Wassim Nasr, un journaliste spécialiste des réseaux
djihadistes à FRANCE 24, s’est récemment entretenu via Skype avec
le chef du groupe djihadiste Furkat-al-Ghuraba, une filiale d’Al-Qaïda [1] à Idlib, et recruteur de djihadistes français,
Omar
Omsen.
De
nombreux terroristes
français se trouvent aujourd’hui à Idlib, luttant pour établir un État
islamique sur les décombres, si possible, d’une petite partie de la Syrie
laïque. Leur rêve est une utopie sunnite à la frontière turque, où ils peuvent
bénéficier du plein soutien du président turc Erdogan, qui est à la tête de l’AKP,
le parti des Frères musulmans qui domine la Turquie depuis une vingtaine
d’années.
Le fait d’être à la frontière turque leur offre
le luxe d’être nourris et habillés par des agences d’aide internationales,
comme le Programme
alimentaire mondial des Nations unies, et d’autres groupes
humanitaires qui distribuent des fournitures aux civils, ainsi qu’à leurs
nombreuses femmes, fils, filles, frères, époux ou père qui sont à la solde
d’al-Qaïda, financée par le Qatar et certaines monarchies du Golfe arabe. Les
groupes humanitaires, y compris les Nations unies, travaillent comme des
facilitateurs, prolongeant la souffrance des innocents en continuant à fournir les
approvisionnements, qui sont pris, souvent par la force, par les
islamo-terroristes, au détriment des civils nécessiteux. Si les besoins
quotidiens des familles des terroristes avaient été coupés, ces derniers
auraient été contraints de fuir en Turquie, et éventuellement en Europe, pour
bénéficier d’une plus grande partie des avantages gratuits offerts par la « Mère
Merkel », en référence à la chancelière allemande, Angela
Merkel.
Les terroristes français ont été
recrutés directement en France, et non par internet. Le réseau Sevran, un
réseau de recrutement de terroristes installé à Sevran, près de Paris, opérait
à partir d’une salle de prière informelle, car il ciblait des jeunes hommes avec
un mélange sophistiqué de tactiques psychologiques et, selon certains, de
tactiques d’hypnose acquises par al-Qaïda au cours des décennies passées en
Afghanistan, pays qui est connu pour ses compétences en hypnose (mâtinée de drogue [2]) perfectionnées qui
existaient avant que les agents de terrain de la CIA ne débarquent mais qui ont
été utilisées par la CIA dans son programme de djihad pour contrer la présence
soviétique sur place. [3]
Le recruteur djihadiste français, Omar
Omsen, a simulé la mort en août 2015, pour réapparaître des mois plus tard
dans une interview télévisée. On ignore combien de terroristes ont simulé leur
mort pour effacer leur identité et se réinventer plus tard en Europe ou aux
États-Unis.
Le gouvernement français a commencé à soutenir les
terroristes en Syrie à partir de 2011, lorsque la CIA a ouvert son premier
bureau à Adana, en Turquie, juste à la frontière d’Idlib. Les présidents
français, de Sarkozy à Hollande, en passant par Macron, ont tous suivi le
projet de « changement
de régime » ordonné par les États-Unis en Syrie. En 2017,
le président américain Trump a mis fin officiellement au programme de
soutien de la CIA à al-Qaïda en Syrie. Cependant, en réalité, al-Qaïda est
pleinement opérationnel à Idlib et bénéficie d’un soutien très évident au plus
haut niveau américain, sous forme d’armes, de munitions, de missiles
anti-aériens, de drones et de salaires.
Les rebelles (modérément) modérés
syriens
En
septembre 2015, le président syrien Assad a
imputé la crise des réfugiés en Europe au soutien de l’Occident aux
terroristes. En référence à la photo virale en ligne d’un enfant syrien échoué
sur une plage turque, il a déclaré : « Comment pouvez-vous être triste de la mort d’un enfant en
mer et ne pas avoir de sentiments pour les milliers d’enfants qui ont été tués
par les terroristes en Syrie ? Et, aussi pour les personnes âgées, pour les
femmes et les hommes ? Ces doubles standards européens ne sont plus acceptables ». Il a
ajouté : « L’Occident soutient les terroristes depuis le
début de cette crise, lorsque celui-ci a déclaré qu’il s’agissait d’un « soulèvement pacifique » – comme ils l’ont appelé. Ils ont dit plus
tard que c’était une opposition modérée et maintenant ils disent que ce sont
des terroristes genre al-Nosra et ISIS ». Jibhat al-Nosra est la filiale
d’Al-Qaïda en Syrie et contrôle Idlib.
En juin
2015, le procès à Londres d’un Suédois, Bherlin
Gildo, accusé de terrorisme en Syrie, s’est effondré après qu’il soit
devenu clair que les
services de renseignement britanniques avaient armé les mêmes groupes que
ceux que l’accusé soutenait. L’accusation a abandonné l’affaire, apparemment
pour éviter d’embarrasser ces services de renseignements. Les agents des services de
renseignement français travaillaient main dans la main avec les États-Unis et
le Royaume-Uni en Syrie.
Un an
après le début de la rébellion syrienne, les États-Unis et leurs alliés ne se
sont pas contentés de soutenir et d’armer une opposition qu’ils savaient
dominée par des groupes sectaires extrêmes ; ils étaient prêts à approuver la
création d’une sorte d' »État
islamique« . L’habitude occidentale de
jouer avec les groupes djihadistes, qui reviennent ensuite pour les mordre,
remonte au moins à la guerre des années 1980 contre l’Union soviétique en
Afghanistan, qui a favorisé la création d’al-Qaïda sous la tutelle de la CIA.
Sotchi 2018
L’accord
exigeait que la Turquie évince les terroristes tels que Jibhat al-Nosra, en
permettant à la Turquie de mettre en place 12
postes d’observation à Idlib pour séparer les terroristes des civils
non armés. Cependant, près de deux ans après la conclusion de l’accord, la
Turquie n’a pas respecté ses engagements et Moscou a ouvertement accusé la
Turquie d’aider les terroristes. Cela a conduit à l’offensive de l’armée arabe
syrienne à Idlib qui a commencé en décembre 2019 pour libérer les civils et
éliminer tous les terroristes. Cette opération militaire est en cours et les
Syriens, avec l’aide de la puissance aérienne russe, ont fait des progrès
spectaculaires.
Les procès
fantômes de la France
En
janvier 2020, un tribunal parisien a jugé quelques terroristes français
partis en Syrie, mais la majorité des accusés étaient déjà morts. Les médias
français ont qualifié ce procès de « procès
fantôme » .
Antoine
Ory, l’un des avocats de la défense, a déclaré : « En France, en 2020, on refuse de
rapatrier les vivants mais on juge les morts ». La
France a pour politique de ne pas rapatrier ses terroristes, même s’ils sont
des milliers en Syrie.
L’histoire de
Hatay
La
frontière entre la Syrie et la Turquie est une ligne relativement droite d’est
en ouest jusqu’au fleuve Oronte, puis elle s’abaisse soudainement et se dirige
vers le sud sur environ 80 miles. Ce morceau de terre manquant manifestement à
la Syrie a
été donné à la Turquie par la France en 1939 pour assurer que la
Turquie se battrait pour la France contre l’Allemagne d’Hitler pendant la
Seconde Guerre mondiale.
Appelée Liwa
Iskanderoun par les Syriens, la province est maintenant appelée Hatay, on y
trouve les villes d’Antakya et d’Iskenderun, qui étaient auparavant connues
sous les noms d’Antioche et d’Alexandretta. Cette région se trouve du côté turc
d’Idlib.
En 1939,
la région était composée d’un mélange de nationalités, avec des Turcs, des
Turkmènes, des Arabes sunnites, des Alaouites, des Arméniens et des Grecs.
Leurs descendants parlent encore aujourd’hui l’arabe, contrairement au reste de
la Turquie qui ne parle que le turc. Avant 2011, le président turc Erdogan et
le président syrien Assad avaient une relation très étroite et un accord a été
signé pour construire un barrage de l’amitié syro-turque de 28 millions de
dollars sur le fleuve Oronte. Hatay a été transformé en un lieu de
rassemblement pour les terroristes internationaux, y compris des Français, qui
ont afflué en Syrie pour participer à l’attaque des États-Unis, de l’OTAN et de
l’UE contre la Syrie en vue d’un « changement
de régime », et aujourd’hui le monde assiste à une
possible guerre ouverte.
Steven Sahouni
analyste politique et écrivain syrien indépendant basé au Liban
analyste politique et écrivain syrien indépendant basé au Liban
Source :
Saker
Francophone
NOTES d’H. Genséric
[2] Les cultivateurs d'opium d'Afghanistan ont enregistré une récolte
exceptionnelle cette année (2017) avec une production en hausse de 87% grâce à
un record de surfaces cultivées, selon un rapport rendu public mercredi.
La valeur de l'opium produit par les fermiers a atteint près de 1,4
milliard de dollars, en hausse de 55%, selon cette étude annuelle de l'Office
des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), une manne qui contribue
à financer l'insurrection qui déstabilise le pays.
Une évolution à mettre essentiellement au compte de l'insécurité
croissante, du manque de contrôle par les autorités, de la corruption ainsi que
du manque de perspectives en termes d'emploi et d'éducation, selon ce rapport,
compilé par l'agence onusienne et par le ministère afghan de lutte contre la
drogue.
La production potentielle d'opium est estimée à quelque 9.000 tonnes cette
année, soit presque le double de l'année dernière (4.800 tonnes).
Les surfaces cultivées ont progressé de 63% au niveau record de 328.000
hectares dans 24 provinces, bien loin du précédent record de 224.000 hectares
en 2014 et les rendements sont également en hausse. Seules 10 provinces sont
désormais considérées comme ne cultivant pas l'opium.
"Les niveaux importants de culture du pavot à opium et le trafic
illégal d'opiacés vont probablement renforcer l'instabilité, (favoriser)
l'insurrection et accroître les financements dont bénéficient les groupes
terroristes en Afghanistan", met en garde le rapport.
Hannibal GENSÉRIC
SAOUD +ERDOGAN +NETANYAHOU + OUBAVICH
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