lundi 8 septembre 2025

Ukraine : revue de presse internationale pour la semaine du 1er au 7 septembre 2025

Cette semaine, les européens, Macron en particulier, prévoyaient d’avancer sur les « garanties de sécurité » promises à l’Ukraine. En début de semaine, von der Leyen a vendu la peau de l’ours russe avant de l’avoir tué :

L’Europe élabore des « plans précis » pour un déploiement multinational de troupes en Ukraine dans le cadre de garanties de sécurité post-conflit qui auront le soutien des capacités américaines, a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au Financial Times dans une interview publiée dimanche.

” Le président Trump nous a rassurés sur le fait qu’il y aura (une) présence américaine dans le cadre du filet de sécurité“, a déclaré von der Leyen au FT, ajoutant que « Cela a été très clair et affirmé à plusieurs reprises.”

Le déploiement devrait inclure potentiellement des dizaines de milliers de soldats dirigés par des Européens, soutenus par l’aide des États-Unis, y compris des systèmes de contrôle et de commandement et des moyens de renseignement et de surveillance, indique le rapport, ajoutant que cet arrangement a été convenu lors d’une réunion entre le président américain Donald Trump, le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy et de hauts dirigeants européens le mois dernier.

Pourtant, le lendemain, le gouvernement allemand dit le contraire :

Berlin a mis de côté son projet de déployer éventuellement des soldats allemands en Ukraine en cas de cessez-le-feu, a rapporté Bild [un média allemand] dimanche, citant des sources gouvernementales.

Selon Bild, la position de Trump a mis un terme aux discussions de Berlin sur le déploiement “jusqu’à nouvel ordre“. Des sources ont déclaré au média que l’idée pourrait revenir “si Trump agissait” ou une fois que Moscou et Kiev seraient parvenus à un règlement.

Dans une interview accordée à ZDF dimanche, Merz a confirmé la volte-face, affirmant que “personne ne parle de troupes au sol à ce stade” et indiquant que les discussions pourraient reprendre une fois qu’un cessez-le-feu sera en place.

Le ministre allemand de la défense en a profité pour rappeler à von der Leyen les limites de son mandat :

 Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a critiqué la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour ses récentes remarques sur un éventuel déploiement de troupes de l’UE en Ukraine. La direction du bloc n’a ni juridiction ni compétence en la matière, alors que les délibérations devraient rester privées, a soutenu Pistorius. 

Pistorius a fait ces remarques en s’adressant aux journalistes lors d’une visite chez un fabricant d’armes près de Cologne lundi. Il a déclaré qu’il était  « complètement malavisé  » de discuter publiquement de déploiements potentiels ou de toute autre mesure de sécurité militaire pour l’Ukraine pour le moment. 

« Mis à part le fait que l’Union européenne n’a aucune juridiction ou compétence en matière de déploiement de troupes – peu importe pour qui ou pour quoi – je serais très prudent avant de confirmer ou de commenter de telles considérations de quelque manière que ce soit”, a-t-il déclaré.

Diverses parties délibèrent encore “de ce qui pourrait être possible, de ce qui pourrait ne pas être possible, et dans quelles conditions et réserves quelque chose pourrait même être envisageable”, a déclaré le ministre.

Le surlendemain, Macron annonce encore un autre point de vue  :

Le président français Emmanuel Macron a déclaré mercredi aux côtés de Zelenskiy à Paris que les dirigeants de la coalition approuveraient jeudi les plans de garanties de sécurité complétés par leurs armées.

Deux responsables européens ont déclaré que les plans “techniques  » détaillés avaient été achevés sans entrer dans les détails de ce que cela signifiait réellement.

« Nous sommes prêts, nous Européens, à fournir des garanties de sécurité à l’Ukraine », a déclaré Macron. « Cela nous permet de dire fermement que nous sommes prêts pour une paix solide pour l’Ukraine et les Européens, mais la question est maintenant de voir la sincérité de la Russie. »

La Russie a donc répondu en toute « sincérité » au plan européen :

Le Kremlin a déclaré que les puissances européennes entravaient les efforts du président américain Donald Trump pour parvenir à la paix en Ukraine et que la Russie poursuivrait ses opérations en Ukraine jusqu’à ce que Moscou voie de réels signes que Kiev était prête pour la paix.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré aux journalistes des médias officiels russes que le « parti européen de la guerre » continuait d’entraver les efforts américains et russes sur l’Ukraine.

« Nous sommes prêts à résoudre le problème par des moyens politiques et diplomatiques », a déclaré Peskov. « Mais jusqu’à présent, nous ne voyons pas de réciprocité de la part de Kiev dans ce domaine. Nous allons donc poursuivre l’opération militaire spéciale. »

Puis, voyant ce cafouillage européen, la Russie en tire ses propres conclusions :

Un “parti de la guerre” européen tente de saboter le processus diplomatique lancé par les États-Unis et la Russie pour mettre fin au conflit ukrainien, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Dimanche, Peskov a déclaré que la position du « parti européen de la guerre » est “en contraste frappant avec l’approche poursuivie” par Trump et le président russe Vladimir Poutine.

“Les Européens entravent les efforts [de paix]”, dans le cadre de leur stratégie visant à « contenir » la Russie, a déclaré le porte-parole du Kremlin aux journalistes.

Il a ajouté que certains États membres de l’OTAN encourageaient l’Ukraine à refuser de négocier de bonne foi avec la Russie – une stratégie qui “ne fera aucun bien au régime de Kiev.”

Finalement, à l’issue de cette réunion Macron a fait quelques déclarations :

Vingt-six pays, essentiellement européens, se sont « engagés » jeudi 4 septembre à participer à une « force de réassurance » dans le cadre d’un futur cessez-le-feu russo-ukrainien, en déployant des troupes en Ukraine ou en étant « présents sur le sol, en mer ou dans les airs », a annoncé jeudi Emmanuel Macron au cours d’une conférence de presse à Paris.

Aucun de ces 26 pays n’a été nommé.

« Cette force n’a pas pour volonté ou pour objectif de mener quelque guerre contre la Russie », a dit le président français devant la presse à Paris après cette réunion de la « Coalition des volontaires », ces États essentiellement européens soutenant l’Ukraine et après un contact téléphonique entre les principaux alliés européens et Donald Trump. Mais de la dissuader d’attaquer à nouveau l’Ukraine à l’avenir. « Le jour où le conflit s’arrête, les garanties de sécurité se déploient », a-t-il expliqué, que ce soit via un « cessez-le-feu », un « armistice » ou un « traité de paix ».

Admirons la pirouette linguistique, « les garanties de sécurité se déploient » au lieu de dire « des forces armées se déploient ».

Le chef de l’État français a aussi déclaré que les détails d’organisation de cette « force de réassurance » ne seraient pas communiqués, afin de ne pas se « découvrir » face à la Russie. Selon Emmanuel Macron, l’Allemagne, l’Italie et la Pologne « font partie des 26 contributeurs », a-t-il toutefois dit, « soit pour la régénération de l’armée ukrainienne, soit pour la sécurité sur son sol, dans ses airs, en mer ».

Pourtant, comme on l’a vu plus haut, les dirigeants italien et allemand ont clairement dit le contraire.

Il en a été question lors d’une visioconférence avec Donald Trump après le sommet. Répondant à des questions de la presse, le président français a assuré que le « soutien américain » à ces « garanties de sécurité » pour Kiev serait finalisé « dans les prochains jours » et que les Américains avaient « été très clairs » sur leur participation. « Il n’y a pas de doute sur ce sujet », a-t-il martelé.

Comme à son habitude, Trump n’a jamais été « très clair » sur le sujet. En général on l’entend plutôt dire « que les Européens se démerdent avec le problème ukrainien ».

En Ukraine, on souligne surtout qu’il ne s’agit pour l’instant que de mots, sans feuille de route, calendrier et surtout détails techniques pour le moment, rapporte notre correspondante à Kiev, Emmanuelle Chaze. Ukrainska Pravda rapporte que le format des garanties devra encore être déterminé.

On sent donc à travers cet article que cette réunion fut surtout une démonstration de relation publique de la part de Macron et que le débat sur ce sujet continue de patiner.

Poussons l’analyse de ce sujet un peu plus loin pour voir sa complète aberration. Comment proposer d’envoyer « des dizaines de milliers de soldats occidentaux » en Ukraine, alors qu’une éventuelle paix aurait été signée, pourrait inciter la Russie à la signer. Au contraire, face à cette perspective la Russie n’a aucun intérêt à signer une paix qui la retrouverait confrontée à ce qu’elle refuse, c’est-à-dire des forces de l’OTAN basées en Ukraine. Du point de vue russe, la proposition de Macron est donc perçue comme une provocation pour prolonger/déclencher une guerre OTAN-Russie, comme on l’a vu ci-dessus. Macron et von der Leyen doivent bien le savoir aussi…

Nous finirons ce chapitre sur un extrait de l’éditorial du journal allemand die Welt :

« Si la situation en Ukraine n’était pas si grave et si la guerre d’agression russe ne faisait pas des victimes chaque jour on pourrait considérer la soi-disant Coalition des Volontaires comme une série sur Netflix, avec son rebondissement dans chaque épisode pour maintenir l’intérêt et garder les téléspectateurs devant leur écran ». « Un cessez-le-feu n’est pas en vue, malgré l’ultimatum lancé par Donald Trump à son homologue Vladimir Poutine », poursuit die Welt. « Les Européens tentent néanmoins de démontrer leur détermination et de faire pression sur les américains au sujet des garanties de sécurité ».

**********

Etant nécessaire de convaincre la population européenne d’une future guerre contre la Russie, von der Leyen s’est prêtée à une petite « opération psychologique » ou « psyop » comme les appellent les anglo-saxon, en d’autres mots de la « propagande de guerre » :

La présidente de la Commission a entamé, vendredi 29 août, une tournée des pays de l’Union européenne (UE) frontaliers ou situés non loin de la Biélorussie et de la Russie pour faire part de la « pleine solidarité » de l’UE à leur égard. Son déplacement en Bulgarie a eu lieu dimanche 31 août, après des étapes en Lettonie, en Finlande, en Estonie et en Pologne. Et « lors de l’approche pour l’atterrissage à l’aéroport de Plovdiv, le signal GPS a disparu », a indiqué le gouvernement bulgare.

Les pilotes se sont retrouvés dépourvus de données précises. L’appareil a donc repris de l’altitude, pendant une heure, nécessaire pour utiliser des moyens analogiques, à l’ancienne et pouvoir se poser en toute sécurité.

Très vite, les autorités bulgares et européennes ont pointé la Russie. « Nous pouvons confirmer qu’il y a eu brouillage GPS, a déclaré lundi une porte-parole de la cheffe de l’exécutif européen, Arianna Podesta. Les autorités bulgares nous ont informés qu’elles soupçonnaient que cela était dû à une ingérence flagrante de la Russie ».

L’OTAN a profité de cette histoire pour montrer sa détermination :

L’OTAN s’efforce de contrer le brouillage des vols civils par la Russie, a déclaré mardi le chef de l’alliance, deux jours après qu’un avion transportant la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a perdu sa capacité à utiliser la navigation GPS en vol dans l’espace aérien bulgare.

L’ensemble du continent était sous « la menace directe des Russes », a déclaré le Secrétaire général Mark Rutte lors d’une conférence de presse à Luxembourg avec le Premier ministre et le ministre de la Défense du duché. « Nous sommes tous sur le flanc Est maintenant, que vous habitiez à Londres ou à Tallinn. »

Pourtant, un site internet suédois, donc européen, de traçage de vols longs courriers montre que la mésaventure de von der Leyen ne tient pas la route :

Le site Web de suivi des vols Flightradar24 a réfuté les allégations de plusieurs médias et responsables de l’UE selon lesquelles l’avion de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen aurait été soumis à un brouillage du signal GPS. 

L’avion qui a transporté le chef de la Commission européenne en Bulgarie dimanche a montré une bonne qualité de signal GPS tout au long de sa route, a écrit le service de surveillance sur X lundi. Le vol n’est arrivé que neuf minutes plus tard que prévu, a indiqué le service, notant que certains médias ont affirmé à tort que “l’avion était en attente pendant 1 heure.”

“Le transpondeur de l’avion a signalé une bonne qualité du signal GPS du décollage à l’atterrissage”, a-t-il ajouté.

Les problèmes présumés de GPS ont été signalés pour la première fois par le Financial Times, qui citait des sources anonymes qui affirmaient que les pilotes avaient subi des pannes de signal si graves qu’ils avaient dû utiliser des « cartes papier » pour atterrir.

Pour ceux qui doutent que ce soit une psyop et veulent plus de détails, je les renvoie à l’analyse détaillée [traduite en français] d’un ancien militaire allemand sur cette histoire.

 Par Wayan – Le 7 septembre 2025 – Le Saker Francophone

 

5 commentaires:

  1. A l' AUTEUR....vous racontez des BOBARDS.....La FABLE du GPS a été débunkée comme étant une FARCE! Le tracé de l'avion et la déclaration des autorités Bulgares "disent" qu'il n'y rien eu de ce genre. Le Kremlin a déjà accepté le principe d'une force d'interposition en Ukraine, ça grince sur les modalités pratiques ( KI..?Quand...?Combien...? OU...? etc....) Les mignons Européens s'agitent pour y être...Le Kremlin n'en veut pas: TOUT se NÉGOCIE en CE MOMENT entre les USA et Moscou.....

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    1. L' auteur à clairement relayé un site Suédois qui montre que la version de "la layenne" de l' UE ne tient pas la route . Lisez bien la fin du texte !

      Pour ce qui est du Kremlin, sauf info m' ayant échappé, "toute force occidentale présente en Ukraine sera brûlée" (Tolstoï).

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  2. « mais la question est maintenant de voir la sincérité de la Russie. »

    Ou ces gens là sont d'excellents comédiens ou ils sont sur une autre planète, je mise sur les deux.
    Ceci dit, en matière d'inversions accusatoires, l'occident a, de tout temps, été champion toutes catégories.

    En attendant, ce n'est pas la Russie - ni l'Iran ni d'autres - qui ont rompu leurs engagements, mais comme toujours, ceux qui se complaisent inconsciemment(?) dans l'indignité et dont l'une des caractéristiques est l'insincérité.

    Hormis cela,
    Le politique a besoin de pouvoir et le pouvoir a besoin d'une religion qui elle-même a besoin d'un pouvoir; il y a donc une association quasi naturelle entre le pouvoir et la religion, puisque le pouvoir c'est le contrôle des corps et la religion c'est le contrôle des âmes et par les âmes, les pouvoirs séculaires et religieux contrôlent les corps, les âmes, mais aussi les pensées.
    Aujourd'hui, le pouvoir n'a plus besoin de la religion, il a les organes de transmission du savoir (celui qu'il veut bien transmettre), les médias et … Hollywood

    Homo Sapiens

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    1. Donc pour conclure vos arguments en fin de commentaire, cela s'applique également pour les nations musulmans qui se complaisent de la situation présente.

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  3. Tolstoï et Medvedev ne COMPTENT PAS! De temps à autres le Kremlin les envoie "menacer" l'Otan.....Mais tout le monde sait qu'ils n'ont AUCUN pouvoir de décision, même pas d'influence.
    OUIiiiiiiiiiii Vous avez raté la disponibilité du Kremlin à accepter une présence en Ukraine.L'Otan veut y placer ses troupes et Poutine n'en veut pas!

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