Une présentation PowerPoint secrète de la
National Security Agency (NSA) récemment divulguée par Edward Snowden
(Wikileaks) fournit une description relativement détaillée de la manière dont
l’alliance entre les services de renseignement sur les transmissions des Five Eyes,
formée par les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, l’Australie et la
Nouvelle-Zélande, a conspiré de concert avec les promoteurs des révolutions
facebook, telles que « le Printemps arabe », afin de renverser des
gouvernements démocratiquement élus ou, à tout le moins, stables.
Cependant, des éléments clés de cette présentation
avaient été partiellement caviardés par les censeurs de First Look Media,
financé par le fondateur d’eBay, le multimilliardaire Pierre Omidyar.
Les diapositives illustrent la façon dont, en
novembre 2011, la NSA (Etats-Unis), le Centre de la sécurité des télécommunications du
Canada (CSTC), le Defense Signals Directorate australien (DSD), rebaptisé
l’Australian Signals Directorate (ASD), le Government Communications Security
Bureau néozélandais (GCSB) et le Government Communications Headquarters
britannique (GCHQ) ont mis au point une méthode, non seulement pour
surveiller, mais aussi pour prendre le contrôle des
réseaux sociaux et de téléphonie mobile utilisés à des fins de soulèvements
sociopolitiques. Connu sous le nom de Synergizing
Network Analysis Tradecraft (Technique de synergie des analyses de
réseau), ce programme a été mis en place par le Network Tradecraft Advancement
Team des Five Eyes (Groupe de développement des techniques de
réseau, abrégé NTAT).
Les actions du NTAT prenaient pour cible les appareils
personnels présentant une «interaction entre les services de stockage de
données et les services vocaux», comme les téléphones intelligents et
autres appareils dotés de ce type de fonctionnalités. En novembre 2011, le
Printemps arabe battait son plein, ponctué par les chutes des gouvernements de
Ben Ali en Tunisie, de Moubarak en Égypte et de Kadhafi en Libye, ainsi
que par l’éclatement de violentes manifestations en Syrie, au Yémen, à Oman et
au Maroc. Les Five Eyes se sont rencontrés pour discuter de la manière
dont une opération secrète, qui avait pour nom de code Irritant Horn (Corne
Irritante), pourrait être utilisée dans le cadre de futurs Printemps arabes,
mais dans d’autres pays.
Les experts en services de renseignement sur les
transmissions ont élaboré des plans dans le but d’utiliser les leçons apprises
lors du Printemps arabe pour viser des serveurs dans des pays n’appartenant pas
au Five Eyes pour l’exploitation d’opérations man-in-the-middle
(MITM) 1,
et la récolte de données dormantes ou en transit. Une opération associée
d’exploitation de réseaux de téléphonie avait pour nom de code
Crafty shack (Cabane Rusée).
La présentation nous montre que parmi les pays visés
par les Five Eyes via ces opérations se trouvaient la France, Cuba, le Sénégal, le Maroc, la Suisse, les Bahamas
et la Russie. Les informations recherchées par les services de
renseignements anglo-sionistes incluaient «la géolocalisation et les données
de propriété de réseau pour chaque adresse IP», à savoir «le nom du
propriétaire du réseau, le nom de l’entreprise, l’ASN (advanced service
network), le continent, le pays, la région, la ville, les coordonnées géographiques
ainsi que tout autre détail». Les Five Eyes s’intéressaient peu aux
applications telles que Google, les services bancaires en
ligne ou iTunes.
Il est à noter que, si l’on en croit une diapositive
classée top secret, un système créé par les Five Eyes, avec pour nom de
code Eonblue, était utilisé pour surveiller les
utilisateurs de Blackberry en Arabie saoudite. Parmi tous les pays où se sont déroulées des manifestions en
lien avec le Printemps arabe, l’Arabie saoudite a été la plus rapide pour
mater la révolte dans ses rues de façon brutale. L’intérêt des Five Eyes pour les télécommunications
saoudiennes pendant l’opération Irritant horn pourrait indiquer qu’une
telle surveillance servait deux objectifs. La NSA et ses partenaires, dans un
acte de guerre de l’information, auraient pu, d’une
part piloter des manifestants dans leur soulèvement antigouvernemental en Tunisie,
en Égypte, en Libye, en Syrie et dans d’autres pays, via des
opérations MITM, et d’autre part avertir les autorités saoudiennes au sujet des manifestations
qui se préparaient chez elles.
Une autre opération des Five Eyes avait pris pour
cible des utilisateurs de téléphones Samsung, Nokia
et autres, souscripteurs du réseau de téléphonie mobile Warid-Congo
en République démocratique du Congo (RDC). Dans l’une des diapositives du
PowerPoint, le CSTC se vantait de détenir «une liste des téléphones
intelligents les plus populaires auprès de la clientèle de Warid-Congo ainsi
que leurs numéros d’identité internationale d’abonné mobile (IMSI) ;
qui sont assignés à chaque usager. Propriété du Sheikh Nahayan bin Mubarak Al
Nahayan, ministre de la Culture, de la Jeunesse et du Développement social des Émirats arabes unis, l’entreprise Warid, basée à
Abu Dhabi, fournit des services de téléphonie mobile en Ouganda, en Géorgie, en Côte d’Ivoire
et au Pakistan.
L’attention portée par les Five Eyes dans la
préparation d’une révolution facebook en RDC est intéressante. Ce pays est
dirigé depuis 1997 de façon autoritaire par le président
Denis Sassou-Nguesso, considéré comme un allié indéfectible de la France.
La RDC est aussi un grand producteur de pétrole dans la région, et il plairait
certainement à l’alliance anglo-sioniste des Five Eyes de remplacer le
président actuel par un autre, plus aligné sur les positions américaines et
britanniques. Ces plans visant le Congo nous offrent une autre preuve que les
bourreaux de travail que sont les analystes militaires et civils de la NSA sont
bien plus soucieux de la case ʺpertes et profitsʺ des
compagnies pétrolières américaines et britanniques que de la sécurité
des États-Unis ou de la démocratie chez les Arabo-musulmans ou chez les
« Nègres ».
Quatre mois seulement après la réunion du NTAT, une
grande manifestation organisée en partie via les réseaux sociaux a éclaté dans
le district de Talangai, à Brazzaville, la capitale congolaise. Une dépêche
du 26 mars 2012 émanant de l’ambassade américaine en RDC
déclarait ce qui suit : «Les manifestants sont mécontents de la façon
dont le gouvernement de la République démocratique du Congo a géré le versement
des indemnités aux personnes qui ont perdu leur maison suite aux explosions qui
ont eu lieu le 4 mars au dépôt de munitions du régiment blindé. Des
sources proches de l’ambassade affirment avoir entendu des coups de feu à
l’endroit où se déroule la manifestation sur l’avenue Marien Ngouabi, près
du marché de Talangai. On s’attend à ce que les manifestants marchent en
direction du palais présidentiel. Il est déconseillé aux ressortissants
américains de se rendre dans le district de Talangai ainsi que dans les
quartiers avoisinant le palais présidentiel durant toute la journée.»
L’ambassade semblait connaître les intentions des manifestants, probablement
grâce aux renseignements fournis à la fois par Irritant Horn et Crafty Shack.
En janvier 2012, deux mois seulement après la
réunion du NTAT, des manifestations antigouvernementales ont éclaté au Sénégal, un autre pays visé par Irritant Horn et
Crafty Shack, ceci après que le président Abdoulaye Wade,
partisan de l’idée kadhafienne des États-Unis d’Afrique, eut
déclaré son intention de se représenter pour un troisième mandat. La
participante à l’infamie de l’Euromaïdan, Victoria Nuland (Fuck the EU,
que l’UE aille se faire enculer), était à l’époque porte-parole du
département d’État américain et pressait le vieux président, âgé de
quatre-vingt-cinq ans, de céder le pouvoir à la nouvelle génération. Il a
été battu lors des élections qui se sont tenues un mois après les explosions de
violences qui avaient eu lieu à Dakar, la capitale sénégalaise. L’Open Society
Institute (OSI) de George Soros et l’International Crisis Group, lui
aussi largement financé par Soros, ont fourni un soutien important aux
manifestations de Brazzaville et de Dakar.
Quoique
partiellement censurés, les documents de la NSA récemment divulgués confirment
le lien entre les services de renseignement sur les transmissions des
Five Eyes et les mesures de soutien au renversement de gouvernements au
Moyen-Orient et ailleurs.
Ils confirment aussi la convergence entre les activités liées aux révolutions de couleur du réseau de l’OSI de George Soros et du National Endowment for Democracy (NED) d’une part, et les activités de renseignement membre du Five Eyes d’autre part.
Ils confirment aussi la convergence entre les activités liées aux révolutions de couleur du réseau de l’OSI de George Soros et du National Endowment for Democracy (NED) d’une part, et les activités de renseignement membre du Five Eyes d’autre part.
Il y a également une corrélation évidente entre l’opération
de faux comptes Twitter menée par l’U.S. Agency for International
Development (USAID) à Cuba, sous le nom
de code Zun Zuneo, et Irritant Horn. Zun Zuneo, ou Proyecto ZZ, avait pour
objectif de former des « foules intelligentes » à
travers l’île pour manifester et réclamer le renversement du gouvernement dans
le cadre d’un Printemps cubain. Il est important de rappeler que
Irritant Horn avait inclus Cuba dans son programme de surveillance des
téléphones portables et des réseaux sociaux ainsi que dans
ses opérations MITM.
Au Costa Rica, deux entreprises ont été utilisées pour l’opération Zun Zuneo :
Contractor Creative Associates International et Mobile Accord de Denver. Elles
ont obtenu 400.000 numéros de téléphone de la société CubaCel mobile, qui
semble faire partie désormais du programme Irritant Horn, puis ont commencé à
envoyer aux Cubains des messages de type Twitter qui, soi-disant, provenaient
d’Espagne. Le financement du Zun Zuneo était couvert par une société écran
basée dans les îles Caïmans : MovilChat. L’USAID, quant à elle,
finançait l’opération via le détournement de fonds alloués à un projet au Pakistan, mais dont le but est resté inconnu. Le
compte en banque utilisé par l’USAID et MovilChat se trouvait dans la filiale
des îles Caïmans de la Bank of N.T. Butterfield & Son Ltd basée, elle,
dans les Bermudes ; une banque qui compte la CIBC (Canadian Imperial
Bank of Commerce) et le groupe Carlyle parmi ses grands actionnaires.
L’USAID a utilisé une technologie semblable à celle de
Zun Zuneo pour mobiliser des « foules intelligentes » en Moldavie, aux Philippines et en Ukraine. Au Cambodge,
les grandes manifestations anti-gouvernementales du 1er mai 2014
semblent, elles aussi, avoir été encouragées par une opération foule
intelligente de type Twitter menée par l’USAID et la CIA. En rodant leur technique de réseau
dans les pays arabes et à Cuba, les Fives Eyes se sont retrouvés fins
prêts pour soutenir le soulèvement de début 2014 sur la place Maïdan de
Kiev. Le projet Irritant Horn révèle que la frontière est ténue
entre « les manipulateurs de démocratie » tels que Soros et
Nuland et la surveillance des réseaux sociaux établie par les oreilles
indiscrètes de l’alliance des Five Eyes.
Par Wayne MADSEN – Le 26 mai 2015 – strategic-culture
Source : le Saker Francophone
1.
Attaque où un
utilisateur se place entre l’émetteur et le récepteur et renifle toute
information envoyée. Dans certains cas, les utilisateurs peuvent envoyer des
données non cryptées, ce qui signifie que le man-in-the-middle (MITM)
obtient toute l’information en clair. Dans d’autres cas, l’utilisateur
peut être en mesure d’obtenir des informations sur l’attaque, mais doit
décrypter l’information avant de la lire. L’attaquant intercepte une
partie ou tout le trafic provenant de l’ordinateur, collecte les données, puis
le transmet vers l’utilisateur final après les avoir manipulées.
France : la NSA a espionné Chirac, Sarko et Hollande
Avec
les révélations d’Edward Snowden, l’homme par lequel le scandale
WikiLeaks n’en finit plus de faire des remous dans les chancelleries du
vaste monde, nous voilà arrivés à une nouvelle étape : les Américains,
qui avaient pourtant promis de mettre la sourdine sur leurs grandes
oreilles, n’en feraient finalement qu’à leur tête.
À ce degré de naïveté, il devient légitime de s’étonner qu’on puisse encore s’étonner. Et ce, pour plusieurs raisons.
La
première relève du simple constat : l’espionnage, métier donné,
paraît-il, pour être de « seigneurs », est une histoire à peu près aussi
vieille que celle de l’humanité. La seconde relève d’une double
naïveté, généralement partagée en France, par les milieux libéraux
d’obédience atlantiste. Explications.
Les premiers, qui ont oublié
que l’histoire, par nature, est tragique, sont persuadés – ou
s’autopersuadent – qu’à force de dérégulation, le marché, par on ne sait
quelle force surnaturelle, finira par s’autoréguler. C’est la fameuse « main invisible du marché »…
Dans la culotte de Jeanne d’Arc ou dans celle du zouave du pont de
l’Alma ? Ces gens, perdus dans leur pensée magique – telle celle du vent
de l’histoire chère aux marxistes -, participent donc de la
dématérialisation du monde. C’est le syndrome Margaret Thatcher : « La société n’existe pas. Seuls existent les individus… » En attendant la finalisation du grand marché transatlantique, ça chauffe dans les oreillettes.
Les seconds, manifestement influencés par ce grand penseur de droite qu’est Michel Sardou – « Si les Ricains n’étaient pas là, nous serions tous en Germanie… »
-, devraient commencer à en rabattre. Persuadés qu’ils sont que «
l’Occident chrétien » forme un bloc civilisationnel homogène contre «
l’Orient musulman » barbare, forcément barbare. Si ce type de
configuration géostratégique était plaisant dans les aventures de Blake
et Mortimer, façon Secret de l’Espadon, il n’est pas tout à
fait plausible dans la vraie vie. Hubert Védrine, Jean-Pierre
Chevènement, Roland Dumas, Régis Debray et aussi Jean-Marie Le Pen ne
disent finalement pas autre chose.
En cette affaire, François
Hollande est à la peine, ayant déjà accompli l’exploit de battre son
prédécesseur en matière d’atlantisme béat.
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