Massinissa,
est un roi berbère, le premier roi de la Numidie unifiée, le Maghreb. Son nom a été
retrouvé dans son tombeau à Cirta, l'actuelle Constantine sous la forme
consonnatique MSNSN (à lire MAS-N-SEN, qui veut dire « Leur Seigneur »).
Fils du
roi Gaïa (Agellid en berbère) (G.Y.Y, inscription punique), petit-fils de
Zelalsan et arrière-petit-fils d'Ilès.
Né vers
238 av. J.-C. dans la tribu des Massyles (Mis Ilès), il meurt début janvier 148
av. J.-C., à l'âge de 90 ans.
Durant la
Deuxième Guerre punique, Rome cherchait à se faire des alliés en Afrique du
Nord. Syphax, roi des Massaessyles en Numidie occidentale, cherchait à annexer
les territoires de la Numidie orientale, dirigée par Gaïa, roi des Massyles.
C'est
ainsi que Syphax accepta trois centuries romaines et se tourna contre Carthage.
Carthage vint en aide à Gaïa, en échange de cinq mille cavaliers numides sous
le commandement du jeune Massinissa, âgé de vingt-cinq ans, à partir de 212 ou
211 av. J.-C.. Massinissa rejoignit les troupes carthaginoises avec son fidèle
ami Laminius en Espagne jusqu'à l'automne 206 av. J.-C.. Il remporta une
victoire décisive contre Syphax, et mena avec succès une campagne de guérilla
contre les Romains en Ibérie.
À la mort
de Gaïa, Massinissa passant dans le camp de Rome, en 204 av. J.-C. contribue à
la capture deSyphax et à la victoire sur ce roi des Massaesyles par le commandant
romain Gaius Laelius. Syphax est alors envoyé à Rome en tant que prisonnier où
il meurt en 202 ou 203 av. J.-C. et les Romains accordent au roi Massinissa le
royaume de Syphax en remerciement de son aide.
Il
contribua largement à la victoire de la bataille de Zama à la tête de sa
fameuse cavalerie numide.
Le personnage et l'œuvre
Appien d'Alexandrie (en latin Appianus, historien grec de l'époque
romaine, né à la fin du Ier siècle, auteur d'une Histoire romaine) , dit de
lui :
« il était beau dans sa jeunesse et de taille élevée. Il
garda, jusqu'à l'âge le plus avancé, une étonnante vigueur. Il pouvait rester
une journée entière debout ou à cheval; octogénaire, il sautait sur sa monture
sans aucune aide et, comme les autres Numides, il dédaignait l'usage de la
selle. Il bravait tête nue le froid et la pluie. À 88 ans, il commanda son
armée dans une grande bataille contre les Carthaginois; le lendemain, Scipion
Emilien (Scipion l’Africain) le trouva sur pied devant sa tente, tenant un
morceau de galette sec qui constituait tout son repas. »
Massinissa
eut plusieurs épouses et un nombre considérable d'enfants dont quarante-trois
garçons ; parmi ses nombreuses filles, plusieurs furent mariées à des
nobles carthaginois. La plupart des enfants de Massinissa disparurent avant lui
mais il en resta, à sa mort, une dizaine (Mikusan dit Micipsa, Gulussa,
Mastanabal, Masucan...). Massinissa adorait les enfants et il garda durant
plusieurs années auprès de lui certains de ses petits-enfants. À des marchands
grecs, venus acheter des singes en Numidie, pour distraire des riches oisifs,
il aurait dit: « Les femmes de votre pays, ne vous donnent-elles donc pas
d'enfants ? »
Massinissa,
qui était un rude guerrier, encouragera la littérature et les arts, envoya ses
enfants étudier en Grèce et reçut à sa cour de nombreux écrivains et artistes
étrangers. Ce fut un homme courageux et un roi
généreux (pardon accordé à Lacumazes et Meztul, protection accordée à
Sophonisbe).
La Mort de Sophonisbe (Devosge) |
Sophonisbe (née à Carthage en 235 av. J.
-C. et morte à Cirta en 203 av. J. -C.), est une reine de Numidie. Fille d'Hasdrubal
Gisco, général Carthaginois, célèbre pour sa beauté, elle épousa Syphax, roi de Numidie vers
206-205, sur ordre de son père, afin de sceller une alliance entre Carthaginois
et Numides. D'après Diodore de Sicile (XXVII, 7), elle passait pour
instruite et pour avoir reçu une éducation. Appien (Lib.,
X.37) rapporte par ailleurs qu'elle fut auparavant fiancée à Massinissa,
autre roi numide rival de Syphax, avant qu'il ne devienne allié de Rome. En juin 203,
suite à la défaite de Syphax et d'Hasdrubal à la bataille des Grandes Plaines face aux
armées romaines, puis à la prise de Cirta par Massinissa, elle retrouva ce dernier qui l'épousa sur
le champ. Mais Scipion l'Africain désapprouva cette union,
craignant que Massinissa ne se détourne de l'alliance romaine au profit de
Carthage. Alors qu'elle devait finalement subir le sort des vaincus et être
emmenée à Rome pour figurer au triomphe de Scipion, Sophonisbe préféra la mort
plutôt que de tomber aux mains de ses ennemis. Elle s'empoisonna pour éviter le
déshonneur.
Après la bataille de Zama,
Massinissa vécut encore de nombreuses années. Il garda sa vie durant l'amitié
de Rome sans jamais être son vassal et, contre ses appétits impérialistes,
déclara, dans une formule restée célèbre : « l'Afrique
appartient aux Africains ». Il récupéra non seulement les
territoires que lui accordait le traité passé avec Carthage mais aussi de
nombreuses villes et régions sous l'autorité des Carthaginois ou de Vermina, le
fils de Syphax. De 174 à 172, il occupa soixante-dix villes et forts.
Si
Massinissa combattit les Carthaginois, il ne dédaigna pas pour autant la
civilisation carthaginoise, dont il sut tirer avantage. La langue punique
fut d'usage courant dans sa capitale où l'on parlait également, en plus du
berbère, les langues grecque et latine. Il savait aussi se comporter en
souverain raffiné, portant de riches vêtements et une couronne sur la tête,
donnant, dans son palais de Cirta, des banquets où les tables étaient chargées
de vaisselle d'or et d'argent et où se produisaient les musiciens venus de
Grèce.
L'œuvre
sociale et politique de Massinissa fut aussi grande que son œuvre militaire. Il
sédentarisa les Numides, édifia un État puissant et le dota d'institutions,
inspirées de celles de Rome et de Carthage.
Il fit frapper une monnaie nationale et entretint une armée régulière et une
flotte qu'il mit parfois au service de ses alliés romains. Ce fut un grand
souverain qui s'efforça toute sa vie, de faire de la Numidie un pays unifié et
indépendant.
Massinissa,
fut célèbre dans tous les pays de la Méditerranée et l'île de Délos, en Grèce,
lui éleva trois statues. Vers la fin de sa vie, il voulut s'emparer de Carthage
pour en faire sa capitale. Les Romains, qui redoutaient qu'il n'acquière une
puissance encore plus grande que celle des Carthaginois et qu'il ne se retourne
contre eux, s'opposèrent à ce projet. Caton, attirant l'attention sur le danger
que représentait Massinissa, lança sa célèbre formule: « Delenda est
Carthago! » (« Carthage doit être détruite ! »).
Ce fut de
nouveau la guerre en Afrique et, après d'âpres combats, Carthage fut livrée aux
flammes, puis au pillage. Les survivants furent réduits en esclavage et la
ville fut entièrement rasée (146 av. J.-C.). Massinissa, mort quelque temps
plus tôt, n'avait pas assisté à la chute de la ville convoitée.
Mausolée de Massinissa |
Ses sujets, qui
l'aimaient, lui dressèrent un mausolée, non loin de Cirta, aujourd'hui
Constantine (Algérie), sa capitale, et un temple à Thougga, l'actuelle Dougga,
en Tunisie. Une autre stèle à l’effigie de cette personnalité historique a été
érigée, le 06 juillet 2013, au niveau du village Loudha Commune et Daira de
Chemini Wilaya de Béjaïa (Algérie).
Hannibal GENSERIC