Le réseau asocial a supprimé plus
de 800 pages et comptes qui partageaient principalement des contenus
politiques. Des médias alternatifs de droite comme de gauche sont
touchés, dont certains disposaient de plusieurs millions d'abonnés.
Les semaines se suivent et se
ressemblent pour Facebook. Depuis plusieurs mois, le géant des réseaux
sociaux accumule les polémiques liées à la gestion de sa plateforme.
Après avoir bloqué l'accès à "la Cause du Peuple" dans plusieurs pays, dont ceux de l'Axe de la Résistance (Russie, Syrie, Iran, Irak), FB nous censure maintenant sur l'ensemble de la planète. Mais nous ne laisserons pas intimider, et nous continuerons notre lutte contre l'Impérialisme, et ses deux rejetons: le sionisme et l'islamisme. Nos lecteurs savent comment accéder et comment diffuser nos contenus sans passer par cette plateforme de propagande et d'espionnage.
La soirée du 11 octobre n'a pas
fait exception à la règle ; alors que les élections de mi-mandat
américaines approchaient à grands pas, le réseau social a procédé à une
purge massive : 559 pages et 251 comptes ont été purement et simplement
supprimés de la plateforme. Disposant de plusieurs millions d'abonnés,
certains d'entre eux étaient même particulièrement populaires.
Dans un communiqué,
Facebook a justifié ce coup de balai en invoquant une violation de ses
termes de service. L'entreprise a expliqué que les pages en question
avaient un «comportement inauthentique» et qu'elles «travaillaient à
tromper les utilisateurs sur qui elles sont et ce qu'elles font». Plus
précisément, Facebook leur reproche d'utiliser de faux comptes afin
d'augmenter artificiellement leur visibilité. Le réseau social fait par
ailleurs une analyse surprenante dans son communiqué, soutenant que
cette stratégie pour générer des clicks ne se limite plus au partage
d'articles sur les derniers potins de célébrités, mais s'applique
désormais aux contenus politiques.
La droite, la gauche touchés
De
fait, parmi les pages touchées on retrouve entre autre Right Wing News
(plus de 3,1 millions d'abonnés) ou encore Nation In Distress (également
plus de 3 millions d'abonnés), habitués à partager des contenus
politiques qui penchent côté conservateur.
Mais contrairement aux purges précédentes,
la gauche n'est cette fois pas en reste. AntiMedia et ses 2,1 millions
d'abonnés, ou encore Free Thought Project et ses 3,1 millions d'abonnés
se trouvent parmi les victimes. «C'est comme un coup mortel. Facebook
était une source grâce à laquelle nous pouvions générer du trafic vers
notre site. Les quelques employés que nous avions vont partir», a
déploré amer auprès de RT Matt Savoy, qui travaille pour Free Thought
Project. Son collègue Jason Bassler ne croit pas une seconde à la raison
invoquée par le réseau social : «Si c'était juste du spam, si c'était
de la merde non pertinente, ils ne seraient pas aussi menaçants. [...]
Ce n’est rien de moins que de la censure politique et une tentative
d’éradication de certaines idéologies politiques.»
Le compte
Twitter d'AntiMedia a par ailleurs été suspendu juste après avoir fait
part à ses abonnés de sa situation sur Facebook. Et Nicholas Bernabe,
fondateur d'AntiMedia, de faire valoir : «Cela pourrait en fait être
perçu comme une ingérence de Facebook dans les élections, car nous ne
sommes qu'à quelques semaines [des élections de mi-mandat], et ils
visent 800 pages de médias à orientation politique afin de les
supprimer.»
«Ce à quoi nous faisons face aujourd'hui, c’est faire
taire toute personne qui va à l’encontre du statu quo. De droite ou de
gauche, ça n'a aucune importance», a confié à RT le journaliste
d'investigation Dan Dicks dont la page aux 350 000 abonnés a été
supprimée. «Ce sont les médias mainstream qui essaient d’éliminer leurs
concurrents afin que l’oligarchie puisse maintenir le statu quo», a-t-il
poursuivi.
La correspondante de RT America Rachel Blevins
a subi le même traitement, voyant sa page forte de 70 000 abonnés
supprimée, sans qu'il ne lui soit fourni d'explication précise ou
d'exemple sur la manière dont elle aurait enfreint les termes de
service. La journaliste explique qu'elle avait mis deux ans pour
construire cette base d'abonnés en partageant ses propres articles, ou
même certains de la presse mainstream qui, parfois, contenaient une
information intéressante.
Une censure qui ne dit pas son nom ?
Difficile
donc de voir dans cette purge la seule volonté de lutter contre le
spam, comme le prétend Facebook dans son communiqué. Accusée par certains
d'avoir joué un rôle majeur dans l'élection présidentielle américaine
en ne modérant pas suffisamment les contenus – des prétendues «fake
news» – qui auraient pu influencer les électeurs, l'entreprise se sait
observée à l'approche des élections américaines de mi-mandat.
Pour autant, comme l'ont rappelé les sénateurs américains au PDG de FB et sioniste de choc, Mark Zuckerberg, lors de son audition devant le Congrès
en avril, Facebook risque en censurant ouvertement des contenus de
s'exposer à des conséquences légales monumentales. Considérée comme un
distributeur, l'entreprise est protégée par l'article 230 de la loi sur
la décence des communications aux Etats-Unis, qui l'exempte de toute
responsabilité juridique pour le contenu qu'elle distribue. Or si la
plateforme venait à censurer des contenus, elle se comporterait en tant
qu'éditeur et perdrait dès lors son statut privilégié.
L'entreprise
ne fait pourtant pas mystère de sa volonté de contrôler le contenu qui
est diffusé sur la plateforme. Entre autres programmes, la firme de Palo
Alto a annoncé en mai dernier un nouveau partenariat avec l'Atlantic Council – un think tank
basé à Washington qui entretient des relations étroites avec l'OTAN –
afin de l'aider à repérer les campagnes de «désinformation» qui hantent
le réseau.
L'objectif étant de lutter contre les fausses
informations et uniquement les fausses informations, Facebook peut faire
valoir que cela ne remet pas en question son statut de distributeur.
Reste qu'une fausse information est difficilement définissable...
Censure d'Internet : ces exemples qui prouvent que la droite a autant à perdre que la gauche
Qui décide de la limite de la
liberté d'expression sur Internet ? De gauche à droite, et jusqu'au
président américain, des personnalités et des médias français et
internationaux dénoncent une censure grandissante au service d'intérêts
politiques.
Le président américain Donald Trump s'en est pris le 28 août dernier à Google,
affirmant que les résultats du moteur de recherche étaient «truqués» et
qu'ils écartaient systématiquement les voix des conservateurs et «les
informations positives» en ce qui le concerne. «Ils contrôlent ce que
nous pouvons voir ou pas. C'est une situation très grave dont on va
s'occuper !» a-t-il promis. S'il est difficile de vérifier ses
accusations, une chose est sûre : de très nombreux individus et médias,
de gauche ou de droite, en France et dans le monde, se plaignent de
censure sur Internet en général et sur les réseaux sociaux en
particulier. En voici quelques exemples qui démontrent, s'il subsistait
encore un doute, que dans le jeu périlleux de la censure, tous les bords
politiques sont perdants.
Le site satirique belge Nordpresse.be
Ainsi, le 22 juillet, le site satirique belge Nordpresse, dont la sensibilité est réputée proche de la gauche, dénonçait une «censure de masse» de ses contenus sur Facebook concernant l'affaire Benalla.
Des internautes avaient remarqué que Facebook bloquait ou supprimait
les partages de contenus du site satirique sur cette affaire qui a mis à
mal l'image du président français.
Le site belge a accusé le réseau social d'avoir bloqué son nom de
domaine. Dans un communiqué, il exprimait ainsi sa sidération : «On
tombe littéralement de notre chaise. Est-ce ça aujourd’hui la démocratie
française ? Mettre un site satirique sur liste noire parce qu’il en
rajoute sur ce qui est déjà une affaire d’Etat ?»
Devant
le tollé provoqué par cette suspicion de censure sur un site
humoristique, Facebook avait démenti l'intention de censure, invoquant
des «problèmes techniques qui ne sont pas liés au contenu».
Il y a des cas, où en revanche, Facebook assume la suspension de certaines pages...
Génération identitaire, très à droite
Le 21 avril 2018, une centaine de militants de Génération identitaire, un mouvement qualifié d'extrême droite, montaient au col de l'Echelle, point de passage de migrants depuis plusieurs mois, dans le cadre d'une opération coup de poing,
pour en «prendre possession et veiller à ce qu'aucun clandestin ne
puisse rentrer en France». Quelques jours plus tard Facebook et
Instagram suspendaient les pages de Génération identitaire France.
Un
porte-parole de Facebook avait confirmé le 4 mai à l'AFP la fermeture
de la page du mouvement et justifié sa décision en ces termes : «Nous
n'autorisons pas les discours incitant à la haine sur Facebook, parce
que ces discours créent une atmosphère d'intimidation et d'exclusion, et
peuvent aboutir à des violences dans le monde réel.» Invoquant le «code
de conduite» signé avec la Commission européenne en 2016, Facebook
assure avoir l'obligation de réagir en moins de 24 heures quand un
«discours de haine» lui est signalé par des utilisateurs. Seul juge
quant au fait qu'un discours soit un «discours de haine» ou non,
Facebook ne révèle toutefois pas sur quels critères il fonde ses
décisions.
Sur son site internet, Génération identitaire a dénoncé
un cas de «censure» avec une affiche : «Aujourd'hui c'est nous, demain
ce sera vous». Dans un communiqué, le groupe assure qu'il portera cette
affaire en justice, ne trouvant pas normal que «des entreprises privées
en état de monopole s’octroient le pouvoir de décider quelles opinions
ont droit de cité dans le débat politique».
Telesur et Occupy London, très à gauche
Mi-août, c'est la version anglaise de la chaîne de télévision, très à gauche, Telesur qui a annoncé la suspension d'une de ses pages Facebook
: «Facebook a supprimé notre page pour la deuxième fois cette année
sans nous donner aucune explication», écrivait le média latino-américain
sur Twitter, qualifiant la situation d'alarmante, au vu «des récentes
suspensions de pages qui ne collent pas au discours dominant».
Quelques jours plus tard, outre-manche, Occupy London, une page Facebook revendiquant quelque 150.000 abonnés a été supprimée par le géant des réseaux sociaux, faisant suite à la suppression régulière de ses posts contenant des messages pro-palestiniens, selon son porte-parole.
Facebook n'a
toujours pas fourni de commentaires, mais le tollé général suscité par
ces suppressions a été suivi par un rétablissement des deux pages.
Le site "conspirationniste" Infowars d'Alex Jones
Début août, Apple, Facebook,
Youtube ou Spotify ont banni les pages d'Alex Jones, le fondateur
d'InfoWars, site américain controversé, classé à l'extrême droite et
accusé de conspirationnisme. Seule exception notable, Twitter a maintenu
le compte. Facebook a justifié cette décision en ces termes : «Nous
l'avons banni car il glorifie la violence, et parce qu'il use de langage
dégradant pour décrire transgenres, musulmans et migrants, ce qui va à
l'encontre de notre politique sur les propos haineux.»
Outre-Atlantique, la suppression des comptes du fondateur d'InfoWars a provoqué de vifs débats. Le New York Times notait
que la situation était devenue suffisamment sensible pour que le
fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg en personne, intervienne : «Il a
longuement discuté d'Infowars avec d'autres dirigeants de Facebook, et
s'est demandé en privé si Alex Jones - qui a un jour qualifié Mark
Zuckerberg de "psychopathe génétiquement modifié" dans une vidéo –
essayait délibérément de se faire virer de la plateforme pour attirer
l'attention», rapportait ainsi le quotidien new-yorkais.
Un
sénateur républicain du Texas, Ted Cruz, s'est indigné de cette
interdiction, osant l'analogie avec le célèbre poème de Martin Niemöller
dénonçant la lâcheté des intellectuels allemands au moment de
l'accession des nazis au pouvoir : «D'abord, ils sont venus pour Alex
Jones.»
Après l'interdiction, InfoWars a apposé un label «censuré»
sur ses vidéos et lancé une campagne de marketing «d'informations
interdites», adoptant ainsi, selon le journaliste du New York Times «une posture de martyr de la liberté d'expression».
La censure institutionnalisée
Accusé d'avoir joué un rôle majeur
dans l'élection présidentielle américaine en ne modérant pas
suffisamment des contenus qui auraient pu influencer les électeurs, Facebook a annoncé un nouveau partenariat avec l'Atlantic Council afin de s'attaquer au problème. Ce think tank
basé à Washington, qui entretient des relations étroites avec l'OTAN,
va ainsi se voir confier de grandes responsabilités par le géant des
réseaux sociaux. L'Atlantic Council est l'un des organes d'influence
américains les plus puissants dans le monde. La liste des membres
honoraires de son conseil d’administration, publiée par le blog
d'Olivier Berruyer Les Crises,
est édifiante. On y retrouve pas moins de neufs anciens ministres
américains, des hauts gradés de l'armée américaine, un ancien directeur
de la CIA et un ancien directeur du FBI.
Le tropisme atlantique de
nombreux acteurs d'influence qui gravitent autour des géants des
réseaux sociaux induirait-il un parti pris plus profond ? L'angle sous
lequel la question est systématiquement posée par les promoteurs d'un
plus grand contrôle d'Internet a de quoi éveiller quelques doutes : la
menace, sur Internet, vient souvent de l'Est. De la paranoïa généralisée
quant à une «ingérence russe» à la loi anti-«fake news» du gouvernement français, en passant par les élucubrations d'EU DisinfoLab et son fichage politique, la Russie sert bien souvent de prétexte à une réduction de la liberté d'expression.
Il
faut croire que ce prétexte se révèle efficace. Il se trouve même des
journalistes, des politiques et des militants associatifs, à droite
comme à gauche, que de telles restrictions auraient fait bondir en
d'autres circonstances mais qui, parce qu'on sait la leur vendre,
adhèrent à l'idée d'un nécessaire contrôle accru des opinions diffusées
sur la toile. Tout porte pourtant à croire qu'ils ont tout à y perdre.
Hannibal GENSERIC
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