Tonton Macoute est le terme utilisé pour désigner en Haïti, les membres de la milice paramilitaire des « Volontaires de la Sécurité Nationale » (VSN) créée à la suite d'un attentat contre le président François Duvalier, le 29 juillet 1958. Elle sera ensuite employée par son fils et successeur Jean-Claude Duvalier.
Destinée à assurer la protection rapprochée du président, cette milice de plusieurs milliers d’hommes répondait à l'idée de Duvalier de faire de chaque Haïtien un défenseur de la « Révolution ». Ses membres, ne touchant aucun salaire, firent de l'extorsion et du crime organisé leurs moyens de subsistance. Ils se sont fait rapidement une sinistre réputation en raison des violations graves des droits de l’homme dont ils se sont rendus coupables contre les opposants politiques et les populations civiles (viols, tortures, meurtres, arrestations arbitraires, massacres…). L’extrême violence de ses membres et le recours aux superstitions favorisaient l'arbitraire du régime de Duvalier, muselant toute tentative d'opposition dans la population. Après la chute de la dictature duvaliériste, l'expression « macoutisme » sera employée pour désigner les régimes politiques qui s'appuient sur la corruption, tout en faisant usage de la violence contre les opposants et les civils.
Destinée à assurer la protection rapprochée du président, cette milice de plusieurs milliers d’hommes répondait à l'idée de Duvalier de faire de chaque Haïtien un défenseur de la « Révolution ». Ses membres, ne touchant aucun salaire, firent de l'extorsion et du crime organisé leurs moyens de subsistance. Ils se sont fait rapidement une sinistre réputation en raison des violations graves des droits de l’homme dont ils se sont rendus coupables contre les opposants politiques et les populations civiles (viols, tortures, meurtres, arrestations arbitraires, massacres…). L’extrême violence de ses membres et le recours aux superstitions favorisaient l'arbitraire du régime de Duvalier, muselant toute tentative d'opposition dans la population. Après la chute de la dictature duvaliériste, l'expression « macoutisme » sera employée pour désigner les régimes politiques qui s'appuient sur la corruption, tout en faisant usage de la violence contre les opposants et les civils.
Hannibal Genseric
On ne compte plus
les agressions, voire les menaces de mort, contre des artistes, des
journalistes et des intellectuels. De Zied Krichen en passant par Nouri Bouzid
à Lotfi Abdelli ou Youssef Seddik, la liste est longue. Il est fort à parier,
malheureusement, qu’au train où vont les choses, cette liste est appelée à
s’allonger encore. Les personnalités politiques n’ont pas été épargnées non
plus, qu’il s’agisse de Néjib Chebbi ou de Béji Caïd Essebsi. Ce dernier ayant
subi les foudres non d’un quelconque voyou mais celles d’un haut fonctionnaire
de l’État qui a publiquement appelé au meurtre de l’ancien Premier Ministre.
Les auteurs de ces actes délictueux ont rarement été inquiétés. Voyez, à titre
d’exemple, M. Houcine Laâbidi, l’imam autoproclamé de la Zitouna, qui a appelé
à la mort des peintres ayant exposé à Al Abdellia. Voyez encore, plus
récemment, les quatre personnes arrêtées à Bizerte suite aux graves violences
qu’elles ont causées aux organisateurs d’une soirée culturelle et que le
parquet a immédiatement remises en liberté. L’impunité dans ce domaine finit
par se payer cher, car elle est toujours interprétée par les intéressés, qu’on
le veuille ou non, comme un message d’encouragement à poursuivre sur la voie de
la transgression de la loi. Des paroles et autres outrages publics aux actes
meurtriers, le chemin est, hélas, très court. Alors, les escadrons de la mort
et les tontons macoutes, c’est pour quand ?
On ne compte plus,
non plus, les attaques qui ont ciblé les hôtels et bars où la consommation de
l’alcool est autorisée par la loi. Jendouba au printemps dernier, Raoued et
Sidi-Bouzid ce premier week-end de septembre 2012 ont connu des moments
d’hystérie collective avec leurs lots de dégâts matériels que l’on peut
aisément imaginer et cela en l’absence totale des forces de l’ordre. Faut-il
rappeler dans un contexte avoisinant que, début ramadan, de simples cafés ont
connu, dans la journée, des descentes des nouveaux justiciers qui ont humilié
et malmené de paisibles consommateurs et forcé les gérants à baisser le rideau
? Les fauteurs de troubles intimident-ils à ce point nos forces de l’ordre que
celles-ci leur cèdent le terrain ? Doit-on en conclure que l’heure des escadrons
de la mort et des tontons macoutes est arrivée ?
On ne compte plus
non plus, les réunions politiques ou culturelles perturbées.
Dans un passé tout
récent, Hamma Hammami, Lazhar Akrimi, Jawhar Ben Mbarek ou Abdelfattah Mourou,
ont été violemment empêchés de s’adresser à leurs sympathisants. Les militantes
de Nida Tounès, en réunion samedi 1er septembre à Menzel-Chaker, ont eu, elles,
droit à une bastonnade en règle et certaines ont dû être conduites aux
urgences. Il y a là un contexte de violence quotidienne qui n’épargne personne,
pas même les visiteurs comme cette famille de franco-tunisiens dont le mari et
père a eu droit à Bizerte, sa ville natale, à une ‘’correction’’ et s’en est
tiré (!) avec quinze points de suture pour l’unique raison que sa fille de
douze ans portait un short !
Dans ces
conditions, comment rassurer le citoyen ordinaire et le convaincre que la
sécurité est normalement assurée sur tout le territoire du pays comme vient de
le déclarer le porte-parole du Ministère de l’Intérieur ? Ce ne sont là,
cependant, que des paroles lénifiantes capables seulement de nous donner
davantage de méfiance envers les hommes politiques ! Leurs propos ne sont-ils
pas régulièrement contredits par la dure réalité qui nous prouve à chaque
instant que les heures de la paix civile sont comptées dans notre pays ?
Certaines personnalités publiques et quelques responsables de partis politiques
ne parlent-ils pas déjà d’assurer dorénavant leur sécurité par leurs propres
moyens ? N’est-ce pas là le plus cinglant démenti que l’on puisse opposer à la
politique de l’autruche pratiquée par le Ministère de l’Intérieur ? Comment
expliquer cette inertie et cette cécité des responsables en charge de la
sécurité des Tunisiennes et des Tunisiens ?
À qui, finalement,
profiterait le pourrissement de la situation sécuritaire sinon à ceux qui
claironnent être au pouvoir pour longtemps et qui pensent qu’il n’y aura pas
d’alternative à la troïka durant… dix ans au moins, au dire d’un conseiller du
Président de la République, M. Samir Ben Amor ? Ou à ces démocrates d’un genre
nouveau qui nous prédisent que si une deuxième révolution il y a, elle sera
rapidement dispersée grâce à quelques bombes lacrymogènes, M. Mohamed Abbou
dixit !
Et qui sont tous
ceux qui sèment le désordre dans le pays, souvent sous le grossier prétexte de
faire appliquer d’une manière intransigeante les préceptes de l’islam ou de
protéger la Révolution ? Pourquoi leur laisse-t-on les mains libres ? Pourquoi
nos gouvernants sont-ils devenus aphones à propos de la situation sécuritaire ?
Qui sont les dirigeants et partisans de cette bien drôle Ligue de protection de
la Révolution qui agit quotidiennement contre les véritables objectifs de la
Révolution qui sont liberté et choix démocratique ? À qui s’en prennent-ils de
préférence ces justiciers autoproclamés ? N’est-ce pas d’abord et même
exclusivement à ceux qui n’appartiennent pas aux partis formant la troïka
gouvernementale ? Ou encore à ceux qui n’ont pas la même conception qu’eux de
la religion et de la manière de la pratiquer ? Ne sont-ils pas en train de
mettre en application la stratégie mise au point par M. Ghannouchi qui nous a
prédit que, sur le plan de la stricte observance de la religion, « le peuple
finirait par se réguler lui-même » ? On peut parier sans grand risque d’erreur
que la réalisation de ce beau programme nahdhaoui est assurée du concours sans
faille de ces milices qui risquent dans un avenir prévisible de se transformer
en escadrons de la mort et en tontons macoutes !
Tout cela ne vient-il
pas donner raison aux craintes d’un homme aussi pondéré et modéré dans ses
propos et jugements que le Professeur Yadh Ben Achour, l’ancien président de
l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la
réforme politique et de la transition démocratique ? Les mots ont leur poids de
vérité et il n’est pas anodin, en effet, de déclarer comme il vient de le faire
que nous sommes menacés d’une dictature pire que celle de Ben Ali ! Quelques
jours plus tôt, dans le cadre de la journée d’étude consacrée au projet de
constitution préparé par les diverses commissions de l’ANC, le professeur de
droit qu’est M. Yadh Ben Achour avait terminé son intervention en affirmant que
l’adoption de ce projet risque d’instaurer un dangereux régime théocratique !
Dieu seul sait pourtant que la religion ne s’était pas invitée le 14 janvier
sur l’avenue Habib Bourguiba où les seuls slogans entendus clamaient plutôt le
besoin de dignité, liberté, égalité et démocratie ! Et dire qu’aujourd’hui,
l’on nous parle de Conseil supérieur de l’islam à inscrire dans la future
constitution et non d’une Cour constitutionnelle, de la liberticide atteinte au
sacré et non de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme ! Et dire
encore que comme citoyennes et comme citoyens, nous assistons médusés à la
transformation insidieuse de notre mode de vie ouvert, moderne et tolérant !
Pire, enfin, nous nous trouvons menacés dans notre sécurité même et voyons se
profiler dans l’ombre escadrons de la mort et tontons macoutes !
Mohamed Ridha BOUGUERRA
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