Premier
ministre israélien Benjamin Netanyahou a piqué une colère, le 24
décembre, quand les États-Unis n’ont pas opposé leur veto à la
résolution 2234 du Conseil de sécurité des Nations Unies condamnant les
colonies sionistes sur le territoire palestinien.
Netanyahou a qualifié la résolution de « honteuse ».
Il est allé jusqu’à dire au secrétaire des Affaires étrangères de
Nouvelle-Zélande, l’un des pays qui a fait voter la résolution, que
cette action équivalait à un « acte de guerre ».
Puis il a commencé à rappeler les ambassadeurs israéliens en poste dans
tous les États du Conseil de sécurité qui ont appuyé la résolution.
Enfin, Netanyahou a déclaré qu’Israël « ne respecterait pas la résolution ». Tout compte fait, cela a été une sacrée performance.
Afin de remettre la rage du premier ministre dans son contexte, voyons ce, qu’en partie, dit cette résolution. Elle « réaffirme
l’obligation qu’a Israël, la puissance occupante, de respecter
scrupuleusement ses obligations et responsabilités juridiques en vertu
de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des
personnes civiles en temps de guerre […] et rappelle l’avis consultatif
rendu le 9 juillet 2004 par la Cour internationale de Justice condamnant
toutes les mesures visant à modifier la composition démographique, le
caractère et le statut du territoire palestinien occupé depuis 1967, y
compris Jérusalem-Est, y compris la construction et l’expansion des
colonies, le transfert des colons israéliens, la confiscation des
terres, les démolitions de maisons et le déplacement de civils
palestiniens, en violation du droit international humanitaire et des
résolutions s’y afférant […] ».
En d’autres termes, la
Résolution 2234 du CSNU déclare au gouvernement israélien son obligation
à respecter l’État de droit – en l’occurrence le droit international.
La réponse de M. Netanyahou a été de refuser cette loi. Ainsi, le
premier ministre israélien fuit la loi. C’est exactement ce que font les
hors-la-loi.
Ce n’est pas nouveau. Israël agit de manière
criminelle en Cisjordanie (entre autres régions) depuis 50 ans, et cela
en toute impunité. L’impunité est le mot clé ici. La réponse du Premier
ministre a été, en partie, due au refus inattendu des États-Unis de
continuer à protéger l’État sioniste de toute conséquence pour son
comportement illégal.
Réponses inadéquates
La
réponse à la réponse d’Israël a été révélatrice. Les dirigeants
européens ont été très discrets dans leur réaction même si Netanyahou a
parlé en mal et a snobé nombre d’entre eux. La position de la Maison
Blanche est que Washington a toujours considéré les colonies comme un « obstacle à la paix » et
une menace pour la solution à deux États, de sorte que leur abstention
sur la résolution devrait être considérée comme cohérente et appropriée.
Par contre, certains républicains au Congrès ont pris parti pour Israël. Prenons par exemple l’affirmation déconcertante du sénateur John McCain disant que « le
vote, aujourd’hui, d’une résolution mal conçue sur les colonies
israéliennes marque un autre chapitre honteux dans le bizarre historique
anti-israélien des Nations Unies ». Aucune mention ici du comportement « bizarre » du Premier ministre israélien.
Cependant,
et c’est le point important, ce qui manque à ces réponses à la colère
de Netanyahou est une reconnaissance publique du point principal de la
Résolution 2234. C’est le fait qu’Israël viole la loi. Et depuis des
décennies, l’État sioniste érode la force du droit international. Aucun
dirigeant d’État, y compris ceux qui ont directement voté pour la
résolution des Nations Unies, n’a daigné insister publiquement sur ce
point-là.
Juste pour rendre les choses très claires, de nombreux
aspects de la société civilisée sont rendus possibles par le respect de
la loi. C’est la façon dont nous cherchons tous à maintenir un niveau
d’ordre tolérable et nous efforçons d’administrer la justice humaine.
Cependant, de tels efforts peuvent être fragiles. Tels sont les
problèmes :
– En pratique, les lois et la justice sont
traditionnellement définies par la culture. Ainsi, il est possible que
ce qui est légal dans une communauté soit illégal dans une autre, et que
ce qui est justice en un lieu puisse sembler être une injustice en un
autre lieu. C’est évidemment un aspect du problème d’Israël. Les
gouvernements israéliens voient les choses sous l’angle d’une idéologie
raciste et culturellement déterminée qui exclut toute justice pour ceux
qui sont victimes de discrimination ethnique et religieuse. Pourtant,
l’Histoire a prouvé que de telles pratiques sont une menace pour tout le
monde en raison des précédents dangereux qu’ils installent dans un
monde à la diversité croissante. Dans un tel monde, les lois
garantissant les relations humaines entre groupes sociaux doivent être
les mêmes, quelles que soient la nationalité et la race.
– Dans un
monde d’États-nations, le concept de souveraineté nationale a souvent
servi de protection contre l’ingérence extérieure, même face à un
comportement criminel étatique. Par exemple, un gouvernement national
peut prétendre que ses lois opprimant les groupes minoritaires reflètent
des besoins de sécurité nationale. Israël n’est pas le premier État à
prendre une telle position.
Les États extérieurs ont
traditionnellement été réticents à s’ingérer dans les affaires d’un
autre État sauf si sa souveraineté se trouve érodée par une intervention
évidente. Par contre, subrepticement, les puissances occidentales ont
été des pratiquantes assidues du « changement de régime sélectif ».
L’hypocrisie est évidente. Dans ces conditions, la primauté du droit et
la notion de justice sont cantonnées à la marge et, à l’extrême,
deviennent indiscernables de la criminalité.
C’est en réponse à ces problèmes que, dès le XIXe
siècle, des efforts ont été entrepris pour créer des traités et des
organisations internationales qui promulguent le droit international et
qui vise à faire passer le concept de justice au-delà de la culture et
des prétendus intérêts nationaux en lui donnant une application
universelle. De tels efforts étaient en fait des tentatives de porter la
civilisation à un niveau supérieur. Les horreurs qui ont incité de tels
efforts, allant des crimes de guerre au génocide, se sont révélées être
de puissants motivateurs.
Il y eut quelques succès à la suite de cet effort, notamment la série de traités conclus
à Genève, en Suisse. Notamment les Conventions de Genève de 1949, qui
ont mis à jour les accords antérieurs à la suite des crimes commis
pendant la Seconde Guerre mondiale. Parmi celles-ci, la quatrième
Convention de Genève protège les civils en temps de guerre. La
résolution 2234 cite cette Convention.
Des problèmes avec la loi
Le
développement du droit international a toujours posé un problème aux
États guerriers, expansionnistes ou traversés de haines intergroupes.
Israël correspond tout à fait à cette description et le fait, si souvent
évoqué par les sionistes, que d’autres États y correspondent aussi, ne
devrait pas être utilisé pour noyer le poisson.
En effet, Israël a
déployé des efforts considérables pour détourner le blâme et suborner
la politique étrangère des autres États en utilisant des alliés et des
agents d’intérêts qui brandissent de tels arguments sophistiques.
Cependant, ces efforts de lobbying commencent de moins en moins à
porter leurs fruits.
C’est la dure réalité du refus obstiné
d’Israël de conclure une paix juste avec les Palestiniens, tout en
volant leurs terres, qui a rendu le pays si mal vu, tellement mal vu que
la plupart des nations du monde sont maintenant prêtes à déclarer que
l’État sioniste est en violation flagrante du droit international.
Malheureusement,
il n’y a pas de policiers pour appréhender les criminels de la stature
de Benjamin Netanyahou. Même la Cour pénale internationale ne tentera
probablement pas de le faire. Mais cela ne signifie pas que l’État
sioniste continuera à échapper aux conséquences de son comportement
criminel. Étape par étape, Israël est devenu un État paria qui vit dans
un isolement croissant, socialement, culturellement et économiquement.
Il faut espérer ardemment que la récente colère de Netanyahou accélérera
ce processus.
Lawrence Davidson
professeur d’histoire à la West Chester University, en Pennsylvanie.
professeur d’histoire à la West Chester University, en Pennsylvanie.