mardi 17 juillet 2012

En privilégiant le chameau à la roue, les Arabes ratent le saut technologique


Il est navrant de constater que le monde arabe et le monde musulman, sont, depuis des siècles, à la traîne des civilisations modernes. Pire encore, avec l'avènement de régimes islamistes, un formidable "bond en arrière" est en train de se passer sous nos yeux. La théorie de l'évolution indique que les espèces qui n'arrivent pas à s'adapter à l'environnement finissent par dégénérer et disparaître. L'une des raisons pour lesquelles les musulmans ont raté le saut technologique qu'est la roue, est leur adoption du chameau comme moyen privilégié du transport. Pour essayer d'y voir un peu plus clair, prenons le cas du Maghreb.

1- Le Maghreb avant les conquêtes arabes


La mise en valeur du Maghreb par nos ancêtres, aux époques les plus anciennes (berbère, carthaginoise et romaine), a été une œuvre longue, méthodique et tenace, et qui avait porté de bons fruits. La culture du blé, et particulièrement en Tunisie, était exceptionnellement favorisée par un climat favorable, une terre fertile (naturellement phosphatée), et des paysans travailleurs et sédentaires.  Le blé était très lourd, et les rendements obtenus dans les plaines tunisiennes, (vallée de la Medjerda, plaines à l'Ouest de Sousse), étaient extraordinaires. Des photos aériennes, de recherche archéologique, montrent l'existence de petits barrages, disposés dans les ravins, retenaient les eaux; des digues les conduisaient vers la plaine, où des systèmes d'épis, de rigoles et de vannes les répartissaient à travers les champs. Les pentes des montagnes étaient boisées, ce qui contribuait à la préservation des sols et des écosystèmes. Les recherches aériennes récentes ont montré que, sur de vastes étendues maghrébines, le sol était aménagé d'une façon minutieuse et méthodique pour recueillir les eaux de ruissellement. Un peu partout on rencontre des citernes et des puits, qui alimentaient les fermes et les habitations isolées; les villes avaient des aqueducs. On ne saurait attribuer l'origine et l'entretien de ces travaux qu'à l’œuvre des exploitants du sol eux-mêmes, c'est-à-dire les autochtones berbères. Il faut aussi reconnaître aux Romains la réalisation des plus grands aménagements hydrauliques, les plus colossaux, dont les aqueducs.
Durant l’époque punique, deux formes d'activité s'étaient développées : le commerce et l'agriculture. Le commerce faisait l'originalité et la richesse propre de Carthage. Les Carthaginois  étaient alors les rouliers des mers. Ils avaient aussi développé l'agriculture. Il y avait eu des agronomes de talent, dont le plus connu, Magon, resta une autorité pendant toute l'antiquité. Le blé, l'orge, l'olivier et la vigne avaient assuré à Carthage l'essentiel de sa subsistance. Pour la vigne et l'olivier, les agronomes carthaginois avaient imaginé des procédés de culture nouveaux et dont on pensait grand bien. La culture des légumes et des fruits était aussi pratiquée fort habilement, et la banlieue de Carthage donnait des rendements très élevés. 
A l'exemple des Carthaginois, les rois numides, dans le reste du Maghreb, avaient peu à peu développé l'agriculture, faisant passer des tribus de la vie nomade de pasteurs à la vie sédentaire de laboureurs sédentaires. En outre, l'élevage des chevaux avait été, de tout temps, une des plus prospères industries du Maghreb : la cavalerie numide a toujours été célèbre.


Dans l'ensemble des régions soumises à son autorité, Rome a organisé la production et les échanges en assurant l'ordre, en créant des routes, en favorisant le trafic maritime. Rome a développé une activité économique dont bénéficièrent tous ceux qui vivaient dans les frontières de l'Empire. Les voies romaines, véritables autoroutes d’alors, sillonnaient le Maghreb en reliant les principales villes (voir carte ci-dessous). Les échanges entre les villes et les régions y étaient faits à l’aide de charrettes à deux ou à quatre roues, tractées par des mules, des chevaux ou des bœufs.
   

2- Les Arabes et le chameau 

Ne disait-on pas que le bédouin est en fait le parasite du chameau?
Le brave animal n'en est sans doute pas conscient, et personne ne doit lui en tenir rigueur.

A la même époque, les Arabes nomadisaient en Arabie et aux confins des empires romain et perse. Nous savons qu’ils pratiquaient aussi le commerce. Pline l'Ancienécrivain et naturaliste romain du premier siècle, écrivait  (dans Histoire Naturelle) : "Les Arabes portent la mitre, ou les cheveux longs; ils se rasent la barbe, excepté à la lèvre supérieure; d'autres ne se la coupent pas du tout. ...Une moitié vit dans le commerce, et l'autre dans le brigandage". Ceci contredit donc le fantasme islamiste concernant l'aspect vestimentaire des anciens Arabes qu'ils sont censé reproduire aujourd'hui : barbus, crâne rasé couvert d'une sorte de kippa, et portant une sorte de chemise de nuit , le kamis.

Nomadisme et commerce étaient possibles grâce au chameau. L'importance de cet animal pour les habitants du désert est évidente, et l'on peut même affirmer que le nomadisme permanent dans les déserts d'Arabie était pratiquement impossible avant la domestication du chameau.  Cela étant, il est clair qu'après la domestication du chameau, le Moyen-Orient devint le théâtre d'une véritable compétition, qui s'affirma d'abord graduellement, pour se développer par la suite avec une extrême rapidité. Deux modes de transport entraient en concurrence, le chameau, utilisé comme bête de somme, et la roue en usage chez les Romains et les Perses, deux empires voisins de l'Arabie. Néanmoins, aussi longtemps que ces deux empires défendirent solidement leurs frontières contre les habitants du désert, la compétition chameau-roue demeura confinée aux zones périphériques. A cette époque donc, l'ampleur et la portée de la concurrence qu'ils pouvaient faire au transport sur roues restaient très limitées.

3- Les conquêtes arabes, au VIIe siècle, ont modifié radicalement cette situation.

« A beau chameau, vaste désert » [Achille Chavée, poète belge, 1906-1969] 

La raison principale de la modification de cette situation est liée au coût économique du transport dans les régions arides, sans même compter la construction et l'entretien des routes nécessaires à ces derniers.  Par opposition à la charrette traditionnelle, le chameau présente maints avantages. Par jour, il peut parcourir en moyenne 25-30 kilomètres, contre 10-15 pour la charrette. Un homme suffit comme conducteur pour 3-6 chameaux, alors qu’il ne peut s’occuper que d’une charrette.
Par conséquent,   dès de leur installation dans un territoire conquis, les Arabes démantèlent les routes pour récupérer les pierres et construire des mosquées ou des fortifications.
Fidèles à leur  tradition bédouine, ils coupent les arbres pour monter leurs tentes, faire cuire leur nourriture, et pour d'autres usages. Partout où des bédouins arabes passent, les arbres trépassent. Les sols, à découvert, sont ravinés, la steppe remplace les champs cultivés, le désert gagne sur la steppe, d'autant plus que l'insécurité générale pousse les paysans berbères à quitter les campagnes pour s'installer en ville. 

Ainsi, un cycle infernal est enclenché : en coupant les arbres, il n'y a plus de bois pour construire des charrettes. Les plaines verdoyantes ayant disparu de la plupart des régions, on ne peut plus élever et entretenir des vaches et des boeufs. La compétition chameau contre roue est terminée au détriment de la roue.

5- Argument linguistique.

Il n'existe pas, en arabe, un mot spécifique pour charrette. Le mot 'araba (عربة) désigne indistinctement n'importe quelle sorte de véhicule à roues. Le mot markabeh مركبة désignait, à l’origine, un char, et aujourd’hui, désigne un car, une voiture, ou un taxi. Ceci démontre à l'évidence que le transport sur roues n'a pas survécu longtemps aux conquêtes arabes.  S'il en avait été autrement, il est probable qu'un certain nombre de vocables étrangers ou dialectaux, désignant soit la charrette, soit le véhicule en usage dans les territoires conquis, seraient passés dans la langue arabe et auraient laissé des traces dans la littérature ancienne. Ainsi, en langue maghrébia, une charrette se dit « carroussa », « carrou » ou bien « carrita », ces termes dérivent probablement du mot latin « currus » qui signifie « véhicule ».  
Il n'existe, par ailleurs, aucun mot particulier pour désigner le charron (Le charron est un spécialiste du bois, maître de tout ce qui tourne et roule, de la brouette à la charrette), et rien n'indique même que ce métier ait existé chez les Arabes.  Enfin, le vocabulaire commercial ne comporte aucun mot désignant le contenu ou le chargement de la charrette, la charretée.  Les mots les plus usuels pour désigner le chargement, ‘Ib et himl (عبء et  حمل) se réfèrent tous deux au fardeau porté à dos d'animal, comme le chameau.

La disposition des villes arabes,  est elle aussi, caractéristique des sociétés sans roues : dans les médinas, l'enchevêtrement des rues étroites et courbes, en forme de labyrinthe, rend ces rues inaccessibles aux charrettes. La largeur d'une nouvelle rue importante était déterminée à partir de la largeur totale de deux chameaux chargés se croisant.

6- Les arabo-musulmans ratent le saut technologique


Lors de l'avènement du transport motorisé, les sociétés musulmanes, utilisant le chameau comme principal mode de transport, se sont trouvées particulièrement désavantagées par (1) l'absence de réseau routier et (2) la marginalisation de la technologie de la roue et des divers mécanismes qui ont joué un rôle si important dans la révolution industrielle. La notion même de mécanisme avait été presque évacuée de l'esprit des populations arabo-musulmanes. L'abandon de la roue a ainsi précipité leur déclin technologique, qui se perpétue et s'aggrave de jour en jour.

Au-delà de sa portée symbolique et mystique, la roue reste surtout une invention d'une fécondité extraordinaire qui marque l'avènement d'une ère nouvelle : elle révolutionne les transports et les communications ; elle ouvre la voie au machinisme moderne ; elle permet de capter de nouvelles sources d'énergie ; elle transforme les techniques de production agricole et artisanale.  En somme, elle inaugure une série d'inventions, qui sont presque toutes capitales.
L’ingénieur romain Vitruve, au Ier siècle avant J.C., définit la machine comme « un outil composé (…) agissant  artificiellement, par des assemblages de roues ». C’est un fait que la machine doit  tout ou presque tout à la roue. 

Contemporaine de l’invention de l’écriture, 3500 ans avant J.C., communément admise comme point de départ de l’Histoire et de fin de la Préhistoire, l’invention de la roue est intimement liée  au développement de l’être humain. Si les civilisations occidentales et asiatiques ont développé de concert les  utilisations techniques et symboliques de la roue,
la civilisation arabo-islamique a définitivement tourné le dos à ce bond technologique, vieux de 5.500 ans. Cette civilisation reste cramponnée à l'archaïsme islamiste, c'est à dire à la préhistoire.


Une autre preuve ?
 
L'idée ahurissante de lancer des hommes montés sur des chameaux  contre les manifestants de la place Tahrir au Caire en février 2011 est une preuve évidente de l'attachement viscéral et inconscient des arabo-musulmans à la civilisation du chameau. Dans l'après-midi, à la surprise générale, des hommes montant des chevaux et des chameaux ont attaqué les manifestants.                               Que dire d'autre ?



 Hannibal Genséric