mercredi 9 novembre 2022

Ukraine. Les États-Unis trompent leurs alliés pour les garder dans le rang

L’administration Biden a lancé une campagne fictive censée calmer les « alliés » européens qui font pression pour des pourparlers de paix sur l’Ukraine.
Mais, comme l’indique le Washington Post, la prétendue pression de Biden pour des négociations est une imposture
:

L’administration Biden encourage en privé les dirigeants ukrainiens à faire preuve d’ouverture pour négocier avec la Russie et à abandonner leur refus public d’engager des pourparlers de paix à moins que le président Vladimir Poutine ne soit écarté du pouvoir, selon des personnes au fait des discussions.

Selon ces personnes, la demande des responsables américains ne vise pas à pousser l’Ukraine à la table des négociations. Il s’agit plutôt d’une tentative calculée pour s’assurer que le gouvernement de Kiev conserve le soutien d’autres nations dont les dirigeants craignent d’alimenter une guerre pendant de nombreuses années.

Si les responsables américains partagent l’avis de leurs homologues ukrainiens selon lequel Poutine, pour l’instant, n’est pas sérieux dans ses négociations, ils reconnaissent que le refus de faire la paix du président Volodymyr Zelensky suscite des inquiétudes dans certaines parties de l’Europe, de l’Afrique et de l’Amérique latine, où les effets perturbateurs de la guerre sur la disponibilité et le coût des denrées alimentaires et du carburant sont les plus fortement ressentis.

Donc si Zelensky commence maintenant à proposer des pourparlers, nous savons que ce ne sera pas sérieux mais juste pour la forme.

Le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, vient de se rendre à Kiev. C’est probablement lui qui a mis en place ce plan. Cela serait cohérent avec une autre histoire récente publiée dans le Wall Street Journal concernant des discussions entre Sullivan et certains Russes :

Le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a eu ces derniers mois des entretiens secrets avec des responsables russes de haut niveau, a rapporté dimanche le Wall Street Journal, citant des responsables américains et alliés anonymes.

Les responsables ont déclaré que les discussions visaient à réduire le risque que la guerre en Ukraine se transforme en un grand conflit et que Sullivan a mis en garde Moscou contre l’utilisation d’armes nucléaires. Ils ont ajouté que M. Sullivan s’était entretenu avec Yuri Ushakov, conseiller en politique étrangère du président russe Vladimir Poutine, et le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolai Patrushev.

La raison pour laquelle cette histoire est montée en épingle est probablement la même que ci-dessus : calmer les alliés qui s’inquiètent d’une guerre sans fin.

Il est pourtant évident que les États-Unis ne veulent pas que la guerre se termine de sitôt :

Les États-Unis envoient à l’Ukraine 400 millions de dollars supplémentaires en aide militaire et établissent un quartier général d’assistance à la sécurité en Allemagne qui supervisera tous les transferts d’armes et la formation militaire pour l’Ukraine, a annoncé le Pentagone vendredi.

Le nouveau poste de commandement, appelé Groupe d’assistance à la sécurité en Ukraine, est le signe d’un programme à plus long terme visant à continuer à aider Kiev dans sa lutte contre la Russie, a déclaré la porte-parole du Pentagone, Sabrina Singh, aux journalistes au Pentagone.

Le nouveau poste de commandement qui supervisera cette aide sera dirigé par un officier supérieur de niveau trois étoiles et comptera environ 300 personnes basées en Allemagne qui surveilleront l’assistance en armement et les programmes de formation, a déclaré le porte-parole de l’armée américaine en Europe, le colonel Martin O’Donnell.

Un tel commandement indique un effort sur plusieurs années. De même, certains des systèmes d’armes que les États-Unis ont promis à l’Ukraine n’ont pas encore été produits. Ils ne seront livrés à l’Ukraine qu’en 2023 ou 2024 – si jamais c’est le cas.

Mais je doute que ce plan pour la guerre dure plusieurs années puisse fonctionner. La récente attaque de la Russie sur les systèmes électriques de l’Ukraine a montré qu’elle est maitre de l’escalade, qu’elle pourrait faire beaucoup plus pour détruire l’Ukraine et la rendre incapable de poursuivre la guerre.

Les États-Unis poussent également l’Ukraine à attaquer les positions russes sur la rive droite du Dniepr :

Les forces ukrainiennes peuvent reprendre aux troupes russes la ville stratégique de Kherson, dans le sud du pays, a déclaré jeudi le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, dans ce qui serait une défaite majeure pour la Russie depuis qu’elle a envahit son voisin.

Les remarques d’Austin ont coïncidé avec la déclaration d’un responsable installé par la Russie dans la région de Kherson, selon laquelle Moscou allait probablement retirer ses troupes de la rive ouest du fleuve Dnipro, signalant ainsi une retraite importante, si elle est confirmée.

« Sur la question de savoir si les Ukrainiens peuvent prendre le territoire restant sur la rive ouest de la rivière Dnipro et à Kherson, je crois certainement qu’ils ont la capacité de le faire« , a déclaré Austin lors d’une conférence de presse au Pentagone.

« Plus important encore, les Ukrainiens pensent qu’ils ont la capacité de le faire. Nous les avons vus s’engager dans un effort très méthodique mais efficace pour reprendre leur territoire souverain.« 

Des rumeurs en provenance d’Ukraine indiquent également que Sullivan a fait pression sur Zelensky pour qu’il lance une campagne à Kherson dès que possible. Zelensky aurait accepté de le faire.

Mais l’armée ukrainienne ne veut pas le faire – du moins pas maintenant. Les troupes russes présentes dans la région ont été renforcées. Les champs sont boueux et ne peuvent être traversés par des véhicules lourds. Les attaques d’artillerie russes détruisent les équipements pré-positionnés pour l’attaque avant qu’ils ne soient prêts à s’approcher de la ligne de front.

L’armée ukrainienne essaye depuis des semaines de lancer des attaques dans la région de Kherson. Celles-ci n’ont donné aucun résultat significatif si ce n’est que les unités attaquantes ont subi des pertes élevées. Les unités déployées autour de la région sont là depuis début octobre ou plus. La carte de déploiement des forces terrestres militaires ne montre qu’une seule unité qui est arrivée il y a seulement cinq jours. Le 98e bataillon Azov, l’une des forces volontaires fascistes, a été positionné à l’arrière de la 128e brigade d’assaut de montagne qui, ces dernières semaines, a subi certaines des pertes les plus importantes.

L’utilisation de telles forces « nationalistes » pour empêcher la retraite d’unités de première ligne épuisées est un phénomène récurent dans cette guerre.

Depuis des semaines, l’Ukraine n’a remporté aucun succès sur le champ de bataille. Washington voudrait pourtant qu’elle affiche un petit succès afin de pouvoir dire à ses alliés que la guerre peut être gagnée par le camp ukrainien. La pression en faveur d’une attaque sur Kherson fait à nouveau partie de la campagne globale visant à convaincre les Européens qu’ils doivent soutenir les efforts pour armer et soutenir l’Ukraine.

Cette campagne est trompeuse. L’Ukraine perd gravement la guerre. Mais les États-Unis veulent combattre la Russie jusqu’au dernier Ukrainien – et même jusqu’au dernier euro.

Par Moon of Alabama – Le 7 novembre 2022

Via le Saker Francophone.

2 commentaires:

  1. Il reste également à savoir si l'Amérique veut aussi poursuivre cette guerre jusqu'au dernier dollar. La FED ne va pas imprimer indéfiniment de l'argent fictif, augmenter l'inflation, puis son taux directeur pour créer une récession, donc du chômage. L'Amérique est assise sur une montagne de dettes, ce qui n'est pas le cas de la Russie.

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  2. Etats Unis = 400 ans d'histoire
    France = 2600 ans
    Chine = 6 000 ans
    Russie = 4 200 ans

    Total = 13 200 ans dont les Etats Unis représente 3 %

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