Les Congolaises ont hurlé, dans les rues
de leur pays, leur ras-le-bol : « Ils ont utilisé trois armes :
le fusil, la corruption, et le viol ». Armes impitoyables dont la voyoucratie internationale
se sert depuis que le monde est monde. Elle nous administre selon les mêmes
procédés de faussaires et de tortionnaires. — (Muepu Muamba - Enfin…
presque… Le mur du mensonge en danger, le 14.07.2004)
Introduction
Le viol autorisé semble être indissociable du pouvoir islamiste. Il est là pour confirmer, si besoin est, le mépris et la haine qu'éprouvent les islamistes envers la gent féminine . Les témoignages suivants nous montrent ce qui risque de se passer en Tunisie, si les Tunisiens laissaient faire. En effet, tout le monde sait qu'aujourd'hui, en Tunisie, on poursuit la victime violée et on absout le violeur.
LUNDI 8 MARS 2010 / Article d'EL WATAN, journal algérien.
Des milliers de jeunes filles victimes de
la barbarie intégriste et de l’omerta
Officiellement, les femmes violées
n’existent pas. L’Etat ne les a pas reconnues comme étant des victimes du
terrorisme. La SARP, qui a eu à prendre en charge quelques-unes de ces femmes,
avoue ne pas disposer de statistiques à ce sujet.
Région de Chlef, année 1997. La violence
terroriste fait rage. La folie meurtrière n’épargne personne, hommes, femmes,
enfants, vieillards. Alors que le pays est mis à feu et à sang par ces
« fanatiques de Dieu », M., jeune bergère de 14 ans, fait paître son
troupeau à quelques pas de son village, ne se doutant pas que sa jeune vie
allait être brisée. Elle est attaquée par un groupe de terroristes qui
pullulent dans cette région. Enlevée et séquestrée des semaines durant dans les
maquis, elle y vivra l’inimaginable. L’innommable. L’enfer. La barbarie sous sa
forme la plus abjecte. Les mots manquent et ne sauraient décrire ou qualifier
l’étendue de l’horreur de ces actes. Immobilisée, la fillette verra passer sur
son frêle corps des dizaines d’hommes par jour, parfois même jusqu’à 50. Tous les jours. Pendant plus d’un mois. Le
viol collectif n’est d’ailleurs pas la seule atrocité que ses agresseurs lui
feront subir. Régulièrement battue jusqu’au sang, elle se verra assener un coup
de hache à la tête, qui ne l’acheva pas, mais lui laissa une cicatrice qui
court de part et d’autre de son crâne. Quand elle est retrouvée par des
militaires, elle est plus morte que vive. Mais son calvaire était loin de
prendre fin, tant les stigmates de cette épreuve sont insurmontables, et tant
la société et l’Etat sont impitoyables à son égard. Voire même indifférents au
calvaire enduré et à ses souffrances. L’histoire de M. n’est évidemment
pas « un cas isolé ».
Comme elle, ce sont des milliers de femmes
et jeunes filles, parfois même mineures et à peine pubères, à avoir été violées
par les terroristes. Parfois enlevées lors de descentes punitives dans les
villages, elles ont été gardées captives durant des mois, des années même dans
les campements. Certaines ont été agressées chez elles, lors d’incursions, sous
le regard de leur père, de leur mère, de leur mari, et parfois même de leurs
enfants, avant d’être tuées dans certains cas. Plus nombreuses qu’il n’est dit…
Combien sont-elles au juste ? Personne ne peut le délimiter avec
précision. Seules des approximations existent. 3000 ; 6000 ;
8000 ? A l’époque, et même aujourd’hui, établir une liste exhaustive de
ces victimes relève de l’impossible. Et les collectifs qui ont tenté de
recouper de telles données se sont heurtés à plusieurs écueils.
La Société algérienne de recherche en
psychologie (SARP), par exemple, qui a eu à prendre en charge quelques-unes de
ces femmes, avoue ne pas disposer de statistiques à ce sujet. « Nous avons
entendu des chiffres, donnés par différents intervenants. Mais, personne, même
nous et les autres associations qui avions eu à prendre en charge ce dossier ne
pouvons prétendre les avoir toutes répertoriés. L’on a beau chercher, au niveau
du ministère de l’Intérieur entre autres, mais des chiffres n’existent pas. Et
pour cause, personne ne connaît réellement l’étendue des dégâts », affirme
Mme Cherifa Bouatta, psychologue, vice-présidente de la SARP.
Tout le monde s’accorde toutefois à dire
que la réalité dépasse ce qu’il est avancé. « Rares sont celles qui s’en
sont sorties vivantes. Et encore plus rares celles qui, rescapées, en ont parlé
et ont été "identifiées " comme telles »", assure
Mme Cherrifa Kheddar, présidente de l’association Djazairouna des familles
victimes du terrorisme et de défense des droits des femmes. « Ce sont des
familles entières qui ont été décimées dans les zones isolées. Dès lors,
impossible de dresser des bilans. De même, elles sont des centaines à avoir
disparu sans laisser de traces, et nul ne sait ce qu’il est advenu
d’elles », explique, quant à elle, Mme Hanifa Benghanem, directrice
du Centre national algérien des femmes victimes de violence et en situation de
détresse (CNAFVVSD), sis à Bou Ismaïl. « Par exemple, continue-t-elle, il
y a quelques temps, une dame d’un certain âge est venue me trouver. Elle était
en possession de photos de deux jeunes filles, ses filles. Elles avaient été
enlevées par les terroristes, et les autorités lui avaient assuré qu’elles
avaient été recueillies dans un centre. Hélas, cette mère a eu beau frapper à
toutes les portes, et ce, des années durant, nulle trace de ses filles. »
Cette histoire traduit bien le flou qui
entoure cette période sanglante. Mais elle révèle aussi et surtout, un Etat qui
n’a pas su, pu, ou voulu, s’occuper de ces victimes. Et encore moins les
prendre en charge et les reconnaître.
Violées mais pas victimes
Car, officiellement, ces femmes n’existent
pas. L’Etat ne les a pas reconnues comme étant des victimes du terrorisme. Et
il ne les reconnaît toujours pas. On a refusé de leur accorder un statut, et
par là-même, une indemnisation. Une femme enlevée, violée, battue par des
terroristes, n’est pas considérée en Algérie comme une victime de guerre.
« Certaines ont même dû monter un dossier les présentant comme des blessés
pour se voir attribuer une rente », raconte Mme Kheddar, forte des
connexions que lui confère son poste dans l’administration wilayale.
« Mais ce n’est pas chose aisée, tant les PV, attestations médicales et
autres documents à fournir qu’il faut trafiquer sont nombreux », tempère
toutefois Mme Bouatta. Réchappées de l’enfer, elles se sont pour la
plupart retrouvées seules, dans le désarroi le plus total, sans aucune aide ni
ressource. Et les arguments avancés par les dirigeants de l’époque pour
justifier ce déni sont révélateurs du cauchemar qu’ont endurées ces femmes, et
du regard porté sur elles. « Des associations et des organismes avaient
demandé à l’Etat une reconnaissance de ces filles », raconte
Mme Bouatta, « l’on nous a répondu par la négative, car leur donner
un statut de ’’femmes violées par les terroristes’’ aurait été les
stigmatiser ».
Leur apposer sur le front une étiquette,
les marquer à l’encre indélébile. Leur rappeler indéfiniment leur agression. Un
viol n’est-il pas d’ores et déjà une cicatrice que l’on garde toute une
vie ? « Ce n’est pas émotionnellement ou psychologiquement qu’on
voulait les préserver. L’on considérait en haut lieu qu’une quelconque
reconnaissance officielle ferait d’elles des femmes non mariables, parce que
tout le monde les sauraient femmes violées. Elles étaient donc indésirables et
personne ne voulait d’elles comme épouses potentielles », explique la psychologue.
Car, mêmes victimes, elles étaient souillées, et portaient la honte, la
culpabilité. De même, il a été rapporté qu’un ministre avait légitimé ce refus
en affirmant que « si on les indemnisait, tous les mois lorsqu’elles
recevraient leur pension, on leur rappellerait l’acte de viol et que, quelque
part, cela équivaudrait à de la prostitution… » Déni de mémoire
L’on comprend dès lors pourquoi la seule
préoccupation de ces femmes a été de disparaître, de se faire oublier, et
qu’elles ne sont qu’une minorité à s’être manifestées. Face à cet état de fait,
à ce mépris déguisé en compassion, les associations de femmes, la SARP et
d’autres organismes militant pour leurs droits avaient demandé, et recommandé,
de les répertorier en tant que « victimes de terrorisme », sans pour
autant mentionner la nature des sévices subis. Requêtes à laquelle aucune suite
n’a évidemment été donnée. Mais ce n’est pas parce que l’on ne vous regarde pas
que vous cessez d’exister. « Elles voulaient tout simplement être reconnues,
admises. Politiquement et donc socialement et familialement »., analyse
Mme. Bouatta. Car cette absence de considération est une tentative de les
effacer, de les occulter de l’histoire du pays. De se débarrasser d’un fardeau
embarrassant. « Cela a un nom, c’est un déni de mémoire »,
déplore-t-elle.
Elles ont survécu à l’horreur
Echapper à ses violeurs, et après ?
Quelque temps après avoir été retrouvées, certaines femmes, l’on s’en souvient
tous, avaient trouvé la force, et le courage, de témoigner. A visage découvert,
elles avaient raconté leurs histoires, à la presse, aux autorités, et à des
spécialistes, psychologues et psychiatres, pour certaines. Et aujourd’hui,
après plus de dix ans, que sont-elles devenues ? Retrouver leurs traces,
ou du moins les victimes « reconnues » , n’est pas chose aisée. Elles
ont simplement toutes « disparu ». Même celles qui avaient été
recueillies dans des foyers, ou des centres « spécialisés », ou qui
étaient en contact avec des associations et des psychologues. Certes, les personnes
qui avaient pansé les meurtrissures de ces femmes reçoivent sporadiquement des
nouvelles de quelques unes d’entre elles, qui ont accepté de garder le contact.
Mais elles sont rares, et refusent catégoriquement, des années plus tard, de
témoigner ou d’entrer en contact avec des journalistes.
Même si l’histoire de toutes ces femmes
est individuellement révoltante, chacune des intervenantes garde en mémoire le
parcours d’une fille. Un cas qui les a émues plus que les autres, et dont la
souffrance et l’angoisse n’a jamais pu quitter leur pensée.
De la prostitution à la sérénité
L’association Djazaïrouna, qui active dans
la région de Blida, a eu à en prendre en charge près d’une vingtaine, pour la
plupart des filles natives de la ville ou de l’un des villages alentours.
« Si elles s’étaient dirigées vers nous, ce n’était pas du fait des
autorités ou des éléments qui les avaient retrouvées. Dans la plupart des cas,
c’était un proche parent, qui ne sachant pas quelle attitude adopter face à
elles, nous les confiaient », raconte la présidente. « Nous avons par
exemple eu le cas d’une jeune fille, L., qui était accompagnée de son frère
aîné », se souvient-elle. A l’âge de 17 ans, elle assiste au massacre de
sa famille lors d’une attaque contre son village. Volontairement ou non, les
assaillants l’épargnent, et quittent les lieux, la laissant pour morte après
lui avoir fait subir les pires sévices.
C’est donc son frère, seule famille qui
lui reste, qui l’accueille. « Elle allait tellement mal qu’elle a versé
dans la prostitution. Son frère, n’y tenant plus, l’a donc amenée au siège de
l’association. Mais ce dont elle avait réellement besoin était d’être éloignée
le plus possible du milieu dans lequel elle baignait, les lieux où elle avait
vécue cette tragédie, car cela ravivait le traumatisme. Hélas, nous n’avions
pas de foyer d’accueil, et c’est une structure dans la capitale qui s’est
chargée d’elle », narre-t-elle, poursuivant « seulement, elle n’a pas
supporté le régime très strict de l’établissement. Elle s’en est donc échappée,
a repris ses "activités", et a complètement coupé les ponts avec
nous », s’attriste Mme Kheddar. Jusqu’au jour où, quelques années
plus tard, cette dernière reçoit un appel d’elle, ou plutôt de « la
nouvelle elle ». « Elle s’est mariée, avec un monsieur beaucoup plus
âgé qu’elle. Elle a eu trois enfants. Elle a pu refaire sa vie. Je l’ai revue
depuis. Elle s’est assagie. Elle semblait paisible, sereine », se
réjouit-elle.
Et dans le lot de ces filles dont la vie a
été brisée par ces viols, elles sont malgré tout quelques unes , quelques
années après ces épreuves,à avoir pu « passer à autre chose »,
refaire leur vie et fonder un foyer. Ainsi, M., la jeune bergère de 14 ans
citée précédemment, a, elle aussi, trouvé la force de surmonter l’atrocité des
actes subis. « Elle était la dernière de la dizaine de filles violées par
les terroristes qui avaient trouvé refuge dans notre centre de Bousmaîl, dont
trois mineures. Elle s’est récemment mariée, et je crois même qu’elle attend un
enfant », annonce, satisfaite, Mme Hanifa Benghanem, directrice du
Centre national algérien des femmes victimes de violence et en situation de
détresse (CNAFVVSD).
Les sentiers abrupts de la rémission
Mais le chemin de la rémission n’a pas été
des plus aisés. Il fut long, douloureux et escarpé. « Lorsque nous l’avons
reçue, c’était encore une fillette, dans un état indescriptible. Elle avait le
visage tuméfié, des plaies sur tout son corps décharné, sans parler de son
appareil génital, qui présentait de nombreuses déchirures. Son crâne, rasé,
laissait voir une cicatrice qui allait jusqu’au front », dit-elle, en
fermant les yeux, ajoutant, « c’était insupportable que d’assister à
cela…j’en ai été malade… ». Et la prise de contact n’a pas été des plus
faciles. « Une fois un tant soit peu rétablie physiquement, il lui fallait
se refaire une santé mentale. Elle était emmurée dans un silence qui a duré
plus de six mois. Elle rasait les murs, le regard tantôt vide, tantôt apeuré.
Chaque nuit, elle faisait des cauchemars à n’en plus finir, où elle revivait
les mêmes scènes d’enfer. Et chaque nuit, nous devions lui administrer des
injections médicamenteuses pour qu’elle se calme et qu’elle puisse se reposer.
De même, dès qu’il faisait noir ou obscur,
à cause de coupures de courant, elle piquait des crises d’hystérie. Elle
pleurait, criait, était atteinte de "folie furieuse" », se
remémore douloureusement Mme Benghanem. Comment s’en est-elle
sortie ? Comment a-t-elle pu réussir à prendre le dessus sur son traumatisme ?
« Ce qui l’a sauvé, c’est l’école » affirme la directrice.
« Elle s’est jetée à corps perdu dans les études, et sa transformation a
été impressionnante. Elle s’ouvrait aux autres pensionnaires et à nous autres,
personnel, elle pouvait sortir », dit-elle, analysant « son attention
était tout simplement reportée sur quelque chose d’autre. Ça lui a donné une
bouffée d’oxygène dans l’asphyxie dans laquelle l’avaient confinée ces viols et
leurs séquelles. Elle entrevoyait de l’espoir, de nouvelles perspectives
enthousiasmantes. Elle aspirait à devenir policière.
Non pas pour se venger, mais pour venir en
aide aux personnes en détresse. Ensuite, elle tenta de devenir infirmière et
pompière. Elle y échoua de peu », concluant, « des années plus tard,
elle a réintégré, plus ou moins difficilement, la cellule familiale, à Chlef,
et elle a fini par se marier là-bas ».
Toutefois, et malheureusement, ces femmes
violées n’ont pas toutes connues ce « happy ending ». Certaines ont
tout bonnement disparu, en déménageant à l’autre bout du pays, surtout
lorsqu’elles attendaient un enfant. Les femmes mariées, parfois mères de
famille violées sous les yeux de leurs enfants, ont été répudiées, privées de
leurs enfants, et se sont retrouvées toutes seules et sans aucune ressource.
Plus tragiquement, certaines ont trouvé la mort, comme le raconte
Mme Bouatta, de la SARP. « Nous avions reçu dans notre centre d’aide
psychologique une jeune fille, S., violée par des terroristes. Elle était
extrêmement mal en point. Elle présentait des passages à l’acte, des tentatives
de suicide. Quand elle venait au centre, parfois elle était prise de violentes
crises d’hystérie, elle allait jusqu’à devenir agressive et à casser des
objets. Elle y venait d’ailleurs très souvent et, c’était la seule, à le faire
de son propre chef », se souvient la psychologue.
Malgré les nombreuses visites effectuées
par cette jeune femme, elle ne parlait jamais de ce qui la rongeait.
« Elle n’a parlé de son viol qu’une seule et unique fois. Malgré cela,
nous avons tenté de la soutenir, de l’aider, d’autant plus qu’elle n’avait pas
de famille ou de proches pour la porter », s’attriste Mme Bouatta,
ajoutant, le visage sombre, « mais cela n’a pas été suffisant. Elle ne
supportait pas du tout son état, elle était complètement démobilisée, et ce à
tous les niveaux. Elle avait de très grandes difficultés à vivre avec ce qui
lui était arrivé ». Devant l’état de détresse extrême de la patiente, nul
autre choix que de l’orienter vers un centre psychiatrique, car « il
fallait impérativement des médicaments afin de l’aider à inhiber un tant soit
peu le traumatisme ». Par la suite, elle s’est enfuie de l’établissement
dans lequel elle se trouvait, et la SARP n’eut plus de ses nouvelles. « Un
jour, l’on nous a appris son décès…l’on a affirmé qu’elle a succombé à une
maladie. Pourtant, nous autres, et même si nous n’avons aucune preuve formelle,
avons la certitude qu’elle s’est suicidée », dit-elle, avant d’ajouter,
pensive », " elle était tout simplement dans l’impossibilité de
continuer à vivre ».
Par Ghania Lassal, pour El Watan
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