Les médias occidentaux avaient prédit que la campagne militaire russe en Syrie se terminerait par un « échec ». Échec ou pas, la campagne est finie. Et maintenant il y a toutes sortes d’efforts diplomatiques en cours pour régler la guerre.
En
septembre 2015, l’« Occident » a décidé
de déclarer la guerre à la Syrie. Le but était soi-disant de lutter contre l’EI
et d’arrêter le flux de migrants vers Europe. Le véritable objectif était un « changement de régime ». La
Russie est intervenue en envoyant
sa cavalerie en Syrie.
Les
États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et d’autres pays ont annoncé leur
arrivée dans le ciel syrien pour « combattre le terrorisme » de l’État
islamique. La Russie utilisera le même argument pour justifier sa présence et
ses opérations aériennes depuis Lattaquié. Sa simple présence garantira que
d’autres ne puissent pas utiliser leurs forces pour des objectifs nuisibles.
Les moyens aériens russes fourniront également des renseignements utiles pour
les opérations terrestres syriennes.
L’intervention
russe (et iranienne) a pris l’administration Obama par surprise. Elle n’avait
aucun moyen de l’empêcher. L’administration et les commentateurs américains ont
tenté de cacher cette impuissance en prédisant
que la campagne russe échouerait.
Obama
lui-même a mené la charge:
« En
tentant de soutenir Assad et de pacifier la population, la Russie et l’Iran vont juste se retrouver dans un bourbier et cela ne
marchera pas », a déclaré M. Obama lors d’une conférence de
presse vendredi à la Maison Blanche…
Pour
rappel, et pour en rire, voilà une liste non exhaustive des sottises publiées à
l’époque sur le thème « La Russie va échouer » :
Obama: la stratégie de la Russie en Syrie est « vouée à l’échec
» – Al
Jazeera, 11 septembre 2015
La Syrie pourrait-elle être l’Afghanistan de Poutine ? – Al
Jazeera, le 14 septembre 2015
Pourquoi le plan de l’Iran en Syrie va échouer – Aawsad,
15 septembre 2015
Les États-Unis à Poutine : Bienvenue dans le « bourbier »
de l’EI – The Daily Beast, 29 septembre 2015
Le Secrétaire à la Défense: la Russie « ne peut qu’échouer » en
Syrie – 30 septembre 2015
Un responsable saoudien a déclaré que la Russie ne sauverait
pas la Syrie d’Assad – USA Today, 30 septembre 2015
Pourquoi Poutine va échouer en Syrie – Vox.com,
1er octobre 2015
Obama: la Russie va s’enliser dans un « bourbier » en Syrie
– CNN,
2 octobre 2015
Obama pense que la Russie va échouer en Syrie – NY Times,
2 octobre 2015
Comme Brejnev en Afghanistan, Poutine échouera en Syrie – Palestinian
Chronicle, 5 octobre 2015
Poutine va échouer en Syrie : l’Occident doit prendre du
recul – CityAM, 5 octobre 2015
DOD : la Russie « condamnée à échouer » en Syrie – CNS
news, 6 octobre 2015
Ne chassez pas Poutine de Syrie – Il échouera tout seul – GMF-US,
9 octobre 2015
Des échos d’Afghanistan en Syrie – National
Interest, 9 octobre 2015
L’armée russe en Syrie: un échec annoncé – Ynet
News, 10 octobre 2015
Le « bourbier » russe détruit tout espoir de vaincre l’EI –
The Hill,
16 octobre 2015
Les Russes soutiennent les frappes aériennes en Syrie, malgré
le souvenir du bourbier afghan – Foxnew, 20 octobre 2015
La Russie risque de s’enliser dans un bourbier en Syrie :
secrétaire d’Etat adjoint des Etats-Unis – Reuters, 31 octobre 2015
Le bourbier syrien – Daily Times (Pakistan), 3 novembre
2015
Poutine s’enlise dans un bourbier en Syrie – et les Russes
méritent mieux Chicago Tribune, 11 novembre 2015
L’intervention de la Russie en Russie est-elle condamnée à
l’échec? – RUSI, 20 novembre 2015
L’échec de l’aventure russe en Syrie – Gatestone Institute,
1er décembre 2015
Poutine risque un nouvel Afghanistan, prévient Obama – Politico,
1er décembre 2015
Le bourbier de Poutine en Syrie souligne la perspicacité
d’Obama – Bloomberg, 9 décembre 2015
Poutine s’embourbe en Syrie – 10 décembre 2015
Les mésaventures de Poutine au Moyen-Orient – US. News,
11 décembre 2015
La Syrie est-elle déjà un bourbier pour Poutine? – Outside
de Beltway, 12 décembre 2015
Le risque d ‘échec de Poutine en Syrie – The
Atlantic, 11 janvier 2016
La Russie « ne parviendra pas à sauver » la Syrie
d’Assad : ministre saoudien des Affaires étrangères – Daily
Mail, 14 février 2016
Poutine fait une erreur en Syrie – et la Russie en paiera le
prix – WaPo,
26 septembre 2016
Dernière nouvelle : Tillerson dit que la Russie a
« échoué » en Syrie – Fox, 6 avril 2017
La Russie est dans une impasse
en Syrie – Al Jazeera, 25 juin 2015
Poutine se noie en Syrie – Israel National News, 28 juin 2017
En
octobre 2015, en plein milieu de l’assaut de propagande ci-dessus, les
présidents de la Russie et de la Syrie se sont rencontrés à Moscou. Ce fut une
réunion chaleureuse malgré les efforts gratuits du NY Times pour la
faire apparaître comme « froide ».
Ils ont établi les plans de la campagne militaire pour reprendre le pays. Ils
les ont mis en œuvre avec succès. Le « bourbier » de
la Russie en Syrie s’est avéré être une campagne
très bien pensée.
Les
États-Unis ont fait de leur mieux pour entraver les progrès syriens et russes
dans la guerre. Mais malgré les efforts incessants d’Obama, l’alliance syrienne
a réussi à reprendre le contrôle d’Alep, de Palmyre, de Deir Ezzor et de la
plus grande partie du sud-est. Les frontières vers le Liban et l’Irak sont
ouvertes et sécurisées. La pression russe a fait changer la Turquie de
position. Des cessez-le-feu locaux ont été conclus dans plus de 2 500 villes et
hameaux. L’État islamique est vaincu. L’armée syrienne est de nouveau
entièrement équipée et c’est une force redoutable.
Hier, le
président syrien Bachar al-Assad a de nouveau rencontré le président Poutine.
Assad a dit :
« Je
suis très heureux de vous rencontrer deux ans et
plusieurs semaines après le lancement d’une opération russe très réussie.
Au cours de cette période, nous avons obtenu
de grands succès tant sur le champ de bataille que sur la scène politique.
Beaucoup de régions en Syrie ont été libérées des terroristes, et les Syriens
qui ont dû fuir ces régions peuvent maintenant y retourner. »
Après
plusieurs heures de discussions, Poutine a présenté Assad aux dirigeants
militaires russes. Il a dit :
« Comme vous le savez, nous tiendrons une réunion
trilatérale ici à Sotchi. Cependant, je voudrais dire que les conditions d’un processus politique n’auraient pas pu
être créées sans les forces armées, sans vos efforts et sans les
efforts et l’héroïsme de vos subordonnés. Cet objectif a été atteint grâce aux forces armées russes et à nos amis syriens sur le
champ de bataille. Merci pour cela. »
Depuis 1945, l’armée américaine n’a
gagné aucune guerre, c’est un fait. (Non, la Grenade ne compte
pas.) La Russie vient de montrer en Syrie comment on gagne une guerre. Le
personnel « occidental » ferait bien de
réfléchir à cela.
La
réunion d’hier a lancé la principale campagne diplomatique pour mettre fin à la
guerre. Aujourd’hui, Poutine a eu un entretien téléphonique avec le président
américain Trump, le roi saoudien,
l’émir du Qatar, le président de
l’Égypte et le premier ministre
israélien. Demain, il rencontrera le président iranien Rouhani et le
président Erdogan de Turquie. Il y a parallèlement une réunion des hauts
responsables militaires de l’alliance syro-russe. L’Arabie saoudite est en
train de nettoyer le Comité des hautes
négociations (CHN), un groupe d’opposition qu’il soutient. Riyad
Hijab, le chef intransigeant du CHN, a été
renvoyé. Le groupe se réunit à Riyad le 22 novembre. Le 28 novembre, une
nouvelle série de discussions sous la supervision des Nations Unies se tiendra
à Genève. La Russie envisage d’accueillir un rassemblement d’environ 1300
Syriens représentant l’opposition revue et corrigée le 2 décembre.
Policière russe |
Le courage au combat de la Syrie, la
fiabilité de ses alliés et la compétence militaire russe ont changé la donne. La
rencontre Poutine–Assad à Sotchi jette les bases d’une paix durable.
Il y a
encore quelques défis à relever : al-Qaïda contrôle toujours le gouvernorat
d’Idlib, Israël protège les groupes djihadistes le long du plateau du Golan, 1.700
soldats américains et leurs forces par procuration kurdes essayent de
s’implanter nord-est de la Syrie. Le lobby sioniste fait
pression à Washington pour prolonger la guerre. Il faudra encore une année
ou deux, et encore des combats, pour résoudre ces problèmes. Mais les
conditions nécessaires à la résolution des problèmes restants sont maintenant
clairement réunies. Les efforts diplomatiques de la Russie et de la Syrie
permettront de résoudre de nombreux problèmes sinon la plupart des problèmes
restants.
Les
commentateurs américains ont eu tort de prédire l’échec de la campagne
militaire russe. Ils vont continuer à semer le doute sur les efforts
diplomatiques de la Russie. Ils essaieront d’entraver et de dévaloriser les
progrès de la Syrie dans le rétablissement de sa pleine souveraineté sur ses
terres et ses peuples.
Mais qui
écoute encore leurs conneries ?
Par
Moon of Alabama – Le 21 novembre 2017
Traduction :
Dominique Muselet