Emirat
minuscule par sa superficie et sa population, disposant d’une force de
frappe financière sans équivalent, protégé par le suzerain américain, le
Qatar joue les matamores et les
fiers-à-bras sur la scène arabe. Nabot par la taille (11 500 km2) et
par la population (1,7 million d'habitants, dont 85 % d'étrangers), il
est un mammouth par sa force de frappe
économico-diplomatique. Avec un PIB de 88.000 dollars par habitant,
c’est le pays le plus riche du monde.
Cette richesse n’est pas le fruit d'une longue tradition scientifique, technologique ou culturelle, mais celle d'une rente gazière sortie des sables. Cet émirat détient le plus grand fonds souverain de la planète, Qatar Investment Authority, dont les avoirs sont estimés à environ 700 milliards de dollars (distribués en Tunisie, chaque tunisien, du plus jeune au plus vieux, aurait plus de cent mille Dinars).
Cette richesse n’est pas le fruit d'une longue tradition scientifique, technologique ou culturelle, mais celle d'une rente gazière sortie des sables. Cet émirat détient le plus grand fonds souverain de la planète, Qatar Investment Authority, dont les avoirs sont estimés à environ 700 milliards de dollars (distribués en Tunisie, chaque tunisien, du plus jeune au plus vieux, aurait plus de cent mille Dinars).
Considérée auparavant comme infréquentable, la famille de l’émir qatari voit, aujourd’hui, tous les islamistes se transformer en
courtisans : il faut dire que l’émir est des plus généreux avec ceux qui se font ses zélateurs. Le Qatar
n'est évidemment pas fréquentable pour sa
« démocratie » contenue dans les limites des studios d'Al-Jazira.
Gavée de devises, cette presqu'île du Golfe pratique une politique
d'intervention tous azimuts.
Une monarchie absolue.
Au Qatar, la famille souveraine Al Thani détient seule le pouvoir. La base des lois du Qatar est la chariaâ version wahhabite.
En 1995, à l'âge de 43 ans, l'impétueux Hamad profite d'un séjour en
Suisse de son pusillanime de père pour le déposer. Chez le cheikh
Hamad, il n’y a pas d’opposition, pas de partis politiques, pas de
syndicats, pas de presse libre, pas d’ONG, pas de droits de l’Homme (ni,
a fortiori, de droits de la femme), pas de société
civile, pas d’associations ….. Le Qatar est presque toujours
d'accord avec les Etats-Unis lorsqu’il s’agit des conflits qui agitent
la planète, y compris quand il s'agit de « casser »
de l'Arabe, comme en Irak ou en Libye.
Une base militaire américaine.
Lorsqu'il dépose son père, les Etats-Unis sont le premier pays à reconnaître le pouvoir de Cheikh Hamad. Le
11 décembre 2002, est signé, avec les États-Unis, un accord de coopération militaire. C’est également le Qatar qui a hébergé le "CentCom", le commandement
opérationnel américain, qui a supervisé l’invasion de l’Irak, en mars 2003.
Non loin de Doha, à une quarantaine de kilomètres, se trouve la base
militaire El-Oudeid, la plus grande base
aérienne américaine en dehors des Etats-Unis, et où stationnent plus
de 120 chasseurs bombardiers F-16 et autres avions de guerre.
L’ami des Israéliens
Dans
les années 1990, l'émir avait aussi noué un début de lien
diplomatique avec Israël, pays avec lequel il restera en contact
jusqu'à l'offensive de Tsahal contre la bande de Gaza, en janvier 2009.
Jusqu’à cette date, l’émirat entretient de solides
relations avec Israël sur les plans politique, militaire,
diplomatique, sécuritaire et commercial. Lors du sommet économique
d'Amman en octobre 1995, il y a eu la signature d'un mémorandum
prévoyant la livraison à Israël de gaz naturel du Qatar. Un bureau commercial israélien s'est ouvert à Doha en septembre 1996. Ce bureau était alors plus
important que l’ensemble des ambassades des pays arabes et islamiques à Doha.
Une rampe de lancement islamiste.
Soucieux
de
ne froisser personne, le Qatar mène un jeu d’alliances à 360 degrés.
Aux côtés de ses alliances américaines et israéliennes, le Qatar
devient en même temps le sponsor et la terre d'accueil des
islamistes sunnites de toutes obédiences, du prédicateur libyen Ali Al-Salibi à l'algérien Abassi Madani, en passant par le télé-coraniste égyptien Qaradawi et le tunisien Rached Ghannouchi ... Sans oublier Oussama Ben Laden, l'ennemi public numéro un de l'Oncle Sam, dont les messages audio sont retransmis sur
Al-Jazira.
Sous le titre : « Notre ami du Qatar’ finance les islamistes du Mali »,
le Canard Enchainé indique que la Direction du renseignement
militaire (DRM), qui relève du chef d'état-major des armées françaises,
a recueilli des renseignements selon lesquels
« les insurgé du MNLA (indépendantistes et laïcs), les
mouvements Ansar Eddine, Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) et Mujao
(djihad en Afrique de l’Ouest) ont reçu une aide en dollars
du Qatar. »
En clair : les émirs du Qatar financent des mouvements islamistes armés qui sèment la terreur au Maghreb et dans le Sahel.
Toujours selon le Canard, l’émirat du Qatar a des visées sur les richesses des sous-sols du Sahel. « Des négociations discrètes ont déjà débuté avec Total », le géant pétrolier
français pour exploiter à l’avenir le pétrole dont regorge cette région de l’Afrique.
Bref, une vraie pétaudière qui risque de transformer le Sahel en un nouvel Afghanistan.
Les officiers de la DRM affirment eux, que "la
générosité du Qatar est
sans pareille et qu’il ne s’est pas contenté d’aider financièrement,
parfois en livrant des armes, les révolutionnaires de Tunisie, d’Egypte
ou de Libye. "
Justement,
les relations entre l’Algérie et le Qatar se sont refroidies depuis la
chute en 2011 des dictatures à Tunis, au Caire et à
Tripoli. Les Algériens goûtent ainsi très peu l’aide financière,
militaire et le soutien diplomatique apportés par les Qataris à ces
trois pays de l’Afrique du Nord ainsi que l’influence prise
par cet émirat au sein de la Ligue arabe.
Un interventionnisme néfaste
Dans
le monde arabe, l'interventionnisme tout azimut du Qatar suscite une
exaspération croissante, y compris chez les Saoudiens.
Venu mi-janvier assister aux célébrations du premier anniversaire de
la révolution du jasmin, l'émir a été conspué par des milliers de
Tunisiens qui l'ont accusé d'être le complice du plan
israélo-américain visant à remodeler le Proche-Orient. Quelques
jours plus tôt, l'émir avait été renvoyé de Mauritanie par son
homologue, Mohamed Ould Abdel Aziz, ulcéré que son
royal invité lui ait enjoint de dialoguer avec son opposition... islamiste.
Du
soft power grâce à la chaîne Al-Jazira, au hard power par l’envoi des
forces spéciales sur le
terrain (Libye, Syrie), l’émirat veut s’imposer comme un acteur
majeur de la transition en cours du nationalisme arabe vers le califat
panislamique. L’émir du Qatar serait l’archétype du sixième calife annoncé, et son type de gouvernement en serait le modèle de califat. Le Qatar a demandé à la communauté internationale d'armer les insurgés syriens et a invité les pays arabes à prendre la tête d'un
mouvement visant à mettre fin au pouvoir en place en Syrie.
Combien de temps cette business-diplomatie tapageuse peut-elle encore durer ?
Mise
sur orbite par la volonté d'un homme et quelques accidents de
l'Histoire, la fusée qatarie subira un jour ou l'autre des accidents
imprévus
qui l'obligeront à s’écraser sur Terre. A force de se faire le
chantre d’une démocratisation qu’il récuse chez lui, le Qatar pourrait
bien, à son tour, subir "un effet boomerang" des révoltes arabes.
Comme dans la fable de La Fontaine,
à force de vouloir enfler pour ressembler au bœuf, la chétive grenouille qatari finira par crever, comme un ballon de baudruche.
Une grenouille vit un bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant: "Regardez bien, ma sœur;
Est-ce assez? Dites-moi: n'y suis-je point encore?
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages.
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout prince a des ambassadeurs,
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