On
aura beau tenter d’occulter cette évidence, elle saute aux yeux : la
Chine a accompli en soixante-quinze ans ce qu’aucun pays n’a réussi à
faire en deux siècles. Elle a imaginé des solutions inédites, multiplié
les succès comme les échecs. Aujourd’hui, cette odyssée continue,
charriant à nouveau son lot d’incertitudes. Un regard rétrospectif,
toutefois, laisse voir l’immensité du chemin parcouru, la profondeur des
transformations accumulées, l’importance des progrès réalisés. La
République populaire de Chine a été proclamée par Mao Zedong le 1er
octobre 1949. Lorsqu’ils fêtent cet anniversaire, les Chinois savent
bien ce qu’est devenu leur pays. Mais ils savent aussi dans quel état il
se trouvait en 1949. Dévasté par des décennies de guerre civile et
d’invasion étrangère, c’était un champ de ruines. D’une pauvreté inouïe,
le pays ne représentait qu’une part infime de l’économie mondiale,
alors qu’il en représentait encore le tiers en 1820. Le déclin de la
dynastie Qing et l’intrusion des puissances prédatrices ont ruiné cette
prospérité. Avec le «siècle des humiliations»,
la Chine a subi les affres d’une longue descente aux enfers. Le pays a
été occupé, pillé et ruiné. En 1949, il n’est plus que l’ombre de
lui-même. Ravagées par la guerre, les infrastructures sont délabrées.
Incapable de nourrir la population, l’agriculture souffre de l’absence
criante d’équipements, d’engrais et de semences.