La politique étrangère américaine a toujours eu pour
but de détruire tout ce
qui n’était pas jugé suffisamment américain et de le remplacer par
quelque chose de plus acceptable, surtout si cela permettait aux richesses
d’affluer aux États-Unis depuis sa périphérie. Des compromis étaient réservés à
l’URSS, mais même là, les Américains essayaient constamment de tricher. Pour tous les autres, il n’y
avait que la soumission, habituellement déguisée avec tact, sous des
abords positifs, une place à la grande table qui offrait de meilleures chances
pour la paix, la prospérité et le développement économique et social.
Bien sûr, il était assez simple de percer ce voile de politesse hypocrite et de
souligner que les États-Unis, vivant bien au-dessus de leurs moyens, n’ont réussi à survivre qu’en
pillant le reste du monde, mais quiconque osait le faire, était ostracisé, sanctionné, changé de régime, envahi et
détruit – quoiqu’il en coûte.
L’establishment américain s’est fâché contre quiconque
a osé s’y opposer idéologiquement, mais il a réservé ses formes les plus
extrêmes de malice à ceux qui ont osé commettre le péché capital de tenter de vendre du pétrole
contre autre chose que des dollars américains. L’Irak a été détruit pour cette même raison,
puis la Libye. Avec la Syrie, le géant s’est enlisé et embourbé ;
avec l’Iran, il est peu probable
qu’il puisse même jamais commencer.
Même les politiciens européens les moins courageux
sont maintenant forcés d’admettre que les politiques américaines sont conçues
pour enrichir certains intérêts américains aux dépens de leurs électeurs ; ils
comprennent maintenant qu’un déni supplémentaire leur causerait encore plus de
tort dans les urnes. Le plus insultant pour l’ego américain, c’est que les
tentatives américaines pour soumettre la Russie et la Chine sont accueillies
par des haussements d’épaules, des moqueries et des yeux écarquillés. Et
maintenant, quiconque le veut, peut critiquer ouvertement les États-Unis et comploter
dans leur dos.
Comme les temps ont changé ! Les politiciens et les
fonctionnaires américains ont abandonné toutes les tentatives de maintien du
décorum et du déguisement de leurs manières rapaces et avides. Au lieu de
menaces voilées, ils déploient maintenant de gros mensonges basés sur de
fausses menaces. Se concentrant sur la fabrication et la diffusion de faux,
ils ont tenté de les utiliser pour forcer l’obéissance. Il y a les fausses menaces – russes, chinoises,
iraniennes, nord-coréennes, cubaines – qui sont utilisées pour appeler à
la discipline au sein de l’OTAN et au respect des sanctions unilatérales
américaines.
Il y a aussi les faux
événements (ou faux drapeaux) – un Boeing abattu au dessus de
l’Ukraine par des « rebelles pro-russes » ; l’empoisonnement
des Skripal ; les fausses attaques chimiques en Syrie imputées au gouvernement
; les pétroliers endommagés aux EAU imputés à l’Iran. Ces faux servent de prétexte
pour tout saboter : les accords de sécurité et de commerce
internationaux, les systèmes visant à assurer le respect de ces accords et le
commerce mondial.
Avant, les Américains faisaient de leur mieux pour
détruire tout ce qui n’était pas à eux, puis s’employaient à le remplacer par
quelque chose qui était à eux ; mais maintenant, ils n’ont plus rien à offrir
en remplacement de ce qu’ils détruisent. La seule chose que les États-Unis
peuvent offrir à la Chine, c’est la victoire chinoise dans la guerre
commerciale. La Chine n’a pas besoin des États-Unis, et le gouvernement
chinois, mais aussi des entreprises privées et des particuliers, le martèlent
en Chine.
Premièrement, il y a un déluge de contre-sanctions. En
particulier, l’arrêt des exportations des terres rares mettra fin à la fabrication de
produits électroniques et, partant de là, à l’ensemble du secteur américain de
la haute technologie [1]. Il y a aussi des
bonus pour ceux qui achètent des produits Huawei et des punitions pour ceux qui
achètent quelque chose d’américain, jusqu’à manger chez McDonald’s. Les iPhones
ont été pratiquement interdits – non pas par le gouvernement, mais par la
pression des pairs. Faire
un voyage aux États-Unis est maintenant un délit pouvant mener à un
licenciement. Il y a maintenant de bonnes chances pour que les Chinois, pris
dans ce soulèvement patriotique, soient prêts à faire n’importe quel sacrifice
au nom d’une victoire totale dans leur guerre commerciale avec les États-Unis.
Mais les Américains ont-ils encore le
pouvoir de détruire ?
Lorsque Saddam Hussein a décidé de commencer à
vendre du pétrole en euros, la CIA a organisé une provocation qui l’a amené à
envahir le Koweït pour punir ce pays d’un supposé vol de pétrole irakien. Cela
a permis aux États-Unis d’organiser un gigantesque corps expéditionnaire avec
des divisions provenant d’un grand nombre de pays, dont la Syrie, l’Égypte et
la quasi-totalité de l’OTAN. Après avoir laissé Saddam Hussein dix ans en
place, une coalition un peu plus petite s’est occupée du coup de grâce, détruisant l’Irak
dans le processus. Les victimes de l’invasion et de l’occupation américaines
furent beaucoup plus nombreuses que les victimes de Saddam Hussein. Plus tard, la même chose a été faite à
Mouammar Kadhafi, pour des raisons similaires, et la Libye risque de
rester en ruines. Là-bas, une sorte de coalition mineure a été formée.
Mais maintenant, les États-Unis estiment qu’il est urgent d’éliminer l’Iran, faute de quoi
il sera trop tard. Il est temps de former une nouvelle coalition et Mike
Pompeo a commencé à courir autour de l’Eurasie. Tout d’abord, il a offensé
les Allemands en annulant à l’improviste sa visite d’État avec Angela Merkel
et sans donner de raison. Au lieu de cela, il s’est envolé pour Bagdad –
un endroit parfait pour lancer une attaque contre l’Iran, sauf que la réponse irakienne était un
message de solidarité avec l’Iran, une volonté de médiation dans le
conflit américano-iranien et l’examen d’une interdiction des troupes
américaines sur le sol irakien.
Mike s’est donc rendu à Sotchi, où il a rencontré le
ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov et, brièvement, Poutine.
Très probablement, Poutine
lui a dit où il peut se fourrer ses plans de guerre, et Mike a donc
annulé son voyage prévu à Moscou, pour éviter de laisser Sergei Lavrov s’essuyer
ses pieds sur lui à nouveau. C’est ainsi que Mike s’est envolé pour l’Europe,
où il a obtenu un rapide « non » sur l’Iran de la part de Federica
Mogherini, responsable de la politique étrangère de l’UE, et un refus
catégorique des ministres français, allemand et britannique des affaires
étrangères de le rencontrer au sujet de l’Iran. Mike est donc retourné à
Washington. On ne peut rien dire en regardant sa grosse face souriante, mais je
suis sûr qu’il pleurait à l’intérieur.
Les actions américaines dans le monde peuvent
maintenant être regroupées en deux listes.
- La première liste est celle de ce que les États-Unis ont réussi ou
pourraient encore réussir à démolir.
- La deuxième liste est celle de ce que les États-Unis veulent ou ont
essayé de détruire sans y parvenir.
Il n’y a pas de troisième liste de ce que les
États-Unis ont réussi à détruire et à réparer.
Le défi pour le monde entier est de déplacer autant
d’items de la première liste vers la deuxième liste. Il existe de nombreuses
façons de procéder qui ont une chance de fonctionner ; et d’autres qui
n’en ont pas : négocier avec les Américains. Parce qu’ils mentent, trichent et ne valent pas la peine
qu’on leur parle.
Par
Dmitry Orlov – Le 29 mai 2019 –
Source Club
Orlov
Le livre de
Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateur de cette nouvelle « discipline
» que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de
l’effondrement des sociétés ou des civilisations.
La grande erreur est de parler des peuples en disant "les américains" alors qu'il suffirait d'effacer 2000 TDC qui manipulent le monde pour que s'ouvre une erre d'humanité !
RépondreSupprimerExcellente analyse, toutes mes félicitations à Dmitry Orlov. Il a tout compris sur la manière du régime de Washington et ses larbins de piller le monde et l'a synthétisé dans cet article. Fort heureusement que ce régime de terreur, de chaos, vols, destruction et mort marche déjà vers sa fin.
RépondreSupprimerCe régime ne peut finir qu'avec l'avènement de l'éveil des consciences. Encore un peu de patience !!!
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