vendredi 29 novembre 2019

USA/RussiaGate: « Les trolls russes » n’ont pas « semé la discorde », ils n’ont influencé personne


Les États-Unis ont affirmé que le gouvernement russe avait tenté d’influencer l’élection de 2016 par le biais de Facebook et de Twitter.

La Russie l’aurait fait par l’intermédiaire de personnes qui travaillaient pour Internet Research Agency (IRA) à Saint-Pétersbourg (ex Leningrad), en Russie. L’IRA aurait exploité des personnalités virtuelles sur des réseaux sociaux américains prétendant avoir certaines opinions politiques. Il aurait également payé pour des publicités censées influencer l’élection. Les services de renseignements américains ont affirmé que la prétendue campagne d’influence russe visait à « semer la discorde » aux États-Unis.

Mais l’IRA n’a rien à voir avec le gouvernement russe. Il n’avait aucun intérêt en politique. Et une nouvelle étude confirme que l’idée que cela « sème la discorde » est un non-sens flagrant.
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Influenceur de l’IRA pris en flagrant délit
L’enquête de Mueller a inculpé treize Russes et trois personnes morales russes pour leur prétendue campagne d’influence. Mais, comme nous l’avons écrit à ce moment-là, il y avait plus que ce que les médias ont rapporté :
L’acte d’accusation publié confirme notre conviction de longue date qu’il n’y a pas eu de campagne "d’influence russe"  lors des élections américaines. Ce qui est décrit et dénoncé en tant que tel est plutôt un système de marketing commercial qui exploite des sites Web hameçonneurs pour générer des revenus publicitaires au click et ameuter des foules en ligne, autour de personnalités virtuelles, afin de promouvoir tout ce que leurs clients marchands souhaitent vendre. La taille de l'opération était minime comparée aux centaines de millions de dollars de dépenses de campagne. Cela n’a eu aucune influence sur le résultat des élections.
L’IRA a embauché des personnes à Leningrad pour un peu d’argent et leur a demandé d’ouvrir des comptes sur les médias sociaux américains. Le personnage virtuel qu’ils ont créé et exploité devait attirer autant de personnes que possible sur ces comptes. Ils l’ont fait en postant des drôles de photos de chiens ou en adoptant des positions politiques fortes. Ils étaient des «influenceurs» qui vendaient les produits de leurs clients aux personnes qu’ils attiraient.
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Le seul but était le même que dans n’importe quel média commercial. Créer du contenu pour attirer l’attention des gogos, puis vendre ceux-ci aux annonceurs.
Comme le dit le point 95 de l’acte d’accusation Mueller :
Les accusés et leurs complices ont également utilisé les comptes [financiers] pour recevoir de l'argent de vrais citoyens américains en échange de la publication de promotions et d'annonces sur les pages de médias sociaux contrôlées par leur ORGANISATION. Les accusés et leurs co-conspirateurs ont généralement fait payer, à certains marchands et sites de médias sociaux américains, entre 25 et 50 dollars par publication pour publier des contenus promotionnels sur leurs faux comptes personnels américains, tels que Being Patriotic, Defend the 2nd et Blacktivist.
Il n’y avait pas de campagne du gouvernement russe pour influencer l’élection de 2016. Seulement une entreprise de médias commerciaux en Russie utilisait des chaussettes-marionnettes avec un contenu original pour attirer les internautes et pour vendre de la publicité à des sociétés américaines.
L’IRA a également acheté de la publicité pour attirer davantage de personnes vers ses comptes. Mais le montant dépensé était minime. Le coût final de l’élection de 2016 était de 6,5 milliards de dollars pour les élections présidentielle, et celles du Congrès, réunies. L’IRA a dépensé un total de 100.000 dollars pour promouvoir ses propres comptes. Mais seuls 45.000 dollars de cette somme ont été dépensés avant les élections. C’était 0,000007% de chaque dollar dépensé pendant cette période pour l’élection. Il est statistiquement impossible que les dépenses d’IRA, essentiellement apolitiques, aient eu un effet sur les élections.
Le fait que l’IRA faisait fonctionner une machine marketing, et non une campagne politique, était également évident lorsque l’on analysait le contenu affiché par ces comptes de marionnettes. La plupart étaient apolitiques. Là où c’était politique, cela couvrait les deux côtés. Certains comptes de l’IRA ont publié du contenu pro-Trump, d’autres anti-Trump. Certains étaient pro-Clinton, d’autres contre elle.
Les services de renseignements américains ont tenté d’expliquer cela en affirmant que les Russes voulaient « semer la discorde ». Il n’y a aucune preuve que ce fut vraiment le cas. C’est simplement une explication qui a été inventée parce qu’ils n’ont pas réussi à en trouver une meilleure.
La vraie réponse à la question de savoir pourquoi différents comptes de l’IRA s’affichaient sur différents côtés du spectre politique est que l’IRA voulait maximiser ses revenus. Il faut couvrir les deux côtés si on veut augmenter le nombre de globes oculaires attirés.
FOX News n’est pas pro-Trump car il veut semer la discorde. CNN n’est pas non plus anti-Trump pour servir cet objectif. Tous deux ont pour objectif d’attirer les téléspectateurs vers leurs annonces publicitaires. Les gens affluent vers la chaîne de télévision qui correspond à l’opinion qu’ils ont déjà formée. Les deux côtés font la promotion de produits similaires.
Les personnages virtuels de l’IRA ont fonctionné de la même manière. Ils ont pris des positions politiques pour attirer des personnes qui avaient déjà une opinion correspondant à la leur. Une personne l’a fait pour la gauche, une autre pour la droite. Aucun n’ a changé les opinions politiques de ses « suiveurs ».
Une étude récemment publiée sur les utilisateurs de Twitter qui ont suivi les comptes marionnettes de l’IRA, et leur contenu le confirme. Elle a constaté que ces comptes n’avaient eu aucune influence sur les opinions de leurs « suiveurs ».
Une étude, réalisée par des chercheurs américains et danois, intitulée « Évaluation de l’impact de l’Agence russe de recherche sur Internet au sujet des attitudes et comportements politiques des utilisateurs américains de Twitter à la fin de 2017″, a révélé :
En utilisant des modèles d’arbre de régression bayésiens, nous n’avons trouvé aucune preuve que l’interaction avec les comptes de l’IRA ait eu un impact significatif sur la mesure des attitudes et comportements politiques sur une période d’un mois. Nous avons également constaté que la connexion avec les comptes IRA était plus fréquente chez les internautes ayant une forte homophilie idéologique au sein de leur réseau Twitter, un intérêt marqué pour la politique et une fréquence élevée d’utilisation de Twitter. Ensemble, ces résultats suggèrent que les trolls russes pourraient avoir échoué à semer la discorde, car ils interagissaient principalement avec ceux qui étaient déjà fortement polarisés.
La plupart des républicains purs et durs regardent FOX New, les démocrates du même acabit regardent CNN. Aucune des chaînes de télévision ne change les opinions fondamentales de ses téléspectateurs. Elle les renforce.
Les « trolls russes » étaient des personnages virtuels créés pour couvrir, au total, un large spectre. Certains personnages jouaient le rôle d’un républicain inflexible, d’autres celui d’un démocrate inconditionnel. Ils ont créé et publié du contenu qui correspond au rôle qu’ils ont joué. Chacun attirait des adeptes avec des opinions similaires à celles que la personne virtuelle prétendait avoir. Aucune opinion n’a changé suite à ces contacts. Aucune discorde n’a été semée.
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L’IRA a ensuite vendu des espaces publicitaires aux marchands pour monétiser tous les internautes que ses personnages virtuels attiraient.
Les services de renseignement américains ont prétendu que l’entreprise commerciale IRA était un organisme politique. Cela les a aidés à répandre l’animosité contre la Russie et à prétendre que Trump était de connivence avec Poutine.
Mais tout cela n’a jamais eu aucun sens.
Par Moon of Alabama – Le 27 novembre 2019

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Hannibal GENSÉRIC
 



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