Les États-Unis affirment qu’ils veulent frapper l’Etat
islamique, mais, en un an de bombardements, ils n’ont jamais vraiment
touché à l’une de ses plus grandes sources de revenus. Des centaines de
camions citernes attendent tous les jours aux points de distribution de
l’Etat Islamique pour amener du pétrole en Turquie et ailleurs. Un seul
de ces points de distribution a été bombardé jusqu’ici et il l’a été par
les forces de l’air irakiennes.
Lors de la réunion du G-20 en
Turquie, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé cet état de fait,
et, miracle, voilà que le problème est résolu.
L’administration Obama a récemment déclaré
qu’elle allait augmenter ses frappes sur les infrastructures
pétrolières les plus coûteuses du gouvernement syrien qui sont
contrôlées par l’EI. Mais il a dit qu’il ne lancerait pas encore de
frappes sur les grands regroupements de camions.
La campagne
aérienne dirigée par les Américains a lancé des frappes aériennes
périodiques contre les raffineries de pétrole et d’autres installations
de production dans la partie est de la Syrie que le groupe contrôle,
mais les ingénieurs de l’organisation ont pu réparer rapidement les
dégâts et continuer à écouler le pétrole, selon des officiels
étasuniens. L’administration Obama a également hésité à attaquer
la flotte de camions citernes de l’État islamique – son principal
réseau de distribution – par crainte de faire des victimes civiles.
Mais
maintenant, l’administration a décidé d’augmenter les attaques et de
provoquer des dégâts qui prennent plus de temps à réparer ou qui
nécessitent de commander des pièces, selon des officiels étasuniens.
Si
l’on veut arrêter le commerce de l’huile, il est évident que ce sont
les camions qu’il faut détruire. Sans camions, les autres
infrastructures n’ont plus d’utilité pour IS puisque le pétrole ne peut
plus être vendu. Si les camions sont détruits, ceux qui sont derrière la
contrebande ne feront plus de profit et ils laisseront tomber. L’excuse
des « victimes civiles » ne tient pas. Si l’on veut vraiment éviter les
pertes humaines, il suffit d’annoncer l’attaque, mais on peut aussi
considérer que ces trafiquants de pétrole font des affaires avec des
terroristes et que, de ce fait, ils sont leurs complices. La vraie
raison pour laquelle les États-Unis répugnent à s’attaquer à la
contrebande du pétrole, est plutôt qu’ils veulent ménager le
gouvernement turc qui profite de ces transferts de pétrole.
Puis
la Russie est arrivée et Poutine, son président, a démontré, pendant le
G-20 qui se tient en ce moment, que les Etats-Unis ne combattent pas
sérieusement l’EI. Aujourd’hui, le journaliste turc Abdullah Bozkurt rapporte ce qu’a dit le président Poutine en marge du G-20 :
Abdullah Bozkurt@abdbozkurt
Poutine
en #Turquie: J’ai fourni des exemples, basés sur nos données, sur le
financement des différentes unités de #ISIL par des personnes privées.
«Cet argent, comme nous l’avons établi, provient de 40 pays et, il y a quelques membres du G20 parmi eux », a dit Poutine.
«
J’ai montré à nos collègues des photos prises d’avion et dans l’espace
qui montrent clairement l’ampleur du commerce illégal de pétrole ».
Poutine
a communiqué ces informations et ces photos hier. Obama doit avoir été
profondément embarrassé et contrarié. Car voilà que le jour qui a suivi
la dénonciation par Poutine de la réticence des États-Unis à frapper là
où c’est nécessaire, un grand regroupement de camions a été bombardé :
Intensifiant la pression sur l’Etat islamique, les avions de guerre des États-Unis ont, pour la première fois, attaqué, lundi, des centaines de camions utilisés
par le groupe extrémiste pour passer en contrebande le pétrole brut
qu’il extrait en Syrie, ont déclaré des officiels étasuniens. Selon une
première évaluation, 116 camions ont été détruits dans l’attaque qui a
eu lieu près de Deir al-Zour, une zone de l’est de la Syrie contrôlée
par l’État islamique.
…
Jusqu’à lundi, les
Etats-Unis s’étaient abstenu de frapper la flotte utilisée pour le
transport du pétrole, qui se monte, croit-on, à plus de 1000 camions
citernes, par crainte de faire des victimes civiles. Ce qui fait que le
système de distribution de l’État islamique pour exporter le pétrole est
toujours intact.
Il semble que Poutine ait réussi à pousser
Obama à agir contre la contrebande du pétrole en lui faisant honte
devant tout le monde. Espérons que cela aura le même effet sur les
sources de financement dont il a parlé.
Moon of Alabama | 16 Novembre 2015Article original : http://www.moonofalabama.org/2015/11/putin-names-and-shames-obama-into-bombing-is-oil-smugglers.html
Traduction : Dominique Muselet
Source: http://arretsurinfo