jeudi 8 novembre 2018

«Censure politique»: Facebook supprime plus de 800 pages dont des médias alternatifs très suivis

Le réseau asocial a supprimé plus de 800 pages et comptes qui partageaient principalement des contenus politiques. Des médias alternatifs de droite comme de gauche sont touchés, dont certains disposaient de plusieurs millions d'abonnés.
Les semaines se suivent et se ressemblent pour Facebook. Depuis plusieurs mois, le géant des réseaux sociaux accumule les polémiques liées à la gestion de sa plateforme.
Après avoir bloqué l'accès à "la Cause du Peuple"  dans plusieurs pays, dont ceux de  l'Axe de la Résistance (Russie, Syrie, Iran, Irak), FB nous censure maintenant sur l'ensemble de la planète. Mais nous ne laisserons pas intimider, et nous continuerons notre lutte contre l'Impérialisme, et ses deux rejetons: le sionisme et l'islamisme. Nos lecteurs savent comment accéder et comment diffuser nos contenus sans passer par cette plateforme de propagande et d'espionnage.
«Censure politique» ?: Facebook supprime plus de 800 pages dont des médias alternatifs très suivis

La soirée du 11 octobre n'a pas fait exception à la règle ; alors que les élections de mi-mandat américaines approchaient à grands pas, le réseau social a procédé à une purge massive : 559 pages et 251 comptes ont été purement et simplement supprimés de la plateforme. Disposant de plusieurs millions d'abonnés, certains d'entre eux étaient même particulièrement populaires.
Dans un communiqué, Facebook a justifié ce coup de balai en invoquant une violation de ses termes de service. L'entreprise a expliqué que les pages en question avaient un «comportement inauthentique» et qu'elles «travaillaient à tromper les utilisateurs sur qui elles sont et ce qu'elles font». Plus précisément, Facebook leur reproche d'utiliser de faux comptes afin d'augmenter artificiellement leur visibilité. Le réseau social fait par ailleurs une analyse surprenante dans son communiqué, soutenant que cette stratégie pour générer des clicks ne se limite plus au partage d'articles sur les derniers potins de célébrités, mais s'applique désormais aux contenus politiques.

La droite, la gauche  touchés

De fait, parmi les pages touchées on retrouve entre autre Right Wing News (plus de 3,1 millions d'abonnés) ou encore Nation In Distress (également plus de 3 millions d'abonnés), habitués à partager des contenus politiques qui penchent côté conservateur.

Mais contrairement aux purges précédentes, la gauche n'est cette fois pas en reste. AntiMedia et ses 2,1 millions d'abonnés, ou encore Free Thought Project et ses 3,1 millions d'abonnés se trouvent parmi les victimes. «C'est comme un coup mortel. Facebook était une source grâce à laquelle nous pouvions générer du trafic vers notre site. Les quelques employés que nous avions vont partir», a déploré amer auprès de RT Matt Savoy, qui travaille pour Free Thought Project. Son collègue Jason Bassler ne croit pas une seconde à la raison invoquée par le réseau social : «Si c'était juste du spam, si c'était de la merde non pertinente, ils ne seraient pas aussi menaçants. [...] Ce n’est rien de moins que de la censure politique et une tentative d’éradication de certaines idéologies politiques.»
Le compte Twitter d'AntiMedia a par ailleurs été suspendu juste après avoir fait part à ses abonnés de sa situation sur Facebook. Et Nicholas Bernabe, fondateur d'AntiMedia, de faire valoir : «Cela pourrait en fait être perçu comme une ingérence de Facebook dans les élections, car nous ne sommes qu'à quelques semaines [des élections de mi-mandat], et ils visent 800 pages de médias à orientation politique afin de les supprimer.»
«Ce à quoi nous faisons face aujourd'hui, c’est faire taire toute personne qui va à l’encontre du statu quo. De droite ou de gauche, ça n'a aucune importance», a confié à RT le journaliste d'investigation Dan Dicks dont la page aux 350 000 abonnés a été supprimée. «Ce sont les médias mainstream qui essaient d’éliminer leurs concurrents afin que l’oligarchie puisse maintenir le statu quo», a-t-il poursuivi.
La correspondante de RT America Rachel Blevins a subi le même traitement, voyant sa page forte de 70 000 abonnés supprimée, sans qu'il ne lui soit fourni d'explication précise ou d'exemple sur la manière dont elle aurait enfreint les termes de service. La journaliste explique qu'elle avait mis deux ans pour construire cette base d'abonnés en partageant ses propres articles, ou même certains de la presse mainstream qui, parfois, contenaient une information intéressante.

Une censure qui ne dit pas son nom ?

Difficile donc de voir dans cette purge la seule volonté de lutter contre le spam, comme le prétend Facebook dans son communiqué. Accusée par certains d'avoir joué un rôle majeur dans l'élection présidentielle américaine en ne modérant pas suffisamment les contenus – des prétendues «fake news» – qui auraient pu influencer les électeurs, l'entreprise se sait observée à l'approche des élections américaines de mi-mandat.

Pour autant, comme l'ont rappelé les sénateurs américains au PDG de FB et sioniste de choc, Mark Zuckerberg, lors de son audition devant le Congrès en avril, Facebook risque en censurant ouvertement des contenus de s'exposer à des conséquences légales monumentales. Considérée comme un distributeur, l'entreprise est protégée par l'article 230 de la loi sur la décence des communications aux Etats-Unis, qui l'exempte de toute responsabilité juridique pour le contenu qu'elle distribue. Or si la plateforme venait à censurer des contenus, elle se comporterait en tant qu'éditeur et perdrait dès lors son statut privilégié.
L'entreprise ne fait pourtant pas mystère de sa volonté de contrôler le contenu qui est diffusé sur la plateforme. Entre autres programmes, la firme de Palo Alto a annoncé en mai dernier un nouveau partenariat avec l'Atlantic Council – un think tank basé à Washington qui entretient des relations étroites avec l'OTAN – afin de l'aider à repérer les campagnes de «désinformation» qui hantent le réseau.
L'objectif étant de lutter contre les fausses informations et uniquement les fausses informations, Facebook peut faire valoir que cela ne remet pas en question son statut de distributeur. Reste qu'une fausse information est difficilement définissable...

Censure d'Internet : ces exemples qui prouvent que la droite a autant à perdre que la gauche

Qui décide de la limite de la liberté d'expression sur Internet ? De gauche à droite, et jusqu'au président américain, des personnalités et des médias français et internationaux dénoncent une censure grandissante au service d'intérêts politiques.
Le président américain Donald Trump s'en est pris le 28 août dernier à Google, affirmant que les résultats du moteur de recherche étaient «truqués» et qu'ils écartaient systématiquement les voix des conservateurs et «les informations positives» en ce qui le concerne. «Ils contrôlent ce que nous pouvons voir ou pas. C'est une situation très grave dont on va s'occuper !» a-t-il promis. S'il est difficile de vérifier ses accusations, une chose est sûre : de très nombreux individus et médias, de gauche ou de droite, en France et dans le monde, se plaignent de censure sur Internet en général et sur les réseaux sociaux en particulier. En voici quelques exemples qui démontrent, s'il subsistait encore un doute, que dans le jeu périlleux de la censure, tous les bords politiques sont perdants.

Le site satirique belge Nordpresse.be

Ainsi, le 22 juillet, le site satirique belge Nordpresse, dont la sensibilité est réputée proche de la gauche, dénonçait une «censure de masse» de ses contenus sur Facebook concernant l'affaire Benalla. Des internautes avaient remarqué que Facebook bloquait ou supprimait les partages de contenus du site satirique sur cette affaire qui a mis à mal l'image du président français. Le site belge a accusé le réseau social d'avoir bloqué son nom de domaine. Dans un communiqué, il exprimait ainsi sa sidération : «On tombe littéralement de notre chaise. Est-ce ça aujourd’hui la démocratie française ? Mettre un site satirique sur liste noire parce qu’il en rajoute sur ce qui est déjà une affaire d’Etat ?»
Devant le tollé provoqué par cette suspicion de censure sur un site humoristique, Facebook avait démenti l'intention de censure, invoquant des «problèmes techniques qui ne sont pas liés au contenu».
Il y a des cas, où en revanche, Facebook assume la suspension de certaines pages...

Génération identitaire, très à droite

Le 21 avril 2018, une centaine de militants de Génération identitaire, un mouvement qualifié d'extrême droite, montaient au col de l'Echelle, point de passage de migrants depuis plusieurs mois, dans le cadre d'une opération coup de poing, pour en «prendre possession et veiller à ce qu'aucun clandestin ne puisse rentrer en France». Quelques jours plus tard Facebook et Instagram suspendaient les pages de Génération identitaire France.
Un porte-parole de Facebook avait confirmé le 4 mai à l'AFP la fermeture de la page du mouvement et justifié sa décision en ces termes : «Nous n'autorisons pas les discours incitant à la haine sur Facebook, parce que ces discours créent une atmosphère d'intimidation et d'exclusion, et peuvent aboutir à des violences dans le monde réel.» Invoquant le «code de conduite» signé avec la Commission européenne en 2016, Facebook assure avoir l'obligation de réagir en moins de 24 heures quand un «discours de haine» lui est signalé par des utilisateurs. Seul juge quant au fait qu'un discours soit un «discours de haine» ou non, Facebook ne révèle toutefois pas sur quels critères il fonde ses décisions.
Sur son site internet, Génération identitaire a dénoncé un cas de «censure» avec une affiche : «Aujourd'hui c'est nous, demain ce sera vous». Dans un communiqué, le groupe assure qu'il portera cette affaire en justice, ne trouvant pas normal que «des entreprises privées en état de monopole s’octroient le pouvoir de décider quelles opinions ont droit de cité dans le débat politique».

Telesur et Occupy London, très à gauche

Mi-août, c'est la version anglaise de la chaîne de télévision, très à gauche, Telesur qui a annoncé la suspension d'une de ses pages Facebook : «Facebook a supprimé notre page pour la deuxième fois cette année sans nous donner aucune explication», écrivait le média latino-américain sur Twitter, qualifiant la situation d'alarmante, au vu «des récentes suspensions de pages qui ne collent pas au discours dominant».
Quelques jours plus tard, outre-manche, Occupy London, une page Facebook revendiquant quelque 150.000 abonnés a été supprimée par le géant des réseaux sociaux, faisant suite à la suppression régulière de ses posts contenant des messages pro-palestiniens, selon son porte-parole.
Facebook n'a toujours pas fourni de commentaires, mais le tollé général suscité par ces suppressions a été suivi par un rétablissement des deux pages.

Le site "conspirationniste" Infowars d'Alex Jones


Début août, Apple, Facebook, Youtube ou Spotify ont banni les pages d'Alex Jones, le fondateur d'InfoWars, site américain controversé, classé à l'extrême droite et accusé de conspirationnisme. Seule exception notable, Twitter a maintenu le compte. Facebook a justifié cette décision en ces termes : «Nous l'avons banni car il glorifie la violence, et parce qu'il use de langage dégradant pour décrire transgenres, musulmans et migrants, ce qui va à l'encontre de notre politique sur les propos haineux.»
Outre-Atlantique, la suppression des comptes du fondateur d'InfoWars a provoqué de vifs débats. Le New York Times notait que la situation était devenue suffisamment sensible pour que le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg en personne, intervienne : «Il a longuement discuté d'Infowars avec d'autres dirigeants de Facebook, et s'est demandé en privé si Alex Jones - qui a un jour qualifié Mark Zuckerberg de "psychopathe génétiquement modifié" dans une vidéo – essayait délibérément de se faire virer de la plateforme pour attirer l'attention», rapportait ainsi le quotidien new-yorkais.
Un sénateur républicain du Texas, Ted Cruz, s'est indigné de cette interdiction, osant l'analogie avec le célèbre poème de Martin Niemöller dénonçant la lâcheté des intellectuels allemands au moment de l'accession des nazis au pouvoir : «D'abord, ils sont venus pour Alex Jones.»
Après l'interdiction, InfoWars a apposé un label «censuré» sur ses vidéos et lancé une campagne de marketing «d'informations interdites», adoptant ainsi, selon le journaliste du New York Times «une posture de martyr de la liberté d'expression».

La censure institutionnalisée

Accusé d'avoir joué un rôle majeur dans l'élection présidentielle américaine en ne modérant pas suffisamment des contenus qui auraient pu influencer les électeurs, Facebook a annoncé un nouveau partenariat avec l'Atlantic Council afin de s'attaquer au problème. Ce think tank basé à Washington, qui entretient des relations étroites avec l'OTAN, va ainsi se voir confier de grandes responsabilités par le géant des réseaux sociaux. L'Atlantic Council est l'un des organes d'influence américains les plus puissants dans le monde. La liste des membres honoraires de son conseil d’administration, publiée par le blog d'Olivier Berruyer Les Crises, est édifiante. On y retrouve pas moins de neufs anciens ministres américains, des hauts gradés de l'armée américaine, un ancien directeur de la CIA et un ancien directeur du FBI.
Le tropisme atlantique de nombreux acteurs d'influence qui gravitent autour des géants des réseaux sociaux induirait-il un parti pris plus profond ? L'angle sous lequel la question est systématiquement posée par les promoteurs d'un plus grand contrôle d'Internet a de quoi éveiller quelques doutes : la menace, sur Internet, vient souvent de l'Est. De la paranoïa généralisée quant à une «ingérence russe» à la loi anti-«fake news» du gouvernement français, en passant par les élucubrations d'EU DisinfoLab et son fichage politique, la Russie sert bien souvent de prétexte à une réduction de la liberté d'expression.
Il faut croire que ce prétexte se révèle efficace. Il se trouve même des journalistes, des politiques et des militants associatifs, à droite comme à gauche, que de telles restrictions auraient fait bondir en d'autres circonstances mais qui, parce qu'on sait la leur vendre, adhèrent à l'idée d'un nécessaire contrôle accru des opinions diffusées sur la toile. Tout porte pourtant à croire qu'ils ont tout à y perdre.
Hannibal GENSERIC

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