mardi 28 novembre 2017

La Russie en Syrie – L’« échec » militaire déclenche une diplomatie intense


Les médias occidentaux avaient prédit que la campagne militaire russe en Syrie se terminerait par un « échec ». Échec ou pas, la campagne est finie. Et maintenant il y a toutes sortes d’efforts diplomatiques en cours pour régler la guerre.

En septembre 2015, l’« Occident » a décidé de déclarer la guerre à la Syrie. Le but était soi-disant de lutter contre l’EI et d’arrêter le flux de migrants vers Europe. Le véritable objectif était un « changement de régime ». La Russie est intervenue en envoyant sa cavalerie en Syrie.
Les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et d’autres pays ont annoncé leur arrivée dans le ciel syrien pour « combattre le terrorisme » de l’État islamique. La Russie utilisera le même argument pour justifier sa présence et ses opérations aériennes depuis Lattaquié. Sa simple présence garantira que d’autres ne puissent pas utiliser leurs forces pour des objectifs nuisibles. Les moyens aériens russes fourniront également des renseignements utiles pour les opérations terrestres syriennes.
L’intervention russe (et iranienne) a pris l’administration Obama par surprise. Elle n’avait aucun moyen de l’empêcher. L’administration et les commentateurs américains ont tenté de cacher cette impuissance en prédisant que la campagne russe échouerait.
Obama lui-même a mené la charge:
« En tentant de soutenir Assad et de pacifier la population, la Russie et l’Iran vont juste se retrouver dans un bourbier et cela ne marchera pas », a déclaré M. Obama lors d’une conférence de presse vendredi à la Maison Blanche…
Pour rappel, et pour en rire, voilà une liste non exhaustive des sottises publiées à l’époque sur le thème « La Russie va échouer » :

La Syrie pourrait-elle être l’Afghanistan de Poutine ?Al Jazeera, le 14 septembre 2015
Pourquoi Poutine va échouer en SyrieVox.com, 1er octobre 2015
Comme Brejnev en Afghanistan, Poutine échouera en SyriePalestinian Chronicle, 5 octobre 2015
Des échos d’Afghanistan en SyrieNational Interest, 9 octobre 2015
L’armée russe en Syrie: un échec annoncéYnet News, 10 octobre 2015
Le bourbier syrienDaily Times (Pakistan), 3 novembre 2015
L’échec de l’aventure russe en Syrie – Gatestone Institute, 1er décembre 2015
Poutine s’embourbe en Syrie – 10 décembre 2015
Les mésaventures de Poutine au Moyen-OrientUS. News, 11 décembre 2015
La Syrie est-elle déjà un bourbier pour Poutine?Outside de Beltway, 12 décembre 2015
Le risque d ‘échec de Poutine en SyrieThe Atlantic, 11 janvier 2016
La Russie est dans une impasse en Syrie Al Jazeera, 25 juin 2015
Poutine se noie en SyrieIsrael National News, 28 juin 2017


En octobre 2015, en plein milieu de l’assaut de propagande ci-dessus, les présidents de la Russie et de la Syrie se sont rencontrés à Moscou. Ce fut une réunion chaleureuse malgré les efforts gratuits du NY Times pour la faire apparaître comme « froide ». Ils ont établi les plans de la campagne militaire pour reprendre le pays. Ils les ont mis en œuvre avec succès. Le « bourbier » de la Russie en Syrie s’est avéré être une campagne très bien pensée.
Les États-Unis ont fait de leur mieux pour entraver les progrès syriens et russes dans la guerre. Mais malgré les efforts incessants d’Obama, l’alliance syrienne a réussi à reprendre le contrôle d’Alep, de Palmyre, de Deir Ezzor et de la plus grande partie du sud-est. Les frontières vers le Liban et l’Irak sont ouvertes et sécurisées. La pression russe a fait changer la Turquie de position. Des cessez-le-feu locaux ont été conclus dans plus de 2 500 villes et hameaux. L’État islamique est vaincu. L’armée syrienne est de nouveau entièrement équipée et c’est une force redoutable.
Hier, le président syrien Bachar al-Assad a de nouveau rencontré le président Poutine. Assad a dit :
« Je suis très heureux de vous rencontrer deux ans et plusieurs semaines après le lancement d’une opération russe très réussie.  Au cours de cette période, nous avons obtenu de grands succès tant sur le champ de bataille que sur la scène politique. Beaucoup de régions en Syrie ont été libérées des terroristes, et les Syriens qui ont dû fuir ces régions peuvent maintenant y retourner. »
Après plusieurs heures de discussions, Poutine a présenté Assad aux dirigeants militaires russes. Il a dit :
« Comme vous le savez, nous tiendrons une réunion trilatérale ici à Sotchi. Cependant, je voudrais dire que les conditions d’un processus politique n’auraient pas pu être créées sans les forces armées, sans vos efforts et sans les efforts et l’héroïsme de vos subordonnés. Cet objectif a été atteint grâce aux forces armées russes et à nos amis syriens sur le champ de bataille. Merci pour cela. »
Depuis 1945, l’armée américaine n’a gagné aucune guerre, c’est un fait. (Non, la Grenade ne compte pas.) La Russie vient de montrer en Syrie comment on gagne une guerre. Le personnel « occidental » ferait bien de réfléchir à cela.
La réunion d’hier a lancé la principale campagne diplomatique pour mettre fin à la guerre. Aujourd’hui, Poutine a eu un entretien téléphonique avec le président américain Trump, le roi saoudien, l’émir du Qatar, le président de l’Égypte et le premier ministre israélien. Demain, il rencontrera le président iranien Rouhani et le président Erdogan de Turquie. Il y a parallèlement une réunion des hauts responsables militaires de l’alliance syro-russe. L’Arabie saoudite est en train de nettoyer le Comité des hautes négociations (CHN), un groupe d’opposition qu’il soutient. Riyad Hijab, le chef intransigeant du CHN, a été renvoyé. Le groupe se réunit à Riyad le 22 novembre. Le 28 novembre, une nouvelle série de discussions sous la supervision des Nations Unies se tiendra à Genève. La Russie envisage d’accueillir un rassemblement d’environ 1300 Syriens représentant l’opposition revue et corrigée le 2 décembre.
Les plus belles policières russes se confient (et se montrent ) à Sputnik
Policière russe
Le courage au combat de la Syrie, la fiabilité de ses alliés et la compétence militaire russe ont changé la donne. La rencontre Poutine–Assad à Sotchi jette les bases d’une paix durable.
Il y a encore quelques défis à relever : al-Qaïda contrôle toujours le gouvernorat d’Idlib, Israël protège les groupes djihadistes le long du plateau du Golan, 1.700 soldats américains et leurs forces par procuration kurdes essayent de s’implanter nord-est de la Syrie. Le lobby sioniste fait pression à Washington pour prolonger la guerre. Il faudra encore une année ou deux, et encore des combats, pour résoudre ces problèmes. Mais les conditions nécessaires à la résolution des problèmes restants sont maintenant clairement réunies. Les efforts diplomatiques de la Russie et de la Syrie permettront de résoudre de nombreux problèmes sinon la plupart des problèmes restants.
Les commentateurs américains ont eu tort de prédire l’échec de la campagne militaire russe. Ils vont continuer à semer le doute sur les efforts diplomatiques de la Russie. Ils essaieront d’entraver et de dévaloriser les progrès de la Syrie dans le rétablissement de sa pleine souveraineté sur ses terres et ses peuples.
Mais qui écoute encore leurs conneries ?
Par Moon of Alabama – Le 21 novembre 2017

Traduction : Dominique Muselet