Afghanistan, Pakistan, Gaza, Mali, Syrie, Yémen,... Les
avions pilotés à distance, toujours plus nombreux, deviennent le fer de lance
de la « guerre antiterroriste ». Une arme nouvelle qui pose une série
de questions stratégiques, politiques, éthiques.
Les habitants de Gaza les appellent "zanana",
les Pachtouns du Waziristan, au Pakistan, des "bhungana"
(littéralement le "bourdonnement des abeilles",)... Ce bruit agaçant
est celui des drones, drôles d'engins gris aux formes étranges et menaçantes
qui sillonnent leur ciel depuis plusieurs années. Pour observer et écouter, la
plupart du temps, et pour tuer, de plus en plus souvent...
Leur présence
permanente prend des allures d'occupation militaire, car, au sol, les drones
influencent tout, de la qualité de la réception satellitaire d'un match de foot
à la télévision à la manière de s'habiller lorsque les habitants sortent faire
leurs courses ou se rendent à un mariage, afin de ne pas être pris pour cible.
Rien n'est plus stressant, car les drones sont souvent audibles, dans le ciel,
mais ils sont trop petits, ou trop hauts, pour être vus. Au même moment,
parfois à des milliers de kilomètres de là, un officier de l'armée américaine,
britannique ou israélienne observe, confortablement assis dans une obscure
salle de commandement. Il décidera de vous tuer quand il le voudra :
vous n’aurez aucune parade.
Ces avions robots téléguidés, surveillant des étendues
immenses pendant des heures, sont le nouveau visage du terrorisme étatique
impérialiste-sioniste, appelé « lutte antiterroriste », alors que,
très souvent, les drones viennent appuyer les attaques terroristes, comme en
Libye et en Syrie.
C’est quoi, un drone ?
Un drone (« faux bourdon » en anglais) est un
aéronef télécommandé qui emporte une charge utile, destinée à des missions de
surveillance, de renseignement, de combat ou de transport. La taille et la
masse (de quelques grammes à plusieurs tonnes) sont fonction des capacités
opérationnelles recherchées. Le pilotage automatique ou à partir du sol permet
d'envisager des vols de très longue durée, de l'ordre de plusieurs dizaines
d'heures, à comparer aux deux heures typiques d'autonomie d'un chasseur. Moins
chers et plus simples à mettre en œuvre qu'un avion, ils sont plus discrets et
leur perte est moins grave que celle d'un avion et de son pilote. Grâce à leur
faible coût de fabrication et d'utilisation, ils représentent une alternative
intéressante pour les pays au budget limité, pour les terroristes, et pour les
contrebandiers et autres trafiquants de stupéfiants. Un drone est souvent
utilisé à la manière d'un ordinateur. Il faut y ajouter une connexion Internet
ou un logiciel, afin de l'adapter à ses besoins. Cette technologie récente
n'est pas toujours synonyme de frappes mortelles. Sur 51 pays possédant des
drones, seuls 3 disposent de drones armés: les États-Unis, le Royaume-Uni et
Israël.
Sur le plan militaire, le drone a raccourci la boucle de
décision entre la détection de la cible et la frappe. Tandis que les appareils
classiques ne font que passer, et ne sont guère discrets, le drone armé maraude
très longtemps au-dessus du champ de bataille, le tir est déclenché en temps
réel ou presque. Les prochains drones
promettront d’être encore plus performants en terme d’autonomie de vol et de
commandes. Ils seront capables d’effectuer des vols supersoniques
intercontinentaux et d’échapper à tout radar, capables d’engager « eux-mêmes »
le combat et peuvent choisir leurs propres cibles, tout en ayant la capacité de
« se » défendre seuls en cas d’attaques. Certaines machines commencent à être
dotées d’un système automatique de reconnaissance au laser leur permettant de «
choisir » leurs cibles et de faire feu, sans qu’un humain soit directement
impliqué.
Face à cette montée de l’utilisation des « killer
robots » dans le domaine militaire, un débat oppose les deux camps.
Les arguments des partisans de leur
utilisation invoquent notamment que ces machines peuvent
réduire les décès, sont plus promptes à réagir en cas d’extrême urgence. De
même, n’ayant aucune émotion, elles n’ont peur de rien, ne sont pas assujetties
à la colère et surtout, ne peuvent violer quiconque. Les atrocités commises en
cas de conflits armés peuvent donc être évitées grâce à leur recours. De plus,
il est possible que la machine, sans être soumise à une quelconque forme de
nervosité, puisse s’approcher de cibles potentielles en tâchant de déterminer
s’il s’agit d’un civil ou d’un combattant ennemi. Un humain dans les mêmes
circonstances pourrait bien faire feu en ne voulant pas prendre de risques.
Même si elle ne constitue pas une panacée, la contribution des drones aux
capacités d’information, de surveillance et de renseignement a permis
d’améliorer l’examen de la cible, ce qui a pu conduire à annuler des frappes,
jugées importantes par les autorités militaires et politiques. Par ailleurs,
les drones mettent fin au débat séculaire en philosophie politique entre souveraineté protectrice et souveraineté
guerrière. L’État moderne est le résultat d’un contrat
entre les citoyens qui lui délèguent le monopole de la violence légitime afin
de leur assurer leur sécurité. Autrement dit, l’État doit rendre effectif le
droit à la vie de ses citoyens, désormais incontournable dans les conventions
portant sur la protection des droits de l’Homme. Cependant, ce droit rentrait
en contradiction avec la nécessité existentielle de l’État d’envoyer ses citoyens
au combat, donc à la mort, en cas de guerre. Ce paradoxe atteindrait son
paroxysme dans les États démocratiques modernes supposés attachés une haute
valeur à la vie. Les drones permettent de résoudre ce qui apparaissait
jusqu’alors comme une aporie: concilier la restriction libérale-sécuritaire des
finalités de la souveraineté étatique avec le maintien de ses prérogatives
guerrières.
Pire (ou mieux, selon le point de vue), en abaissant à la
fois les coûts politiques (en évitant les pertes humaines nationales),
économiques (le drone est moins cher qu’un bombardier ou un avion de chasse),
les drones altèrent le seuil de la prise de décision guerrière. Nul besoin de
demander l’autorisation du Parlement à l’instar de la participation américaine
à l’intervention en Libye ou en Syrie.
Les partisans du drone comme arme privilégiée de
“l’antiterrorisme” promettent certes une guerre sans perte ni défaite. Mais,
ils omettent de préciser que ce sera aussi une guerre sans victoire, car pour
se déclarer vainqueur, il faut conquérir le cœur des populations supposées souffrir
des terroristes. Avec les drones, ce n’est jamais le cas : le drone terrorise
plus la population civile que les terroristes. Utilisé en milieu urbain, là où il
est censé être le plus efficace car le plus « chirurgical », il provoque
des dégâts collatéraux immenses et souvent irréparables : le drone fait basculer
la population bombardée du côté des terroristes.
Inversement, les
opposants à l’utilisation des drones remarquent qu'un des problèmes
majeurs relèverait de l'interprétation de cibles potentielles. Un enfant
pointant un bout de bois vers le robot pourrait être pris comme cible, de même
qu'un combattant ennemi qui dépose son arme en signe de soumission. Ils mentionnent
aussi le risque que cette technologie tombe entre de mauvaises mains : terroristes,
trafiquants de drogue, etc. En dépit des bouleversements militaires et
politiques qu’il catalyse, le drone est loin d’être la perfection technique que
ses promoteurs présentent. Il ne permet pas de voir avec une précision
suffisante les formes qu’il vise pour éviter de tuer des femmes ou des enfants
désarmés, comme plusieurs bavures l’ont déjà montré. Le drone Predator, par
exemple, possède une kill zone de 15 mètres, ce qui signifie que tous
ceux qui se trouvent dans un rayon de 15 mètres autour du point d’impact, même
s’ils ne sont pas la cible désignée, mourront avec elle. En comparaison, le
rayon létal d’une grenade est de 3 mètres.
En outre, les frappes de personnes inscrites sur
une « kill list » sont des « frappes de
signatures ». « Signatures » doit être pris ici au sens de
traces, d’indices ou de caractéristiques définitionnelles. Ce sont des
individus dont l’identité demeure inconnue, mais dont le comportement laisse
supposer, signale ou signe une appartenance à une “organisation terroriste”. Tout
le problème réside dans cette capacité revendiquée de convertir adéquatement
une image construite par compilation d’indices probables en statut de cible
légitime. Une frappe américaine décima ainsi, le 17 mars 2011, au
Pakistan, un groupe d’hommes dont le regroupement « correspondait à
la matrice prédéfinie pour un soupçon de comportement terroriste », alors
qu’il s’agissait d’une assemblée traditionnelle, une jirga, convoquée pour
résoudre un différend dans la communauté locale.
Acte de guerre ou exécution extrajudiciaire?
Le drone devient donc l’emblème de la « chasse à l’homme
préventive », Celle-ci consiste à surveiller de façon permanente la cible
visée. Les capteurs du drone permettent de saisir en temps réel, 24 heures sur
24, la vie de l’individu traqué. L’ensemble des données recueillies permettront
de dresser des "schémas de mode de vie" participant à l’identification
de la personne comme terroriste. Ce travail de recherche précède l’usage de la
force létale. Cette forme de violence
débouche, à mi-chemin entre guerre et police, sur des campagnes
d’exécutions extrajudiciaires menées à l’échelle globale, une sorte de
terrorisme high-tech.
À l’heure où le drone est devenu l’un des emblèmes de la
présidence Obama, « l’instrument de sa doctrine antiterroriste
officieuse », consistant à « tuer plutôt que
capturer », en prétendant remplacer la « torture et Guantanamo » par « l’assassinat
ciblé par le drone », cette arme prolonge et radicalise les
procédés déjà existants de guerre à distance.
Cette mutation des lois de la guerre par le choix des
armes transforme le monde entier en terrain de chasse, parce que les impératifs
de la traque permettent une globalisation du rayon de la violence armée. Personne n'est à l'abri : avec votre téléphone, votre ordinateur, vos comptes bancaires, Facebook ou Twitter, vos mails, vos recherches Google, votre voiture, vos amis, vos lieux de travail ou de résidence, etc. Tout ce qui vous concerne est enregistré, trié, organisé, "googlisé". Vous êtes suivis à la trace, traqués en temps réel. Même déguisé, on vous reconnaîtra. Pour le citoyen lambda, ceci ne semble guère important. Pour un homme politique ou un terroriste, ceci est une souricière implacable : le jour où il déplaira au Grand Chef, le Super Calife des "infidèles juifs ou chrétiens", il sera fait comme un rat.
Cette chasse à l’homme dronisée représente le triomphe de l’antiterrorisme sur la contre-insurrection. Dans cette logique, le décompte des morts, la liste des trophées de chasse se substitue à l’évaluation stratégique des effets politiques de la violence armée. Les succès se font statistiques. Leur évaluation se déconnecte de leurs effets réels sur le terrain.
Cette chasse à l’homme dronisée représente le triomphe de l’antiterrorisme sur la contre-insurrection. Dans cette logique, le décompte des morts, la liste des trophées de chasse se substitue à l’évaluation stratégique des effets politiques de la violence armée. Les succès se font statistiques. Leur évaluation se déconnecte de leurs effets réels sur le terrain.
Le bilan
des centaines d'attaques de drones contre des membres présumés d'al-Qaida
au Pakistan, au Yémen et dans d'autres pays est un secret d'Etat bien gardé, le
gouvernement américain refusant d'évoquer publiquement les détails de ce
programme. Mais le
sénateur républicain Lindsey Graham, ardent défenseur de ce type d'actions
militaires, a publiquement -et peut-être involontairement - donné un chiffre :
"Nous en avons tué 4.700", a-t-il dit, "Parfois on frappe des
personnes innocentes, ce que je déteste, mais nous sommes en guerre, et nous
avons tué plusieurs hauts responsables d'al-Qaida", a-t-il ajouté.
Conclusion
Ce
qui se dessine, c’est un pouvoir invasif se fondant moins sur une notion de
droit de conquête que de droit de poursuite. Ceci nous rappelle « la Common Law » anglaise :
elle autorisait autrefois, dans les campagnes, à « mener la chasse
aux bêtes de proie nuisible, tels les renards et les putois, jusque sur la
propriété d’autrui ; parce que détruire de telles créatures était réputé
d’intérêt public ». C’est ce genre de droit que voudraient
aujourd’hui s’arroger les États-Unis et Israël, pour des proies humaines, à
l’échelle du monde.
Au fil du temps, on assiste à des assassinats ciblés, de type maffieux, c'est-à-dire n’obéissant à aucune loi de la guerre, aucune règle : la liquidation ne dépend que de la décision d’un chef. En épousant cette nouvelle pratique de la guerre, la Maison-Blanche comme les militaires israéliens disent répondre aux conflits "asymétriques" d'aujourd'hui. Face aux insurgés et aux kamikazes, prêts à mourir pour défendre leur cause, les armées régulières de ces pays déploient des avions pilotés à distance, et mettent à l'abri leurs soldats. A l'insécurité permanente créée par les kamikazes répond la présence de drones, en mesure de renseigner et de frapper à tout moment. Jusqu’à récemment, la guerre a toujours été massive et collective. Résultat: la frontière s'estompe entre l'acte de guerre et l'exécution extrajudiciaire.
Au fil du temps, on assiste à des assassinats ciblés, de type maffieux, c'est-à-dire n’obéissant à aucune loi de la guerre, aucune règle : la liquidation ne dépend que de la décision d’un chef. En épousant cette nouvelle pratique de la guerre, la Maison-Blanche comme les militaires israéliens disent répondre aux conflits "asymétriques" d'aujourd'hui. Face aux insurgés et aux kamikazes, prêts à mourir pour défendre leur cause, les armées régulières de ces pays déploient des avions pilotés à distance, et mettent à l'abri leurs soldats. A l'insécurité permanente créée par les kamikazes répond la présence de drones, en mesure de renseigner et de frapper à tout moment. Jusqu’à récemment, la guerre a toujours été massive et collective. Résultat: la frontière s'estompe entre l'acte de guerre et l'exécution extrajudiciaire.
Cela n’empêche pourtant pas ses partisans de la proclamer
être l’arme la plus éthique que l’humanité ait jamais connue. Opérer cette
conversion morale, cette transmutation des valeurs est la tâche à laquelle
s’attellent aujourd’hui des philosophes américains et israéliens qui œuvrent
dans le petit champ de l’éthique militarisée. Leur travail discursif est
essentiel pour assurer l’acceptabilité sociale et politique de cette arme.
Ainsi, la guerre dégénère en chasse, voire en sport ou en
jeu, comme le montre l’écusson du drone « MQ 9 Reaper » qui
figure la faucheuse, rictus inquiétant et perles de sang sur sa lame,
surmontant sa devise : « que les autres meurent. »
C’est ce qui sépare un combat d’une mise à mort, et expliquerait aussi la
différence entre un toréador et un boucher.
Le drone met en cause le principe même de citoyenneté. En faisant le choix du drone, dont certains projets envisagent déjà le déploiement pour surveiller les frontières, voire les populations, certains États (USA, Israël, GB) prônent un outil qui porte en lui une pure violence, alors que le pouvoir d’État, même dans les régimes les plus autoritaires, doit être, malgré tout, pouvoir et non pure violence, si l’on suit la pensée d’Hannah Arendt qui écrivait, longtemps avant l'existence des drones : « seule la constitution d’une armée de robots qui éliminerait complètement (…) le facteur humain et permettrait à un homme de détruire quiconque en pressant simplement sur un bouton pourrait permettre de modifier cette prééminence fondamentale du pouvoir sur la violence ».
Le drone met en cause le principe même de citoyenneté. En faisant le choix du drone, dont certains projets envisagent déjà le déploiement pour surveiller les frontières, voire les populations, certains États (USA, Israël, GB) prônent un outil qui porte en lui une pure violence, alors que le pouvoir d’État, même dans les régimes les plus autoritaires, doit être, malgré tout, pouvoir et non pure violence, si l’on suit la pensée d’Hannah Arendt qui écrivait, longtemps avant l'existence des drones : « seule la constitution d’une armée de robots qui éliminerait complètement (…) le facteur humain et permettrait à un homme de détruire quiconque en pressant simplement sur un bouton pourrait permettre de modifier cette prééminence fondamentale du pouvoir sur la violence ».
Mais qu’arrive-t-il si on n’envoie que des robots pour guerroyer ?
Barak Husseïn Obama, ce Dajjâl (Imposteur), cet Antéchrist, cet ennemi de l'Islam de son père, ce prix Nobel de la paix (??), a répondu : Rien. Il peut tuer autant qu'il veut, où il veut, quand cela lui chante, sans en référer à quiconque. Il est le seul à approuver, oralement, la « kill list ». Idem pour les chefs du gouvernement israélien ou britannique. Ces chefs d'états voyous se sont transformés, subrepticement, en chefs terroristes, en semeurs de morts, sans foi ni loi, alors que, du haut de leur tribune, ils taxent d'autres Etats de terroristes, comme la Palestine, la Syrie, l'Iran ou la Corée du Nord, et naguère, l'Irak et la Libye.
Seule la haute technologie les distingue d’un Ben Laden ou d’un Hassen Es-Sabbah. Ils finiront, comme eux, dans les poubelles de l’histoire.
Barak Husseïn Obama, ce Dajjâl (Imposteur), cet Antéchrist, cet ennemi de l'Islam de son père, ce prix Nobel de la paix (??), a répondu : Rien. Il peut tuer autant qu'il veut, où il veut, quand cela lui chante, sans en référer à quiconque. Il est le seul à approuver, oralement, la « kill list ». Idem pour les chefs du gouvernement israélien ou britannique. Ces chefs d'états voyous se sont transformés, subrepticement, en chefs terroristes, en semeurs de morts, sans foi ni loi, alors que, du haut de leur tribune, ils taxent d'autres Etats de terroristes, comme la Palestine, la Syrie, l'Iran ou la Corée du Nord, et naguère, l'Irak et la Libye.
Seule la haute technologie les distingue d’un Ben Laden ou d’un Hassen Es-Sabbah. Ils finiront, comme eux, dans les poubelles de l’histoire.
Hannibal Genséric