"D'abord
nous devons en finir avec les régimes terroristes, à commencer par les trois
grands : Iran, Irak et Syrie. Puis nous nous occuperons de l'Arabie saoudite. …
Nous ne voulons de stabilité ni en Irak, ni en Syrie, ni au Liban, ni en Iran
ou en Arabie saoudite. Nous voulons que les choses changent. La question n'est
pas de savoir s'il faut déstabiliser mais comment le faire." The War against the Terror Masters (Guerre contre les maîtres de la terreur), Sept 2002,
de Michael Ledeen, membre du groupe des néoconservateurs de Georges Bush.
1. Introduction
Au lendemain des attentats du 11 septembre à de New-York, les
Etats-Unis et Israël, ayant désormais les coudées franches au nom de la lutte
contre le terrorisme islamiste, entreprenaient, sur plusieurs années, un
remodelage des pays arabo-musulmans, qui vont du Maghreb au Pakistan. Excipant
divers prétextes pour convaincre la communauté internationale à les suivre - ou
au moins à les laisser faire – cet « axe du Mal » allait utiliser la
puissance militaire et les moyens subversifs pour réaliser cette recomposition
au service de leurs intérêts géostratégiques bien compris. Dix jours après les
attentats du 11 septembre, Donald Rumsfeld, le chef du Pentagone, présentait au
général Wesley Clark (interview de celui-ci le 2 mars 2007) un mémo dans lequel
il est précisé que sept pays arabo-musulmans devaient « passer à la casserole » : l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, le Liban, la Syrie, le
Soudan et l’Iran.
2. Diviser pour régner
L'idée maîtresse du plan, qui est de balkaniser le Monde
Arabo-musulman « utile » est aujourd'hui ouvertement admise par des
membres ou des conseillers importants des gouvernements américain et israélien.
Cette politique du « diviser pour régner » nous rappelle une autre
période noire de notre histoire : c’est l’époque des taïfas andalouses
(1031 à 1492), qui annonçait l’élimination totale des arabo-berbères
d’Andalousie. Une taïfa (mot arabe) est un petit royaume andalou. Durant les périodes d'instabilité politique et
de décadence, l’Andalousie a été, sous les coups de boutoir des rois
catholiques espagnols, morcelée en plusieurs taïfas, sortes de micros émirats.
Le roitelet d’une taïfa est généralement faible et dépend de la protection d’un
suzerain catholique. Il est aussi souvent concurrent, voire ennemi, de ses
voisins musulmans. Les armées chrétiennes y
effectuent périodiquement des razzias pour
tirer butin, otages,
esclaves ou encore, imposer aux taïfas de payer un paria (tribut).
3. Un objectif de domination mondiale
Tim OSMAN, alias Oussama Ben Laden avec son ami Brzezinski |
Dans son livre « Le Grand Échiquier » Zbigniew Brzezinski (politologue américain , conseiller à la sécurité
nationale US de 1977 à 1981) divise le monde en « zones dures »
ou « acteurs géostratégiques » tels que les États-Unis, l’Inde, la
Chine, la Russie, etc., alors que les « zones molles » désignent soit « l’ensemble
des nations non souveraines » à l’image des nations africaines ou
latino-américaines, soit les puissances ou civilisations anciennes
(européennes, islamiques, etc.). La nature « molle » de l’Europe de
l’Ouest est vitale pour les États-Unis dans la mesure où elle empêche qu’un
bloc anti-hégémonique continental européen ne se constitue autour de
l’Allemagne ou de la Russie. Il s’agit donc pour les États-Unis d’imposer leur
politique unipolaire en s’opposant à toute velléité d’expansion des autres « acteurs
géostratégiques » tels que la Russie ou la Chine en les encerclant jusqu’à
l’étouffement. L’Europe de l’Ouest, L’Europe centrale, les anciennes
républiques socialistes, l’Afrique, le monde arabe, les Balkans eurasiens et
jusqu’aux bordures de la Mer Caspienne, tout cet espace couvrant la production
et la circulation des hydrocarbures est condamné à ne constituer qu’un vaste
ensemble de « zones molles » sous la tutelle de l’Empire
israélo-américain, dénommé simplement « l’Empire » dans ce qui suit.
Après la chute du bloc de l'Est, Brzezinski réactualise sa théorie en
s’inspirant du principe de l'« arc de crise » (zone géopolitique allant de
l'Egypte au Pakistan) de l'islamologue britannique juif et sioniste, Bernard
Lewis. Il préconise une stratégie « islamiste » dans la zone d'influence russe
allant de la Turquie à l'Afghanistan, proposant de «balkaniser» le Moyen-Orient musulman pour créer des mini Etats
pétroliers plus faciles à contrôler que les Etats souverains à forte identité.
De la même manière, établir des régimes islamistes en Afrique du Nord
permettrait d’ériger un autre rempart entre l’Europe d’une part, et
l’Afrique-Asie de l’autre. Cerise sur le gâteau, des
régimes pro-terroristes aux flancs de l’Europe, de la Russie, de la Chine et de
l’Inde ne peuvent qu’affaiblir ces grands concurrents des USA.
"Nous possédons 50% des richesses de
la planète, mais seulement 6% de sa population. Dans cette situation, nous ne
pouvons éviter d’être l’objet d’envies et de jalousies. Notre véritable tâche
dans la période à venir sera de créer un tissu de relations qui nous
permettra de faire perdurer cette inégalité."
Département d’Etat Etats-Unien - Planning Study #23, 1948
La doctrine Wolfowitz , explicite et
complète les doctrines ci-dessus. Elle est la description d’une stratégie
globale américaine qui devait rester confidentielle mais qui a été dévoilée
dans le New York Times le 8 Mars 1992 (http://www.nytimes.com/1992/03/08/world/us-strategy-plan-calls-for-insuring-no-rivals-develop.html).
Elle repose sur les 6 piliers suivants :
1.
maintien des USA comme
seule superpuissance dans le monde (et visant à saboter toute émergence d’une
superpuissance concurrente, Russie ou autre)
2.
établissement du
leadership des USA dans l’ordre des relations internationales
3.
défense des
interventions unilatérales ; minimiser le rôle des coalitions internationales
4.
institution des
interventions [entre autres militaires] préventives
5.
prise en compte du
danger causé par un potentiel renouveau de la Russie [du point de vue
militaire]
6.
défense des intérêts
occidentaux pour la mainmise sur les ressources pétrolières du Moyen-Orient et
de l’Asie du sud-ouest [péninsule arabique]
Au vu de cette théorie politique sous-jacente qui défend une sorte de
nouvelle Guerre Froide, on comprend mieux les positions défendues par les
Etats-Unis au Moyen-Orient et leurs véritables motivations à long terme dans la
région. De ce point de vue, les récentes demandes de l'administration Obama
rentrent parfaitement dans le cadre de la politique Brzezinski.
Cette politique rejoint celle de l’autre camp, les républicains, et qui a
été définie par un autre politologue, Henry Kissinger, et appliquée par les
présidents Bush, père et fils (voir plus loin).
Sur les ruines des états démantelés, arabes (Irak, Syrie,
Arabie, Soudan, Libye, Algérie,...) et non arabes (Iran, Afghanistan, Pakistan,
etc.), on installera des micro-califats
islamistes sous protection américaine, à l’instar des émirats du Golfe
(Qatar, Koweït, EAU, Oman) ou des taïfas andalouses. On comprend pourquoi tous
les islamistes travaillent de concert avec cette politique US : abrutissement systématique des populations,
élimination des présences européennes au profit de l’Amérique et de ses agents
arabes. Chaque chef islamiste se voit comme le calife de son bout de
territoire que va lui concéder l’oncle Sam, à la condition qu’il soit aussi
sage et avisé que les émirs et les rois du pétrole actuels.
4. Le plan israélien de remodelage du Proche Orient
En février 1982, la revue « Kivounim » publiait à Jérusalem
[Pages 49 à 59] « En tant que corps centralisé, l’Égypte est déjà un
cadavre, surtout si l’on tient compte de l’affrontement de plus en plus dur
entre musulmans et chrétiens. Sa division en provinces géographiques distinctes
doit être notre objectif politique pour les années 1990, sur le front
occidental. Une fois l’Égypte ainsi disloquée et privée de pouvoir central, des
pays comme la Libye, le Soudan, et d’autres plus éloignés, connaîtront la même
dissolution. La formation d’un État copte en Haute-Égypte, et celle de petites
entités régionales de faible importance, est la clef d’un développement
historique actuellement retardé par l’accord de paix, mais inéluctable à long
terme… La partition du Liban en cinq provinces préfigure ce qui se passera dans
l’ensemble du monde arabe. L’éclatement de la Syrie et de l’Irak en régions déterminées
sur la base de critères ethniques ou religieux doit être, à long terme, un but
prioritaire pour Israël, la première étape étant la destruction de la puissance
militaire de ces États… C’est un objectif qui est déjà à notre portée. Riche en
pétrole, et en proie à des luttes intestines, l’Irak est dans la ligne de mire
israélienne. Sa dissolution serait, pour nous, plus importante que celle de la
Syrie, car c’est lui qui représente, à court terme, la plus sérieuse menace
pour Israël ». Un plan irrécusable qui s’est poursuivi sans faillir
depuis les conflits israélo-arabes de la Guerre des Six Jours [1967] et de
celle d’Octobre 1973 dit du Kippour.Raphaël Eitan, chef d'état-major des Forces
armées israéliennes :
"Nous déclarons ouvertement que les Arabes n'ont aucun
droit à s'établir ne serait-ce que sur un centimètre d'Eretz Israël. Vous autres bonnes âmes et modérés devriez savoir que
les chambres à gaz d’Adolf Hitler seraient pour eux un palais de récréation...
La force est la seule chose qu'ils comprennent et qu’ils comprendront jamais.
Nous utiliserons la force extrême jusqu'à ce que les Palestiniens viennent à
nos pieds en rampant. " (Gad Becker, " Yediot Aharanot ", 13 Avril 1983,
New York Times, 14 Avril 1983.).
Le plan
Oded Yinon (analyste du ministère israélien des Affaires étrangères)
préconisait, en 1982, le démantèlement pur et simple des Etats arabes. Le plan
passe en revue dix-neuf Etats arabes en répertoriant leurs principaux facteurs
centrifuges, annonciateurs de désintégration. Après une ultime recommandation
qui invite Israël à « agir directement ou indirectement pour reprendre
le Sinaï en tant que réserve stratégique, économique et énergétique
», Yinon conclut : « La décomposition du Liban en cinq
provinces préfigure le sort qui attend le monde arabe tout entier, y compris
l’Egypte, la Syrie, l’Irak et toute la péninsule arabe. Au Liban, c’est déjà un
fait accompli. La désintégration de la Syrie et de l’Irak en provinces
ethniquement ou religieusement homogènes, comme au Liban, est l’objectif
prioritaire d’Israël sur son front Est. A court terme, l’objectif est la
dissolution militaire de ces Etats. La Syrie va se diviser en plusieurs
Etats, suivant les communautés ethniques, de telle sorte que la côte deviendra
un Etat alaouite chiite ; la région d’Alep, un Etat sunnite ; à
Damas, un autre Etat sunnite hostile à son voisin du nord verra le jour ;
les Druzes constitueront leur propre Etat, qui s’étendra sur notre Golan, dans
le Hourane et en Jordanie du Nord ».
C’est Israel Shahak (1933-2001), professeur de chimie et
président de la ligue israélienne des droits de l’homme de 1970 à 1990, qui a
levé le lièvre en traduisant en anglais le texte d’origine d’Oded Yinon paru en
hébreu dans la revue « Kivunim ». La traduction
anglaise de ce livre est parue dans le cadre de « The Association of
arab-american University Graduates » (AAUG) publié en juin 1982. Se
présentant sous la forme d’un livret de 26 pages, sans compter une
présentation par l’AAUG de la politique sioniste et d’un avant-propos sous la
plume d’Israel Shahak -, ce précieux document intitulé « The zionist
plan for the Middle East » relate précisément la politique prônée par
Oded Yinon dans le cadre de la stratégie sioniste.
L’intérêt majeur de ce document est de souligner que le projet
de balkanisation des États arabes est ancien. Israel Shahak, dans son
avant-propos, cite le correspondant militaire du journal Ha’aretz, Zeev
Schiff, qui, dans son édition du 2 juin 1982, affirmait que la meilleure chose
qui pourrait arriver à Israël serait de voir la dislocation de l’État irakien
en trois zones (chiites, sunnites et kurdes).
D’autre
part, Avi Dichter, ministre israélien, avait déclaré à Al-Ahram des 5 et
11 novembre 2009 : « La déstabilisation du Soudan est un objectif
stratégique pour Israël, alors qu’un Soudan stable et fort renforcerait les
Arabes et leur sécurité nationale.... Eliminer le rôle du Soudan pourrait être
mené à bien par la continuation de la crise au Darfour, maintenant que la
gestion du Sud a été réglée. ».
Les événements actuels dans le monde arabe doivent réjouir les
sionistes et leurs collabos islamistes.
5. Le Pentagone redessine le monde arabe et musulman
Michael Collins Piper, écrivain américain, abordait déjà la question de la
déstabilisation et de la "destruction créatrice" du Moyen Orient dans
son livre The high priests of war, paru en 2004. Il écrit : « La guerre contre l’Irak est menée
à des fins beaucoup plus larges qu'un simple «changement de régime» ou une
"élimination des armes de destruction massive"; mais d'abord et avant
tout dans le cadre d'un effort global pour établir les États-Unis comme
l'unique superpuissance internationale, …; ce n'est qu'une première étape d'un
plan de longue durée et de grande envergure visant à déployer des frappes
encore plus agressives contre l'ensemble du Moyen-Orient arabe, afin de
"refaire le monde arabe" pour assurer la survie - et élargir la
puissance - de l’état d’Israël ».
En juin 2006, une carte fort parlante du futur Moyen-Orient a été publiée
par la prestigieuse revue militaire américaine AFJ (Armed Forces Journal),
intitulée "Redrawing the Middle East Map", voir ci-dessous.
Elle recompose le Moyen-Orient sur des critères ethniques et religieux. La
carte inclut tout ce qui se trouve dans un triangle Turquie-Afghanistan-Yémen,
tel que les stratèges américains le souhaitaient à l’époque, et dont l’objectif
global reste d’actualité. En fait, ce document est un
prototype susceptible de connaître des changements que certains appelleraient
des variables d’ajustement. Ce document confirme ainsi que les instances
militaires et politiques des Etats-Unis se sont résolument engagées dans ce
domaine de charcutage du Monde Arabe, et qu’ils n’hésitent plus à
l’officialiser. En même temps, il confirme que cette entreprise doit se faire
en adéquation avec Israël. Nous en donnons les points essentiels.
Avant le découpage |
- L’Arabie Saoudite sera démantelée dans un proche avenir. Deux grandes entités
territoriales échappent à l’autorité de Riyad. Sur la côte Ouest, au Hedjaz, il
s’agit de créer un « Etat sacré islamique » regroupent La Mecque et
Médine. Ce super Vatican musulman sera dirigé par un Conseil représentatif des principales écoles
de l’Islam, et dont le Gourou islamiste tunisien, Rached Ghannouchi
("qu'Allah en soit satisfait", car l'Université tunisienne de la
Zeïtouna, aux mains des Salafistes, vient de le consacrer comme l'équivalent
des Compagnons du Prophète), viserait le califat.
Après le découpage |
Une sorte
d’Islam pro occidental, élaboré au cœur de cet Etat sacré islamique,
permettrait de rayonner sur l’ensemble du monde musulman et de remodeler les
esprits afin qu’ils épousent pleinement la philosophie impérialiste. Il est
vrai que contrôler les esprits a toujours permis de contrôler les hommes. Sur
la côte du Golfe persique, c’est la province de Hassa, dont la population est
majoritairement chiite, qui est détachée de l’Arabie Saoudite et intégrée à un
« Etat chiite arabe »,
vestige d’un Irak déjà démantelé. L’application de cette mesure entraînerait la
mort économique du royaume car c’est à cet endroit que se concentre l’essentiel
de l’extraction des hydrocarbures autour de la triade Dammam-Dharhan-Al-Khobar.
Cet Etat chiite arabe inclurait aussi la région de Bassora (ex-Irak) et les
provinces arabes d’Iran, riches en hydrocarbures jouxtant le Chatt-el-Arab
(Arabes chiites du Khouzistan), et qui seraient détachées de Téhéran. De plus,
Riyad perdrait ses provinces du Sud (Jizrane, Najran et l’Assir) au profit du
Yémen, territoires acquis en 1934 lors du Traité de Taëf, et qui ont conservé
leur identité yéménite. Enfin, la curée sera complète avec l’octroi d’une
façade maritime à la Jordanie, état pro-occidental et ami d’Israël, en
arrachant à l’Arabie Saoudite les provinces de Tabouk et une partie du Jouf.
- L’Etat
irakien disparaît au profit de l’état chiite ci-dessus,
d’un état kurde et d’un résidu d’Etat, appelé « Irak sunnite ». Ce
dernier serait unifié avec une parcelle sunnite arrachée à la Syrie. La Syrie
aura perdu, entre-temps, sa façade maritime au profit de la zone chrétienne
d’un Grand Liban. L’Etat kurde (Free Kurdistan), déjà construit sur le
Nord de l’Irak, récupèrera le Sud Est de la Turquie, le Nord de la Syrie et
l’Ouest de l’Iran. Il aboutirait à l’émergence d’un bloc kurde de plus de 30
millions d’habitants. Fort des installations pétrolières de Kirkouk, cet Etat kurde pro-américain
et pro-israélien serait, avec l’Etat chiite arabe, le deuxième plus gros
producteur d’hydrocarbures et de gaz du Moyen-Orient. L’importance de cet Etat
kurde serait d’autant plus grande que l’oléoduc BTC qui évacue le pétrole de la
Mer Caspienne à partir de Bakou (Azerbaïdjan), passe par Tbilissi (Géorgie)
pour, ensuite, traverser tout le Sud Est de la Turquie et aboutir à Ceyhan en
Méditerranée. Les Kurdes seraient donc
les grands maîtres de ce corridor énergétique voulu par l’Empire. En plus du pétrole, il faut ajouter l’autre grande
richesse, l’eau. Le « Grand projet anatolien » (GAP) poursuit
l’objectif, grâce à 22 barrages, de dompter le Tigre et l’Euphrate qui prennent
leurs sources dans les montagnes kurdes. L’achèvement imminent de ce projet,
permettant l’irrigation de 1,7 million d’hectares et la production
d’électricité, sera une arme redoutable aux mains de l’Etat kurde et pèsera
lourdement sur la vie des habitants de tout le Moyen-Orient. Un énorme aqueduc
souterrain fournira toute l’eau nécessaire au Grand Israël.
- L’Empire a ensuite
fixé les yeux sur les immenses richesses de la Libye
et du Soudan : pétrole, gaz, plomb, fer,
etc. L’Empire a voulu la sécession du Sud du Soudan et la conquête de la Libye
et il les a eues tous les eux ; avec un bonus : l’installation de bases militaires en Libye.
De telles bases représentent une menace tangible pour l’Algérie, et
accessoirement, pour la Tunisie. La Libye serait découpée en lamelles, selon
des critères tribaux. L’annonce récente de l’autonomie du Fezzan, encouragée
par le nabot qatari, en est une première preuve. Après avoir détaché le Sud,
riche en terres, en eau et en pétrole, c’est maintenant l’Ouest du Soudan
(Darfour) qui est dans le collimateur de l’Empire.
Seuls les
Etats croupions, sortes de taïfas des temps modernes, (Oman, E.A.U.,
Bahreïn, Koweït, Qatar) échappent à ces modifications, pour des raisons
évidentes : elles sont déjà sous le boisseau de l’Empire. Le Qatar, qui se
démène comme un beau diable pour s’attirer les faveurs de l’Empire, espère
récupérer un beau morceau du voisin saoudien, au grand dam de ce dernier, qui
en est tout à fait conscient. En
épousant la cause du Qatar dans le projet de démantèlement de la Syrie,
qu’espère récolter le gouvernement provisoire tunisien ?
Quant aux
pays non arabes, comme l’Iran, l’Afghanistan, la Turquie et le Pakistan nous
n’allons pas détailler le charcutage qui les attend. Voir sur ce blog en cliquant ici.
6. Des États
détruits. Des révolutions confisquées
Ces plans
israélo-américains sont en cours. Ils sont en train de mettre à feu et à sang
les pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Que constatons-nous ? L’Irak est détruit et démembré : trois
régions autonomes se livrent une guerre par terrorisme interposé, faisant des
dizaines de morts innocentes chaque jour. Le
Soudan est démembré. Pour conserver leur pouvoir à Khartoum, les
islamistes soudanais ont cédé la partie la plus riche de leur pays à l’ennemi.
Sous d’autres cieux, ils auraient été condamnés pour haute trahison. Au Soudan, en Irak, en Libye, au Yémen,
et en Somalie, l’Etat est en décomposition avancée. Le Liban ne se remet pas des coups de boutoir assénés par
Israël. Sans le Hezbollah chiite, et sans les soutiens syrien et iranien, le
Liban aurait été dépecé depuis longtemps. La Palestine est à l’agonie. La Syrie, comme l’Algérie il y a quelques années,
lutte pour sa survie. L’Algérie a pu échapper à ce complot au prix de deux cent
mille morts, grâce à la ténacité et au courage de son peuple. Cependant, des
responsables algériens, estiment que " l'Algérie est incluse
dans la liste du plan américain dit Grand Moyen-Orient (GMO) ". Ils
estiment que "les appels à la révolte, émis sur des sites Internet et
sur le réseau social Facebook, sont soutenus par la CIA, Al Qaïda, et le
Mossad, qui tentent de déstabiliser notre pays, comme c'était le cas en Lybie,
en Syrie, au Yémen… " d’après Le Quotidien d’Oran. La création récente
d'un état islamique au Mali, au flanc sud algérien, en est une première étape
.
Après des révolutions prometteuses, la Tunisie et
l’Egypte ont été vite remises dans le droit chemin par des islamistes dont les
références mystico-idéologiques sont quelque part entre le Qatar et les Frères
Musulmans. Les nouvelles autorités
tunisiennes s’impliquent activement, aux côtés du frère qatari et de
l’Empire, dans les plans de déstabilisation/démantèlement d’autres états
arabes. En Egypte comme en Tunisie, l’Etat est affaibli, incapable d’assurer la
sécurité et la tranquillité des citoyens. La société civile et le peuple sont
désemparés, conscients d’avoir payé le prix du sang pour rien. Une nouvelle oligarchie islamiste succède à
l’oligarchie précédente. Elle étend petit à petit ses tentacules un peu
partout : les rouages de l’Etat, la rue, l’université, la mosquée. Elle
attaque les syndicats et les journalistes, coupables de jouir encore de
quelques espaces de liberté. Etc...
Cerveau sclérosé d'un côté Cerveau génial de l'autre |
7. Si la barbe donnait la sagesse, toute chèvre serait doctoresse.
En Tunisie, des groupes salafistes, cornaqués par le parti
islamiste Ennahdha au pouvoir, sèment la terreur et l’insécurité, en
s’attaquant en priorité aux femmes, aux universitaires, aux journalistes; à ceux
qui ont la capacité de penser du de créer et à ceux qui paraissent modernes,
intelligents ou cultivés. Après les salafistes, en ce début de juillet 2012,
des rafles anti jeunes sont organisées par la police dès 22 heures, dans les
avenues de Tunis et d'autres grandes villes. Elles se traduisent par des coups
et des insultes. Si le jeune est une jeune fille sans nikab, d'autres insultes
plus adaptées pleuvent...
Les problèmes sociaux-économiques s’aggravent de jour en jour. Le
gouvernement patauge. Il ne pense qu'à quémander un peu d'argent auprès de ses
sponsors arabes (Qatar, Arabie) pour essayer de boucler ses fins de mois
difficiles, mais ces derniers ne donnent rien pour rien. Alors on leur cède des
pans entiers de la souveraineté et de l'économie nationales.
Lors des dernières inondations hivernales de 2011 / 2012, une
scène ahurissante, mais hautement significative, m’a été rapportée. Des
citoyens démunis se seraient plaints à l’envoyé spécial du gouvernement du
manque de prévoyance et du peu d’assistance devant pareilles catastrophes.
L’envoyé spécial aurait rétorqué que « ce qui arrive ne dépend que de la
volonté de Dieu», autrement dit « Vous n'avez qu'à vous adresser à Lui,
peut-être vous viendrait-il en aide". Le Gouvernement n'y peut rien,
puisque c'est Dieu qui décide de tout.
Cela me rappelle l’anecdote suivante, racontée dans : Bush à Babylone, la recolonisation de l’Irak,
par Tariq Ali, Editions La Fabrique, Paris, 2004.
Quand le chef mongol Hulagu Khan attaqua Bagdad en 1248, ni le peuple de Bagdad
ni l’armée n’ont voulu défendre le roi abbasside Al-Mustaasim Billah. Ce
dernier ordonna donc à ses serviteurs de ramasser tous les objets de valeur
dans le palais et de les offrir à Hulagu en espérant avoir la vie sauve. Après
avoir reçu ces cadeaux, Hulagu les distribua à ses soldats. Puis il demanda à
Al-Mustaasim pourquoi il ne s’est pas déplacé au-delà des ponts de Bagdad pour
lui barrer la route. Al-Mustaasim lui expliqua que c’était la volonté de Dieu
et qu’il n’y pouvait rien. Et Hulagu de répondre : puisque c’est la
volonté de Dieu qui a fait que tu n’as pas voulu me résister, alors je vais
ordonner de te décapiter par la volonté de Dieu. Et il le décapita devant sa
cour. C’est le drapeau, ci-dessus, de ce
"calife" félon et veule qui est l’emblème des salafistes et des
jihadistes terroristes.
Hannibal Genséric
[3] “Imagining a Remapped Middle East”, Robin Wright, The New York Times Sunday Review, 28 septembre 2013.
MISE A JOUR 27/10/2015
Commentaire de Tunisie-secret
: (28 Décembre
2012)
C'est un décryptage géopolitique du "printemps arabe" qui démontre comment les Américains et les Israéliens utilisent l'islamisme pour asseoir définitivement leur domination sur le monde arabo-musulman. Les lecteurs de Tunisie-Secret ont remarqué qu'à l'occasion du 17 décembre 2012, nous n'avons pas écrit une seule ligne sur le "martyr" de la "révolution du jasmin", Mohamed Bouazizi; ni sur cette dernière affaire hautement politique: les histoire de cul de Rafik Bouchlakha. C'est que notre conception du journalisme et du militantisme n'est pas celle de tout le monde. Et nos lecteurs aussi ne sont pas des lecteurs ordinaires, mais des esprits critiques qui savent retenir l'essentiel. C'est pour eux que nous avons déniché cette analyse qui conforte notre propre lecture du "printemps arabe". Elle vient d'être publiée sous le titre : "Moyen-Orient: le plan américano-israélien". A lire absolument pour comprendre le sens et les véritables enjeux du "printemps arabe" qui a été provoqué par l'admirable et incomparable peuple tunisien.
Mise à jour : 28/09/ 2013
Comment diviser 5 pays en 14
Cette deuxième carte a été publiée dans le New York Times du 28
septembre 2013 par la géopoliticienne Robin Wright, travaillant pour le
« United States Institute of Peace », organisme dont l’intitulé à lui
seul fleure bon la manipulation des foules. La zone à fractionner
s’étend ici de la Libye au golfe Persique.
Les deux cartes (ancienne ci-dessus et nouvelle ci-contre) se recoupent, comme par
hasard, sur la partie la plus stratégiquement sensible de la région :
celle comprenant le « Croissant fertile » et la péninsule Arabique. La
logique, on l’a vu, est la même : diviser les Etats musulmans (et eux
seuls) en utilisant les fractures les plus… utilisables. Tout porte à
croire que les différences entre les deux scénarios sont des
actualisations, des corrections, tenant compte des faits dont les
véritables auteurs ont pris conscience au fur et à mesure de la mise en
place de cette stratégie.
Mise à jour du 12 novembre 2014
Progressivement, l’état-major états-unien a revu son projet de remodelage du « Moyen-Orient élargi » (Greater Middle East Initiative),
tel que défini initialement.
Une faction au sein de l’administration Obama pousse à la réalisation
d’un nouveau plan : le remodelage simultané de l’Irak et de la Syrie en
cinq États, dont deux transfrontaliers.
La carte de ce nouveau plan fut publiée en septembre 2013 par la
journaliste Robin Wright, alors chercheuse à l’United States Institute
of Peace, le think tank du Pentagone [3].
- La carte du remodelage selon Robin Wright
Il prévoit de réduire la Syrie drastiquement des trois quarts de son
territoire. Il est désormais soutenu par Israël, comme l’a indiqué son
ministre de la Défense, Moshe Yaalon, lors de son voyage aux
États-Unis [4].
Washington entend maintenir la République à la frontière
israélienne, à Damas et sur la côte méditerranéenne. À l’inverse, la
France et la Turquie ne veulent pas d’une fusion du Kurdistan irakien et
du Nord de la Syrie qui déboucherait immanquablement sur une partition
de la Turquie. Elles ne veulent pas non plus d’un grand Sunnistan
regroupant la partie de l’Irak occupée par Daesh et le désert syrien qui
leur échapperaient au seul profit des États-Unis et de l’Arabie
saoudite.
C’est pourquoi Paris et Ankara ont tout mis en œuvre d’abord pour
éliminer ou faire éliminer les Kurdes du PYG (alliés du PKK, favorables à
la création d’un Kurdistan en Turquie et donc hostiles au projet
états-unien du pseudo-Kurdistan), puis pour ramener Washington au projet
initial du « printemps arabe en Syrie » : placer les Frères musulmans
au pouvoir à Damas.
Compte-tenu de la résistance du peuple syrien et des victoires
continues de son armée depuis plus d’un an, Washington n’est pas sûr de
la faisabilité de son plan. Aussi, le président Obama a-t-il imaginé d’y
associer l’Iran. Il a secrètement écrit au Guide de la Révolution,
l’ayatollah Ali Khamenei, en lui proposant de s’allier pour écraser
Daesh si —et seulement si— il approuvait le Protocole négocié par le
gouvernement de cheikh Hassan Rohani à Vienne [5]. « Écraser Daesh » pourrait signifier soit libérer les populations irakiennes et syriennes qu’il domine et revenir au statu quo ante bellum [6], soit au nom du réalisme, installer un gouvernement plus légitime dans son espace, c’est-à-dire réaliser le plan Wright.
Réagissant au projet de création d’un Sunnistan irako-syrien, le
secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah a profité de l’Achoura
pour dénoncer la responsabilité de l’Arabie saoudite dans le
développement du takfirisme [7].
Ce faisant, pour la première fois, il désignait le wahhabisme comme
matrice d’un projet tourné contre l’islam ; ce qui revient à dire que le
wahhabisme n’est pas une branche de l’islam, mais une hérésie qui porte
tort à tous les musulmans
Considérant que le Guide refuserait la proposition états-unienne et
que Washington attaquerait alors l’Armée arabe syrienne pour la faire
refluer sur Damas et Lattaquié, la Syrie a immédiatement pris les
devants en pressant la Russie de lui livrer la dernière génération de
missiles S-300, seuls capables de tenir à distance l’US Air Force.
Moscou a confirmé que ce serait chose faite une fois certains démarches
administratives terminées [8].
Quoi qu’il en soit, une Coalition qui avance profondément divisée sur ses objectifs a peu de chance d’aller jusqu’à la victoire.
Thierry Meyssan
[4] “Israel’s Defense Minister : Mideast Borders ’Absolutely’ Will Change”, NPR, 23 octobre 2014.
[5] “Obama Wrote Secret Letter to Iran’s Khamenei About Fighting Islamic State”, Jay Solomon et Carol E. Lee, Wall Street Journal, 6 novembre 2014.
[6] Statu quo ante bellum, en latin : statut d’avant la guerre.
[7] « Sayyed Nasrallah : le wahhabisme menace l’Islam », Al-Manar, 27 octobre 2014.
[8] “Damas recevra prochainement des systèmes russes S-300 (ministre)”, Ria-Novosti, 6 novembre 2014.
MISE A JOUR 27/10/2015
Seuls 4 pays arabes échapperont au plan de morcellement américain, selon un agent de la CIA,
C’est ce qu’a déclaré Bill Stewart, ancien agent de la CIA et auteur du livre "Washington’s War in Nicaragua".
Selon lui, ce plan de morcellement du monde arabe est en préparation dans les laboratoires américains et presque aucun pays du Moyen-Orient ou d’Afrique ne pourra y échapper.
4 états feront par contre exception à la règle à savoir l’Algérie le Maroc, la Tunisie et l’Égypte.
Voir aussi :
Un stratège israélien : Laissons les Arabes s’entretuer
Le retour du plan US de
remodelage du « Moyen-Orient élargi » (21/09/2014) par Thierry
Meyssan