« La bouse de vache est plus
utile que les dogmes. On peut en faire de l'engrais. »
Mao Tsé-Toung
Mao Tsé-Toung
La Charia islamique est un
système de lois. C’est un ensemble d’interdits, d’admonestations et d’ordres
dont l’objet est le comportement de l’homme. La Charia n’est pas une donnée
interne qui intéresse uniquement l’islam et les musulmans. La Charia inclut
un grand nombre de dispositions concernant les non-musulmans.
Celles-ci sont généralement des interdictions assorties de
pénalités sévères si elles sont violées. Ces dispositions de la Charia rendent
la vie précaire et incertaine pour le non-musulman vivant sous la loi de la
Charia. Sous la loi de la Charia le non-musulman ne possède aucun droit
inaliénable. Un prisonnier de Guantanamo possède plus de droits qu’un
juif ou un chrétien vivant sous la Charia.
A l’inverse des systèmes légaux de la plupart des nations et états modernes, la Charia n’est pas assujettie à l’approbation démocratique.
Au même titre que la loi internationale et la loi
rabbinique, la Charia est une affaire académique : des experts discutent
et débattent de réglementations jusqu’à ce qu’ils parviennent à un accord. La
Charia ne connaît ni parlement, ni gouvernement qui tienne le rôle de
législateur, mais les lois de la Charia existent parce qu’elles sont approuvées
par des experts, c’est-à-dire des chefs religieux islamiques, des
professionnels de l’islam, les Oulemas, les Ayatollahs, ou n’importe quelle autre
appellation pour ces dignitaires.
Les religions ne sont pas démocratiques même si elles peuvent parfois prêcher ou tolérer la démocratie.
De ce fait, la manière dont les règlementations de
la Charia en viennent à exister est antidémocratique. Ceci implique que
permettre à la Charia ou une partie de la Charia d’être la loi dans une nation,
revient à affaiblir le caractère démocratique de la nation. Cela signifie
perdre le pouvoir législatif et le remettre à des individus non élus et
autoproclamés, qui sont inconnus et anonymes, qui opèrent depuis de lointaines
mosquées, en Égypte, au Qatar, en Arabie, au Pakistan ou en Afghanistan. Ce
n’est pas l’organisation idéale pour une démocratie. On peut avoir des
raisons religieuses légitimes de préférer néanmoins cette organisation mais
elle entraîne quelque chose de pire que la taxation sans la représentation ;
elle entraîne la législation sans la représentation.
Les politiciens occidentaux ne prennent pas les
lois de la Charia trop au sérieux, parce que c’est un domaine académique et
religieux, un système de lois qui n’émerge pas de la puissance de l’État mais
de l’esprit de savants religieux.
La Charia n’est pas un système de jurisprudence développé dans les cours de justice.
C’est le produit des délibérations qui ont lieu
entre savants et non pas le résultat des questions pratiques
débattues par les juges, les avocats, les avoués, les procureurs ou les
défenseurs. En conséquence, la Charia
est pauvre dans ses attendus. C’est un modèle théorique, un système abstrait
de lois sorti tout droit des académies. Tout ceci explique la plupart de ses
faiblesses.
Il n’en reste pas moins que la théologie musulmane
prétend que la Charia est d’essence divine. Si des nouvelles questions inédites
surgissent et pour lesquelles la Charia doit fournir une réponse, les
spécialistes de la Charia, du moins en théorie, doivent émettre une solution
qui est fondée sur quatre principes, ou « racines » de la
Charia.
Ces quatre principes reviendront sur la table sans
fin dans toutes les discussions concernant la Charia. Ce sont le Coran,
les Hadiths, les analogies et le consensus.
Le quatrième fondement, agrément ou consensus est
pour ce qui concerne toutes les questions pratiques le critère le plus
important.
Une fois le consensus acquis, il devient
inutile de consulter d’autres sources.
Théorie et théologie, cependant attachent la plus grande valeur à l’autorité du premier des fondements, le Coran, mais en pratique l’énoncé du Coran peut nécessiter un ajout ou être interprété par les autres sources ou par un autre passage du Coran lui-même.
Théorie et théologie, cependant attachent la plus grande valeur à l’autorité du premier des fondements, le Coran, mais en pratique l’énoncé du Coran peut nécessiter un ajout ou être interprété par les autres sources ou par un autre passage du Coran lui-même.
Ici nous sommes en face d’un principe important
provenant à la fois de la loi de la Charia et de l’interprétation du
Coran. C’est le principe d’‘abrogation’ –
‘naskh’ en arabe - qui est souvent mal compris. ‘Abrogation’ signifie qu’un verset du Coran qui fut révélé plus
tôt, peut être rejeté ou ‘abrogé’ par un verset écrit plus tard. Parfois même
un élément de l’une ou l’autre des trois autres sources peut abroger le
contenu d’un verset du Coran. Les savants musulmans analysent tous les cas
possibles en profondeur.
Quels que soient les problèmes rencontrés par les
penseurs de la Charia, dans quelques générations, ceux-ci mettront au point un
agrément; suivant en cela la directive de Mohammed selon laquelle
‘Dieu ne peut permettre que son peuple s’entende sur une erreur’ : ‘
lan tagtami? ummatii ?alaa dalaal’. Cette importante directive joue un
rôle central dans le système de la Charia. Son application donne un nombre
imprévu de conséquences. Abolir une règle de la
Charia pour laquelle un consensus a été acquis, implique que la Oumma de l’Islam
a été dans son tort. Mais selon le prophète de l’islam, cela ne se peut
pas. En conséquence, il est hors de question de revenir sur des règles dès lors
qu’elles sont admises par consensus. Les cas sont nombreux où cette disposition
crée des difficultés et des désordres. On peut en juger par les
punitions de la Charia pour apostasie, adultère ou vol.
Un exemple célèbre d’abrogation est l’interdiction de consommer du vin
Dans ses premiers versets le Coran parle du vin en
bons termes ; plus tard il interdit le vin. Mais comment savoir quels
versets sont venus en premier ? Nous ne pouvons
l’apprendre que de la bouche des experts de la Charia. Comment le
savent-ils ? Et bien, puisque le vin est interdit, le verset qui interdit
le vin doit être postérieur à celui qui en fait l’éloge. Un œil critique
démontrera la circularité du raisonnement, mais aux yeux des musulmans
traditionnels, l’interdiction bénéficie du soutien du Très Haut ce
qui confirme bien qu’ils seraient désorientés sans la science et le
savoir de ces experts qui représentent l’autorité de l’islam.
Les savants modernes occidentaux ont mis en doute les origines de la Charia.
Ils pensent que la Charia est la continuation de la
loi romaine provinciale comme elle était appliquée dans l’empire romain au
Moyen-Orient à la veille des conquêtes arabes. Beaucoup de savants du 20ème siècle
ont écrit à propos de la relation entre la loi romaine et la loi islamique. Il
est facile de voir que le personnage du mufti est la continuation du
savant de la jurisprudence bien connu de la loi romaine et d’autres
exemples abondent.
La forte influence de la loi talmudique rabbinique
sur la Charia est indéniable et ce n’est pas un miracle puisque le Talmud et la
Charia sont apparus l’un et l’autre à peu près à la même époque en Irak entre
le 7ème et le 9ème siècle de notre ère.
Les Fatwa sont bien sûr l’exact équivalent fonctionnel du ‘Teshuvot’
rabbinique et de la ‘Responsa’ de la loi romaine.
Les musulmans croient que leurs spécialistes
religieux ont tiré les règles de la Charia de ces quatre sources : le
Coran, les Hadiths, l’Analogie et le Consensus. Cependant les savants
modernes occidentaux en sont venus à croire que les règles de la Charia ne sont
pas tirées de ces quatre “racines” mais que ces règles et leurs attendus furent rattachées à ces quatre “racines” à postériori.
Il y a cependant, une
faille dans l’armure islamique sur un point qui est considéré comme
parfaitement pieux et islamique. Cela pourrait même être plus efficace.
Le Coran de manière univoque établit qu’il est écrit en langue arabe claire,’ lisaan arabii mubiin’.
“Très bien.”, on peut alors se poser justement la question : « Pourquoi, si cela est vrai, avons-nous besoin des commentaires du Coran qui prennent des milliers de pages? »
Le Coran de manière univoque établit qu’il est écrit en langue arabe claire,’ lisaan arabii mubiin’.
“Très bien.”, on peut alors se poser justement la question : « Pourquoi, si cela est vrai, avons-nous besoin des commentaires du Coran qui prennent des milliers de pages? »
Cette question pose une difficulté, mais nous
devons nous poser une question encore plus embarrassante concernant l’autorité
des anciens pères fondateurs de la Charia : Les quatre géants al-Shaafii, Abu
Haniifa, Malik and Ahmad ibn Hanbal, tous aux alentours de 800 de notre ère;
tous sauf, Malik, géographiquement connecté à l’Irak. : ‘Pourquoi
avons-nous besoin de ces quatre savants de la Charia pour nous
informer des actes que l’islam interdit ou prescrit ?. « Si le Coran est clair, pourquoi avons-nous besoin
de ces lumières? Pourquoi
savaient-ils plus de choses que le prophète Mohammed? Comment avaient-ils
connaissance de ce qui n’est pas dans les versets clairs du Coran? »
Ces questions ne rendent
pas forcément fou de rage le musulman profane moyen, néanmoins elles rendent
fous de rage les savants musulmans de la Charia.
Étant donné que ces hommes jouent le rôle que le
clergé jouait dans le christianisme, ils représentent une force avec laquelle
on doit inévitablement compter. Sans aucun doute ils sont une force
spirituelle, mais certains de leurs jeunes fidèles ne font pas bien la différence
entre l’esprit et le corps et n’hésitent pas à prendre les mesures nécessaires
pour imposer un alignement conforme aux souhaits du clergé.
Les musulmans profanes, en règle générale,
approuvent tout ce que les professionnels de l’islam enseignent et
prêchent. La puissance que cette corporation d’experts en charia islamique
exerce sur son troupeau est étonnante et n’a pas d’équivalent dans
l’histoire.
Elle est fondée sur la pression sociale. Elle opère
de la manière la plus simple qu’on puisse imaginer : le fait de divulguer les
prescriptions de sa religion crée une sorte de prestige parmi les
coreligionnaires. C’est le cas de tous les systèmes religieux. En
conséquence, dans le cas de l’islam, les musulmans vont admirer quiconque agit
d’une manière conforme à l’islam. Qui définit le fonctionnement de cette
conformité ? C’est le clergé islamique qui exerce l’autorité finale
et définit quelle attitude constitue une attitude islamique.
La question que nous devrions nous poser dès qu’on
a recours aux lois de la Charia : “Tous ces scribes et savants
musulmans, tous des êtres humains, que savaient-ils de plus que Mohammed et Ses
compagnons” ?
Les gouvernements hésitent à résister à ces commandos; ceux qui
subissent des attaques habituellement doivent se défendre. Il vaut mieux
répliquer à une attaque de manière indirecte et tâcher d’influencer les
musulmans pour leur faire prendre conscience qu’au cours des siècles un fossé
de plus en plus grand s’est creusé entre ce que sincèrement et parfois
naïvement ils considèrent comme islam et l’accumulation de prescriptions et de
restrictions que le clergé veut faire appliquer. Nous devrions sans
relâche demander au “musulman laïque” ce que les scribes humains des livres de
la Charia savaient de plus que l’archange Gabriel quand il a révélé le Coran à
Mohammed.
Le professeur Dr. Hans Jansenest un érudit
hollandais en arabe
et en études Moyen-Orientales.
et en études Moyen-Orientales.
VOIR AUSSI : la charia est au droit ce que la barbarie est à la civilisation