mercredi 17 septembre 2014

Le plan de Washington pour attaquer Damas

Une nouvelle attaque de Damas se prépare activement. Des forces terroristes, dont Jabhat al-Nosra, affiliée à Al-Qaïda, ont été entraînées et équipées en Jordanie et progressent maintenant vers leurs positions dans le gouvernorat de Quneïtra au sud-est de la Syrie. Parallèment, Obama prépare des attaques aériennes sous le prétexte d'éliminer ses alliés de l'état Islamique (EI/ISIS). Le prétexte des attaques chimiques n'ayant pas marché, Obama utilise le prétexte de la fausse décapitation des journalistes pour revenir à la charge et bombarder la Syrie.


Le gouvernorat de Quneïtra est une bande de terre qui longe le plateau du Golan occupé par Israël et qui a une frontière au nord-ouest avec le Liban et une au sud avec la Jordanie.















Les forces terroristes qui ont été regroupées pour cette opération sont:
- le Front Révolutionnaire Syrien (FRS) soutenu par les États-Unis, 
- le Front Islamique soutenu par l’Arabie Saoudite, 
- Jabhat al-Nusrah d’al-Qaïda qui vient de recevoir 20 millions de dollars du Qatar. 

Ces forces se sont infiltrées en passant par Deraa en Jordanie,  puis sont remontées vers le nord-ouest le long de la frontière avec Israël. Ce mouvement, au cours duquel ces forces ont kidnappé des observateurs de l’ONU, a été soutenu par des frappes de l’artillerie israélienne contre les unités syriennes qui tentaient de l’empêcher. Le seul poste frontière entre Israël et la Syrie est désormais entre les mains des forces terroristes. L’armée israélienne fournit aussi un soutien médical à ces forces terroristes. L’ONU a déplacé tous les soldats de la paix qui se trouvaient du côté syrien de la frontière avec le plateau du Golan.
Ces forces terroristes contrôlent maintenant une bande de 70 km de long sur 5km de large, le long de la frontière du Golan entre la Jordanie et le Liban. Cette bande permet de s’infiltrer éventuellement dans le territoire du Hezbollah, au sud du Liban, mais son principal objetif est d’attaquer Damas par le sud. L’armée syrienne aurait beaucoup de mal à les déloger de cette bande, couvertes par le feu de l’artillerie et de l'aviation  israéliennes qui soutiennent ces terroristes islamistes .


Par ailleurs, Jabhat al-Nosra serait en train de quitter ses positions dans le gouvernorat de Hama au nord de la Syrie. Ses troupes repasseraient en Turquie d’où elles seraient transférées vers la Jordanie pour être envoyées en renforcement à Quneïtra. Quneïtra se situe à seulement 60km de la capitale. 
Une attaque aérienne (américaine et/ou israélienne) coordonnée avec l'offensive terroriste contre les deux divisions syriennes stationnées entre Quneïtra et Damas leur ouvrirait le chemin de la capitale. 
C’est probablement ce plan d’attaque qui sous-tend les accords de trêve récemment conclus entre les Etats-Unis d'un côté, et le Front Révolutionnaire Syrien et ISIS de l'autre.

Les véritables objectifs US en Syrie

La “stratégie” US est bien curieuse : les États-Unis prétendent combattre à la fois les milices de l’État islamique (EI) et le gouvernement syrien laïc de Bachar al-Assad. Cette stratégie aboutira à créer un vide politique comme celui créé en Libye. La politique ne s’accommode guère d’un vide de pouvoir. En Syrie, où 60 pour cent de la population est sunnite (contre 20 pour cent en Irak) le remplaçant du gouvernement Assad serait un gouvernement islamiste sunnite et sectaire, que son nom soit Califat, EI ou ISIS ou autre chose. Il s’en suivrait également un désordre complet tel que celui qui prévaut aujourd’hui en Libye, où différentes factions armées se battent entre elles pour s’accaparer une part du pouvoir.
À qui profiterait un tel état de choses ? 
On peut s'en faire une idée si on a recours à l’analyse économique. 
En effet, la toile de fond de ces conflits en Irak et en Syrie a trait à la géopolitique des différents gazoducs proposés pour écouler le gaz naturel du Moyen-Orient (Voir ci-dessous). De tels pipelines serviraient à acheminer le gaz naturel du golfe Persique vers l’Europe afin que cette dernière diversifie et réduise sa dépendance énergétique par rapport au gaz russe.

Que feront les alliés de Damas ?

La Russie, dont les troupes sont en état d’alerte et les avions sont installés en Crimée, fera preuve d’une disponibilité militaire extrême car elle sait bel et bien que la formation d’une coalition avec la Syrie rendra le terrain propice à la présence d’envergure des forces russes en Méditerranée. Moscou sait que sa présence en Méditerranée sera impossible sans la coopération avec Damas. Sans la Syrie, la Russie sera confinée à la mer Noire, ce qui laissera l’hégémonie américaine totale en Méditerranée.

Dans une interview récente qu’il a donnée à l’Agence TASS , Lavrov a mis  les points sur les i. Il montre que les Russes ne sont pas dupes. Et il le dit clairement : le conflit entre les États-Unis et nous (Russes) a un caractère fondamental, important et prémédité :

« S’il n’y avait pas eu de Crimée et de sud-est de l’Ukraine, l’Ouest inventerait tout de même quelque chose. Le but qu’ils se sont fixés : faire à tout prix perdre l’équilibre à la Russie. Cette tâche, elle a été formulée il y a longtemps. Prenez la Syrie. Il y a de cela deux ans, tout le monde nous a montrés du doigt comme les défenseurs du dictateur qui tyrannisait son propre peuple. »

D'ailleurs, la Russie a signalé à Washington  qu’elle est capable d’intervenir militairement dans n’importe quel point de la planète où ses intérêts le lui dictent. Ses manœuvres militaires sur les frontières avec l’Ukraine s’inscrivent d’ailleurs en ce sens. Ces manœuvres ont constitué un défi de poids à l’adresse de l’Otan. Le ministre russe de la Défense a fait état d’un ordre de mobilisation générale aux forces armées russes en prévision d’une guerre totale. C’est dire que le cas syrien n’est pas si différent de celui de l’Ukraine le navire nucléaire russe UT-95 , les bombardiers stratégiques SU 24 ont ces derniers temps trouvé l’occasion de se manifester en Mer Noire (1) et près des espaces aériens et maritimes des Etats-Unis, du Canada et de Grande Bretagne comme pour rappeler que Moscou est bien sérieux dans ses menaces. 
En conséquence, ce n’est pas d’hier que le Kremlin a compris cela : il voit la situation sur l’axe Syrie-Iran-Ukraine comme les maillons d’une chaîne et comme les épisodes d’une grande campagne visant à détruire la Russie. Par conséquent, pour la Russie,  défendre la Syrie, c'est résister aux tentatives occidentales de démanteler la Syrie, prélude à son propre démantèlement par ces mêmes occidentaux.
La Chine s’est attribuée une position et un statut importants dans les équations internationales, sur le plan militaire aussi bien qu’économique, qui rendent de plus en plus important son rôle politique. En plus, le rôle politique de la Chine a été renforcé en raison de sa coalition et de sa coopération avec la Russie. La Chine voit en la Syrie un allié puissant qui est en mesure de renforcer sa présence, sur les plans politique et militaire, au Moyen-Orient en général, et en Iran en particulier.

L’Iran et l’axe de la Résistance voient dans le dossier syrien une question de "vie ou de mort" car c’est en faisant une coalition avec la Syrie que la Résistance est en mesure de tenir tête aux politiques expansionnistes et impérialistes d'Israël, des Etats-Unis, et de leurs valets européens dans la région. 
Et le Hezbollah ? la résistance libanaise a bien prouvé en Syrie qu’il n’est à aucun prix prêt à lâcher prise et à capituler. L’atout du Hezbollah, c'est le Golan. Même si Israël veuille y établir une zone d’exclusion aérienne , y remonter ses hordes takfiris, il est très facile pour le Hezbollah de transformer le Golan et tout le front nord israélien en un enfer …Il l'a prouvé auparavant, et les résistant gazaouis aussi.

L’Iran, la Chine et la Russie sont résolus à soutenir la décision de Damas parcequ'ils ont aussi conscience de la volonté et des capacités de Damas pour se défendre.

La guerre contre Bashar est d'abord une "guerre de gazoducs"


En effet, il existe deux projets principaux de pipeline pour acheminer le gaz naturel du Moyen Orient vers une Europe affamée d’énergie :
- Premièrement, Il y a ce qui a été surnommé le « pipeline islamique », (également appelé ‘Pipeline de l’Amitié’ par les gouvernements concernés), parce qu’il s’agit d’un gazoduc est-ouest de 5570 kilomètres de long allant de l’Iran vers l’Irak, en traversant la Syrie, pour expédier le gaz liquéfié vers l’Europe à partir des ports de la côte méditerranéenne de la Syrie et du Liban.
- Deuxièmement, Il y a un autre projet de pipeline pour acheminer du gaz naturel vers l’Europe et c’est le gazoduc Qatar-Turquie, lequel prendrait plutôt une direction sud-nord et irait du Qatar (premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié), en passant par l’Arabie saoudite via la Syrie pour aboutir en Turquie, où il serait raccordé au gazoduc Nabucco et servirait à approvisionner les clients européens à travers l’Autriche, ainsi qu’une Turquie en manque de sources énergétiques.
Ce dernier projet a reçu l’approbation de nombreux pays européens de même que des Etats-Unis, et d’Israël, ce dernier pouvant bénéficier d’un raccordement au pipeline proposé. Il ne faudrait pas se surprendre si plusieurs pays essaient de s’immiscer dans la guerre civile syrienne à cause de l’intérêt qu’ils portent à ce deuxième tracé de gazoduc.
Cependant, le gouvernement Assad de la Syrie a rejeté ce deuxième tracé, lui préférant le premier tracé. C’est une raison importante pour laquelle la Syrie se retrouve au centre des décisions concernant la construction d’un pipeline pour acheminer le gaz naturel vers l’Europe. C’est aussi une source importante de frictions politiques et de conflits dans cette partie du monde. Cela nous aide à comprendre pourquoi les gouvernements du Qatar, de l’Arabie saoudite, de la Turquie, d’Israël et de l’Union européenne (UE) font tout en leur possible pour renverser le gouvernement syrien de Bachar al-Assad et ont financé divers groupes rebelles, y compris l’organisation djihadiste de l’EI/ISIS.

Une stratégie vouée à l'échec

Les Etats-Unis ont donc décidé d'attaquer les positions de l'EI sur le territoire syrien sans demander l'autorisation du gouvernement du pays.
Le professeur de l’Institut russe des pays d’Asie et d’Afrique de la MGU Vladimir Issaev a déclaré : « La politique proche-orientale des Etats-Unis est en quelque sorte folle. L’armée régulière syrienne est l’unique, excepté les Kurdes, à s’opposer à l’EI. Armer l’opposition syrienne que les Etats-Unis considèrent comme modérée et infliger des coups aux troupes régulières syriennes signifie raffermir les positions de l’EI. Les Américains devraient changer d’attitude et réunir les efforts avec Damas. Il faudrait améliorer, en outre, la compréhension mutuelle entre l’Europe et la Russie. Sans ces acteurs, on ne saurait pratiquement rien faire au Proche-Orient ».
Il y a parmi les alliés américains des sponsors directs et des guides des commandos de l’EI contre lesquels la coalition entend lutter sur le territoire syrien.
Les experts militaires sont convaincus que les frappes aériennes ne suffiront pas. Sans le soutien depuis la terre l’opération est vouée à l’échec. Il est peu probable que les Américains profitent des avantages. Par contre, Assad en profitera sans aucun doute et ses troupes écraseront les commandos affaiblis par les bombardements. Bref, tout ce que fait Washington peut contribuer à consolider Damas. C’est là le paradoxe essentiel de la politique étrangère américaine dans la région.

Conclusion

1- Nuire à la Russie, à la Chine et  à l’Iran (qui reste détesté d’Israël, lequel dicte ses volontés aussi bien à l'Amérique qu'à l'Europe) constituent autant de raisons pour que, à l’occasion d’une guerre contre l’EI/ISIS, sans prendre la peine de demander l’accord au Conseil de sécurité de l’Onu, Obama saisisse la première opportunité (bien)venue pour provoquer la chute de Bashar al Assad. 
Le président syrien le sait bien. 
Il dispose encore d’assez de forces pour ne pas faciliter la tâche des Américains et de leurs alliés éventuels, dont les les Saoudiens ou les Jordaniens. Un moment, il avait espéré que, promettant une aide à la coalition occidentale en lutte contre l’EI/ISIS, il aurait désarmé leur hostilité à son égard. Mais le refus radical des Américains lui a ouvert les yeux.
2- La production de pétrole et de gaz, la construction d’un oléoduc et les approvisionnements en gaz vers l’Europe sont les autres facteurs importants pour expliquer cet acharnement occidental contre le gouvernement syrien de Bachar al-Assad. 

Toutes ces intentions, ouvertement déclarées ou camouflées, ne feront qu’accroître le chaos au Moyen-Orient.
Hannibal GENSERIC

VOIR AUSSI :
IRAK, SYRIE: Les maffias du gaz et du pétrole 

Notes 
(1) Voir l'épisode du SU24 qui a neutralisé tout le système de communication de l'Otan dans

OBAMA / POUTINE. Le footballeur américain contre Le Joueur d'échecs


"Quand l’avion russe a entamé la phase d’approche, ce dispositif de guerre électronique a neutralisé tous les radars, circuits de contrôle, systèmes de transmission d’information, etc. embarqués à bord du destroyer US. Autrement dit, le tout-puissant système Aegis, aujourd’hui incorporé – ou en phase d’installation – aux systèmes embarqués de défense des navires les plus modernes de l'OTAN, a été tout simplement déconnecté comme un vulgaire poste de télé qu’on éteint avec une télécommande."