La
provocation ukrainienne de Kertch fin novembre visait à torpiller le sommet
Trump-Poutine au G20 et à renouveler les sanctions européennes pour six mois
contre la Russie. Comme on le sait, le Donald s'est plié à son Deep State
en refusant de parler à Vladimirovitch au sommet du G20. Quant aux
euronouilles, ils ont vassaliquement renouvelé les sanctions pour un semestre, refusant toutefois, c'est à noter, d'en ajouter de
nouvelles. Guère étonnant quand on sait ce que ça leur coûte...
Toujours
est-il que Kiev a tenté de doubler la mise en présentant à l'ONU une résolution
condamnant la Russie pour son "occupation de la Crimée" et la
"militarisation" des côtes des mers Noire et d'Azov.
Chose très
intéressante, et l'on voit que les tendances géopolitiques doivent être
appréhendées sur le temps long, le résultat du vote d'hier est quasiment
similaire à celui de 2014. Petit rappel
:
Au-delà de l’écume des événements, l’année 2014 aura
connu des mouvements de fond considérables, parfois surprenants, tous, Europe exceptée, au bénéfice de la Russie et au
détriment des États-Unis. L’on en avait eu un premier aperçu lors du
vote du 27 mars à l’ONU sur le rattachement de la Crimée à la Russie. Présenté
par les médias occidentaux comme une preuve supplémentaire de l’isolement de
Moscou sur la scène internationale, ce vote constitua au contraire une petite
victoire pour la Russie et dessinait déjà les prémices de l’isolement américain
qui ira grandissant tout au long de l’année. Sous des prétextes divers, près de
quatre-vingt États – les principaux pays de la planète en dehors du bloc
occidental et de ses protégés – s’abstinrent de condamner la Russie : Chine,
Inde, Brésil, Afrique du Sud, Argentine, Pakistan, Iran, Israël (!), Egypte,
Irak (!), Vietnam, Liban, Emirats Arabes Unis, Maroc, Kazakhstan, Algérie,
Uruguay, Kenya, Tanzanie, Ouzbékistan, Afghanistan (!), Maroc, Sénégal, Côte
d’Ivoire… Ces poids-lourds mondiaux ou simplement régionaux ont pour
dénominateur commun de ne pas être sous influence occidentale directe, de ne
pas faire partie d’une alliance militaire américaine et de mener une politique
étrangère indépendante, pas nécessairement pro-russe. La « trahison »
d’États-clients comme Israël – qui argua d’une grève de son personnel
diplomatique, piètre excuse qui ne trompa personne à Washington -, l’Irak
ou l’Afghanistan provoqua d’ailleurs la fureur du Département d’État
américain. La carte suivante est éclairante. Remarquons que, mis à part le
petit Bhoutan, l’Eurasie dans son ensemble s’abstint de condamner la Russie,
ainsi que la majorité de l’Amérique du Sud, de l’Afrique et la moitié des pays
arabes.
(En vert : États ayant condamné le rattachement de la
Crimée à la Russie. En jaune : États s’étant abstenus par vote. En bleu : États
s’étant abstenus sous divers prétextes. En rouge : États ayant voté contre la
condamnation). [Parmi les pays arabes, pas de surprise : les états croupions, gouvernés par les islamistes sionistes, ont voté avec les USA : Tunisie, Libye, Arabie, EAU, Qatar,Koweït.] H.G. |
Presque cinq ans après, bis repetita, mais encore plus favorable
à Moscou. 66 pays ont voté pour la résolution ukrainienne condamnant la Russie
(-34 par rapport à 2014), 72 se sont abstenus (+14) et 19 ont voté contre (+8).
Parmi les
"abstentionnistes" qui, sans voter contre car ils connaissent bien
souvent eux-mêmes des problèmes séparatistes, se sont abstenus afin de ne pas
condamner la Russie, l'on retrouve les principaux pays du monde hors bloc occidental : Chine,
Inde, Brésil, Argentine, Afrique du Sud, Mexique, Corée du Sud (!), Pakistan,
Philippines, Indonésie, Égypte, Nigéria, Arabie saoudite (!), Malaisie,
Thaïlande (!), Vietnam...
On constate
que plusieurs États, alliés de l'empire US qui avaient condamné Moscou en 2014,
s'en abstiennent désormais. Une seule exception en sens inverse, et la
situation syrienne y est sans doute pour beaucoup : Israël. Terriblement
frustrés de ne plus pouvoir faire ce qu'ils veulent au-dessus de la Syrie à
cause des S300, rappelés vertement à l'ordre par Moscou, les Israéliens ont
donné un petit coup de menton en votant pour. Pas de quoi fouetter un ours...
Publié le 18 Décembre 2018 par Observatus
geopoliticus
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