Il est remarquable de noter que, depuis le discours de
mercredi dernier de Poutine où étaient mentionnées certaines dispositions
nouvelles de frappe directe contre les USA avec le missile de croisière
hypersonique Zircon, ces mêmes USA sont restés relativement
muets, dans tous les cas au niveau officiel à un rang important. On a eu bien
peu de choses du Pentagone, notamment parce que le Pentagone, depuis quasiment
quatre mois, n’a plus de chef et qu’il semble que l’on s’en satisfasse, que
tout aille pour le mieux dans la meilleure des organisations.
… Finalement, le silence a été rompu grâce à une
habile question de la chaîne CNN posée au secrétaire d’État Pompeo, – que
Breitbart.News a
relayée à notre intention :
« Le secrétaire d’État américain Mike
Pompeo a ridiculisé dimanche la menace du président russe Vladimir Poutine de
déployer de nouveaux missiles contre les capitales occidentales, qualifiée de
“fanfaronnade” destinée à diviser Washington et ses alliés. Dans une interview
accordée à CNN, Pompeo a déclaré que les propos de Poutine constituaient une
menace sans la moindre consistance et que le dirigeant russe tentait de
détourner l’attention des violations commises par Moscou dans le cadre du
traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI).
» “Les Russes ont violé ce traité … Il est
maintenant temps de trouver un moyen d’avancer et de développer quelque chose
que les Russes devront réellement assumer”, a déclaré Pompeo. “Sa
fanfaronnade [de Poutine] a pour objectif de convaincre le
monde [de ses soi-disant capacités et] de créer un fossé
entre les États-Unis et l’Europe alors que tout le monde est pleinement
impliqué [dans nos projets]. Les Européens ont pleinement soutenu
notre décision et nous allons progresser ensemble pour assurer la sécurité des
Américains”. »
Les Russes ne restent pas inactifs au niveau de la
communication après l’intervention
initiale de Poutine. Il y a eu, ce week-end, une intervention sur le
premier réseau TV officiel russe, concernant l’annonce du président russe, avec
des précisions sur les objectifs qui seraient assignés aux missiles de
croisière hypersoniques en cas de conflit. Il n’y a dans cette communication ni
secret d’État ni surprise extraordinaire, les cibles désignées étant des
centres de commandement ou des lieux de présence de la direction US, tout cela
très logique dans l’hypothèse d’une guerre stratégique nucléaire globale.
L’important dans ce cas est dans la communication elle-même, manifestement
faite à partir de données provenant sans le moindre doute de la direction
russe précisant le bon usage de la riposte en cas de conflit, pour rappeler
l’annonce faite par Poutine et par conséquent pour appuyer sur son importance.
Dans ce cas, c’est SouthFront.org qui nous donne les
quelques précisions diffusées lors de l’émission télévisée.
« Le réseau russe ‘Russie Une’ a
énuméré dans son programme hebdomadaire quelques objectifs probables aux USA du
missile de croisière hypersonique à tête nucléaire ‘Zircon’ dans le cas d’une
guerre totale de haut niveau entre les USA et la Russie.
» Selon ce média, ces objectifs probables
sont les suivants :
» • Le quartier-général du ministère de la
défense des États-Unis, – le Pentagone ;
» • Camp-David, désigné officiellement
comme le ‘Naval Support Facility Thurmont’, – la résidence officielle de repos
du président des États-Unis.
» • Fort Ritchie, dans le Maryland, le
poste de haut commandement alternatif pour le président US et centre de
commandement alternatif pour le Comité des chefs d’état-major.
» • La base de l’USAF McClellan Air
Force Base, en Californie, un quartier-général des forces stratégiques
offensives des USA. »
Le texte de SouthFront.org est
accompagné de ce bref commentaire, manifestement fait pour mettre l’accent sur
l’importance de la décision et la tension de la situation qu’elle
illustre : « De telles précisions,
autant dans les médias russes que US, illustrent le degré actuel de tensions
entre les deux côtés, qui a peu de chance de se réduire dans un proche avenir. »
Cette remarque concerne peut être certains médias US
(comme cet exemple du magazine Popular Mechanics sur le programme de la torpille
nucléaire russe Poseidon) mais fort peu le côté
officiel comme le montre la réaction de Pompeo. Bien qu’on pourrait la
prendre comme une posture de communication destinée à discréditer la puissance
russe, il ne nous semble pas que cela doive être le cas. D’abord, il n’est pas question
des Européens dans les déclarations de Poutine qui ne parle que de
capacités de riposte directe contre les USA, alors que tout le raisonnement de
Pompeo concerne les alliés européens qui ne doivent pas craindre les Russes
puisque, n’est-ce pas, les USA sont là, et qu’ils seront encore plus là puisque
(bis), – on peut le supposer connaissant la façon de
ne pas penser de ces gens-là, – les USA sont en train de se préparer
à déverser en Europe de nouveaux missiles jusque-là interdits par le traité
FNI, après la sortie du traité FNI.
En fait, Pompeo
parle comme s’il n’avait strictement rien entendu ni compris de ce qu’a dit
Poutine, concernant des capacités directes russes contre le
territoire US. Il est d’ailleurs fort possible que ce soit le cas,
si l’on considère le comportement habituel des dirigeants US, la façon de
procéder de la bande des néo-neocon autour
de Trump, et la façon de procéder de Trump lui-même. Le Pentagone, qui n’a plus
de direction civile au niveau ministériel, fonctionne selon ses
impulsions bureaucratiques qui se gardent bien d’alimenter ses
canaux de communication vers les autres centres de sécurité nationale
(département d’État de Pompeo et NSC de Bolton) ; le Pentagone sait
parfaitement de quoi il retourne du point de vue stratégique global pour ce qui
concerne les décisions russes et le Zircon de Poutine, mais
il n’en a pas pour autant nécessairement pris l’initiative d’en
informer selon la situation stratégique générale les autres branches de
l’exécutif qui sont pour lui bien plus des concurrents que des
alliés.
D’où cette hypothèse que Pompeo, selon les propres
évaluations de ses services qui n’ont que la seule référence de
l’exceptionnalité et de l’éternelle supériorité de la puissance US,
suit comme narrative, correspondant d’ailleurs fort bien à son
caractère et à sa culture (?), la
raillerie courante des Russes et de leurs capacités, qui est
l’une des deux faces du jugement américaniste habituellement complètement
contradictoire sur la Russie. (L’autre face de la contradiction étant la
diabolisation de la Russie et de sa puissance maléfique, avec
effectivement la contradiction complète comme prime courante de la pathologie
de ces dirigeants américanistes.)
On trouve d’ailleurs un parfait exemple
de cette contradiction dans la déclaration de Pompeo, parfait
zombieSystème qui lit ses
textes sans juger qu’il y ait quelque chose à comprendre. D’un côté, il réduit
les “menaces” russes à des “fanfaronnades”, d’un autre côté il presse
implicitement les Européens, pour les préparer à accepter de nouveaux missiles
US (ceux qui sont interdits par le traité FNI) sur leurs territoires pour les
“protéger” contre la terrible menace russe. D’après les divers échos, entendus
notamment à la conférence de Munich, surtout du côté allemand, il
est très probable que ces demandes US se heurteront à un refus très abrupt.
L’affaire renforcera encore l’issue
heureuse attendue pour confronter « l’axe transatlantique à
son épreuve ultime de rupture ». Il ne faut jamais désespérer de
l’abyssale inculture et de la grossière ignorance de ces gens-là (les dirigeants
américains).
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une 3° guerre globale qui aura pour conséquence
RépondreSupprimerl'anéantissement du monde est inéluctable
reste quand elle surviendra