« La guerre, disait Clausewitz, met fin par le sang à une divergence d’intérêts ».
Contrairement à une idée reçue, les USA et leurs alliés n’ont pas tenté
d’abattre la Syrie pour s’emparer de ses hydrocarbures. Les projets
gaziers du Qatar expliquent peut-être son engagement au côté des mercenaires sionislamistes, mais ils n’ont pas suffi à nourrir un conflit d’une telle
ampleur. La rage destructrice des parrains de cette guerre meurtrière
n’était pas davantage motivée par la défense des “droits de l’homme”.
Seuls les esprits crédules ont pu croire de telles sornettes,
accréditées il est vrai par un déluge de propagande occidentale sans précédent.
La
véritable raison de cette guerre par procuration n’est ni économique ni
idéologique. Déployant des moyens colossaux, l’impérialisme avait un
autre objectif, beaucoup plus ambitieux : il entendait conjurer une
menace stratégique. En détruisant la Syrie, Washington espérait liquider
le seul Etat arabe qui soit resté debout face à Israël, et qui appuie
sans réserve la résistance armée à l’invasion sioniste. Frapper à mort
la Syrie devait permettre d’en finir avec le Hezbollah, et
l’effondrement de l’État syrien mettre fin à l’anomalie d’un
gouvernement arabe allié au “régime des mollahs” et à la Russie de
Vladimir Poutine.
La preuve ultime de ce dessein géopolitique a
été fournie par l’ex-secrétaire d’État Hillary Clinton dans son email du
30 novembre 2015 révélé par Wikileaks : « La meilleure manière d’aider Israël à gérer la capacité nucléaire grandissante de l’Iran, écrivait-elle, est d’aider le peuple syrien à renverser le régime de Bachar el-Assad ».
En cas de réussite, cette tentative de “regime change” par le biais de
la terreur milicienne aurait privé l’axe Téhéran-Damas-Beyrouth de son
maillon central. Elle aurait laissé le Hezbollah orphelin de la Syrie et
rejeté l’Iran dans l’arrière-cour d’un Moyen-Orient remis sur orbite
occidentale.
Malheureusement pour Washington et ses séides, cette
vaste opération a échoué. Malgré les milliers de mercenaires lobotomisés
par le wahhabisme, malgré les milliards de dollars déversés par les
monarchies du Golfe, le conglomérat takfiriste s’est brisé sur le mur
d’acier d’une armée nationale appuyée par ses alliés russes, libanais,
irakiens et iraniens. Même si elle n’a pas supprimé la capacité de
nuisance américaine, cette défaite a infligé un coup d’arrêt à la
politique du “chaos constructif” voulue par Washington afin de provoquer
l’implosion du Moyen-Orient et le démembrement de ses États souverains.
L’année
2017 restera dans les annales comme celle d’un nouvel échec de
l’impérialisme. Destinée à éliminer une pièce maîtresse de la résistance
arabe, la guerre imposée à la Syrie entendait venger l’humiliation
infligée à Israël en juillet-août 2006. Elle visait à repousser le
cauchemar d’une force arabe victorieuse, capable de chasser la puissante
armée sioniste d’un petit pays qu’elle croyait à sa merci. Rarement
mentionnée, cette signification du conflit syrien est pourtant
essentielle. Loin d’être séparés, les conflits du Proche-Orient sont
intimement liés. La crise régionale a plusieurs dimensions, mais c’est
la même crise.
Que serait devenu le Liban si les factions
extrémistes avaient gangrené l’est du pays ? Le Hezbollah, rejoint par
l’armée libanaise, les a extirpées. En supprimant ces nids de scorpions
des deux côtés de la frontière, la résistance a joué son rôle de
protecteur du Liban, et même ceux qui vilipendaient son intervention en
Syrie sont contraints de l’admettre. Obsession d’Israël, le Hezbollah a
payé le prix du sang, tirant du conflit syrien une expérience précieuse.
L’impérialisme voulait l’abattre en le privant de son allié. Peine
perdue. Cauchemar des sionistes, vainqueur d’Al-Qaïda, protecteur des
minorités, le Hezbollah est plus fort et plus respecté que jamais.
Ce
n’est pas un hasard si l’armée israélienne a multiplié les agressions
sur le territoire syrien au cours des derniers mois. Plusieurs
responsables sionistes l’ont dit : la prochaine guerre opposera à
nouveau Israël et le Hezbollah, et elle sera d’une rare violence. Mais
il y a loin de la coupe aux lèvres, et l’agresseur devrait méditer les
leçons du précédent conflit. Le 12 juillet 2006, prétextant l’enlèvement
de deux soldats israéliens à la frontière libanaise, une
impressionnante armada israélienne avait envahi le Liban avec l’objectif
avoué “d’éradiquer le Hezbollah”. L’issue de cette opération a
toutefois réservé bien des surprises à ses initiateurs.
Durant
cette guerre de 33 jours, le déséquilibre des forces est énorme. Israël
dispose d’une force militaire colossale, quasiment invaincue sur les
théâtres d’opérations du Proche-Orient, et alimentée par les transferts
technologiques de son puissant protecteur US. Infanterie mécanisée,
artillerie lourde, blindés, aviation, marine de guerre et drones de
combat s’abattent sur le Liban. Face à ce corps expéditionnaire de 40
000 soldats et 450 blindés lourds, se dresse le Hezbollah, parti
politique minoritaire libanais qui dispose d’une milice courageuse, mais
dépourvue d’armement lourd.
Pour accréditer la menace que ferait
peser cette organisation détestée par les puissances occidentales, on
orchestre alors une véritable dramaturgie autour des roquettes lâchées
sur Israël. Psychologiquement, elle profite aux deux belligérants : elle
permet au Hezbollah de défier Israël et à Israël de jouer la comédie de
l’agresseur agressé. Mais elle masque surtout la disproportion des
dégâts causés dans les deux camps. Alors qu’un millier de Libanais ont
déjà péri sous les bombes de “Tsahal”, les médias braquent leurs
projecteurs sur la dizaine de civils tués par les roquettes du
Hezbollah.
Fascinés par leur propre puissance, les sionistes
frappent les ponts, les usines, les ports, les aéroports, ils dévastent
Beyrouth-sud, déploient un appareil de destruction sans précédent contre
le pays. Mais cet avantage aérien ne préjuge pas de la victoire. Le
Hezbollah, de son côté, dispose d’atouts indéniables : sa solide
implantation au sein de la communauté chiite, sa cohésion interne et la
valeur de ses combattants, le soutien d’une large majorité de la
population libanaise. Soudant les Libanais autour du Hezbollah, la
nouvelle invasion israélienne, de plus, a pour effet d’en montrer
l’utilité militaire.
Encore confuse à la veille du conflit, l’idée
que le Hezbollah constitue un rempart contre Israël s’impose avec
l’évidence d’une force matérielle : si le Hezbollah cède, il n’y a plus
de Liban, mais un nouveau bantoustan israélien. Simple prétexte, le
double enlèvement du 12 juillet a fourni aux dirigeants israéliens, en
effet, l’occasion rêvée d’une nouvelle guerre dont ils entendent toucher
les dividendes. La résistance mise à genoux, le Liban pourrait
retrouver son statut d’Etat-tampon, sans véritable souveraineté, ni
cohésion nationale, ni force militaire.
Car Israël ne saurait
tolérer à sa frontière nord qu’un État-fantoche. Il a détruit sa flotte
aérienne civile en 1968, envahi son territoire en 1978 et poussé une
offensive militaire dévastatrice contre Beyrouth en 1982. Envahi, occupé
et bombardé durant des décennies, le Liban n’a vu le départ des troupes
israéliennes du sud du pays qu’en 2000. Cette victoire tardive, il la
doit au Hezbollah, qui a harcelé l’occupant pendant vingt ans, tuant 900
de ses soldats et le contraignant à un retrait unilatéral. La violente
attaque israélienne engagée le 12 juillet 2006, manifestement, est un
règlement de comptes.
Jouant les matamores, les dirigeants
israéliens promettent d’infliger une correction magistrale à la
résistance. Jugés indestructibles par les experts, 52 blindés de
“Tsahal” sont pourtant transformés en passoires. 170 soldats sont tués,
800 blessés. Plus de 1 500 Libanais périssent dans les bombardements
sionistes, et le Hezbollah reconnaît la perte de 200 combattants. Avec
leurs lance-roquettes antichar, les combattants du Hezbollah ont
contraint les forces israéliennes à lâcher prise. Inconcevable pour les
admirateurs d’Israël, une dure réalité s’impose : la “plus puissante
armée du Moyen-Orient” a reculé face aux miliciens d’un parti politique
libanais.
Au lendemain du conflit, le Hezbollah est toujours
debout et son potentiel militaire encore menaçant. Auréolé par sa
résistance à l’envahisseur, il jouit dans le monde arabe d’un prestige
inégalé qui transcende le clivage artificiellement entretenu entre
sunnites et chiites. En voulant donner à cette guerre un caractère
punitif, Israël s’est puni lui-même. Ses soldats ont été incapables de
prendre une poignée de villages frontaliers et son principal fait
d’armes fut une campagne aérienne dévastatrice. Israël voulait éradiquer
le Hezbollah. Tout ce qu’il a réussi à faire est de massacrer des
civils. Vaincue, son armée a repassé la frontière la queue entre les
jambes.
Le souvenir de cette victoire arabe emportée à 1 contre 10
ne cesse de hanter les dirigeants israéliens et occidentaux. C’est
l’une des raisons essentielles de leur acharnement contre la Syrie, et
l’agression contre Damas en 2011 était en germe dans la défaite d’Israël
en 2006. Mais les événements n’ont pas suivi le cours espéré par leurs
brillants stratèges. Avec la déroute de la piétaille wahhabite en Syrie,
le plan a déraillé, et l’échec a nourri l’échec. En 2006, Israël a subi
la défaite face au Hezbollah soutenu par la Syrie. En 2017,
l’impérialisme a perdu la partie face à la Syrie soutenue (entre autres)
par le Hezbollah. Les tentatives désespérées pour rompre cette alliance
se sont brisées comme du verre sur la résistance des peuples frères,
syrien et libanais.
Bruno Guigue
Lundi 25 décembre 2017
https://www.legrandsoir.info/syrie-hezbollah-cauchemar-de-l-imperialisme.html
Israël doit revoir ses calculs
Lors d’une interview accordée à la chaîne
internationale al-Kawthar, l’ancien président libanais, Émile Lahoud a
réitéré l’exigence d’une volonté ferme pour vaincre l’ennemi.
« La défaite d’Israël au
Liban a prouvé au monde entier que lorsqu’un groupe sûr de ses positions
véridiques est décidé à résister, l'ennemi, aussi fort qu’il soit, ne
sera capable de rien ; c’est pourquoi le petit pays qu’est le Liban a
réussi à vaincre à deux reprises Israël », a affirmé Lahoud.
En exprimant son opposition à un désarmement du Hezbollah libanais
après la débandade des occupants du sud du Liban, Lahoud s’est exprimé
en ces termes:
« La différence entre l’armée et les forces de la Résistance consiste
dans le fait que l’armée est une force militaire régulière avec des
positions, sièges et dépôts d’armes à emplacement précis. C’est pourquoi
il est parfois facile de la prendre pour cible, mais ce n’est pas le
cas en parlant de la Résistance car elle n’a pas d’emplacement précis.»
« À mon avis, l’arme de la Résistance doit rester entre les mains des
combattants de la Résistance libanaise car cette dernière est
complémentaire de l’armée », a-t-il ajouté.
Selon lui, la décision du président américain, Donald Trump, sur Qods
s’explique par les difficultés internes de l’administration américaine.
« Le président américain veut compenser ses échecs internes par des
succès à l’extérieur du pays. Par ailleurs, l’administration américaine
est fortement influencée par le lobby israélien », a-t-il poursuivi.
En allusion aux déclarations du secrétaire général du Hezbollah,
Seyyed Hassan Nasrallah, lors d’un récent rassemblement en signe d’appui
à Qods, dans le sud de Beyrouth, Lahoud a indiqué :
« Moi, je connaîs bien Seyyed Hassan. Quand il affirme faire quelque
chose il le fait. Lorsque Nasrallah dit qu’ils s’orienteront par
millions vers Qods et quand Qassem Soleimani prend contact avec la
Résistance palestinienne après les victoires remportées en Irak et en
Syrie pour se déclarer prêt à l’aider, tout cela amènera Israël à revoir
ses calculs.»
VOIR AUSSI :
Nous avions écrit :
Selon
le Military Times, Tsahal a passé en début d'année 2014, une commande de
120.000 unités de couches lavables auprès de la société israélienne SK TRADING,
spécialisée dans les produits d'absorbance et fournisseur de l'armée depuis
2009. L'existence des couches culottes dans le paquetage israélien est connue
depuis 2006 et les opérations contre le Hezbollah au Liban.
En soignant les blessés
islamistes de DAECH, d’Al-Nosra, et d’autres, les médecins israéliens ont
constaté le même phénomène d’incontinence liquide et solide que celui observé
chez les soldats de Tsahal. Ces soins sont prodigués à la demande et à la
charge des Saoudiens et des Qataris (chacun payant pour sa chapelle djihadiste).
Par la même occasion, les djihadistes de DAECH et d’Al-Nosra sont devenues, par
osmose si l’on ose dire, des utilisateurs des mêmes couches israéliennes. Tablant
sur des guerres quasi éternelles au Moyen-Orient, une start-up israélienne, la société Cine'al, vient
de se lancer dans ce créneau extrêmement prometteur. Si, en plus de Tsahal et
des djihadistes, on ajoute tout ce que le monde musulman compte d’islamistes
fétichistes, il y a de quoi se faire des couilles en or. Encore merci au Hezbollah !!
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Hannibal GENSERIC
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