mardi 11 septembre 2012

Les Arabes, Internet et la censure



L’année 2011 a  souligné la consécration des réseaux sociaux et du rôle du Web comme outil de mobilisation et de transmission d’informations dans les soulèvements populaires arabes. Les net-citoyens ont été, en 2011, au cœur des changements politiques qui ont affecté le monde arabe, et ce, malgré l’intrusion de cyber-collabos, travaillant essentiellement pour le compte de la CIA. Les net-citoyens honnêtes envers leur pays et leur peuple ont tenté de tenir le blackout en échec, de contourner la censure. En contrepartie, ils en ont payé le prix fort.
L'expression « Big Brother » est utilisée par les journaux pour qualifier toutes les institutions ou pratiques portant atteinte aux libertés fondamentales et à la vie privée des populations ou des individus. Il est aussi le grand surveillant, omniprésent par les affiches et les « télécrans » des domiciles privés, ce que rappelle la maxime officielle « Big Brother is watching you »  (le Grand Frère vous regarde). Le Big Brother tunisien du Net a été appelé Ammar404, en référence au message Error 404, signalant l’interdiction d’accès à un site, imposée par les autorités de censure.
Un an et demi après l’annonce de sa mort, à en croire le ministre de tutelle du web, Mongi Marzouk, nous risquons son retour proche si nous n’y prenions garde. Ce discret apparatchik d’Ennahdha vient de l’annoncer, ce mardi 4 septembre 2012, date de l’ouverture d’un séminaire national sur la régulation de l’Internet au Pôle technologique d’Al Ghazala. Plusieurs commentateurs et cyber-activistes craignent, à juste titre, une régression des libertés par rapport aux acquis payés au prix fort par la jeunesse révolutionnaire sous l’ancien régime. Ces menaces sur l’Internet participeraient de l’opération « ekbess », c'est-à-dire « serrez la vis », lancée par les militants et les nervis islamistes pour renforcer l’autorité d’un gouvernement en perte vertigineuse de popularité, un gouvernement aux abois. Cet épisode est indissociable du processus déjà entamé par ce gouvernement pour le contrôle de l’information et la limitation du champ des libertés.

La censure est de retour 

Depuis l’affaire des « guignols » de la chaîne Attounisia (l’émission a été interdite et le patron de la chaîne incarcéré pour corruption : « quand on veut noyer son chien, on l’accuse de la rage », alors que les vrais corrompus sont connus de tous et s’affichent sans vergogne), les prétextes se multiplient pour faire obstruction à toute critique et à toute information contraire au discours officiel. En agissant ainsi, le gouvernement provisoire, incapable de faire face aux défis économiques, sociaux, culturels ; incapable de lutter contre les diverses pollutions (saleté généralisée, bruits, etc.), incapable d’assurer la sécurité des biens et des personnes, nous jette un nouvel os à ronger : contrôler Internet, pour, dit-il, lutter contre les menaces de cyber délinquance et celles pesant sur la sûreté nationale. Incrédule, une partie de la blogosphère s’interroge: « Depuis quand Ennahdha lutte-t-elle contre le terrorisme, alors qu’elle compte, y compris au sein de son état major, nombre de terroristes ? ». Une façon de rappeler que si les autorités étaient de bonne foi, elles commenceraient par s’atteler d’abord à la lutte contre les groupes terroristes, bien réels ceux-là, qui recrutent, entraînent et arment des jeunes Tunisiens pour les envoyer guerroyer en Syrie et ailleurs, au nom du sunnisme wahhabite, pour le compte de l’impérialisme et du sionisme, .

Les Arabes et Internet

Depuis que les statistiques concernant Internet existent, l’Arabie Saoudite, suzerain et « maître spirituel » des islamistes tunisiens, a toujours été la championne du monde de la censure sur Internet.  Actuellement, l’Arabie Saoudite et Bahreïn sont, dans le classement de « Reporters sans frontières »,  championnes du monde des « ennemis d’Internet ».
Les pays de la censure
Par ailleurs, « les arabophones », qui sont 300 millions, totalisent 13,5 millions d’accès Internet, c'est-à-dire moins que les 24 millions de néerlandophones, qui en totalisent 14 Millions !!
Enfin, rappelons que ces bons « arabo-musulmans », y compris ces « vertueux » islamistes, sont aussi les champions du monde du voyeurisme, c'est-à-dire de la fréquentation des sites pornographiques (Voir les statistiques sur www.alexa.com). Alors que la moyenne mondiale situe le premier site X en nombre de visiteurs au 42eme rang, pour les arabo-musulmans, le premier site X en nombre de visiteurs est en 14ème position (premier : Facebook, deuxième : Twitter, 3ème : Googgle,…, 14ème : site X). Les Tunisiens, un peu plus « voyeurs » que la moyenne arabe, le placent en 13ème position. Les Irakiens, champions des champions, en 6ème position. Conscients de ce problème, en supposant que ce gouvernement puisse être conscient de quelque chose, les autorités ont peut être voulu censurer Internet pour cette raison, et non sous le prétexte fallacieux de sécurité nationale. La sécurité nationale, ou plutôt l'insécurité nationale, tout le monde le sait, n’est pas aux mains de ce gouvernement. Elle est aux mains d’autres pays, les sponsors de l’islamisme. Par contre, ce gouvernement de la honte fait disparaître la pilule contraceptive des femmes des pharmacies, et la remplace par toutes sortes de "viagras", destinées aux vieux barbus islamistes, impuissants, pédophiles, nécrophiles et voyeurs.

Une inspection en profondeur.

Dans ce contexte de course entre la censure et les défenseurs de la liberté, des sociétés de surveillance deviennent les nouveaux mercenaires d’une véritable course à l’armement en ligne. Les hacktivistes apportent leur expertise technique aux net-citoyens pris dans les tenailles des appareils répressifs. Cette surveillance  est possible grâce à des technologies informatiques européennes et américaines, qui trouvent, chez les Arabes, d’excellents « rats de laboratoires », des « cobayes » décomplexés et des bancs d’essais grandeur nature pour tester et mettre au point ces technologies. Les SpyFiles publiés par WikiLeaks sont une mine d’informations sur le sujet. Ces entreprises bénéficient d’un marché très lucratif. Pour n’en citer que quelques-unes, la firme américaine BlueCoat a été épinglée pour ses activités en Syrie, la société française Amesys en Libye, et des poursuites ont été engagées par l’ONG Arabic Network for Human Rights Information (ANHRI) contre Vodafone en Egypte. L’entreprise italienne AreaSpa s’est finalement retirée de Syrie après une campagne internationale de dénonciation. Il est à noter que la vente des équipements de surveillance est peu réglementée. Ni les Etats-Unis ni l’Union Européenne n’interdisaient l’exportation des technologies de surveillance vers la Tunisie et vers d’autres pays arabes totalitaires. 
Ces technologies portent le doux nom de « Deep Packet Inspection », c'est-à-dire « inspection en profondeur de paquets». Lorsqu’on envoie un courriel (un email), des dizaines d’ordinateurs, connectés à Internet, se relaient pour l’acheminer à destination. Chaque ordinateur joue le rôle du facteur qui se contente de lire l’adresse de destination du message (et ne regarde pas son contenu), le transmet à l’ordinateur suivant, et ainsi de suite jusqu’à la destination finale. Si vous avez à faire à des facteurs honnêtes, votre courrier arrivera intact à destination. Par contre, si dans la chaîne des facteurs, il y a en un qui est malhonnête, alors il va lire votre courrier, le stocker dans ses fichiers pour l’utiliser contre vous ultérieurement, le modifier ou le détruire, en bref : les ennuis vont commencer pour vous. C’est ce que faisait le Big Brother tunisien.
Les « services de sécurité » ne demandent plus seulement à un prisonnier interrogé et torturé le nom de ses complices, mais son mot de passe Facebook, Skype, VKontakte, etc. Ce scénario s’est reproduit en Tunisie sous ZABA. Il est courant en Iran, en Arabie, au Qatar, au Bahreïn, au Turkménistan et ailleurs. Les dissidents tentent de trouver toutes sortes de parades. La parade de certains dissidents consiste à créer de faux comptes ou à donner ses codes d’accès à un proche pour qu’il prenne la main sur ses comptes en cas d’arrestation, et évite ainsi de mettre en danger ses contacts.
Lors d’un départ en zone de guerre ou de conflit, le gilet pare-balles ne suffit plus pour les journaliste. Il leur faut maintenant se munir d’un “kit de survie numérique”, permettant le chiffrement des données, l’anonymisation des communications et éventuellement le contournement de la censure.
De plus en plus complexe, les outils destinés à contourner la censure sont chaque jour plus nombreux et souvent plus difficiles à choisir.  Chiffrer (ou crypter) ses contenus est un art qui remonte à l’antiquité. C’est une pratique indispensable pour échapper à la surveillance et minimiser les risques de voir des opérations d’activisme déjouées. Tor est l’un des outils de contournement de la censure et d’anonymisation les plus connus au monde. Il n’est cependant pas forcément adapté à tous les usages, et son principe technologique est complexe.
Les méthodes de contournement peuvent aller de simples canaux sécurisés à des programmes informatiques complexes. Cependant, elles fonctionnent à peu près toutes de la même manière : Elles indiquent à votre navigateur web de faire un détour par un ordinateur intermédiaire, appelé proxy, qui :
·       est situé dans un lieu non soumis à la censure d’Internet.
·       n’a pas été bloqué depuis l’endroit où vous vous trouvez.
·       sait comment récupérer et renvoyer du contenu à des utilisateurs tel que vous.
Du côté de la censure, ou « surveillance technique », des tentatives de hameçonnage des identifiants d’utilisateurs de réseaux sociaux ont été signalées, ainsi que l’utilisation de faux certificats de sécurité. Priorité est également donnée à la neutralisation des outils de chiffrement, d’anonymisation ou de contournement.

Capacité de Big Brother.

La capacité de surveillance de la Tunisie sous Zaba la plaçait en tête de la course à « l’armement informatique » menée par des régimes répressifs. L’ATI (Agence Tunisienne de l'Internet) avait une place centrale dans l’organisation de Big Brother. Tout accès à l’internet et tout courriel passent par l’agence, ce qui les rend plus faciles à surveiller. Dès que le système détecte un email "suspect", un réseau de fibres optiques le transmet au centre de contrôle. Les outils disponibles permettent d’écouter les communications téléphoniques, les SMS, et d’autres données numériques. Tout est canalisé vers des centres de surveillance, situés soit au Ministère de l’Intérieur, soit au palais du Carthage. Le système de surveillance du courriel s’accompagnait aussi de tentatives de manipulation. Des courriels étaient modifiés plus ou moins intelligemment : des grossièretés, des images pornographiques ou compromettantes étaient rajoutés, des menaces étaient distillées.

Responsables, non coupables.

A notre connaissance, aucune enquête sérieuse n’a été menée par les nouvelles autorités tunisiennes pour démasquer les responsables de cette censure au sein de l’ATI ou parmi la « cyber-police », ou encore les entreprises tunisiennes et étrangères qui en étaient complices. Nous n’avons aucune information concernant les informations stockées sur les internautes tunisiens. Ou sont-elles ? à l’ATI ? Au Ministère de l’Intérieur ? Au palais de Carthage ? Ce qui est certain, c’est qu’elles sont stockées quelque part, attendant que les nouvelles « autorités » s’en occupent. Il semble que le temps soit propice aujourd’hui.

En 2011, la partition du Web s’est renforcée. Les internautes accèdent à des informations différentes en fonction de leur lieu de connexion. La ségrégation digitale se répand. La solidarité entre défenseurs d’un Internet libre et accessible à tous est plus que jamais vitale pour bâtir ou préserver des passerelles entre les net-citoyens et faire en sorte que l’information continue à circuler.  

Plusieurs commentateurs et activistes craignent maintenant une régression des libertés par rapport aux acquis payés au prix fort par la jeunesse révolutionnaire sous l’ancien régime

Hannibal Genseric

Note du 27/09/2012.

Il se confirme qu'à la dete du 23/9/12,  le gouvernement provisoire de Jbali vient de mettre en service un centre avec un système d'analyser internet (DPI) qui permettra de contrôler les messages échangés, de les filtrer et de les censurer. Une technologie plus développée que celle utilisait par les services de ATI sous ZABA à des fins d'interception des communications de traitement et d'analyses de données. Profitant du repos dominical, aidé de techniciens américains et ceux de l'ATI, le gouvernement " dans le cadre de lutte contre le terrorisme de Qaida et de AQMI " vient de placer les internautes en Tunisie et par conséquence les opposants à sa politique sous surveillance avec ces équipements d'analyse portant sur des connections internet.