Le
3 février 2011, entre la chute de Ben Ali et l’imminence de celle de
Moubarak, le sénateur américain John McCain fit une étonnante
déclaration en pleine ébullition de la rue arabe : « Ce virus se répand
à travers le Moyen-Orient » [1]. Il ne parlait pas du virus d’Ébola ou de celui du SIDA, mais du
fameux et fumeux « printemps » arabe. Cette comparaison « épidémiologique » n’est,
à vrai dire, aucunement fortuite de la part de ce spécialiste de
l’« exportation » de la démocratie. Un document américain secret, rendu récemment public par un
think tank, révèle que le «printemps arabe» est loin d'être un
mouvement spontané de populations avides de changements politiques, mais bel et
bien une "reconfiguration" mûrement réfléchie et orchestrée par l'administration
américaine, dont les principaux collaborateurs et harkis sont les Frères Musulmans (Tunisie, Libye, Égypte, Soudan, Syrie, Irak, Yémen, etc.).
L'organisation Middle East Briefing
(MEB), qui se base sur un rapport officiel du département d'État américain,
confirme l'implication de la Maison-Blanche dans les «révolutions» ayant secoué
de nombreux pays dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord.
Le document en question, qui date du 22 octobre 2010 et intitulé «Middle East
Partnership Initiative : Overview», est confidentiel et le MEB n'a réussi à le
consulter que grâce à la loi Freedom of information Act.
Le pays de l'Oncle Sam a concocté dans ses officines de nombreuses stratégies pour défaire les régimes dans les pays ciblés en s'appuyant sur «la société civile» qu'il arrive à contrôler après avoir effectué un travail de fond sur les organisations non gouvernementales (ONG). L'approche américaine consiste à manipuler ces ONG pour qu'elles s'inscrivent en droite ligne de sa politique étrangère et de ses objectifs en matière de sécurité interne, note MEB.
«The Middle East Partnership Initiative
(MEPI) est un programme régional qui renforce les citoyens du Moyen-Orient et
de l'Afrique du Nord afin de développer des sociétés plurielles, participatives
et prospères. Comme le démontrent les chiffres fournis dans cette évaluation,
le MEPI a évolué depuis son lancement en 2002 pour devenir un outil flexible
dans la région pour un appui direct aux sociétés civiles autochtones, appui qui
est intégré dans la diplomatie du gouvernement américain dans la région»,
peut-on lire dans le rapport du département d'État qui use et abuse du langage
diplomatique pour masquer la nature hégémonique de cette initiative.
Dans la section intitulée «comment le MEPI
fonctionne», il y est clairement expliqué que les principaux objectifs du MEPI
sont de «constituer des réseaux de réformateurs qui échangeront leurs
connaissances et s'entraideront, et de catalyser le changement dans la
région ».
La subversion financée par les ambassades américaines
L'administration Obama ne lésine pas sur
les moyens pour réussir son ingérence dans les affaires internes des
pays en point de mire. Les subventions locales «apportent un soutien
direct à des groupes de citoyens autochtones, et représentent
désormais plus de la moitié des projets de MEPI», note le rapport. «Des agents
désignés dans les ambassades américaines gèrent le financement et sont en
liaison directe avec les différentes ONG et les groupes composant la société
civile» qui bénéficient de ces subventions.
«Les projets spécifiques aux pays visent à
répondre aux besoins locaux en matière de développement tels qu'identifiés par
les ambassades, les réformateurs locaux et notre propre analyse du terrain. Les
développements politiques dans un pays peuvent induire de nouvelles
opportunités et de nouveaux défis pour la réalisation des objectifs de la
politique du gouvernement américain, et le MEPI va transférer les fonds
nécessaires pour répondre à ces besoins», souligne-t-on encore. Il va sans dire
que les initiateurs de ce programme zappent les institutions locales et les
gouvernements. Il y est en effet indiqué que le MEPI a pour seuls
interlocuteurs les acteurs de la société civile à travers les ONG parties
prenantes basées aux États-Unis et dans la région concernée. «Le MEPI ne
fournit pas des fonds aux gouvernements étrangers et ne négocie pas des accords
d'assistance bilatéraux», relève le rapport. Selon MEB, le document énumère une
liste de pays ciblés en priorité par les desseins inavoués de l'establishment
américain. Il s'agit du Yémen, l'Arabie Saoudite, la Tunisie, l'Égypte et le
Bahreïn. La Libye et la Syrie ont été ajoutées une année après
l'élaboration de ce rapport du département d'État.
On y apprend
que l'administration américaine misait sur le mouvement des Frères musulmans,
jugé compatible avec la politique étrangère du gouvernement américain.
L'administration d'Obama assure même «le service après-vente» de «ces
révolutions» qui participent à remodeler le «Grand Moyen-Orient» selon la
vision américaine.
Un bureau de coordonnateur spécial des transitions dans le Moyen-Orient a été créé en septembre 2011. William B. Taylor a été nommé à sa tête. Ce diplomate s'y connaît en révolution, puisqu'il était l'ambassadeur des États-Unis en Ukraine durant «la révolution orange», de 2006 à 2009. Selon le rapport du département d'État, le bureau du coordonnateur spécial des transitions dans le Moyen-Orient coordonne l'assistance du gouvernement américain «aux démocraties naissantes» dans la région du Moyen-Orient et en Afrique du Nord, dont l'Égypte, la Tunisie et la Libye.
La seconde contrée visée par le « virus » printanier de McCain est la Chine. Et tout comme la Russie, ce pays possède lui-aussi un Cheval de Troie : Hong Kong.
Le modus operandi adopté lors des manifestations
de Hong Kong correspond fidèlement à celui déjà observé dans les pays touchés par les
révolutions colorées (Serbie, Géorgie, Ukraine et Kirghizstan) et par
le « printemps » arabe (en particulier la Tunisie et l’Égypte). Il est
actuellement de notoriété publique que des activistes de ces différents
pays ont été formés par le Centre d’action et de stratégies
non-violentes appliquées (Center for Applied Non Violent Action and
Strategies – CANVAS). Domicilié dans la capitale serbe, CANVAS est un
centre de formation des activistes en herbe qui est dirigé par Srdja
Popovic, lui-même ancien leader du mouvement Otpor qui a joué un rôle
majeur dans la chute de Slobodan Milosevic en 2000. Ce centre est
financé par l’IRI de McCain, mais aussi par d’autres organismes
américains d’exportation de la démocratie comme Freedom House ou l’Open
Society Institute (OSI) du milliardaire George Soros, illustre
spéculateur financier américain .
Un bureau de coordonnateur spécial des transitions dans le Moyen-Orient a été créé en septembre 2011. William B. Taylor a été nommé à sa tête. Ce diplomate s'y connaît en révolution, puisqu'il était l'ambassadeur des États-Unis en Ukraine durant «la révolution orange», de 2006 à 2009. Selon le rapport du département d'État, le bureau du coordonnateur spécial des transitions dans le Moyen-Orient coordonne l'assistance du gouvernement américain «aux démocraties naissantes» dans la région du Moyen-Orient et en Afrique du Nord, dont l'Égypte, la Tunisie et la Libye.
Le virus de McCain
Son
rôle dans les révolutions colorées et le printemps arabe a été
clairement établi. En effet, en plus de son poste au Sénat américain,
McCain est le plus haut responsable de l’International Republican Institute (IRI) qui, avec le National Democratic Institute (NDI), est un des quatre organismes satellites de la National Endowment for Democracy
(NED). Rappelons que la NED est financée par un budget voté par le
Congrès et que ses fonds sont gérés par un conseil d’administration où
sont représentés le Parti républicain, le Parti démocrate, la Chambre de
commerce des États-Unis et le syndicat American Federation of Labor-Congress of Industrial Organization
(AFL-CIO). La NED, via ses organismes (en particulier l’IRI et le NDI),
forme, réseaute, supporte et finance les activistes pro-démocratie (et
surtout pro-occidentaux) à travers le monde, dans des pays ciblés par
l’administration américaine. Il en a été ainsi lors des révolutions
colorées (Serbie, Géorgie, Ukraine et Kirghizstan), mais aussi lors de
la révolution « verte » (Iran) ou du « printemps » arabe . La
connexion entre la NED et le gouvernement étasunien a été mise en
évidence, et ce depuis bien longtemps, par Allen Weinstein (un des
fondateurs de cet organisme), qui a déclaré en 1991 que la NED faisait
aujourd’hui ce que la CIA faisait secrètement il y a 25 ans.
Le sénateur, qui s’était contenté d’en circonscrire la zone
« endémique » au Grand Moyen-Orient, l’a rapidement élargi à d’autres pays de
haute importance stratégique pour les États-Unis : la Russie et la
Chine. En effet, il déclara en novembre 2011 : « Ce printemps arabe est un virus qui attaquera Moscou et Pékin » .
D’ailleurs, il faut se rendre à l’évidence que
les évènements qui ont secoué il y a quelques mois l’Ukraine —
communément appelés Euromaïdan — s’insèrent dans ce continuum d’actions
visant à discréditer Poutine, déstabiliser la Russie et limiter son
champ d’influence géopolitique. Ce qui n’a pas pu se faire directement
en Russie, pourrait se réaliser en utilisant l’Ukraine comme Cheval de
Troie.La seconde contrée visée par le « virus » printanier de McCain est la Chine. Et tout comme la Russie, ce pays possède lui-aussi un Cheval de Troie : Hong Kong.
Le complexe militaro-industriel fête les milliards de $ dépensés par les rois du pétrole |
Les mêmes techniques
ont été utilisées par les dissidents de différents
pays formés par CANVAS, dont « La fraternisation avec l’ennemi » a été
la plus frappante. Par « ennemi », on entend les forces de
l’ordre à qui sont confrontés les dissidents. Ainsi a-t-on vu à Hong Kong, Kiev,
Bichkek, Le Caire ou Tunis, des activistes distribuant des fleurs ou des
victuailles aux policiers ou aux militaires tout en fraternisant avec
eux.
William Haque confirme : Nous avons travaillé avec les terroristes islamistes
L’ancien ministre des Affaires
étrangères britannique, William Hague, a admis que les services secrets
de son pays (MI6) avaient utilisé des groupes terroristes extrémistes
tels que ISIS/DAESH dans une tentative de renverser le gouvernement syrien de
Bachar al-Assad.
En politicien conservateur, M. Hague a reconnu que depuis trois ans, les services de renseignement occidentaux ont cherché à renverser le régime syrien par tous les moyens, y compris en armant les militants les plus fanatiques.
« Après l’invasion par ISIS des grandes
villes irakiennes au début et à la mi-Juillet, nos relations avec les
rebelles irakiens ont commencé à se détériorer, mais nous maintenons
encore des contacts avec la faction modérée dans ISIS», a déclaré
l’homme politique britannique .
Se référant aux crimes de guerre
abominables de ISIS, en particulier ceux contre les citoyens
occidentaux, William Hague a ajouté que son ministère ne pouvait pas
poursuivre ses contacts réguliers avec l’État Islamique en
raison de l’aversion croissante du public contre les insurgés ISIS en Europe et aux États-Unis.
«Je crois fermement que la meilleure stratégie pour faire face à la violence sectaire et la violence ethnique dans le Moyen-Orient est de cibler les rebelles al-Qaïda en Irak,
alors que dans le même temps encourager les milices islamiques modérées
notamment le front al-Nosra, en Syrie, » a déclaré l’ancien
ministre britannique. Il confirme bien que c'est Al-Qaïda en Irak qui est visée, mais ni Al-Qaïda en Syrie; sachant que ISIS/Daesh et Al-Nosra (et tous les Frères Musulmans) sont toujours considérés par l'Empire anglo-sioniste comme des "modérés", donc comme des alliés.
Conclusion
Malgré les apparences, TOUTES ces protestations de masse, de Tunis à Hong Kong, ne sont ni spontanées, ni intrinsèquement autochtones. Elles sont le fruit d’une longue et minutieuse préparation et bénéficient d’un généreux financement d’organisations américaines spécialisées dans l’« exportation » de la démocratie ainsi que d’une dithyrambique couverture médiatique d’envergure planétaire.
Nul ne peut être contre la vertu, n’est-ce pas ?
Des jeunes,
pour la plupart étudiants ou chômeurs diplômés, qui manifestent « pacifiquement » et
« amoureusement » contre la « dictature » afin de réclamer de la justice
et de la démocratie. Quoi de plus noble ?
Mais, comme dit le proverbe :
« la vertu, c’est comme les dents : plus c’est blanc, plus c’est faux ».
« la vertu, c’est comme les dents : plus c’est blanc, plus c’est faux ».