samedi 22 juillet 2017

L’agent de la CIA qui a interrogé Saddam : je préfère Saddam Hussein à G. Bush

John Nixon est un agent de la CIA, en charge de suivre le président irakien depuis son entrée dans l’agence américaine, en 1998. Il est l’homme que les États-Unis ont appelé dès que Saddam Hussein a été capturé, fin 2003.

Dans son livre, Debriefing the President: The Interrogation of Saddam Hussein, il raconte cette rencontre avec un homme aussi « charmant » qu’ « effrayant ». Il montre comment le gouvernement américain n'a fait que raconter des mensonges sur l'Irak, et les USA collectionnent en Irak, échecs et défaites, malgré l'armée la plus puissante et la plus coûteuse du Monde.
Le 13 décembre 2003, John Nixon, agent de la CIA, qui a toujours suivi Saddam à la trace, et qui le connaît le mieux, est conduit à l’aéroport international de Bagdad. Il fait nuit. Il arrive accompagné d’un petit groupe. Ils longent plusieurs bâtiments annexes avant d’atteindre leur point d’arrivée, situé un peu à l’écart du bâtiment principal. Nixon descend du véhicule. « Nous étions là, à attendre, se souvient-il. Puis un militaire est venu à notre rencontre en nous a dit : “OK, c’est à vous.” C’est alors que nous sommes entrés. » Après avoir traversé un grand hall, il s’arrête devant une porte. Quelqu’un ouvre. « C’est alors que je l’ai vu, assis là, poursuit Nixon. Je me rappelle que je n’arrivais pas à croire que c’était bien lui. Je m’attendais à le voir, mais c’était tout de même un sacré coup. Dans un coin de mon esprit, je me disais : “On n’arrivera jamais à le choper.” » L’homme assis sur la chaise est Saddam Hussein. Les forces spéciales l’ont capturé plus tôt dans la nuit près de Tikrit, ville située à quelque 150 kilomètres au nord-ouest de Bagdad. La traque de l’ancien dictateur avait pris un tour frénétique. La guerre tournait mal et le gouvernement américain, affolé, s’en était remis à son instance a priori la plus fiable : la CIA. Après cinq années passées à l’agence à travailler sur l’Irak, John Nixon était devenu l’homme qui connaissait le mieux Saddam – il a été ainsi le premier officier du renseignement à l’interroger. 
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Nixon a donc dû identifier Saddam Hussein, à qui la propagande occidentale attribuait de nombreux « doubles ». Puis c’est lui qui l’a interrogé en premier, pendant plusieurs jours. Depuis, Nixon a quitté la CIA en 2011. Il confie toute cette histoire dans un livre, Debriefing the President: The Interrogation of Saddam Hussein, et dans une interview à la BBC.
« Dès que je l’ai vu, je n’ai eu aucun doute, c’était lui, raconte Nixon. Je devais me pincer pour réaliser que j’étais en train d’interroger l’homme le plus recherché au monde. »
A choisir entre Bush et Hussein…
Nixon dit avoir vu deux Saddam Hussein : un « côté humain » et un « côté plus sombre ». Cet ex-agent de la CIA décrit un homme « des plus charismatiques que j’ai rencontré », qui pouvait être « charmant, gentil, marrant et poli ».
Mais Nixon dépeint aussi un homme rude, arrogant, méchant et même effrayant.
Après leur première rencontre, Nixon était optimiste quant au fait qu’Hussein allait coopérer. Ce dernier lui a même dit avoir apprécié leur conversation, mais « cela faisait des mois qu’il se cachait et n’avait pas beaucoup parlé ».
Mais dès le lendemain, le président irakien était devenu suspicieux.
Le sujet le plus important était celui des armes de destruction massive.
« C’est tout ce que la Maison Blanche voulait savoir », explique Nixon. Rapidement, l’agent de la CIA comprendra que Saddam Hussein avait arrêté tout programme nucléaire depuis des années.
Il dit être désormais sûr de l’absence d’armes de destruction massive dans le pays.
Tout se déroule dans une cave exigüe, l’armée américaine met la main sur Saddam Hussein, avec 750.000 dollars et des armes. Il n’offrira aucune résistance. La suite est connue : après un procès, jugé inéquitable par certaines ONG, l’ancien président est assassiné par pendaison, comme faisait le KKK pour les nègres accusés de voler une tomate, ou de violer une mouche.
Mais un épisode n’est pas connu. Il se déroule juste après la capture du dirigeant déchu.
L’expert de la CIA John Nixon est chargé d’identifier formellement le prisonnier et de réaliser un premier interrogatoire à l’aéroport de Bagdad.
Il évoque un homme « courtois et en bonne condition physique », et insiste dans son ouvrage sur l’absence de fiabilité des informations dont disposaient les services secrets américains. « Toutes nos informations étaient fausses », déplore-t-il.
« Il y a tellement de choses que nous voulions savoir » raconte-t-il.
« Comment s’est-il échappé de la capitale ? Qui l’a aidé ? »
Mais Saddam Hussein n’a pas l’intention de jouer le jeu mais fait une étrange proposition à l’agent de la CIA.
« Pourquoi ne me questionnez-vous pas sur la politique ? Vous pourriez apprendre beaucoup de choses » affirme le prisonnier.
« Vous allez échouer. Vous allez découvrir qu’il n’est pas aisé de gouverner l’Irak. Vous allez échouer parce que vous ne connaissez pas notre langue, vous ignorez notre histoire et vous ne comprenez pas l’esprit arabe »
« Je ne sais pas d’où vous tenez vos renseignement, mais ils sont entièrement faux »
S’amuse Saddam Hussein, tout en invalidant un certain nombre d’éléments dont les États-Unis semblaient persuadés
Questionné sur la présence d’armes de destruction massive, Saddam Hussein ironise: « Vous avez trouvé un traitre qui vous a mené à moi. Il n’y a donc pas un traître pour vous dire où sont ces armes ? »
Et de poursuivre : « L’Irak n’est pas une nation terroriste. Nous n’avions aucun contact avec Ben Laden et nous n’avions pas d’armes de destructions massives. »
Il poursuit : « Ca n’a jamais été envisagé. Utiliser des armes chimiques contre le monde? Y a t-il quelqu’un avec ses facultés complètes qui ferait cela ? Qui utiliserait ces armes quand elles n’auraient pas été utilisées contre nous? »
« Alors l’Amérique avait eu tord ? » s’interroge l’agent de la CIA. Il évoque pourtant le massacre de Halabja, perpétré par l’armée irakienne grâce à des armes chimiques.
« Je ferai ce que j’ai à faire pour protéger mon pays » hurle Saddam Hussein avant de lâcher « ça n’était pas ma décision. »
Plusieurs sessions d’interrogatoire vont se succéder, sur de nombreux sujets. Concernant le 11-Septembre, le Président nie toute implication.
« Regardez ceux qui sont impliqués. D’où venaient-t-ils ? D’Arabie saoudite. Et le meneur ? Égyptien. Pourquoi voulez-vous que je sois impliqué ? »
Il pensait même que les attentats allaient rapprocher les deux pays dans la lutte contre le fondamentalisme.
Résultat de recherche d'images pour "saddam Hussein"Il évoque un sujet terriblement actuel.
« Vous allez échouer. Vous allez découvrir que ce n’est pas si facile de gouverner l’Irak.
Les faits lui donneront raison… »
Nixon lance même que s’il fallait choisir entre George W. Bush et Saddam Hussein, il préférerait passer du temps avec le deuxième…

Source : http://www.onsaitcequonveutquonsache.com/