mercredi 18 novembre 2015

A qui profite le crime ? Après les attentats de Paris, la Bourse s’envole

Les traders états-uniens semblent se réjouir avec un cynisme peu commun des attentats meurtriers commis à Paris dans la soirée du vendredi 13 novembre. Les actions des principales entreprises de l’industrie de l’armement se sont en effet envolées toute la journée. Décidément, Wall Street adore la guerre.

Les actions de l’industrie de l’armement états-unien ont grimpé en flèche lundi, dès l’ouverture de la Bourse, juste après les attentats qui ont tué plus de 120 personnes et qui en ont blessé des dizaines d’autres à Paris. Wall Street fait le pari que les attentats de Paris encourageront le gouvernement français et ses alliés à augmenter exponentiellement les dépenses militaires. Cette montée en flèche s’explique alors par les annonces de l’exécutif français concernant l’intensification imminente des opérations militaires au Moyen-Orient en général et en Syrie en particulier.
Les déclarations musclées de François Hollande et de Barack Obama ont appuyé ce mouvement. Les quatre plus grandes entreprises de défense au monde – Lockheed Martin, General Dynamics, Northrop Grumman et Raytheon – ont vu leur côte en bourse augmenter de 3,5 % à 6 %. Ces fabricants d’armes sont au cœur de la lutte contre le « terrorisme ». Ce sont les principaux bénéficiaires de l’instabilité géopolitique mondiale et de la misère des populations des pays en guerre, engendrées par les opérations militaires des principales puissances capitalistes.
Lockheed Martin fabrique le Hellfire missile (« feu de l’enfer »), une arme redoutable utilisée dans les frappes aériennes contre Daech. Northrop Grumman vient de décrocher un contrat gouvernemental pour construire de nouveaux bombardiers furtifs dont la valeur est estimé à plus de 80 millions de dollars. Raytheon fabrique quant à lui les missiles Tomahawk qui sont lancés depuis des bateaux à des centaines de kilomètres contre les cibles de l’État islamique, et ses ventes internationales constituent la plus grande part de ses revenus annuels.
Ces entreprises constituent l’un des plus gros lobbies à Washington. Depuis le début des années 2000, elles ont donné près d’un milliard de dollars aux représentants et sénateurs siégeant au Congrès. La collusion entre le complexe militaro-industriel et les politiciens états-uniens est complète.
Mais ce ne sont pas seulement les entreprises de défense nord-américaines qui profitent des attentats pour s’en mettre plein les poches. Les fabricants d’armes français ont eux aussi vu leurs valeurs progresser aujourd’hui à la Bourse de Paris. Thalès, société d’électronique spécialisée dans la défense, a gagné 3,3 %, conséquence directe du renforcement de la politique guerrière de la France. Qu’ils soient états-unien ou européens, les marchands de guerre trinquent ce soir sur fond du battement des tambours de la guerre...
Ivan Matewan
http://www.revolutionpermanente.fr/Apres-les-attentats-de-Paris-la-Bourse-s-envole-a-New-York