vendredi 15 janvier 2021

Il y a trente ans, la guerre du Golfe

Il y a trente ans, à l’aube du 17 janvier 1991, commençait dans le Golfe Persique l’opération “Tempête du désert”, la guerre contre l’Irak qui ouvrait la séquence des guerres de l’après guerre froide. Elle est lancée par les USA et par leurs alliés au moment où, après l’effondrement du Mur de Berlin, vont se dissoudre le Pacte de Varsovie et l’Union Soviétique même. Cela crée une situation géopolitique entièrement nouvelle, et les USA tracent une nouvelle stratégie pour en tirer le plus grand avantage.

 

Dans les années Quatre-Vingt les USA ont soutenu l’Irak de Saddam Hussein dans la guerre contre l’Iran de Khomeini. Mais quand en 1988 se termine cette guerre, les USA redoutent que l’Irak n’acquière un rôle prééminent dans la région. Ils opèrent donc de nouveau la politique du “diviser pour régner”. Ils poussent le Koweit à exiger le remboursement immédiat du crédit concédé à l’Irak et à lui nuire en exploitant outre mesure le gisement pétrolifère qui s’étend sous les deux territoires.

 Destruction massive en Irak. Destruction massive en Irak 

Washington fait croire à Bagdad que les USA resteront neutres dans le conflit entre les deux pays ; mais, quand en juillet 1990 des troupes irakiennes envahissent le Koweït, Washington forme une coalition internationale contre l’Irak. Est envoyée dans le Golfe une force de 750 mille soldats, dont 70% sont étasuniens, sous les ordres du général étasunien Schwarzkopf. Pendant 43 jours, à partir du 17 janvier, l’aviation USA et alliée effectue, avec 2.800 avions, plus de 110 mille sorties, larguant 250 mille bombes, dont celles à fragmentation qui lâchent plus de 10 millions de sous-munitions. Participent aux bombardements, aux côtés des étasuniennes, des forces aériennes et navales britanniques, françaises, italiennes, grecques, espagnoles, portugaises, belges, hollandaises, danoises, norvégiennes et canadiennes. Le 23 février les troupes de la coalition, comprenant plus d’un demi million de soldats, lancent l’offensive terrestre. Elle se termine le 28 février avec un “cessez-le-feu temporaire” proclamé par le président Bush. 

 Immédiatement après la guerre du Golfe, Washington lance à ses adversaires et alliés un message sans équivoque : “Les États-Unis demeurent le seul État avec une force, une portée et une influence en toute dimension -politique, économique et militaire- réellement mondiales. Il n’existe aucun substitut au leadership américain” (Stratégie de la sécurité nationale des États-Unis, août 1991).

 La guerre du Golfe est la première guerre à laquelle participe sous commandement USA la République italienne, violant l’article 11 de la Constitution. L’OTAN, bien que n’y participant pas officiellement en tant que tel, met à disposition ses forces et ses bases. Quelques mois plus tard, en novembre 1991, le Conseil Atlantique lance, dans le sillage de la nouvelle stratégie USA, le “nouveau concept stratégique de l’Alliance”. Dans la même année en Italie est lancé le “nouveau modèle de défense” qui, renversant la Constitution, indique comme mission des forces armées “la tutelle des intérêts nationaux partout où c’est nécessaire”. 

Ainsi naît avec la guerre du Golfe la stratégie qui guide les guerres successives sous commandement USA -Yougoslavie 1999, Afghanistan 2001, Irak 2003, Libye 2011, Syrie 2011,  et d’autres- présentées comme des “opérations humanitaires pour exporter la démocratie”. Témoignent de combien cela correspond à la vérité les millions de morts, invalides, orphelins, réfugiés provoqués par la guerre du Golfe, celle qu’en août 1991 le président Bush qualifie de “creuset du nouvel ordre mondial”. S’ajoute à ceux-ci un million et demi de morts, dont un demi million d’enfants, provoqués en Irak par les 12 suivantes années d’embargo, plus de nombreux autres dus aux effets à long terme des projectiles à l’uranium appauvri utilisés massivement dans la guerre. Et après celui de l’embargo, le nouveau provoqué par la seconde guerre contre l’Irak lancée en 2003.

Dans ce même “creuset” vont être brûlés des milliers de milliards de dollars dépensés pour la guerre : rien que pour la seconde guerre contre l’Irak, le Bureau, au Congrès, du budget estime la dépense étasunienne à long terme à environ 2.000 milliards de dollars.

On gardera tout cela à l’esprit quand, sous peu, d’aucuns rappelleront dans les grands médias le trentième anniversaire de la Guerre du Golfe, “le creuset du nouvel ordre mondial”.

Manlio Dinucci
Édition de mardi 12 janvier 2021 d’il manifesto
https://ilmanifesto.it/trentanni-fa-la-guerra-del-golfo/
Via Mondialisation.ca

Commentaire

C'est le plus grand mensonge de l'histoire de l'espionnage - le plus meurtrier aussi. Une mystification imaginée par un quidam qui a servi de prétexte principal à l'invasion de l'Irak, il y a 30 ans. Cette extraordinaire affaire est apparue au grand jour le 5 février 2003, à l'ONU.

Irak: le Pentagone a caché la découverte d'armes chimiques - L'Express 

Ce soir-là, dans un discours resté célèbre, le secrétaire d’État américain, Colin Powell, lançait au monde : "Il ne peut faire aucun doute que Saddam Hussein a des armes biologiques" et "qu'il a la capacité d'en produire rapidement d'autres" en nombre suffisant pour "tuer des centaines de milliers de personnes". Comment ? Grâce à des "laboratoires mobiles" clandestins qui fabriquent des agents atroces tels la "peste, la gangrène gazeuse, le bacille du charbon ou le virus de la variole". Sûr de son fait, le puissant Américain ajoute : "Nous avons une description de première main" de ces installations de la mort.

Mais Colin Powel n'est pas le seul super menteur parmi les dirigeants américains.
Pour nous en tenir à l'actualité, le président américain élu Joe Biden est tout aussi menteur. Mais il n'est n’est pas un menteur de l’ampleur de son prédécesseur  Trump, qui a fait plus de 20.000 « déclarations fausses ou trompeuses » au cours de sa présidence. Mais Joe Biden fait des déclarations oiseuses, comme par exemple lorsqu’il a affirmé avoir rencontré le Premier ministre soviétique Alexeï Kossyguine à Moscou en 1979. En 2007, il écrivait que « Brejnev avait un air pâle ; nous ne le savions pas, mais il était déjà malade et mourant. Le président soviétique s’est excusé après les présentations et a confié la rencontre à Kossyguine ». Cela semble exact. Mais ce n’est pas le cas, car un historien de l’Université de Lille en France, Andreï Kozovoi, a fait des recherches sur la visite et a découvert que Brejnev n’a jamais mentionné avoir rencontré Biden, ni son secrétaire ou toute autre personne lors de la visite. L’ancien sénateur Bill Bradley faisait partie du groupe avec Biden et aurait déclaré : « Brejnev n’a participé à aucune réunion à laquelle j’ai assisté et j’ai participé à toutes les réunions de la délégation lors de ce voyage ».

Hannibal GENSERIC

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