Quelles que soient les conditions à venir en Syrie, les
possibilités de l’établissement d’une véritable paix, les risques de
redémarrages d’hostilités intensives, une phase s’est achevée à la
mi-décembre avec un retrait partiel des forces russes suivant une
campagne aéro-terrestre commencée en septembre 2015 (avec l’accent sur
la dimension aérienne), avec l’installation d’une structure générale de
coordination avec les autres forces alliées (syrienne, iranienne et
Hezbollah), d’une structure de contrôle électronique de l’espace aérien,
avec un effort considérable de formation et d’impulsion de ces mêmes
forces alliées jusqu’à leur transformation radicale, et tout cela avec
des effectifs très réduits mais extrêmement souples et d’un rythme
d’emploi phénoménal.
Cette campagne se traduit par « une victoire russe en Syrie [constituant] un
des grands évènements de ce siècle et, probablement, le seul exemple
d’une campagne opérationnelle militaire réussie dans une si courte
période de temps avec des résultats extrêmement positifs et leur
prolongement politique, ouvrant la voie à un processus de négociation. »
Ce jugement de l’expert militaire russe Andrei Akoulov définit une
longue analyse, extrêmement détaillée du point de vue technique et
opérationnel de l’engagement russe. Les matériels et leurs emplois sont
examinés précisément, ainsi que les résultats obtenus, les pertes subies
(extrêmement faibles), le rythme des opérations, le moral, l’allant et
l’initiative des forces, etc. Akoulov met l’accent sur l’aspect le moins
quantifiable et le moins spectaculaire, mais sans doute le plus
important et le plus profond : une formidable expérience opérationnelle
acquise par les forces russe, qui devrait transcender l’effort de
modernisation et de restructuration des armées russes en général, en
inscrivant en termes opérationnels intégrés les effets de cette campagne
sur la cohésion et l’efficacité de l’armée russe en général.
Il est manifeste qu’Akoulov estime que l’armée russe a acquis une formidable capacité de projection de force qu’il estime in fine,
en termes qualitatifs, en termes de rapidité, de capacité et de
précision d’action, comme sans équivalent dans le monde. On est assez
aisément convaincu par le dossier qu’il présente, notamment grâce à la
minutie de la description qui correspond aux opérations comme nous les
avons suivies en temps réel. Cette description pourrait être décrite
comme “de la propagande”, mais le caractère étonnant de la “propagande
russe” dans ce cas comme dans beaucoup d’autres présente, à cause de la narrative et du simulacre animés par une sottise sans bornes qui règnent en face, le caractère inédit d’énoncer des vérités-de-situation : la “propagande” se réalise sans douleur par l’énoncé des vérités vérifiables par ceux qui échappent au déterminisme-narrativiste, tant ces vérités sont dommageables au bloc-BAO… Ou la “propagande” par la vérité.
Avec la Syrie, suivant la démonstration préliminaire de la
Crimée-2014, l’armée russe a complètement transformé et renversé les
caractères de l’énorme Armée Rouge du temps de l’Union Soviétique de la
guerre froide, qui se caractérisait par le nombre jusqu’à la pléthore,
la lourdeur bureaucratique, le gaspillage, l’absence d’initiative et le
moral très bas, la lenteur qui va avec tout cela, etc. Ces tares sont
désormais réservées aux forces armées des USA, surchargées de
technologies inutiles et souvent contre-productives du fait de leur
complexité, soumises à des contraintes bureaucratiques sinon
idéologiques et sociétales, subverties par des pratiques douteuses avec
des auxiliaires tels que des mercenaires, des bandes du crime organisée,
des “alliés” de type djihadistes et autres accouchées par les “coups
tordues” de la CIA.
Texte d’Akoulov de Strategic-Culture.org, repris sur Russia Insider le 22 décembre 2017.
dde.org
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