dimanche 14 juillet 2013

La chute de Morsi préfigure celle de Ghannouchi




Morsi
En Tunisie et en Égypte, les États-Unis avaient préparé la « relève de la garde » : des leaders neufs à son service (des islamistes) à la place de leaders démonétisés. Le département d’État avait formé de jeunes « révolutionnaires » pour qu’ils se substituent au pouvoir en place. Aussi, lorsque Washington a constaté que ses alliés étaient dépassés par la rue, il leur a intimé l’ordre de céder la place à l’opposition qu’il avait préfabriquée. Ce ne sont pas la rue, mais les États-Unis qui ont chassé les généraux Ben-Ali et Moubarak. Et ce sont toujours les États-Unis qui ont installé les Frères musulmans pour leur succéder. Ce dernier point est moins évident puisque les deux pays ont organisé des élections, mais la tenue d’un scrutin ne signifie pas sa sincérité. Cependant, une étude minutieuse montre que les dés étaient pipés.

Il ne fait aucun doute que ces événements avaient été anticipés par Washington et qu’ils ont été guidés par lui.

Une fois l’instabilité installée en Tunisie et en Égypte, la France et le Royaume-Uni ont lancé un mouvement de déstabilisation de la Libye et de la Syrie, en application du Traité de Lancaster (*). Si quelques micro-manifestations pro-démocratie se sont tenues et ont été grossies par les médias occidentaux, les troubles étaient organisés par des Forces spéciales occidentales avec l’appui de meneurs takfiristes (**).

En définitive, ce qui fait le « printemps arabe » (Tunisie, Égypte, Libye, Syrie), ce n’est pas l’instabilité, ni la culture, mais la solution prévue par les puissances impérialistes : l’accès au pouvoir des Frères musulmans.

Cette organisation secrète, prétendument anti-impérialiste, a toujours été politiquement contrôlée par Londres. Elle était représentée au cabinet d’Hillary Clinton, par le biais d’Huma Abedin (épouse du député sioniste démissionnaire Antony Weiner), dont la mère Saleha Abedin dirige la branche féminine mondiale de la confrérie. Le Qatar a assuré le financement des opérations (plus de 15 milliards de dollars par an !) et la médiatisation de la confrérie auquel elle a confié la chaîne Al-Jazeera depuis fin 2005. Enfin, la Turquie a fourni le savoir-faire politique avec des conseillers en communication.

Les Frères musulmans sont à l’islam ce que les Trotskistes sont à l’occident : un groupe de putschistes, travaillant pour des intérêts étrangers au nom d’un idéal toujours remis au lendemain. Après avoir tenté quantité de coups d’État dans la majorité des pays arabes au cours du XXe siècle, ils ont été surpris de leur « victoire », en 2011. Ils ne disposaient en effet d’aucun programme de gouvernement en dehors des instructions anglo-saxonnes. Ils se sont donc rattachés aux slogans islamistes : « La solution, c’est le Coran », « Nous n’avons pas besoin de constitution, nous avons la Charia », etc…

En Égypte, comme en Tunisie et en Libye, leur gouvernement a ouvert leur économie au capitalisme libéral. Il a confirmé l’entente avec Israël sur le dos des Palestiniens. Et a cherché à imposer, au nom du Coran, un ordre moral, jamais inscrit dans ce livre.

Les privatisations thatchériennes de l’économie égyptienne devaient atteindre leur apothéose avec celle du Canal de Suez, joyau du pays et source de revenus, qui devait être vendu au Qatar. Face à la résistance de la société égyptienne, Doha finança un mouvement séparatiste de la région du Canal, comme jadis les États-Unis avaient créé le mouvement d’indépendance du Panama en Colombie.

En définitive, la société égyptienne n’a pas supporté ce traitement de choc. Elle a ouvert les yeux en observant la révolte des Turcs contre le Frère Erdogan. Elle s’est rebellée et a lancé un ultimatum au président Morsi. Après s’être assuré par téléphone auprès du secrétaire US à la Défense, Chuck Hagel, que les États-Unis ne tenteraient rien pour sauver l’agent Morsi, le général al-Sissi a annoncé sa destitution.

Ce point mérite une explication : Mohamed Morsi s’est présenté, lors de son avant-dernier discours à la Nation, comme un « savant ». C’est en effet un ingénieur spatial ayant fait carrière aux USA, ayant acquis la nationalité états-unienne, ayant travaillé à la NASA (***)  et disposant d’une accréditation US secret-Défense. Cependant, si Morsi a été lâché par le Pentagone, il a par contre été soutenu —jusqu’à son arrestation— par le département d’État, que ce soit par l’ambassadrice au Caire Anne Patterson, par les porte-parole Patrick Ventrell et Jan Psaki, ou par le secrétaire d’État John Kerry. Cette incohérence manifeste le désarroi de Washington : d’un côté la raison interdisait toute possibilité d’intervention, d’un autre les liens trop étroits de Morsi avec les Frères musulmans l’ont privé de toute solution de rechange.

La chute de Mohamed Morsi marque la fin de la prééminence des Frères musulmans dans le monde arabe. Et ce, d’autant plus, que l’Armée a annoncé sa destitution en s’entourant des forces vives de la société, incluant les « savants » de l’Université al-Azhar.

L’échec de Morsi est un coup dur pour l’Occident et ses alliés, le Qatar et la Turquie. Dès lors, on peut logiquement se demander si elle ne marque pas la fin du « printemps arabe » et de nouveaux bouleversements en Tunisie, en Libye, et bien sûr en Syrie.

par Thierry Meyssan

Le directeur de la police de Dubaï : les Tunisiens balaieront les Islamistes d’ici un an et demi

Au cours d’une interview télévisée, et suite à la destitution du président Mohamed Morsi, Dhahi Khalfène a indiqué que Moncef Marzouki qui a destitué le mufti de Tunisie, pour le remplacer par un sinistres individu, qui n'a pas hésité à mettre la main sur la propriété d'une vieille femme de son village, Béni Khiar (Cap-Bon). Marzouki, selon Mr Khalfène, est en train de pratiquer les mêmes méthodes que Morsi en limogeant les juges, les cadres compétents  et les décideurs tunisiens. Il estime que la Tunisie a un délai maximal d’un an et demi, le peuple ne les supportera plus. Leurs pratiques despotiques et autoritaires sont identiques à celles des Frères musulmans d’Egypte.
 « Si les Islamistes tunisiens ne prennent pas exemple de ce qui s’est passé en Egypte, ils subiront le même sort », dit-il.   « Les échos concernant l’effritement de la Tunisie nous parviennent jusqu’au Golfe. Je l’entends chez les citoyens tunisiens ici. Le limogeage du mufti et l’ingérence dans la justice, de cette manière, va les déstabiliser ! », indique Dhahi Khalfène.

Outre son appartenance aux forces de sécurité et au gouvernement de Dubaï, Dhahi Khalfène est membre du conseil des affaires islamiques des Emirats.


Notes d'Hannibal GENSERIC :
(*) Les Traités de Londres ou Accords de Lancaster House sont les deux traités militaires signés lors du sommet franco-britannique de Londres, à Lancaster House, par le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre du Royaume-Uni David Cameron le 2 novembre 2010.

  • L'intervention militaire de 2011 en Libye est la démonstration de ce rapprochement. Les deux pays mènent conjointement 80 % des raids aériens contre l'armée de Mouammar Kadhafi. C'est leur première opération militaire commune en Afrique du Nord depuis la crise du canal de Suez de 1956. Selon l'expert militaire Dimitry Queloz, cette guerre a surtout révélé « à quel degré de faiblesse les différentes armées européennes en sont arrivés ».
  • Un « Groupe de haut niveau franco-britannique » est créé afin de coordonner les actions des deux pays contre l’Iran
  • Projets communs de fabrication de drones par le français Dassault Aviation et le britannique BAE Systems.
  • Développement d’arsenaux nucléaires communs.



 (**) Les takfiri (du mot arabe تكفيري, de Takfir wal Hijra (arabe : تكفير والهجرة, Anathème et Exil, groupe fondé en 1971) sont des extrémistes islamistes adeptes d'une idéologie violente. Le terme "takfiri" signifie littéralement "excommunication". Les takfiris considèrent les musulmans ne partageant pas leur point de vue comme étant des apostats et donc des cibles légitimes pour leurs attaques.



(***) Le journal  libanais "Ad-Diyar" avait publié ce qui suit. "Cela fait 20 ans que Morsi collabore avec la CIA et il poursuit cette collaboration.".  Ce n'est pas la première fois que le journal libanais publie une telle information, mais, cette fois, il ajoute pouvoir étayer son allégation, à l'aide des documents, dont il est en possession. "Morsi a décroché son doctorat, en science aérospatiale, aux Etats Unis, et a travaillé à la Nasa, et c'est là qu'il a commencé sa collaboration avec l'agence de la sécurité américaine (NSA). Au cours de sa présence, à la Nasa, il a accédé à des informations ultra-confidentielles que les Etats Unis ne consentent à personne, à part ses agents...De retour, au Caire, il est entré, dans la Confrérie des Frères musulmans, à titre de membre actif. Il a été élu à la tête des Frères, sans aucune consultation préalable, ce qui rompt l'une des traditions centenaires de la confrérie, et puis, il a été quasi propulsé à la tête de l'Etat". Le journal affirme que cette manière de faire ne peut être justifiée, sans le soutien ferme des Etats Unis, et, d'ailleurs, l'ex-secrétaire d'État a, fermement, appuyé la candidature de Morsi et a ameuté tous ses soutiens, au sein de l'agence pour la sécurité à cette même fin. Une dernière preuve qu'avance le journal : "Aussitôt élu, à la tête de l'État Morsi, il a baissé le prix du gaz vendu aux États-Unis et à Israël, gaz que même, le pro-Américain Moubarak, n'avait pas vendu à ce prix. Moubarak avait même osé maintenir ce prix, au risque de provoquer une interruption de ses exportations vers les USA!!!". Ghannouchi agent des Britanniques, Morsi, agent des Américains, qui dit mieux ? Personnellement, cela ne m'étonne guère.

VOIR AUSSI : 

Ghannouchi travaille pour les services secrets anglais

Origines de la connivence wahhabisme-sionisme