L’assaut
du lobby juif contre les intellectuels noirs s’intensifie. Il y a deux
semaines, le lobby sioniste a ciblé la militante des droits civiques Angela
Davis pour son soutien au mouvement Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS).
Suite aux pressions du lobby, le Birmingham Civil Rights Institute en Alabama
a annulé son gala annuel au cours duquel Davis devait recevoir un
prestigieux prix des droits de l'homme. Cela a créé une
énorme réaction en retour. Le conseil municipal de Birmingham a adopté à
l'unanimité une résolution "reconnaissant l'œuvre de la vie d'Angela
Davis". Le président, le vice-président et le secrétaire de l'Institut ont
dû démissionner du conseil.
Après ce scandale, les portes de
l'enfer se sont ouvertes et, dimanche, même le sioniste New York Times a publié une chronique
critiquant la politique d'apartheid de l'entité sioniste au Moyen-Orient :
Martin Luther King Jr. a
courageusement parlé de la guerre du Vietnam. Nous devons faire de même en ce
qui concerne cette grave injustice de notre temps.
Écrit par Michelle Alexander,
avocate spécialisée dans les droits civiques, auteure du New Jim Crow et maintenant
chroniqueuse régulière du NYT, l'article renvoie à Martin Luther King.
Il compare l'opposition courageuse de MLK à la guerre du Vietnam à la réticence
actuelle des gens qui sont "progressistes sauf pour la Palestine"
à s'opposer aux politiques de l'État dit juif :
C'était une
position solitaire et morale. Et ça lui a coûté cher. Mais c'est un exemple de
ce qu'on attend de nous si nous voulons honorer nos valeurs les plus profondes
en temps de crise, même si le silence sert mieux nos intérêts personnels ou
ceux des communautés et des causes qui nous sont les plus chères. C'est ce
à quoi je pense quand je passe en revue les excuses et les rationalisations qui
m'ont en grande partie empêché de parler d'un des grands défis moraux de notre temps : la crise en
Israël-Palestine.
Alexander lance un appel à ceux qui
soutiennent les droits civils pour qu'ils dénoncent les politiques sionistes
d'apartheid :
Nous ne devons
pas tolérer le refus d'Israël de discuter du droit des réfugiés palestiniens de
rentrer chez eux, comme le prescrivent les résolutions des Nations Unies, et
nous devons remettre en question les fonds du gouvernement étatsunien qui ont
soutenu de multiples
hostilités et des milliers de victimes civiles à Gaza, ainsi que les 38
milliards de dollars que le gouvernement étatsunien a promis en appui
militaire à Israël.
Enfin, nous
devons, avec autant de courage et de conviction que possible, dénoncer le
système de discrimination juridique qui existe en Israël, un système qui
comprend, selon Adalah, le Centre juridique pour les droits des minorités arabes
en Israël, plus de 50
lois discriminatoires envers les Palestiniens - comme la nouvelle
loi de l'État-nation
qui déclare explicitement que seuls les Juifs israéliens ont le droit à
l'autodétermination en Israël, sans compter les droits des minorités arabes qui
constituent 21 % de la population.
La tribune poursuit en décrivant
comment le mouvement pour les droits des Palestiniens prend de l'ampleur et comment
ceux qui le soutiennent subissent des pressions. L'article bien écrit se
termine par une promesse de donner suite à la question :
Je ne peux pas
dire avec certitude que King applaudirait Birmingham pour sa défense zélée de
la solidarité d'Angela Davis avec le peuple palestinien. Mais moi, si. En cette
nouvelle année, j'ai l'intention de parler avec plus de courage et de
conviction des injustices au-delà de nos frontières, en particulier celles qui
sont financées par notre gouvernement, et d'être solidaire des luttes pour la
démocratie et la liberté. Ma conscience ne me laisse pas le choix.
Le lobby sioniste va sûrement
essayer de faire pression sur le New York Times, qui avance habituellement des positions
pro-sionistes absurdes, pour licencier Michelle Alexander ou du moins
censurer ce qu'elle écrit. Si ni l'un ni l'autre ne se produit, le lobby aura
un gros problème.
La chronique, et le fait qu'elle ait
été publiée par le New York Times, change la fenêtre d'Overton sur la
Palestine. Les positions qui étaient auparavant condamnées ou qualifiées
d'antisémites deviendront désormais discutables.
Mais le vrai problème pour le lobby
sioniste est encore plus grand. Si le mouvement des droits civiques suit Davis
et Alexander et soutient activement les positions pro-palestiniennes, il
influencera la position politique du parti démocrate et la position générale
des États-Unis envers Israël. Les candidats démocrates qui sont
"progressistes sauf pour la Palestine " ou comme Kamala Harris plus
AIPAC que J Street, deviendront inéligibles. Bien sûr, il faudra quelques
années pour que ça fasse effet. Mais c'est un changement radical.
Les réactions
du Lobby révèlent sa peur. L'ambassadeur d'Israël a tenté de se montrer
très critique :
David M.
Friedman @USAmbIsrael - 17:42 utc -
20 jan 2019
Michelle
Alexander a tout faux dans le @NYT d'aujourd'hui. Si le MLK était vivant
aujourd'hui, je pense qu'il serait très fier de l'appui solide qu'il apporte à
l'État d'Israël. Un Arabe au Moyen-Orient qui est gay, une femme, un chrétien,
ou qui recherche l'éducation et à avancer ne peut pas faire mieux que de vivre
en Israël.
Le prédécesseur de Friedman en tant
qu'ambassadeur, aujourd'hui vice-ministre israélien en charge de la diplomatie
publique, a répondu avec une position plus brutale :
Michael Oren
@DrMichaelOren - 18:16 utc -
20 jan 2019
Répondre à
@USAmbIsrael @NYT
L'ambassadeur
Friedman a raison, mais Israël doit prendre des mesures sérieuses pour se
défendre. En assimilant le soutien à Israël au soutien à la guerre du
Vietnam et à l'opposition à MLK, Alexander nous délègitime dangereusement.
C'est une menace stratégique et Israël doit la traiter comme telle.
Oren est en charge des organisations
de lobbying israéliennes révélées dans le film en quatre parties The
Lobby USA :
Afin d'obtenir
un accès sans précédent aux rouages internes du lobby israélien, le journaliste
sous couverture "Tony" s'est fait passer pour un volontaire
pro-israélien à Washington.
Le film qui en
résulte expose les efforts d'Israël et de ses lobbyistes pour espionner, salir
et intimider les citoyens étatsuniens qui soutiennent les droits de l'homme
palestiniens, en particulier le BDS - le mouvement de boycott, de
désinvestissement et de sanctions.
Il montre que
l'agence gouvernementale d'opérations secrètes semi-couvertes d'Israël, le
ministère des Affaires stratégiques, mène cet effort en collusion avec un vaste
réseau d'organisations basées aux États-Unis.
Qu’Oren appelle Alexander une
"menace stratégique" signifie qu'elle doit être détruite. Oren
utilisera toutes ses forces et ses organisations secrètes pour vaincre la
"menace". Les sionistes sortiront sûrement les gros canons contre
elle. Ils saliront, intimideront et harcèleront Alexander. Leur souhait menace
le NYT avec des "conséquences".
Vont-ils gagner ?
Article originel : 'Strategic Threat' To Israel -
Progressives Lose Fear Of Speaking Out On Palestine
Moon of Alabama
VOIR AUSSI :
Hannibal GENSERIC
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