Un « gorille historique de 400 kilos » hante l’arrière-plan de
presque chaque incident militaire et diplomatique grave impliquant
Israël, la Turquie, l’Iran, l’Arabie Saoudite, l’Irak, la Grèce,
l’Arménie, les Kurdes, les Assyriens, et quelques autres acteurs au
Moyen Orient et dans l’Europe du sud-est. C’est
un facteur qui est généralement seulement chuchoté dans les réceptions
diplomatiques, les conférences d’information et les séances des « think
tank », à cause de la nature explosive et controversée du sujet. Et
c’est le secret attaché au sujet qui a été la raison de la si grande
incompréhension concernant la récente rupture des relations entre Israël
et la Turquie, le réchauffement croissant des relations entre Israël et
l’Arabie Saoudite, et l’hostilité croissante entre l’Arabie Saoudite et
l’Iran…
Bien que connue des historiens et des experts religieux, l’influence
politique et économique séculaire d’un groupe connu sous le nom turc de
« Dönmeh » ne fait que commencer à apparaître sur les
lèvres des Turcs, des Arabes et des Israéliens qui hésitaient à discuter
de la présence en Turquie et ailleurs d’une secte de Turcs
descendant d’un groupe de Juifs séfarades qui avaient été expulsés
d’Espagne par l’Inquisition espagnole aux XVIe et XVIIe siècles.
Ces réfugiés juifs d’Espagne furent autorisés à s’établir dans l’Empire
ottoman et avec le temps ils se convertirent à une secte mystique de
l’islam qui mélangea finalement la Kabbale juive et les croyances
semi-mystiques soufies islamiques dans une secte qui finit par soutenir
la laïcité dans la Turquie post-ottomane. Il est intéressant de
noter que le mot « Dönmeh » ne désigne pas seulement les « convertis
douteux » à l’islam en Turquie mais est aussi un mot turc désobligeant
désignant un travesti, ou quelqu’un qui prétend être ce qu’il n’est pas.