Qui
d’autre que le plus grand explorateur de dictionnaires pouvait faire un
tel récit ? Il y a une incroyable jouissance chez le lexicologue Jean
Pruvost à décortiquer les mots, à les pister tout au long de périples
insoupçonnés jusqu’à débusquer leur lieu de naissance. Et en
l’occurrence, nos ancêtres les mots arabes ont eu plaisir à corser le
jeu de piste. Ils ont beaucoup voyagé et ont mué comme l’on change de
timbre de voix à la faveur d’escales dans divers pays méditerranéens, se
délestant ainsi au fil des siècles de leurs consonances originelles
pour s’acclimater et se fondre totalement dans la langue française.
Bien sûr le bled, la fatwa, le djihad, le kebab, la médina, la smala, la baraka, etc. affichent toujours leurs origines. Mais qui pourrait soupçonner que l’artichaut, le goudron, le lilas, la bougie, la mousseline, la carafe, le cafard ou le fardeau, tous ces termes qui, à l’oreille, fleurent bon le terroir hexagonal, puisent leurs racines dans la langue arabe ?
À l’origine le lilas était lilâk, l’artichaut harsufa, la carafe gharrafa, le cafard kâfir, le goudron quatran, le fardeau farda ou demi-charge de chameau. La bougie, elle, venait tout simplement de la cire importée de la ville algérienne de Bougie. Quant à la purée mousseline, elle est née à Mossoul, à l’époque où la deuxième ville d’Irak aujourd’hui toujours en partie sous le joug de Daech, excellait dans la fabrication d’une très délicate toile de coton. « La finesse devenait dès lors l’apanage de la mousseline et, en 1868, on en vint même à créer un verre très fin, qu’on appela le verre mousseline », rapporte l’auteur.
Ce ne sont que quelques-uns des plus de 400 mots d’origine arabe qui étayent l’ouvrage. Car l’arabe, le fait est peu connu, a irrigué toutes les sphères de la vie, les sciences, l’alimentation, la maison, etc. au point d’être la troisième langue d’emprunt du français derrière l’anglais et l’italien. Jean Pruvost a l’immense mérite de lever le voile sur ces liens si anciens entre l’arabe et le français, en ces temps de tentations de repli identitaire.
Et l’auteur de s’appuyer sur Ernest Lavisse, l’auteur de l’incontournable manuel d’histoire de France du début du XXe siècle pour rappeler que « la brillante civilisation (arabe) fut longtemps supérieure à celle des Occidentaux et influença heureusement celle-ci ». Alors que de ces « barbares » les Gaulois, toujours selon Lavisse, qui se faisaient la guerre, seuls de rares vestiges linguistiques ont survécu à leur langue disparue dès le IVe siècle.
Aujourd’hui, le français et l’arabe dansent toujours le tango – ou font la nouba ! – tant les liens restent inextricables. Depuis les heures sombres de la colonisation. À la faveur de la venue d’Algériens et autres Maghrébins en France dès le début du XXe siècle et du retour des pieds-noirs avec dans leurs valises tant de mots. Jusqu’à la force créatrice des auteurs de rap et de la jeunesse si prompts à élaborer leur propre code langagier, l’arabe étant l’une de leurs terres d’inspiration favorite que Jean Pruvost décode avec autant de bonheur.
Bien sûr le bled, la fatwa, le djihad, le kebab, la médina, la smala, la baraka, etc. affichent toujours leurs origines. Mais qui pourrait soupçonner que l’artichaut, le goudron, le lilas, la bougie, la mousseline, la carafe, le cafard ou le fardeau, tous ces termes qui, à l’oreille, fleurent bon le terroir hexagonal, puisent leurs racines dans la langue arabe ?
À l’origine le lilas était lilâk, l’artichaut harsufa, la carafe gharrafa, le cafard kâfir, le goudron quatran, le fardeau farda ou demi-charge de chameau. La bougie, elle, venait tout simplement de la cire importée de la ville algérienne de Bougie. Quant à la purée mousseline, elle est née à Mossoul, à l’époque où la deuxième ville d’Irak aujourd’hui toujours en partie sous le joug de Daech, excellait dans la fabrication d’une très délicate toile de coton. « La finesse devenait dès lors l’apanage de la mousseline et, en 1868, on en vint même à créer un verre très fin, qu’on appela le verre mousseline », rapporte l’auteur.
Ce ne sont que quelques-uns des plus de 400 mots d’origine arabe qui étayent l’ouvrage. Car l’arabe, le fait est peu connu, a irrigué toutes les sphères de la vie, les sciences, l’alimentation, la maison, etc. au point d’être la troisième langue d’emprunt du français derrière l’anglais et l’italien. Jean Pruvost a l’immense mérite de lever le voile sur ces liens si anciens entre l’arabe et le français, en ces temps de tentations de repli identitaire.
Et l’auteur de s’appuyer sur Ernest Lavisse, l’auteur de l’incontournable manuel d’histoire de France du début du XXe siècle pour rappeler que « la brillante civilisation (arabe) fut longtemps supérieure à celle des Occidentaux et influença heureusement celle-ci ». Alors que de ces « barbares » les Gaulois, toujours selon Lavisse, qui se faisaient la guerre, seuls de rares vestiges linguistiques ont survécu à leur langue disparue dès le IVe siècle.
Aujourd’hui, le français et l’arabe dansent toujours le tango – ou font la nouba ! – tant les liens restent inextricables. Depuis les heures sombres de la colonisation. À la faveur de la venue d’Algériens et autres Maghrébins en France dès le début du XXe siècle et du retour des pieds-noirs avec dans leurs valises tant de mots. Jusqu’à la force créatrice des auteurs de rap et de la jeunesse si prompts à élaborer leur propre code langagier, l’arabe étant l’une de leurs terres d’inspiration favorite que Jean Pruvost décode avec autant de bonheur.
À lire : Le dico dans la peau. Jean Pruvost