Le gouvernement sortant de la Troïka tarde à céder le pouvoir.
Pour Rached Ghannouchi, Ennahdha ne va pas le quitter puisqu’il
va tout superviser à partir de l’Assemblée nationale constituante (ANC),
autorité suprême dans l’état actuel des choses. Pourtant, selon la
feuille de route établie par le Quartet parrainant le dialogue national
et signée par 21 partis politiques, le futur gouvernement de Mehdi Jomâa
devrait avoir les coudées franches pour gérer la prochaine et dernière
étape du processus transitoire à tous les niveaux, politique,
économique, social, sécuritaire et, bien entendu, électoral.
Entretemps et en attendant la passation entre les deux cabinets, il est
utile et important d’avoir une idée sur l’héritage que lègue le
gouvernement du nahdhaoui, Ali Laârayedh, à son successeur Mehdi Jomâa.
On citera, en premier lieu, cette série de centaines, voire de milliers, de nominations partisanes effectuées tout au long de deux ans et consistant à verrouiller les postes clés de l’administration publique, ce qui est susceptible, logiquement, d’avoir des répercussions vicieuses et graves sur le déroulement du processus électoral, le plus important de tous pour garantir des assises saines et solides pour la phase définitive.
Un des points clés de la feuille de route, la révision de ces nominations, véritable bombe à retardement mise en place par la Troïka, plus précisément Ennahdha, constituera, à n’en point douter et selon tous les observateurs, un casse-tête pour le prochain cabinet. Réussira t-il à la désamorcer ?
Ensuite, la situation économique est tellement désastreuse que Mehdi Jomâa et son équipe n’y pourront rien car, ne disposant pas d’une baguette magique. Il devra dire la vérité aux citoyens tout en œuvrant à recouvrer la confiance des investisseurs et des bailleurs de fonds aussi bien nationaux qu’étrangers, afin de permettre, au moins, un soupçon de redémarrage de la dynamique économique qui, par ricochet, aurait un impact positif sur le climat social et sur la stabilité.
Reste le volet sécuritaire. Là aussi, l’héritage est lourd avec l’émergence et la recrudescence dangereuse des violences et du fléau du terrorisme qui ont déjà fait des ravages et des pertes en vies humaines, surtout.
En effet, en l’espace de deux ans et à cause d’un laxisme flagrant, prouvé notamment lors de l’assaut donné par les extrémistes contre l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Tunis, la manière de laisser filer le chef d’Ansar Al Chariâa, Abou Iyadh, le laisser-aller face aux discours incitant à la haine et appelant clairement au meurtre, particulièrement par des personnes connues pour leur appartenance partisane ainsi que par certains Imams qui se sont appropriés de nombreuses mosquées.
Ce laxisme, rappelons-le, avait conduit à l’assassinat de deux figures de proue de l’opposition et du militantisme en faveur de la démocratie et d’un Etat moderne et civil, à savoir Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Deux affaires qui attendent d’être clairement élucidées dans le sens où les auteurs n’ont pas encore été arrêtés et les commanditaires, non encore identifiés.
Ceci nous amène à évoquer un autre legs, celui des dysfonctionnements enregistrés au sein du ministère de l’Intérieur, dans parler des accusations quant à l’existence d’un circuit parallèle au sein de ce département, un des plus sensibles au gouvernement.
Un autre département de la plus haute importance est celui de la Justice qui s’est illustré, au cours des deux années passées, par la multiplication des « affaires » et les traitements douteux de nombreux dossiers.
Et sans vouloir s’ingérer dans les affaires de la magistrature, on ne fera que rappeler certains cas dont notamment le limogeage de près de 80 juges par le bon vouloir de l’ex-ministre de la Justice. Entouré d’une équipe restreinte, le ministre a tout décidé, loin de l’Instance provisoire de l’ordre judiciaire. Ne parlons pas des multiples procès gérés sans la moindre cohérence...
On citera, pêle-mêle, l’affaire de Sami Fehri, des anciens PDG de Tunisair, des anciens ministres, des salafistes impliqués dans l’attaque contre l’ambassade des USA, de Jabeur Mejri, de Weld El 15, et la liste est sûrement longue dans ce domaine.
Ces legs ne font pas oublier les autres dysfonctionnements dont les auteurs devraient être appelés à s’expliquer. Personne n’a oublié, en effet, les incidents du 9 avril 2012 au cours desquels la police et des milices connues pour avoir été filmées et montrées au grand public. Une commission d’enquête avait été décidée, mais rien n’a été fait. Ali Laârayedh estime qu’il s’agit d’un simple fait du passé qu’il ne faut plus rappeler.
L’attaque perpétrée contre le siège de l’UGTT, un certain 4 décembre 2012 à la veille de la commémoration de l’assassinat du leader syndicaliste, Farhat Hached, reste sans dénouement en dépit des rapports tranchants du ministère de l’Intérieur et des membres de la commission indépendante mise sur pied, quant à l’implication directe et claires de membres des ligues dites de protection de la révolution et du parti d’Ennahdha.
Quant au triste épisode vécu à Siliana en novembre 2012 reste un des faits les plus accablants pour la Troïka. Hamadi Jebali disait textuellement : «Il n’y a plus de dégage. Moi, je partirai, mais le gouverneur de Siliana ne partira pas ». Des centaines de personnes ont été gravement touchées par les tirs à la chevrotine dont certains avaient perdu les yeux et la vue.
Mais là encore, rien n’a été fait pour établir la véracité des événements, identifier les responsables et les donneurs d’ordre pour traduire les coupables devant la justice. Quant aux victimes, on n’en parle même plus !
Et on en passe, car les « affaires » d’éventuelles malversations et autres fais de corruption sont aussi nombreuses, mais elles restent encore du ressort de la justice. On citera, essentiellement, deux dossiers au vu de leur gravité. Il y, bien entendu, l’affaire du SheratonGate et celle du million de dollars versé par les Chinois au profit de l’Etat tunisien et impliquant, toutes les deux, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Rafik Abdessalem.
L’autre affaire est celle déclenchée par l’avocat interdit d’exercice Cherif Jebali accusant plusieurs personnalités de complot contre la sûreté de l’Etat en se basant sur de simples communications téléphoniques et autres SMS avec un homme d’affaires. Encore un dossier qui exige qu’on y fasse toute la lumière car les accusations sont de la plus haute gravité, mais sans preuves tangibles.
Parmi les autres anomalies à faire ressortir en ces deux ans d’exercice, il faut mettre l’accent sur la nature des nominations et des désignations au sein de la présidence de la République, l’institution, par excellence, censée être celle de tous les Tunisiens.
En effet, on constate que la majorité de celles-ci sont revenues à des cadres du seul parti du président de la République. Mais là, qui a la latitude de réviser ces nominations? Surtout si l’on sait que, théoriquement, le président Marzouki, n’est pas concerné par la feuille de route du Quartet et qu’il peut se présenter pour les prochaines élections et faire éventuellement sa campagne avec l’argent du contribuable et le staff du CPR. Du pain supplémentaire sur la planche du futur gouvernement…
On citera, en premier lieu, cette série de centaines, voire de milliers, de nominations partisanes effectuées tout au long de deux ans et consistant à verrouiller les postes clés de l’administration publique, ce qui est susceptible, logiquement, d’avoir des répercussions vicieuses et graves sur le déroulement du processus électoral, le plus important de tous pour garantir des assises saines et solides pour la phase définitive.
Un des points clés de la feuille de route, la révision de ces nominations, véritable bombe à retardement mise en place par la Troïka, plus précisément Ennahdha, constituera, à n’en point douter et selon tous les observateurs, un casse-tête pour le prochain cabinet. Réussira t-il à la désamorcer ?
Ensuite, la situation économique est tellement désastreuse que Mehdi Jomâa et son équipe n’y pourront rien car, ne disposant pas d’une baguette magique. Il devra dire la vérité aux citoyens tout en œuvrant à recouvrer la confiance des investisseurs et des bailleurs de fonds aussi bien nationaux qu’étrangers, afin de permettre, au moins, un soupçon de redémarrage de la dynamique économique qui, par ricochet, aurait un impact positif sur le climat social et sur la stabilité.
Reste le volet sécuritaire. Là aussi, l’héritage est lourd avec l’émergence et la recrudescence dangereuse des violences et du fléau du terrorisme qui ont déjà fait des ravages et des pertes en vies humaines, surtout.
En effet, en l’espace de deux ans et à cause d’un laxisme flagrant, prouvé notamment lors de l’assaut donné par les extrémistes contre l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Tunis, la manière de laisser filer le chef d’Ansar Al Chariâa, Abou Iyadh, le laisser-aller face aux discours incitant à la haine et appelant clairement au meurtre, particulièrement par des personnes connues pour leur appartenance partisane ainsi que par certains Imams qui se sont appropriés de nombreuses mosquées.
Ce laxisme, rappelons-le, avait conduit à l’assassinat de deux figures de proue de l’opposition et du militantisme en faveur de la démocratie et d’un Etat moderne et civil, à savoir Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Deux affaires qui attendent d’être clairement élucidées dans le sens où les auteurs n’ont pas encore été arrêtés et les commanditaires, non encore identifiés.
Ceci nous amène à évoquer un autre legs, celui des dysfonctionnements enregistrés au sein du ministère de l’Intérieur, dans parler des accusations quant à l’existence d’un circuit parallèle au sein de ce département, un des plus sensibles au gouvernement.
Un autre département de la plus haute importance est celui de la Justice qui s’est illustré, au cours des deux années passées, par la multiplication des « affaires » et les traitements douteux de nombreux dossiers.
Et sans vouloir s’ingérer dans les affaires de la magistrature, on ne fera que rappeler certains cas dont notamment le limogeage de près de 80 juges par le bon vouloir de l’ex-ministre de la Justice. Entouré d’une équipe restreinte, le ministre a tout décidé, loin de l’Instance provisoire de l’ordre judiciaire. Ne parlons pas des multiples procès gérés sans la moindre cohérence...
On citera, pêle-mêle, l’affaire de Sami Fehri, des anciens PDG de Tunisair, des anciens ministres, des salafistes impliqués dans l’attaque contre l’ambassade des USA, de Jabeur Mejri, de Weld El 15, et la liste est sûrement longue dans ce domaine.
Ces legs ne font pas oublier les autres dysfonctionnements dont les auteurs devraient être appelés à s’expliquer. Personne n’a oublié, en effet, les incidents du 9 avril 2012 au cours desquels la police et des milices connues pour avoir été filmées et montrées au grand public. Une commission d’enquête avait été décidée, mais rien n’a été fait. Ali Laârayedh estime qu’il s’agit d’un simple fait du passé qu’il ne faut plus rappeler.
L’attaque perpétrée contre le siège de l’UGTT, un certain 4 décembre 2012 à la veille de la commémoration de l’assassinat du leader syndicaliste, Farhat Hached, reste sans dénouement en dépit des rapports tranchants du ministère de l’Intérieur et des membres de la commission indépendante mise sur pied, quant à l’implication directe et claires de membres des ligues dites de protection de la révolution et du parti d’Ennahdha.
Quant au triste épisode vécu à Siliana en novembre 2012 reste un des faits les plus accablants pour la Troïka. Hamadi Jebali disait textuellement : «Il n’y a plus de dégage. Moi, je partirai, mais le gouverneur de Siliana ne partira pas ». Des centaines de personnes ont été gravement touchées par les tirs à la chevrotine dont certains avaient perdu les yeux et la vue.
Mais là encore, rien n’a été fait pour établir la véracité des événements, identifier les responsables et les donneurs d’ordre pour traduire les coupables devant la justice. Quant aux victimes, on n’en parle même plus !
Et on en passe, car les « affaires » d’éventuelles malversations et autres fais de corruption sont aussi nombreuses, mais elles restent encore du ressort de la justice. On citera, essentiellement, deux dossiers au vu de leur gravité. Il y, bien entendu, l’affaire du SheratonGate et celle du million de dollars versé par les Chinois au profit de l’Etat tunisien et impliquant, toutes les deux, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Rafik Abdessalem.
L’autre affaire est celle déclenchée par l’avocat interdit d’exercice Cherif Jebali accusant plusieurs personnalités de complot contre la sûreté de l’Etat en se basant sur de simples communications téléphoniques et autres SMS avec un homme d’affaires. Encore un dossier qui exige qu’on y fasse toute la lumière car les accusations sont de la plus haute gravité, mais sans preuves tangibles.
Parmi les autres anomalies à faire ressortir en ces deux ans d’exercice, il faut mettre l’accent sur la nature des nominations et des désignations au sein de la présidence de la République, l’institution, par excellence, censée être celle de tous les Tunisiens.
En effet, on constate que la majorité de celles-ci sont revenues à des cadres du seul parti du président de la République. Mais là, qui a la latitude de réviser ces nominations? Surtout si l’on sait que, théoriquement, le président Marzouki, n’est pas concerné par la feuille de route du Quartet et qu’il peut se présenter pour les prochaines élections et faire éventuellement sa campagne avec l’argent du contribuable et le staff du CPR. Du pain supplémentaire sur la planche du futur gouvernement…
Sarra HLAOUIhttp://www.businessnews.com.tn/tunisie--les-affaires-que-la-troika-veut-faire-oublier,519,43050,3