Jamal
Khashoggi est un pur produit de la matrice wahhabite takfiriste, non un
parangon de la liberté de la presse. Si son supplice a magnifié son parcours,
il n’en excuse pas pour autant son aberration criminogène.
Neveu
d’Adnane Khashoggi, le marchand d’armes saoudien sacrifié sur l’autel de la
raison d’état dans le «Scandale de l’Irangate», -la fourniture d’armes à l’Iran
sous embargo par l’administration néo conservatrice de Ronald Reagan, dans la
décennie 1980-, sa disparition dans des conditions épouvantablement
crapuleuses, a fait l’effet d’un révélateur, dévoilant à la face du monde dans
toute son ampleur, sans la moindre ambiguïté, les turpitudes d’un régime hideux
mains néanmoins hyper protégé par les «grandes démocraties occidentales».
Tour à tour,
interface d’Oussama Ben Laden [1],
chef d’Al-Qaïda, durant le djihad anti soviétique afghan (1980-1989), puis principal
assistant du Prince Turki Al Faysal, ancien chef des services de
renseignements saoudiens et tuteur direct de la légion islamique qui a
participé à la défaite de l’armée rouge en Afghanistan, Jamal Khashoggi était
si imprégné de l’idéologie takfiriste wahhabite qu’il
s’est vanté peu de temps avant sa liquidation que Daech n’ait jamais dirigé son
feu contre Israël, mais contre l’Iran. Une thèse qui correspond
furieusement avec les objectifs du Pacte atlantiste qui pourrait éclairer sa
cooptation comme contributeur du Washington Post.
La rupture
avec le pouvoir saoudien interviendra dans la foulée du coup de filet du prince
héritier Mohamad Ben Salman contre 300 dignitaires du régime, le 4
novembre 2017, aboutissant au kidnapping du premier ministre libanais Saad
Hariri, et à celle du propre employeur de Jamal Khashoggi, le prince Walid
Ben Talal, dont il était le directeur de son groupe média Rotana Media
Group.
Près de
1.500 personnalités saoudiennes sont détenues arbitrairement en Arabie saoudite
sans autre forme de procès…. dans le cadre de la lutte contre la corruption
(Hic), dans un pays qui passe, paradoxalement, comme étant sinon parmi les plus
corrompus, à tout le moins parmi les grands corrupteurs de la planète.
Compagnon de route de la confrérie des Frères
Musulmans, Jamal
Khashoggi détenait, de par ses fonctions, de lourds secrets sur la face sombre
de la dynastie wahhabite, dont son découpage macabre au sein du consulat de son
pays en terre étrangère, la Turquie, pourrait s’expliquer, sans la justifier,
par la forte charge explosive de ses éventuelles révélations.
Nullement un
opposant light, mais un amplificateur des thèses wahhabites, Jamal Khashoggi, au plus fort de
la guerre de Syrie, avait vanté l’efficacité des méthodes de Daech, allant,
toute honte bue, jusqu’à féliciter publiquement l’organisation terroriste de la
décapitation de 17 soldats de l’armée syrienne.
Sur ce lien,
le texte en arabe de Jamal Khashoggi justifiant la décapitation des soldats
syriens, faisant valoir le groupement «savait très bien ce qu’il faisait». ….«Remets
ton épée à sa place; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée».
Parole d’Évangile (Mathieu 26.52) .
Ancien chef
d’orchestre de la campagne de la promotion de l’image de l’Arabie saoudite à
travers le Monde, en dépit de ses turpitudes, -et contrairement aux autres
disparus-, Jamal Khashoggi, exilé aux États-Unis depuis 2017, n’a jamais lancé
un appel à la sédition, encore moins à une révolution ou à un changement de
régime. Le seul grief qui pourrait être retenu à son encontre est le fait qu’il
n’a pas prêté une allégeance absolue au nouvel homme fort du Royaume, le prince
héritier Mohamad Ben Salmane et vraisemblablement le fait d’avoir crée une
association «Al Fajr -Dawn» pour la défense des droits de l’homme dans la
Péninsule arabique, qui avait bénéficié du soutien financier de personnalités
du Golfe désireuses de favoriser un changement en douceur dans les
pétromonarchies.
La
«présomption d’innocence» que Donald Trump tente vainement d’invoquer pour
tenter désespérément d’exonérer de sa responsabilité criminelle le sanguinaire
prince héritier Mohamad Ben Salman durera tant que durera son besoin du brut
saoudien … dans la double acception du terme : le pétrole saoudien et la
brutalité de ses dirigeants, qui ont érigé en système de gouvernement le
nettoyage par le vide.
Pour aller
plus loin sur les méthodes expéditives saoudiennes,
par RENÉ NABA — Ce
texte est publié en partenariat avec www.madaniya.info.
Journaliste-écrivain,
ancien responsable du Monde arabo musulman au service diplomatique de l'AFP,
puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, responsable de
l'information, membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits
de l'Homme et de l'Association d'amitié euro-arabe.
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