Sartre avait écrit « L'enfer, c'est les autres » ; Auquel l’abbé Pierre avait répondu « Je suis
intimement convaincu du contraire. L'enfer, c'est soi-même coupé des autres. ».
Dans une de ses déclarations, équivalentes à des sortes de "fatwas" , R. Ghannouchi, Grand Gourou des Islamistes tunisiens, considère que maîtriser la langue
française aux côtés de la langue arabe, équivaut à une pollution
linguistique. Nos immigrés en France sont tous en danger,
il faut absolument penser à leur interdire d’apprendre le français. Ne
plus délivrer de passeport aux francophones.
Quant aux touristes français, pollueurs potentiels, ils ont le choix : soit
ils apprennent l’arabe classique avant de venir se dorer chez nous,
soit ils restent chez eux. Avec les islamistes au pouvoir,
l’enseignement des langues étrangères polluantes (français, italien,
espagnol, etc.) disparaîtra ; à deux exceptions près (1) l’anglais, naturellement,
la langue de l'Oncle Sam, parrain des islamistes ainsi, nous
serions normalisés comme leurs amis démocrates du Golfe (Arabie
Saoudite, Qatar, etc.)., et (2) la langue turque, langue des derniers califes, et des avant derniers colonisateurs du monde arabe.
Quant
aux professionnels du tourisme, du garçon de restaurant au directeur
d’hôtel, et qui parlent souvent plusieurs
langues étrangères, ils sont tellement pollués qu’on peut les
considérer comme perdus pour la Oumma, la communauté des croyants. Comme châtiment islamique halal,
on devrait leur couper la langue et les oreilles : ainsi ils
ne pourront ni entendre ni parler ces horribles langues étrangères (français, italien, espagnol, chinois, russe, etc.).
Pourtant, curieusement, tous les pays développés encouragent l’apprentissage de plusieurs langues étrangères, et ce, dès l’école
maternelle. Pourquoi donc ?
Pour
y répondre, nous allons prendre l’exemple de deux petits pays européens
multilingues : Le Luxembourg (0,5 millions
d’habitants) et la Suisse (8 million d’habitants). Selon l'avis de
R. Ghannouchi, ces pays devraient souffrir d’une
pollution linguistique insupportable. Mais la réalité,
décrite par les Luxembourgeois et les Suisses, est toute autre et la
conclusion de leurs chercheurs sont à l’opposé de l'avis ci-dessus, lequel dénote d'une ignorance crasse.
Le multilinguisme luxembourgeois et ses avantages
La reconnaissance de 3 langues
au Grand-duché - le
luxembourgeois, l'allemand et le français - et leur pratique
quotidienne présentent de multiples avantages pour les Luxembourgeois. Au niveau politique,
la maîtrise de 2 voire de 3 langues européennes majeures - l'allemand,
le français et l'anglais - a permis au
Luxembourg d’agir concrètement en faveur de la construction
européenne et de devenir même un facteur unificateur et progressiste. Au
niveau universitaire, le multilinguisme permet aux
étudiants luxembourgeois de poursuivre leurs études universitaires dans
tous les pays francophones, germanophones ou
anglophones. L’anglais est, en effet, enseigné de manière très
poussée dans l’enseignement secondaire, en plus d’autres langues telles
que, au choix, le latin, l’espagnol ou l’italien. Cette
situation linguistique favorise l’adaptation des résidents non luxembourgeois à la vie quotidienne luxembourgeoise,
puisqu’ils peuvent également s’exprimer en français ou en allemand.
Le multilinguisme représente donc à la fois l’ouverture vers l’extérieur
et la volonté d’accueillir l’extérieur au
Luxembourg.
Le multilinguisme suisse, un avantage compétitif
L'analyse économique ne tient en général pas compte du rôle des langues. Le multilinguisme suisse est source de richesse, et pas seulement
culturelle: cette particularité génère 46 milliards de francs par année, soit 9% du produit intérieur brut (PIB). C'est ce que révèle une étude réalisée par l'Université de Genève.
Il
s'agit d'une première: jamais encore on n'avait calculé la valeur
économique des compétences linguistiques d'un pays, ont indiqué les
chercheurs lors de la présentation de leurs travaux, en octobre
2011, à Berne. C'était l'objectif de leur projet de recherche, «Langues
étrangères dans l'activité professionnelle» (LEAP).
Les
chercheurs rappellent que la Suisse compte quatre langues principales,
par ordre d'importance, l'allemand, le français, l'italien et le
romanche, parlé par 0,5% de la population suisse. L'anglais, de plus
en plus pratiqué dans l'économie, est aussi enseigné de plus en plus
tôt dans les écoles du pays, surtout en Suisse
alémanique.
Conclusion des chercheurs: le multilinguisme suisse rapporte 46 milliards de francs, soit l’équivalent du PIB
tunisien ! (44 milliards de Dollars). «Nous trouvons ici
la confirmation que les compétences linguistiques sont un bon
investissement pour l'économie vue comme un tout, et pas
seulement pour l'individu lui-même ou pour l'Etat», a expliqué
François Grin, directeur du projet LEAP, à swissinfo.
«Les
résultats corroborent les commentaires de certains membres du Conseil
fédéral concernant l'attractivité de la place
économique suisse, un bon endroit pour faire des affaires, grâce au
fait que les habitants parlent plusieurs langues», explique François
Grin. Collectivement, les personnes et les organisations
suisses travaillent communément avec trois, quatre ou cinq langues,
selon le professeur d'économie genevois. Cette capacité contribue à la
création de valeur et donne un avantage concurrentiel
certain à la Suisse. «La convergence entre les
résultats économiques et nos préoccupations culturelles, politiques et
sociales à propos du plurilinguisme en Suisse est
intéressante, analyse le professeur. Nous devons prendre soin de nos
quatre langues nationales, et de l'anglais, tout en développant nos
talents pour d'autres langues: la pertinence de ce fait
est acquise sur le plan politique et sociologique et nous voyons
maintenant qu'elle l'est aussi d'un point de vue économique.»
L’arabe : une norme en décalage socio-historique
Depuis
plus de 14 siècles, malgré tous les efforts d’arabisation, aucun peuple
arabe ne parle l’arabe littéral. Chaque pays arabe dispose de son
propre idiome, dit « arabe dialectal ». L’arabe littéral reste donc
l’apanage des gens cultivés, ou ayant un niveau donné d’études. Un
citoyen qui n’a pas étudié l’arabe littéral ne
comprend pas, ou peu, l’arabe des médias, parce que cet arabe n’est
pas la langue du peuple, quoi qu’en disent nos dirigeants, notre
constitution et nos élites. Ainsi donc, les indépendances des
pays du Maghreb, au lieu de sonner l’heure de l’émancipation des
langues natives, dont la langue derija, ont minoré ces langues
au profit d’une arabisation dont personne ne parvient à
déterminer l’ancrage effectif. On a certes produit un espace "arabe
moderne" qui se cristallise dans les médias et la littérature. Cependant, cet arabe
moderne n'est jamais parvenu à devenir la langue maternelle de quiconque. Une fois franchie la zone de l'écrit, les locuteurs arabes reviennent à leurs langues natives et
maternelles.
La langue vernaculaire du Maghreb
L’ensemble de parlers populaires maghrébins est appelé maghribi par les linguistes arabes. Les pièces de théâtre, les
«talk show» et autres émissions radio diffusées ou télévisées en maghribi
sont les plus suivis par le public maghrébin, comparativement aux
émissions analogues émises en arabe littéral.
D’ailleurs ce même public préfère les films égyptiens parlant la
langue égyptienne plutôt que la langue arabe classique. Celle-ci leur
donne un air artificiel et guindé. Il est bien dommage que
la littérature écrite derija tunisienne, qui était assez
répandue sous l’ère coloniale, ait été abandonnée sous l’indépendance,
sous la pression d’un nationalisme arabe mal assimilé et d'une identité culturelle factice.
Par contre, le maghribi
est une langue vivante, à la fois très majoritaire dans
le corps social et très minorée par les institutions culturelles et
étatiques maghrébines. C’est la langue maternelle de plus de 100
millions de locuteurs. Elle est de plus en plus utilisée sur
Internet, sans règle et sans standardisation. Les jeunes internautes
sont entrain de l’imposer dans la communication écrite en utilisant
souvent l’alphabet latin, et quelques fois l’alphabet
arabe, pourtant mieux adapté. Cette
langue dispose d'un vivier lexical riche, issu successivement du
berbère, du punique, du latin et de l'arabe. Elle peut
constituer un socle commun et unificateur pour tous les Maghrébins
sans distinction de classe ou de milieu social. L’unité maghrébine est
un objectif autrement plus réaliste et plus profitable
qu’une unité arabe chimérique.
Conclusion
L'italien
de Dante, l'espagnol de Cervantès et le français de Lamartine étaient
en leur temps
(avant la Renaissance) des dialectes du latin, des langues de
seconde zone, pratiquées par la masse et méprisées par l'élite. La
Renaissance européenne c’était aussi et surtout la naissance
officielle et dans les faits de ces langues. Elles ont remplacé le
latin, qui était alors (comme l’arabe littéral de nos jours et de
toujours) la langue liturgique, celle des lettrés et des
élites. Les Européens ne s’en portent pas plus mal. Au contraire, ce sont ce qu'on appelle des langues vivantes, enseignées dans le monde entier (peu d'étrangers apprennent l'arabe). Les locuteurs de
ces langues ne parlent pas latin, mais on les désigne (et ils se
considèrent) comme étant des peuples latins. De la même
manière qu’aucun peuple latin ne parle latin, aucun peuple arabe ne
parle arabe. Cessons donc de nous mentir à
nous-mêmes, et regardons la réalité en face.
Hannibal Genséric
Hannibal Genséric