jeudi 20 décembre 2018

Crimée et châtiment


La provocation ukrainienne de Kertch fin novembre visait à torpiller le sommet Trump-Poutine au G20 et à renouveler les sanctions européennes pour six mois contre la Russie. Comme on le sait, le Donald s'est plié à son Deep State en refusant de parler à Vladimirovitch au sommet du G20. Quant aux euronouilles, ils ont vassaliquement renouvelé les sanctions pour un semestre, refusant toutefois, c'est à noter, d'en ajouter de nouvelles. Guère étonnant quand on sait ce que ça leur coûte...

 
Toujours est-il que Kiev a tenté de doubler la mise en présentant à l'ONU une résolution condamnant la Russie pour son "occupation de la Crimée" et la "militarisation" des côtes des mers Noire et d'Azov.
Chose très intéressante, et l'on voit que les tendances géopolitiques doivent être appréhendées sur le temps long, le résultat du vote d'hier est quasiment similaire à celui de 2014. Petit rappel :
Au-delà de l’écume des événements, l’année 2014 aura connu des mouvements de fond considérables, parfois surprenants, tous, Europe exceptée, au bénéfice de la Russie et au détriment des États-Unis. L’on en avait eu un premier aperçu lors du vote du 27 mars à l’ONU sur le rattachement de la Crimée à la Russie. Présenté par les médias occidentaux comme une preuve supplémentaire de l’isolement de Moscou sur la scène internationale, ce vote constitua au contraire une petite victoire pour la Russie et dessinait déjà les prémices de l’isolement américain qui ira grandissant tout au long de l’année. Sous des prétextes divers, près de quatre-vingt États – les principaux pays de la planète en dehors du bloc occidental et de ses protégés – s’abstinrent de condamner la Russie : Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud, Argentine, Pakistan, Iran, Israël (!), Egypte, Irak (!), Vietnam, Liban, Emirats Arabes Unis, Maroc, Kazakhstan, Algérie, Uruguay, Kenya, Tanzanie, Ouzbékistan, Afghanistan (!), Maroc, Sénégal, Côte d’Ivoire… Ces poids-lourds mondiaux ou simplement régionaux ont pour dénominateur commun de ne pas être sous influence occidentale directe, de ne pas faire partie d’une alliance militaire américaine et de mener une politique étrangère indépendante, pas nécessairement pro-russe. La « trahison » d’États-clients comme Israël – qui argua d’une grève de son personnel diplomatique, piètre excuse qui ne trompa personne à Washington -, l’Irak ou l’Afghanistan provoqua d’ailleurs la fureur du Département d’État américain. La carte suivante est éclairante. Remarquons que, mis à part le petit Bhoutan, l’Eurasie dans son ensemble s’abstint de condamner la Russie, ainsi que la majorité de l’Amérique du Sud, de l’Afrique et la moitié des pays arabes.
(En vert : États ayant condamné le rattachement de la Crimée à la Russie. En jaune : États s’étant abstenus par vote. En bleu : États s’étant abstenus sous divers prétextes. En rouge : États ayant voté contre la condamnation).
[Parmi les pays arabes, pas de surprise : les états croupions, gouvernés par les islamistes sionistes, ont voté avec les USA : Tunisie, Libye, Arabie, EAU, Qatar,Koweït.] H.G.
Presque cinq ans après, bis repetita, mais encore plus favorable à Moscou. 66 pays ont voté pour la résolution ukrainienne condamnant la Russie (-34 par rapport à 2014), 72 se sont abstenus (+14) et 19 ont voté contre (+8).
Parmi les "abstentionnistes" qui, sans voter contre car ils connaissent bien souvent eux-mêmes des problèmes séparatistes, se sont abstenus afin de ne pas condamner la Russie, l'on retrouve les principaux pays du monde hors bloc occidental : Chine, Inde, Brésil, Argentine, Afrique du Sud, Mexique, Corée du Sud (!), Pakistan, Philippines, Indonésie, Égypte, Nigéria, Arabie saoudite (!), Malaisie, Thaïlande (!), Vietnam...
On constate que plusieurs États, alliés de l'empire US qui avaient condamné Moscou en 2014, s'en abstiennent désormais. Une seule exception en sens inverse, et la situation syrienne y est sans doute pour beaucoup : Israël. Terriblement frustrés de ne plus pouvoir faire ce qu'ils veulent au-dessus de la Syrie à cause des S300, rappelés vertement à l'ordre par Moscou, les Israéliens ont donné un petit coup de menton en votant pour. Pas de quoi fouetter un ours...
Publié le 18 Décembre 2018 par Observatus geopoliticus

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