John Nixon est un agent de la CIA, en charge de suivre le
président irakien depuis son entrée dans l’agence américaine, en 1998. Il est l’homme que les États-Unis ont appelé dès que Saddam Hussein
a été capturé, fin 2003.
Dans son livre, Debriefing the
President: The Interrogation of Saddam Hussein, il raconte cette
rencontre avec un homme aussi « charmant » qu’ « effrayant ». Il montre comment le gouvernement américain n'a fait que raconter des mensonges sur l'Irak, et les USA collectionnent en Irak, échecs et défaites, malgré l'armée la plus puissante et la plus coûteuse du Monde.
Le 13 décembre 2003, John Nixon, agent de la CIA, qui a toujours
suivi Saddam à la trace, et qui le connaît le mieux, est conduit à l’aéroport
international de Bagdad. Il fait nuit. Il arrive accompagné d’un petit groupe.
Ils longent plusieurs bâtiments annexes avant d’atteindre leur point d’arrivée,
situé un peu à l’écart du bâtiment principal. Nixon descend du véhicule. « Nous
étions là, à attendre, se souvient-il. Puis un militaire est venu à
notre rencontre en nous a dit : “OK, c’est à vous.” C’est alors que nous sommes
entrés. » Après avoir traversé un grand hall, il s’arrête devant une porte.
Quelqu’un ouvre. « C’est alors que je l’ai vu, assis là, poursuit Nixon. Je
me rappelle que je n’arrivais pas à croire que c’était bien lui. Je m’attendais
à le voir, mais c’était tout de même un sacré coup. Dans un coin de mon esprit,
je me disais : “On n’arrivera jamais à le choper.” » L’homme assis sur la
chaise est Saddam Hussein. Les forces spéciales l’ont capturé plus tôt dans la
nuit près de Tikrit, ville située à quelque 150 kilomètres au nord-ouest de
Bagdad. La traque de l’ancien dictateur avait pris un tour frénétique. La
guerre tournait mal et le gouvernement américain, affolé, s’en était remis à
son instance a priori la plus fiable : la CIA. Après cinq années passées à
l’agence à travailler sur l’Irak, John Nixon était devenu l’homme qui
connaissait le mieux Saddam – il a été ainsi le premier officier du
renseignement à l’interroger.
Nixon a donc dû identifier Saddam Hussein, à qui la propagande
occidentale attribuait de nombreux « doubles ». Puis c’est lui qui l’a
interrogé en premier, pendant plusieurs jours. Depuis, Nixon a quitté la CIA en
2011. Il confie toute cette histoire dans un livre, Debriefing the President:
The Interrogation of Saddam Hussein, et dans une interview à la BBC.
« Dès que je l’ai vu, je n’ai eu aucun doute, c’était lui,
raconte Nixon. Je devais me pincer pour réaliser que j’étais en train d’interroger
l’homme le plus recherché au monde. »
A choisir entre Bush et Hussein…
Nixon dit avoir vu deux Saddam Hussein : un « côté humain » et un «
côté plus sombre ». Cet ex-agent de la CIA décrit un homme « des plus charismatiques que j’ai rencontré
», qui pouvait être « charmant, gentil,
marrant et poli ».
Mais Nixon dépeint aussi un homme rude, arrogant, méchant et même
effrayant.
Après leur première rencontre, Nixon était optimiste quant au fait
qu’Hussein allait coopérer. Ce dernier lui a même dit avoir apprécié leur
conversation, mais « cela faisait des mois qu’il se cachait et n’avait pas
beaucoup parlé ».
Mais dès le lendemain, le président irakien était devenu
suspicieux.
Le sujet le plus important était celui des armes de destruction
massive.
« C’est tout ce que la Maison Blanche voulait savoir
», explique Nixon. Rapidement, l’agent de la CIA comprendra que Saddam Hussein avait arrêté tout
programme nucléaire depuis des années.
Il dit être désormais sûr de l’absence d’armes de destruction massive
dans le pays.
Tout se déroule dans une cave exigüe, l’armée américaine met la
main sur Saddam Hussein, avec 750.000 dollars et des armes. Il n’offrira aucune
résistance. La suite est connue : après un procès, jugé inéquitable par
certaines ONG, l’ancien président est assassiné par pendaison, comme faisait le
KKK pour les nègres accusés de voler une tomate, ou de violer une mouche.
Mais un épisode n’est pas connu. Il se déroule juste après la
capture du dirigeant déchu.
L’expert de la CIA John Nixon est chargé d’identifier formellement
le prisonnier et de réaliser un premier interrogatoire à l’aéroport de Bagdad.
Il évoque un homme « courtois et en bonne condition physique », et
insiste dans son ouvrage sur l’absence de fiabilité des informations dont
disposaient les services secrets américains. « Toutes nos informations étaient fausses »,
déplore-t-il.
« Il y a tellement de choses que nous voulions savoir » raconte-t-il.
« Comment s’est-il échappé de la capitale ? Qui l’a aidé ? »
Mais Saddam Hussein n’a pas l’intention de jouer le jeu mais fait
une étrange proposition à l’agent de la CIA.
« Pourquoi ne me questionnez-vous pas sur la politique ? Vous
pourriez apprendre beaucoup de choses » affirme le prisonnier.
« Vous allez échouer. Vous allez découvrir qu’il n’est pas
aisé de gouverner l’Irak. Vous allez échouer parce que vous ne connaissez pas notre
langue, vous ignorez notre histoire et vous ne comprenez pas l’esprit arabe
»
« Je ne sais pas d’où vous tenez vos renseignement, mais ils
sont entièrement faux »
S’amuse Saddam Hussein, tout en invalidant un certain nombre
d’éléments dont les États-Unis semblaient persuadés
Questionné sur la présence d’armes de destruction massive, Saddam
Hussein ironise: « Vous avez trouvé un traitre qui vous a mené à moi. Il n’y
a donc pas un traître pour vous dire où sont ces armes ? »
Et de poursuivre : « L’Irak n’est pas une nation terroriste. Nous n’avions
aucun contact avec Ben Laden et nous n’avions pas d’armes de destructions
massives. »
Il poursuit : « Ca n’a jamais été envisagé. Utiliser des armes
chimiques contre le monde? Y a t-il quelqu’un avec ses facultés complètes qui
ferait cela ? Qui utiliserait ces armes quand elles n’auraient pas été
utilisées contre nous? »
« Alors
l’Amérique avait eu tord ? » s’interroge
l’agent de la CIA. Il évoque pourtant le massacre de Halabja, perpétré par
l’armée irakienne grâce à des armes chimiques.
« Je ferai ce que j’ai à faire pour protéger mon pays
» hurle Saddam Hussein avant de lâcher « ça n’était pas ma décision.
»
Plusieurs sessions d’interrogatoire vont se succéder, sur de
nombreux sujets. Concernant le 11-Septembre, le Président nie toute
implication.
« Regardez ceux qui sont impliqués. D’où venaient-t-ils ?
D’Arabie saoudite. Et le meneur ? Égyptien. Pourquoi voulez-vous que je sois
impliqué ? »
Il pensait même que les
attentats allaient rapprocher les deux pays dans la lutte contre le
fondamentalisme.
« Vous
allez échouer. Vous allez découvrir que ce n’est pas si facile de gouverner
l’Irak.
Les faits
lui donneront raison… »
Nixon lance même que s’il fallait choisir entre George W. Bush et
Saddam Hussein, il préférerait passer du temps avec le deuxième…
Source : http://www.onsaitcequonveutquonsache.com/