed s’allie aux Pachtounes Yûsufzai maîtres sur la rive occidentale
de l’Indus. En 1830 il prend finalement Peshawar mais trouve la mort
quelques mois plus tard dans un affrontement avec des partisans Sikhs.
Il faudra attendre 1870, après un demi-siècle de troubles, pour que
les oulémas chiites et sunnites indiens s’entendent et condamnent le
fanatisme wahhabiste. Néanmoins leur influence perdure et, en 1927, dans
la province de Mewat est fondée la « Société pour la prédication », la Taglibhi Jamaat dont l’actif prosélytisme est aujourd’hui aussi vigoureux.
En Égypte le réformateur libanais Rachid Rida éprouvé par
l’abolition du Califat en 1924 par l’athéiste Ataturk, se tourne vers le
wahhabisme en espérant pouvoir reconstituer grâce à lui l’institution
disparue. Sous son influence et dans cette perspective, son disciple
Hassan el-Banna reprenant à son compte le nom des Ikhwan, fer de lance de la conquête séoudienne, fonde la même année l’Association de Frères musulmans [al Ikhwan al muslimin].
Suivra en 1931 la création en Algérie à l’initiative de ben Badis,
d’un mouvement islamiste-salafiste, l’Association des Oulémas
Musulmans. 1936, fondation en Bosnie sur le modèle de Frères
Musulmans, de l’Association la « Voie Droite » [Al Hidaje]
prônant un islam rigoriste inspirée de la Salafiya. Notons par souci de
rigueur que la Salafiya, l’imitation de la vie du Prophète, n’est
évidemment pas identifiable ou réductible au wahhabisme.
Dernier rappel
Nos avons donné ces quelques exemples pour bien montrer que le
prédication conquérante est une dimension inhérente au wahhabisme et non
pas un phénomène récent, nouveau lié à une conjoncture historique
particulière. Ayant établi cela voyons maintenant comment ce mouvement
supposé de retour aux sources, de refondation de l’islam sur les bases
posées par l’idéologie wahhabite, fait aujourd’hui tâche d’huile avec
l’aide et grâce au double langage d’un camp occidentaliste qui dit la
combattre tout en l’armant et en dirigeant ses coups.
L’idéologie wahhabite largement diffusée par l’Arabie et le Qatar,
par la grâce des pétrodollars, va peu à peu dans la seconde moitié du XXe
siècle, influer profondément sur la nature et la forme de l’islam dans
de nombreux États, tels l’Afghanistan, le Pakistan, le Soudan, et
cætera... À ce titre le wahhabisme jouera un rôle non négligeable sur
divers champs de bataille euro-méditerranéens, par exemple au cours des
guerres balkaniques – Bosnie et Kosovo - qui suivent immédiatement la
signature en février 1992 du Traité sur l’Union européenne, dit de
Maastricht. Des conflits qui s’achèveront au printemps 1999 avec le
démantèlement de la Fédération yougoslave. Puis ce sera au tour de
l’Algérie avec « l’interruption du processus démocratique » fin
décembre 1991 entre les deux tours des élections législatives,
lesquelles devaient donner la majorité au Front Islamique du Salut.
Suivront les « années de sang » avec son cortège de massacres de
civils et de terreur dus au Groupe islamiste armé [GIA] et auquel
succédera en 1998 le « Groupe salafiste pour la prédication et le
combat » [GSPC].
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Aujourd’hui le paysage de l’islam wahhabite se décompose en deux
grandes factions et tendances, d’un côté les tenants de l’État islamique
qui a su créer un embryon d’État et fascine par ses succès et sa
cruauté, une jeunesse déracinée et désorientée issue de l’immigration.
De l’autre la « vieille garde » d’Al-Qaïda apparue en Afghanistan dès
1987 sous l’égide de la CIA et le relais de l’ISI pakistanaise.
D’un côté l’État islamique solidement implanté sur un territoire
couvrant une surface grande comme la moitié de l’Hexagone habité par une
dizaine de millions d’âmes, un État doté d’une armée redoutable forte
de plusieurs dizaine de milliers de combattants et ayant opéré une
efficace jonction entre barbarie et techniques de communication parmi
les plus avancées. Un État nanti des millions de dollars trouvés dans
les banques de Mossoul, alimenté par la manne tirée de la vente de
pétrole en contrebande via la Turquie et le fruit des impôts et des
taxes versés parfois volontairement par les populations, État
puissamment armé grâce aux équipements militaires américains abandonnés
par l’armée irakienne ou ceux directement donnés par les É-U en dotation
aux combattants de l’Armée syrienne libre… bref un pseudo État qui a
cependant su instaurer sa propre monnaie. D’autre part, Al-Qaïda qui
poursuit une guerre subversive décentralisée sur le modèle des « focos »
chers à Che Guevara. L’avenir dira laquelle des ces deux voies
l’emportera, sachant qu’à travers le monde toutes les guérillas des
trente ou quarante dernières années ont disparues les unes après les
autres.
Une menace globale – Cartographie succincte
Envisageons maintenant l’actuel partage du dar al arb, le
territoire de la guerre et du djihad entre ces fraternités rivales,
après prise de Mossoul et la proclamation le 29 juin 2014 de la
restauration califale. Un acte qui prenait de court Al-Qaïda.
Fin décembre 2014, au Daghestan, la faction islamiste d’Ali Abu
Mukhammad, dissidente au sein de l’Émirat du Caucase, diffuse une vidéo
dans laquelle elle fait publiquement allégeance à Abu Bakr al-Baghdadi
et à l’État Islamique. De nombreux djihadistes venus du Nord du Caucase
combattent d’ailleurs en ce moment même au sein des troupes de l’État
Islamique en Syrie. Plus à l’est, au Waziristân, au nord-ouest du
Penjab, dans le sanctuaire même d’al-Qaïda, certains groupe de taliban,
se ralliaient à l’EI, notamment le fameux Hezb-e-Islami.
Libye, novembre 2014 le groupe djihadiste Majlis Shura Shabab al-Islam
qui contrôle la ville de Derna, dans l’est du pays, et qui affirme sa
présence dans les trois provinces de Derna, du Fezzan et en
Tripolitaine, prête allégeance à l’État islamique. RFI nous apprend que
cette milice est composée d’anciens de la brigade al-Battar, une
unité ayant combattu pour l’ÉI en Irak et en Syrie et qui a revendiqué
des attentats à Benghazi… Il s’agit de la troisième filiale de l’ÉI en
Afrique du nord, après Ansar Bayt al-Maqdiss en Égypte et Djound Al-Khilafa,
les Soldats du califat, en Algérie. C’est ce dernier groupe qui a
revendiqué le 24 septembre, la décapitation du Français Hervé Gourdel.
En Afrique du Nord, pour l’heure la référence reste cependant AQMI,
Al-Qaïda au Maghreb islamique. Idem pour le groupe Ansar al Charia
en Tunisie, lequel n’a jamais déclaré reconnaître officiellement la
suzeraineté d’al-Baghdadi. De la même manière al-Qaïda continue à
dominer dans la Péninsule arabique avec AQPA dont les bases se trouvent
au Yémen. Les Chebab somaliens affichent également jusqu’ici la même
constance.
Même attitude pour Boko Haram, au Nigéria, dont l’attitude est et
demeure ambiguë : début juillet, la secte nigériane apportait son
soutien nominal à Al-Baghdadi tout en proclamant son propre califat.
Situation identique en Indonésie où le mouvement djihadiste Jamaah Ansharut Tauhid
doit faire face à la montée en puissance des affidés de l’EI. Abou
Bakar Baachir, chef de file des islamistes radicaux condamné en juin
2011 à 15 ans d’emprisonnement, a en effet prêté allégeance avec des
codétenus, en août 2014, à l’EI dans la salle de prière de la maison
d’arrêt de haute sécurité sur l’île de Sumatra.
La Thaïlande n’est pas non plus épargnée où sévit depuis 2004, au
sud, une guérilla séparatiste musulmane. Même topo à Singapour ou aux
Philippines où les filières de recrutement et de collecte de fonds de
l’EI sont actives dans le sud-ouest des l’Archipel. Fin septembre, aux
Philippines, l’État mobilisait d’importants effectifs armés pour
retrouver un couple de touristes allemands détenus par le groupe Abou Sayyaf,
Porteur de l’épée, fondé au début des années 1990 grâce à des
financements d’Al-Qaida, le groupe ayant annoncé en juillet faire
allégeance à l’EI. En Malaisie les thèses l’EI rencontre un écho tout
spécifique : le chiisme étant banni du pays et parce qu’il est l’une des
cibles prioritaires de Daech en lutte contre la majorité chiite
dirigeant l’Irak. Face au danger de voir se reproduire un autre
« Bali », Indonésiens et Australiens ont décidé, le 28 août 2014, de
resserrer de liens diplomatiques très distendus en signant un « accord de bonne conduite »
en matière de coopération antiterroriste car selon les Services de
renseignement plus de 10% des étrangers combattant dans les rangs de
l’EI seraient originaires d’Asie du Sud-Est.
Notons enfin, last but not least, la présence de
ressortissants chinois combattant en Irak et en Syrie comme le
confirmerait de récentes exécutions par l’ÉI de cadres ouïgours, des
musulmans turcophones. Des djihadistes qui appartiendraient au Mouvement islamique du Turkestan oriental, MITO, auquel Pékin impute les attentats et attaques commis au Xinjiang.
Ultime question : y a-t-il un ou plusieurs djihadismes différents
Certains spécialistes remarquent que l’ÉI n’a pas « développé sa propre idéologie ».
Mais il n’y a nul besoin d’idéologie propre : la référence commune
étant fondamentalement le wahhabisme, c’est à tort que l’on chercherait
entre ces groupes rivaux autre chose que des divergences de stratégie ou
peut-être de groupes cibles.
Première remarque : si l’EI ne rallie pas tous ceux qui aspirent à un
renouveau conquérant face à un Occident invasif, il semble être un peu
partout dans le monde musulman une source d’inspiration. En particulier
en Europe où se lève une vague d’apprentis djihadistes
internationalistes subjugués par la scénarisation de la violence, le
lyrisme des chants de guerre et des prêches enflammés. Comme le dit un
commentateur averti « l’État islamique écrit une geste victorieuse.
De Faloudja aux banlieues européennes, cela suffit à fasciner ceux qui
végètent dans le camp des vaincus ou des désorientés ». Ajoutons, de ceux aussi qui aspirent à une restauration valorisante ou glorieuse de l’islam.
Actuellement des chiffres crédibles fixent à 125 000 le nombre de
sympathisants de l’État islamique dans les banlieues hexagonales au sein
des 2 500 quartiers prioritaires recensés par l’État français
Autre exemple européen : la Bosnie où prospèrent quelques communautés
wahhabites dans le village de Gornja Maoča [nord-est de la Bosnie] d’où
les jeunes partent pour la Syrie et l’Irak « le sourire aux lèvres, comme s’ils partaient à Disneyland ».
L’annonce de la mort d’Emrah Fojnica, tué en Irak en août 2014 lors
d’un attentat suicide, a conduit son père à mettre en ligne la vidéo de
son « martyr », ceci afin « d’inciter les jeunes à rejoindre le djihad pour le califat » 2.
En Bosnie comme dans certaines de nos banlieues, les combattants de
l’État islamique deviennent les idoles des jeunes. Tel est le résultat
des guerre israélo-américaine contre les régimes de Bagdad, de Tripoli
et de Damas, combats bénéficiant de la complicité des européistes… mais
aussi de la politique anti souverainiste conduite par Washington :
n’oublions pas que la CIA avait « importé » dans les Balkans des
moudjahidines afghans, jusqu’au propre frère d’Ayman al-Zawahiri, le
chef actuel d’Al-Qaïda, qui a été au Kosovo le chef des Services de
renseignement de l’UCK… Parti mafieux d’un État mafieux que fuient par
dizaines de milliers ses propres ressortissants.
Ne pas conclure
Il est loisible de supposer que deux écoles salafo-wahhabites
s’affrontent. La première école voudrait consolider un pouvoir califal
sur un territoire déterminé. La seconde, internationaliste, d’Al-Qaïda
prônant l’exportation de la guerre sainte, le djihad universel.
Distinctions dont la pertinence n’est pas totalement assurée puisque
l’ÉI menacerait à présent de submerger l’Union européenne sous le flot
de « cinq cent mille immigrants » envoyé depuis les côtes libyennes. Au
demeurant, Ayman al-Zawahiri, tout désignant le Front al-Nosra comme le
seul représentant d’al-Qaïda en Syrie, avait publiquement désavoué en
février 2014 l’État islamique en Irak et au Levant pour son inconduite
en Syrie depuis 2013. Déjà en 2005 al-Zawahiri, alors encore numéro deux
d’al-Qaïda, adressait une missive à Abou Moussab al-Zarqaoui, chef de
la branche d’al-Qaïda en Irak, missive dans laquelle se faisait jour des
désaccords stratégiques… mais surtout en matière de « communication »,
ce qui ne constitue pas a priori des divergences idéologiques, mais de
méthodes.
De ce point de vue Al-Qaida aurait développé dit-on « des stratégies de conciliation et d’alliance, pour entrer dans un schéma de conquêtes populaires » parce que nous dit al-Zawahiri « Nous
livrons une bataille, et plus de la moitié de cette bataille se déroule
sur la scène médiatique, nous sommes engagés dans une bataille
médiatique pour gagner les cœurs et les esprits de notre communauté ».
par
mercredi 4 mars 2015
Notesmercredi 4 mars 2015
(1) Wesley Clark : « Our friends and allies funded ISIS to destroy Hezbollah » CNN17fév15 - https://www.youtube.com/watch?v=QHL...
(2) Snjezana Pavic - 28 août 2014 « Jutarnji list » Zagreb
(2) Snjezana Pavic - 28 août 2014 « Jutarnji list » Zagreb