Les périodes de crise économiques
surtout celles qui font irruption brutalement sans prévenir et durent
longtemps fournissent aux amateurs de conspiration de développer la « théorie du complot » qui prête aux sionistes juifs de dominer le monde. Ce mythe, incarné par les « Protocoles des Sages de Sion »,
font état d’une conférence secrète des leaders du judaïsme mondial
complotant de s’emparer des leviers de commande du monde, sous le
couvert de la démocratie.
Evidemment, qu’il y ait du vrai ou du faux, il est difficile pour la raison humaine d’accepter une telle assertion combien même elle existerait et chercherait à diriger le monde. D’autant plus que lorsqu’on regarde l’évolution, ne serait-ce que celle du Proche-Orient, il apparaît pour les juifs et l’Etat d’Israël qu’ils ont toutes les difficultés du monde pour sortir du « contentieux pendant » des Territoires occupés depuis 1948. 65 ans sont passés et les Israéliens ne sont toujours pas arrivés à légitimer les frontières de leur Etat. Dès lors, peut-on penser qu’ils peuvent dominer le monde ?
Une autre rhétorique qui avance des idées « postmodernes » et qui prône la constitution d’un « gouvernement mondial » vise, en réalité par des idées séduisantes, à masquer la « crise du capitalisme » tel qu’il est conduit aujourd’hui. Et ces idées utopiques émanent principalement de personnalités juives très en vue aux États-Unis et en Europe, alors qu’en réalité, elles font l’impasse sur la crise économique mondiale marquant le déclin de l’Occident.
Comme l’on sait, les juifs s’occupent de finances depuis des milliers d’années, et ces dernières décennies, les juifs sont à la tête du système financier mondial. Malgré toute la compétence qu’ils ont dans le domaine des finances, les crises économiques, financières et monétaires depuis la fin des accords de Bretton Woods n’ont cessé de rebattre l’ordre économique mondial.
Quel sens donner à cette problématique liée à la crise économique mondiale que des grandes figures juives américaine et européennes ne cessent d’affirmer que le monde va au devant des guerres et des crises économiques en cascades ? Quelle vérité peut-on attribuer à ce « catastrophisme prédit » ? Comment comprendre l’économie occidentale, aujourd’hui, en crise ?
Un bref rappel de l’histoire. L’Amérique en 1945 avait une domination totale sur le plan économique mondial. Ce n’est que, dans les années 1960, après la convertibilité des monnaies, que l’Europe, remise de la guerre, a commencé à peser dans le commerce mondial. Les États-Unis, en 1971, face à la concurrence européenne et l’exigence du métal-or au lieu des dollars pour leurs excédents commerciaux, étaient forcés de mettre fin à la convertibilité du dollar.
A partir de cette date, la politique monétaire poursuivie par les États-Unis va marquer un véritable tournant dans l’économie mondiale. Et ce sera au gouverneur de la Réserve fédérale américaine (FED), Arthur Burns Frank, d’origine juive, en poste depuis le 1er février 1970, qui aura à assumer cette politique. Les injections monétaires opérées par la FED vont porter l’inflation mondiale à des sommets. Il faut rappeler que ce phénomène a beaucoup existé dans les siècles passés. Rois et princes secondés souvent par des ministres de finances ou de conseillers juifs ont utilisé un « excès de frappe monétaire » pour financer le train de vie de leurs cours très « dépensières ». Cela évitait d’augmenter les prélèvements d’impôts sur les populations, et par conséquent des crises sociales. Et la situation était encore plus difficile en période de guerres lorsque les monarques européens exigeaient des dépenses plus grandes, donc des prélèvements d’impôts plus grands. Comme la frappe des monnaies relevait des institutions des royaumes et aux ministres de finances juifs d’assurer leur gestion, ces derniers privilégiaient la création monétaire au lieu de l’augmentation d’impôts, qui, souvent par un effet d’appauvrissement, entraînait émeutes, révolte et jacquerie. Alors que la création monétaire pour financer les dépenses des royaumes ne faisait pas prendre conscience aux populations qu’elles étaient en réalité imposées. Elles ne voyaient pas qu’une part de richesses était prélevée au bénéfice des rois par justement ce surplus d’argent crée.
Dans les années 1960, le même processus a joué et s’est terminé avec les crises monétaires avec l’Europe. Cependant, malgré la fin de convertibilité du dollar en or, la Réserve fédérale américaine (FED), grâce à la place du dollar dans le système monétaire international, a continué à inonder le monde de dollars, pour le financement de ses dépenses. Les pays européens suivirent le processus enclenché aux États-Unis en dupliquant à leur tour les dollars entrants en Europe. Les pays européens étant aussi détenteurs de monnaies internationales. Il s’est produit une formidable inflation mondiale entraînant une décélération de l’économie occidentale. Avec la crise des années 1970, ils vont de plus en plus se tourner vers les pays du reste du monde pour trouver des débouchés à leur production industrielle et les matières premières qui leur manquent. Privilégiés par le pouvoir monétaire, et confrontés à l’exigence des pays du reste du monde de s’industrialiser, les pays occidentaux trouvèrent rentables de transférer dans ces pays des entreprises à forte pression de main d’œuvre et à faible coût. Sans prendre en considération que ces pays peuvent se transformer en redoutables concurrents dans le commerce mondial.
Le 6 août 1979, un nouveau gouverneur est nommé à la tête de la Réserve fédérale américaine. C’est Paul Adolph Volcker, également d’origine juive. Il ne démentira pas l’étiquette qui pesait sur les juifs des siècles passés. Les juifs, dans les siècles passés, étaient renommés dans leur rôle d’octroyer des prêts à des taux d’intérêt très élevés, ce qui les fait désigner autrefois par les paysans et ouvriers par l’étiquette de « juifs usuriers ». Ce qui les désigne ensuite, lors des crises sociales, de boucs émissaires dans les maux dont souffrent les pays. Ce qui provoque des épisodes sanglants en Europe (émeutes antijuives, pogroms, pillages), rendant les juifs responsables des crises économiques et sociales.
Paul Volckler fit passer les taux d’intérêt directeur de la FED à des niveaux jamais égalés. Les pays d’Asie, d’Amérique du Sud et d’Afrique se retrouvèrent du jour au lendemain endettés. L’endettement considérable était tel qu’un cortège de moratoires et de programmes d’ajustement structurels sous la supervision du Fonds monétaire international s’était généralisé pour ces pays. Et n’échappèrent que de rares pays qui vivaient pratiquement en autarcie, la Chine par exemple.
Une seconde fois, le pouvoir financier juif croyait tirer les marrons du feu pour l’Occident, en particulier pour les États-Unis. En leur procurant richesse par le seul recours des manipulations monétaires, il ne prenait pas conscience qu’il ne faisait que reproduire les politiques passé des siècles passés, sans vision lointaine. L’effet immédiat primait.
En 1987, un nouveau gouverneur de la Réserve fédérale américaine est nommé. Egalement juif, Alan Greenspan, il va présider l’institution du 11 août 1987 au 31 janvier 2006. Soit dix huit ans, un deuxième record dans le mandat de cette institution. En octobre 1987, éclate déjà une crise dans le marché d’actions à Wall Street. Un conflit avec la banque centrale allemande et une forte émission de dollar pour financer les déficits américains se transforme en krach boursier.
De nouveau, ce gouverneur usera essentiellement de la politique monétaire pour orienter l’économie américaine, et à travers elle l’économie mondiale. Partant du principe que tous les systèmes financiers et monétaires antérieurs et postérieur qui ont suivi et ont ensuite fusionné dans un seul système mondial qui repose sur le dollar et les quatre monnaies périphériques, le pouvoir financier américain, secondé par un réseau financier mondial, pouvait continuer à privilégier ces politiques qui consistaient à financer les déficits américains via la hausse de la dette publique américaine. C’est ainsi qu’à partir de 1991, Alan Greenspan, va procéder, déficit sur déficit, à une politique expansive en cas de ralentissement et restrictive en cas de surchauffe. L’économie américaine et mondiale se trouve totalement conditionnée par la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine. Jamais situation n’a existé par le passé, qui a vu une institution centrale, la FED américaine, dominer les destinées du monde en matière économique, financière et monétaire.
Deux grandes crises cependant marqueront l’économie américaine. La crise en 2000 qui a été le premier signal d’un « compte à rebours » de cette politique, la deuxième, commencée aux États-Unis dès 2007 s’est ensuite étendue au monde. La crise de 2008 a mis à nu les « antinomies » du système financier international.
Le 1er février 2006, la présidence de la Banque centrale américaine échoit de nouveau à une personnalité juive, Benjamin Shalom Bernanke. Depuis la crise de 2008, ce gouverneur se démène pour raccommoder les dommages subis par l’économie américaine par une politique ultra-accommodante, ce qu’on appelle les « Quantitative easing ou assouplissement monétaire non conventionnel ». L’Europe et le Japon, confrontés à la crise, suivent la politique monétaire de la FED.
Que ressort-il de cet exercice de 38 années, de 1970 à 2008 ? Quatre gouverneurs d’origine juive ont présidé aux destinées de l’économie américaine et du monde. Cela nous fait rappeler les grands commis des rois et des empereurs des siècles passés. Si un roi, par exemple, usait beaucoup de la création monétaire pour prélever de plus en plus de richesses sur son peuple, celui-ci peut s’organiser pour démettre le roi et ses commis de leurs fonctions, et créer ses propres institutions, sa monnaie et sa défense. Ce qui s’est passé dans la révolution française de 1789, et, dans un certain sens, dans la révolution américaine de 1776 (une forte pression fiscale sur les colonies anglaises). C’est un peu ce qui se passe aujourd’hui avec l’avènement des nouvelles puissances économiques (BRICS), qui cherchent aussi à s’émanciper du diktat financier et monétaire des puissances occidentales.
Un autre point qui participe à la puissance américaine, c’est le lobby juif américain avec sa multitude d’organisations dont l'A.I.P.A.C. (American Israel Public Affairs Committee) qui relaie le pouvoir financier juif. L’A.I.P.A.C a pour tâche d’exercer des pressions sur le Congrès pour renforcer le soutien militaire et économique à Israël. Israël joue pour les États-Unis un rôle stratégique au Proche et au Moyen-Orient à cause du pétrole et du lien que celui-ci a avec le dollar. Le pétrole représente la contrepartie physique des émissions monétaires de la FED. Sans le pétrole et les matières premières qui suivent l’augmentation des prix et donc la nécessité d’injecter des liquidités internationales, la FED n’a pratiquement aucune possibilité de financer ses déficits budgétaires et commerciaux avec les pays du reste du monde. On comprend pourquoi le problème israélo-palestinien piétine et les crises qui se jouent dans le monde arabo-musulman.
Cependant, il y a un paradoxe dans le sens que la mainmise américaine sur le pétrole arabe n’est pas une fin en soi. Les pays d'Asie savent que le « pétrole » ne donne pas le « travail », il y contribue certes mais seulement en tant qu'énergie. Ce sont les hommes qui créent le « travail ». Mais qu’en font les Occidentaux sur la donne pétrolière ? Ils sont en permanence en train d’user des moyens subversifs, des guerres, pour s’assurer de la mainmise sur les gisements de « pétrole » alors qu’ils ne prennent pas conscience qu’ils laissent filer leur industrie vers les autres versants du monde. Mettant au chômage de millions d’ouvriers, d’agriculteurs et de cadres. Un simple exemple peut témoigner que cette donne monétaro-pétrolière est fausse. L'URSS est très riche en pétrole, pourtant celui-ci ne l'a pas empêché d’éclater en 1991.
Depuis 1913, date de la création de la FED, il y a eu 11 gouverneurs juifs sur 14 gouverneurs nommés par la Maison Blanche. La douzième gouverneure (une femme), Janet Yellen, prendra ses fonctions en février 2014. Le pouvoir financier comme le lobby juif ne savent pas que la « relation pétrole-dollar » n’est qu’une facilité trompeuse d’acquérir des richesses sans « travail » alors qu’en réalité elle contribue à détruire insidieusement l'industrie de l’Occident, par son transfert vers d’autres cieux qui en demandent.
Le problème est que si le pouvoir financier juif est aveugle, l'Occident l'est tout autant, comme d’ailleurs tous ceux qui ont la charge de l’économie. Force de dire que, malgré le progrès, le développement du monde, l’âge de l’atome et l’Internet, le monde vivait encore dans un « esprit de domination dépassé » qui est en train de se reléguer doucement mais sûrement à « l'Histoire ».
S’il en est ainsi, il reste à saisir cette persistance passée du pouvoir financier juif en Amérique et en Europe au XXe et, aujourd’hui encore, en ce début de XXIe siècle. A vrai dire, les juifs ont toujours rempli un rôle multiséculaire malgré la création de l’Etat d’Israël, en 1948, ce qui a certainement une « raison historique ». Mais laquelle, doit-on s’interroger ? Si l’on regarde aujourd’hui l’ascension des puissances émergentes qui ont bénéficié des liquidités internationales en livre sterling, en yen, en euros et surtout en dollar, on constate que non seulement les injections monétaires ont eu un effet dopant sur leurs économies, mais la compétitivité aidant, due au bas coût de leur main d’œuvre qui a déséquilibré les échanges internationaux, a amené l’Occident à se défaire d’une grande partie de son industrie au profit de ces pays devenus des « pays émergents ». En d’autres termes, les liquidités internationales occidentales (dollars, yen, etc.) qui ont inondé ces pays et les délocalisations d’entreprises occidentales ont eu u effet bénéfique pour les pays du reste du monde. Et cela grâce à la persévérance du pouvoir financier juif aux États-Unis et en Europe, obnubilé par la domination monétaire, sans prendre en considération que ces pays, après rattrapage, pourraient s’émanciper de l’Occident même de leurs monnaies, en créant leurs propres monnaies internationales. Donc le pouvoir financier juif américain a été en fin de compte « positif », puisqu’il a concouru dans l’équilibre économique de toutes les régions du monde. Un véritable prodige du temps ! Un pouvoir financier, devenu un « instrument de l’Histoire ».
Si, aujourd’hui, le pouvoir financier juif, aux États-Unis, tente de gagner du temps en injectant de plus en plus de liquidités, en entrainant l’Europe et le Japon dans la « duplication monétaire » dans l’espoir de redémarrer la machine économique occidentale, des éclaircies certes se constatent ça et là. C’est encore positif, mais la crise véritable ne saurait ni ne pourrait être surmontée. Un processus de compte à rebours s’est enclenché aujourd’hui, et doit aller à son terme.
Aussi peut-on dire, comme l’a déjà prédit Jacques Attali, dans son livre « Demain, qui gouvernera le monde » : « L’humanité
n’a aucun moyen de contrôler globalement les masses monétaires émises
par les nations, en particulier par la Banque centrale américaine.
Celle-ci pourrait d’ailleurs faire faillite en cas de perte de confiance
des prêteurs, avec des conséquences tragiques pour l’humanité entière,
sans que nul n’y puisse quoi que ce soit. » Et ce qu’il a dit
dans un ton prémonitoire et très explicite sur l’avenir du pouvoir
financier juif américain, il faut le lire dans l’interview qu’il a
donnée dans l’Express du 10/01/2002, sur son livre « Les juifs, les chrétiens et l’argent ».
« Jacques Attali : « Les juifs ont toutes les raisons d'être fiers de cette partie de leur histoire », propos recueillis par Eric Conan.
E. Conan : Sous cette formulation générale - « Les Juifs, le monde et l'argent » - le thème de votre nouveau livre relevait jusqu'ici plutôt de la rhétorique antisémite...
J. Attali : Je me suis toujours demandé ce qu'il y avait de fondé dans tout ce qui était raconté, y compris le pire, sur le rapport des juifs au monde et à l'argent. J'ai voulu aborder cette question de front, avec franchise et honnêteté, à travers une longue enquête historique, et ma conclusion est que les juifs ont toutes les raisons d'être fiers de cette partie de leur histoire.
[…]
E.Conan : C'est à cette époque que débute une phase heureuse de complémentarité avec la puissance grecque : les juifs semblent mieux réussir leur exil que leur royaume ?
J. Attali : C'est clair ! Parce que l'identité juive est d'abord nomade. Babylone et Alexandrie, qui sont au IIIe siècle avant notre ère les capitales de l'économie mondiale, fonctionnent grâce au savoir et au commerce des marchands lettrés juifs. Ils acquièrent progressivement une compétence et une légitimité fondées sur la confiance et sur des techniques financières et commerciales efficaces. Ils y inventeront en particulier le chèque, le billet à ordre, la lettre de change. Cela n'empêchera pas l'apparition, à Alexandrie, d'un antijudaïsme préchrétien.
[…]
E. Conan : S'ouvre ensuite une nouvelle et longue ère heureuse de complémentarité avec les musulmans : les califes ne recrutent leurs conseillers et experts économiques que parmi les juifs.
J. Attali : Cela tient à une nécessité : il y a dans l'islam la même interdiction du prêt à intérêt que chez les chrétiens. Et les juifs sont parmi les rares à savoir lire et écrire. Ils sont donc les seuls capables d'organiser ces prêts, dont l'économie commence alors à avoir besoin : les marchands lettrés juifs constituent même le seul réseau mondial de courtiers, de commerçants et de changeurs. Tout en relevant d'un statut humiliant - selon la « dhimmitude » du Coran, on protège un « inférieur » - la compétence juive s'impose très vite. Le ministre des Finances du troisième calife, à Damas, est juif ! C'est l'apparition d'un nouveau personnage : le juif de cour, qui n'existait pas sous l'Empire romain. Mais cette élite aspirée vers le haut ne constitue qu'une infime minorité du peuple juif, essentiellement composé d'artisans, de paysans, de vignerons, de marins, de commerçants, qui vivent dans l'angoisse des conséquences possibles de la jalousie que peuvent susciter ceux d'en haut.
E. Conan : Pourquoi cette spécialisation économique se reproduit-elle de manière beaucoup plus tragique tout au long du Moyen Age européen ?
J. Attali : Avec le déclin de Bagdad, le centre de gravité se déplace vers l'Europe. Le continent souffre d'un manque de monnaie métallique : il n'y a pas assez d'or et d'argent pour assurer les transactions. Vers l'an mille, il n'y a guère plus de 150 000 juifs en Europe, qui, pendant trois siècles, se retrouvent dans la situation extraordinaire d'être les seuls à avoir le droit de faire des prêts alors que le besoin d'argent est considérable. C'est d'ailleurs l'une des rares activités qui leur sont autorisées au milieu d'un océan d'interdictions professionnelles. Mais c'est aussi une obligation : souvent, une communauté n'est tolérée dans une ville que si elle accepte d'assurer ce service. Les juifs, tous les juifs, vont donc jouer le rôle de prêteurs ; les paysans, bouchers, et artisans juifs sont aussi prêteurs. Ce sont en général des prêts entre voisins. Dans l'Europe du Sud, cela se passe parfois très bien. Ils sont utiles et les chrétiens le reconnaissent. Mais à cette époque se constituent aussi les Etats ; les souverains vont, à leur tour, recourir aux prêteurs juifs, forcés de leur prêter pour tout, même pour financer les guerres et les croisades.
E. Conan : Les rabbins ne mettent-ils pas en garde contre le développement de cette spécialisation sociale très piégée ?
J. Attali : Il y a de grands débats. Certains sages considèrent que prêter aux non-juifs est un devoir, pour les aider à s'enrichir. D'autres s'inquiètent de voir les juifs prendre le risque d'être haïs pour services rendus. Et c'est ce qui arrive : quand cela va mal - à cause d'épidémies ou de mauvaises récoltes - et que l'on ne peut plus rembourser, paysans et princes trouvent une raison de se fâcher avec les juifs. « Juif » devient synonyme d' « usurier ». Ils font alors l'objet de rackets, doivent payer pour tous les actes de la vie quotidienne, sous l'éternelle menace d'expulsion. D'où un cycle infini de périodes de calme suivies d'épisodes violents de pillages, de destructions de communautés.
[…]
Ni le nomadisme ni la finance ne sont plus des spécialités juives
E. Conan : En conclusion, vous dressez, à l’heure de la mondialisation, le constat de la fin de ce rôle multiséculaire des juifs : on n’a plus besoin d’eux ?
J. Attali : Le rôle principal des juifs, pendant trois mille ans, fut celui du nomade, dont le sédentaire a besoin pour entretenir les contacts avec l’extérieur. Mais quand, avec la mondialisation, tout le monde devient nomade, il n’y a plus besoin de ces nomades-là ! C’est nouveau et très récent, à tel point qu’en Israël les nouvelles élites sont elles-mêmes nomades à l’égard de l’Etat juif. Un autre rôle attend sans doute le peuple du Livre, avant-garde du nomadisme. »
Ainsi ni Janet Yellen, la future gouverneure de la FED, ni toute autre personnalité juive ne changeront le cours de l’Histoire. Le cours de l’Histoire du monde est déjà tracé. Et on peut répondre à Jacques Attali : « Quand avec la mondialisation, tout le monde devient nomade et tout le monde prend l’habit du pouvoir financier juif (issu de la diaspora), il n’y a plus de nomadisme. Le pouvoir financier juif aura alors terminé son rôle multiséculaire. Il l’aura terminé en prenant sans qu’il le sache de l’Occident pour le donner à un Orient qui lui aussi se transformera en un autre Occident. » Un déclin occidental auquel a contribué le pouvoir financier juif mais qui entrait dans les « Nécessités de l’Histoire ».
Tel peut être compris le rôle herméneutique du pouvoir financier juif dans la marche de ces soixante dernières années d’histoire.
Notes :
2. « L’incroyable destinée du dollar, de l’euro, de la livre sterling et du yen dans les destinées du monde », par Medjdoub hamed
http://www.agoravox.fr/tribune-libre
2. « Un marché transatlantique, sans le règlement de la crise syrienne et israélo-palestinienne, condamnée à n’être qu’une funeste chimère », par Medjdoub hamed
http://www.agoravox.fr/tribune-libre
Evidemment, qu’il y ait du vrai ou du faux, il est difficile pour la raison humaine d’accepter une telle assertion combien même elle existerait et chercherait à diriger le monde. D’autant plus que lorsqu’on regarde l’évolution, ne serait-ce que celle du Proche-Orient, il apparaît pour les juifs et l’Etat d’Israël qu’ils ont toutes les difficultés du monde pour sortir du « contentieux pendant » des Territoires occupés depuis 1948. 65 ans sont passés et les Israéliens ne sont toujours pas arrivés à légitimer les frontières de leur Etat. Dès lors, peut-on penser qu’ils peuvent dominer le monde ?
Une autre rhétorique qui avance des idées « postmodernes » et qui prône la constitution d’un « gouvernement mondial » vise, en réalité par des idées séduisantes, à masquer la « crise du capitalisme » tel qu’il est conduit aujourd’hui. Et ces idées utopiques émanent principalement de personnalités juives très en vue aux États-Unis et en Europe, alors qu’en réalité, elles font l’impasse sur la crise économique mondiale marquant le déclin de l’Occident.
- L’excès de frappe monétaire
Comme l’on sait, les juifs s’occupent de finances depuis des milliers d’années, et ces dernières décennies, les juifs sont à la tête du système financier mondial. Malgré toute la compétence qu’ils ont dans le domaine des finances, les crises économiques, financières et monétaires depuis la fin des accords de Bretton Woods n’ont cessé de rebattre l’ordre économique mondial.
Quel sens donner à cette problématique liée à la crise économique mondiale que des grandes figures juives américaine et européennes ne cessent d’affirmer que le monde va au devant des guerres et des crises économiques en cascades ? Quelle vérité peut-on attribuer à ce « catastrophisme prédit » ? Comment comprendre l’économie occidentale, aujourd’hui, en crise ?
Un bref rappel de l’histoire. L’Amérique en 1945 avait une domination totale sur le plan économique mondial. Ce n’est que, dans les années 1960, après la convertibilité des monnaies, que l’Europe, remise de la guerre, a commencé à peser dans le commerce mondial. Les États-Unis, en 1971, face à la concurrence européenne et l’exigence du métal-or au lieu des dollars pour leurs excédents commerciaux, étaient forcés de mettre fin à la convertibilité du dollar.
A partir de cette date, la politique monétaire poursuivie par les États-Unis va marquer un véritable tournant dans l’économie mondiale. Et ce sera au gouverneur de la Réserve fédérale américaine (FED), Arthur Burns Frank, d’origine juive, en poste depuis le 1er février 1970, qui aura à assumer cette politique. Les injections monétaires opérées par la FED vont porter l’inflation mondiale à des sommets. Il faut rappeler que ce phénomène a beaucoup existé dans les siècles passés. Rois et princes secondés souvent par des ministres de finances ou de conseillers juifs ont utilisé un « excès de frappe monétaire » pour financer le train de vie de leurs cours très « dépensières ». Cela évitait d’augmenter les prélèvements d’impôts sur les populations, et par conséquent des crises sociales. Et la situation était encore plus difficile en période de guerres lorsque les monarques européens exigeaient des dépenses plus grandes, donc des prélèvements d’impôts plus grands. Comme la frappe des monnaies relevait des institutions des royaumes et aux ministres de finances juifs d’assurer leur gestion, ces derniers privilégiaient la création monétaire au lieu de l’augmentation d’impôts, qui, souvent par un effet d’appauvrissement, entraînait émeutes, révolte et jacquerie. Alors que la création monétaire pour financer les dépenses des royaumes ne faisait pas prendre conscience aux populations qu’elles étaient en réalité imposées. Elles ne voyaient pas qu’une part de richesses était prélevée au bénéfice des rois par justement ce surplus d’argent crée.
Dans les années 1960, le même processus a joué et s’est terminé avec les crises monétaires avec l’Europe. Cependant, malgré la fin de convertibilité du dollar en or, la Réserve fédérale américaine (FED), grâce à la place du dollar dans le système monétaire international, a continué à inonder le monde de dollars, pour le financement de ses dépenses. Les pays européens suivirent le processus enclenché aux États-Unis en dupliquant à leur tour les dollars entrants en Europe. Les pays européens étant aussi détenteurs de monnaies internationales. Il s’est produit une formidable inflation mondiale entraînant une décélération de l’économie occidentale. Avec la crise des années 1970, ils vont de plus en plus se tourner vers les pays du reste du monde pour trouver des débouchés à leur production industrielle et les matières premières qui leur manquent. Privilégiés par le pouvoir monétaire, et confrontés à l’exigence des pays du reste du monde de s’industrialiser, les pays occidentaux trouvèrent rentables de transférer dans ces pays des entreprises à forte pression de main d’œuvre et à faible coût. Sans prendre en considération que ces pays peuvent se transformer en redoutables concurrents dans le commerce mondial.
- L’enclenchement du « compte à rebours » ?
Le 6 août 1979, un nouveau gouverneur est nommé à la tête de la Réserve fédérale américaine. C’est Paul Adolph Volcker, également d’origine juive. Il ne démentira pas l’étiquette qui pesait sur les juifs des siècles passés. Les juifs, dans les siècles passés, étaient renommés dans leur rôle d’octroyer des prêts à des taux d’intérêt très élevés, ce qui les fait désigner autrefois par les paysans et ouvriers par l’étiquette de « juifs usuriers ». Ce qui les désigne ensuite, lors des crises sociales, de boucs émissaires dans les maux dont souffrent les pays. Ce qui provoque des épisodes sanglants en Europe (émeutes antijuives, pogroms, pillages), rendant les juifs responsables des crises économiques et sociales.
Paul Volckler fit passer les taux d’intérêt directeur de la FED à des niveaux jamais égalés. Les pays d’Asie, d’Amérique du Sud et d’Afrique se retrouvèrent du jour au lendemain endettés. L’endettement considérable était tel qu’un cortège de moratoires et de programmes d’ajustement structurels sous la supervision du Fonds monétaire international s’était généralisé pour ces pays. Et n’échappèrent que de rares pays qui vivaient pratiquement en autarcie, la Chine par exemple.
Une seconde fois, le pouvoir financier juif croyait tirer les marrons du feu pour l’Occident, en particulier pour les États-Unis. En leur procurant richesse par le seul recours des manipulations monétaires, il ne prenait pas conscience qu’il ne faisait que reproduire les politiques passé des siècles passés, sans vision lointaine. L’effet immédiat primait.
En 1987, un nouveau gouverneur de la Réserve fédérale américaine est nommé. Egalement juif, Alan Greenspan, il va présider l’institution du 11 août 1987 au 31 janvier 2006. Soit dix huit ans, un deuxième record dans le mandat de cette institution. En octobre 1987, éclate déjà une crise dans le marché d’actions à Wall Street. Un conflit avec la banque centrale allemande et une forte émission de dollar pour financer les déficits américains se transforme en krach boursier.
De nouveau, ce gouverneur usera essentiellement de la politique monétaire pour orienter l’économie américaine, et à travers elle l’économie mondiale. Partant du principe que tous les systèmes financiers et monétaires antérieurs et postérieur qui ont suivi et ont ensuite fusionné dans un seul système mondial qui repose sur le dollar et les quatre monnaies périphériques, le pouvoir financier américain, secondé par un réseau financier mondial, pouvait continuer à privilégier ces politiques qui consistaient à financer les déficits américains via la hausse de la dette publique américaine. C’est ainsi qu’à partir de 1991, Alan Greenspan, va procéder, déficit sur déficit, à une politique expansive en cas de ralentissement et restrictive en cas de surchauffe. L’économie américaine et mondiale se trouve totalement conditionnée par la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine. Jamais situation n’a existé par le passé, qui a vu une institution centrale, la FED américaine, dominer les destinées du monde en matière économique, financière et monétaire.
Deux grandes crises cependant marqueront l’économie américaine. La crise en 2000 qui a été le premier signal d’un « compte à rebours » de cette politique, la deuxième, commencée aux États-Unis dès 2007 s’est ensuite étendue au monde. La crise de 2008 a mis à nu les « antinomies » du système financier international.
Le 1er février 2006, la présidence de la Banque centrale américaine échoit de nouveau à une personnalité juive, Benjamin Shalom Bernanke. Depuis la crise de 2008, ce gouverneur se démène pour raccommoder les dommages subis par l’économie américaine par une politique ultra-accommodante, ce qu’on appelle les « Quantitative easing ou assouplissement monétaire non conventionnel ». L’Europe et le Japon, confrontés à la crise, suivent la politique monétaire de la FED.
Que ressort-il de cet exercice de 38 années, de 1970 à 2008 ? Quatre gouverneurs d’origine juive ont présidé aux destinées de l’économie américaine et du monde. Cela nous fait rappeler les grands commis des rois et des empereurs des siècles passés. Si un roi, par exemple, usait beaucoup de la création monétaire pour prélever de plus en plus de richesses sur son peuple, celui-ci peut s’organiser pour démettre le roi et ses commis de leurs fonctions, et créer ses propres institutions, sa monnaie et sa défense. Ce qui s’est passé dans la révolution française de 1789, et, dans un certain sens, dans la révolution américaine de 1776 (une forte pression fiscale sur les colonies anglaises). C’est un peu ce qui se passe aujourd’hui avec l’avènement des nouvelles puissances économiques (BRICS), qui cherchent aussi à s’émanciper du diktat financier et monétaire des puissances occidentales.
- La raison herméneutique du pouvoir financier juif dans l’histoire du XXe et XXIe siècle
Un autre point qui participe à la puissance américaine, c’est le lobby juif américain avec sa multitude d’organisations dont l'A.I.P.A.C. (American Israel Public Affairs Committee) qui relaie le pouvoir financier juif. L’A.I.P.A.C a pour tâche d’exercer des pressions sur le Congrès pour renforcer le soutien militaire et économique à Israël. Israël joue pour les États-Unis un rôle stratégique au Proche et au Moyen-Orient à cause du pétrole et du lien que celui-ci a avec le dollar. Le pétrole représente la contrepartie physique des émissions monétaires de la FED. Sans le pétrole et les matières premières qui suivent l’augmentation des prix et donc la nécessité d’injecter des liquidités internationales, la FED n’a pratiquement aucune possibilité de financer ses déficits budgétaires et commerciaux avec les pays du reste du monde. On comprend pourquoi le problème israélo-palestinien piétine et les crises qui se jouent dans le monde arabo-musulman.
Cependant, il y a un paradoxe dans le sens que la mainmise américaine sur le pétrole arabe n’est pas une fin en soi. Les pays d'Asie savent que le « pétrole » ne donne pas le « travail », il y contribue certes mais seulement en tant qu'énergie. Ce sont les hommes qui créent le « travail ». Mais qu’en font les Occidentaux sur la donne pétrolière ? Ils sont en permanence en train d’user des moyens subversifs, des guerres, pour s’assurer de la mainmise sur les gisements de « pétrole » alors qu’ils ne prennent pas conscience qu’ils laissent filer leur industrie vers les autres versants du monde. Mettant au chômage de millions d’ouvriers, d’agriculteurs et de cadres. Un simple exemple peut témoigner que cette donne monétaro-pétrolière est fausse. L'URSS est très riche en pétrole, pourtant celui-ci ne l'a pas empêché d’éclater en 1991.
Depuis 1913, date de la création de la FED, il y a eu 11 gouverneurs juifs sur 14 gouverneurs nommés par la Maison Blanche. La douzième gouverneure (une femme), Janet Yellen, prendra ses fonctions en février 2014. Le pouvoir financier comme le lobby juif ne savent pas que la « relation pétrole-dollar » n’est qu’une facilité trompeuse d’acquérir des richesses sans « travail » alors qu’en réalité elle contribue à détruire insidieusement l'industrie de l’Occident, par son transfert vers d’autres cieux qui en demandent.
Le problème est que si le pouvoir financier juif est aveugle, l'Occident l'est tout autant, comme d’ailleurs tous ceux qui ont la charge de l’économie. Force de dire que, malgré le progrès, le développement du monde, l’âge de l’atome et l’Internet, le monde vivait encore dans un « esprit de domination dépassé » qui est en train de se reléguer doucement mais sûrement à « l'Histoire ».
S’il en est ainsi, il reste à saisir cette persistance passée du pouvoir financier juif en Amérique et en Europe au XXe et, aujourd’hui encore, en ce début de XXIe siècle. A vrai dire, les juifs ont toujours rempli un rôle multiséculaire malgré la création de l’Etat d’Israël, en 1948, ce qui a certainement une « raison historique ». Mais laquelle, doit-on s’interroger ? Si l’on regarde aujourd’hui l’ascension des puissances émergentes qui ont bénéficié des liquidités internationales en livre sterling, en yen, en euros et surtout en dollar, on constate que non seulement les injections monétaires ont eu un effet dopant sur leurs économies, mais la compétitivité aidant, due au bas coût de leur main d’œuvre qui a déséquilibré les échanges internationaux, a amené l’Occident à se défaire d’une grande partie de son industrie au profit de ces pays devenus des « pays émergents ». En d’autres termes, les liquidités internationales occidentales (dollars, yen, etc.) qui ont inondé ces pays et les délocalisations d’entreprises occidentales ont eu u effet bénéfique pour les pays du reste du monde. Et cela grâce à la persévérance du pouvoir financier juif aux États-Unis et en Europe, obnubilé par la domination monétaire, sans prendre en considération que ces pays, après rattrapage, pourraient s’émanciper de l’Occident même de leurs monnaies, en créant leurs propres monnaies internationales. Donc le pouvoir financier juif américain a été en fin de compte « positif », puisqu’il a concouru dans l’équilibre économique de toutes les régions du monde. Un véritable prodige du temps ! Un pouvoir financier, devenu un « instrument de l’Histoire ».
Si, aujourd’hui, le pouvoir financier juif, aux États-Unis, tente de gagner du temps en injectant de plus en plus de liquidités, en entrainant l’Europe et le Japon dans la « duplication monétaire » dans l’espoir de redémarrer la machine économique occidentale, des éclaircies certes se constatent ça et là. C’est encore positif, mais la crise véritable ne saurait ni ne pourrait être surmontée. Un processus de compte à rebours s’est enclenché aujourd’hui, et doit aller à son terme.
- Les prédictions de Jacques Attali
« Jacques Attali : « Les juifs ont toutes les raisons d'être fiers de cette partie de leur histoire », propos recueillis par Eric Conan.
E. Conan : Sous cette formulation générale - « Les Juifs, le monde et l'argent » - le thème de votre nouveau livre relevait jusqu'ici plutôt de la rhétorique antisémite...
J. Attali : Je me suis toujours demandé ce qu'il y avait de fondé dans tout ce qui était raconté, y compris le pire, sur le rapport des juifs au monde et à l'argent. J'ai voulu aborder cette question de front, avec franchise et honnêteté, à travers une longue enquête historique, et ma conclusion est que les juifs ont toutes les raisons d'être fiers de cette partie de leur histoire.
[…]
E.Conan : C'est à cette époque que débute une phase heureuse de complémentarité avec la puissance grecque : les juifs semblent mieux réussir leur exil que leur royaume ?
J. Attali : C'est clair ! Parce que l'identité juive est d'abord nomade. Babylone et Alexandrie, qui sont au IIIe siècle avant notre ère les capitales de l'économie mondiale, fonctionnent grâce au savoir et au commerce des marchands lettrés juifs. Ils acquièrent progressivement une compétence et une légitimité fondées sur la confiance et sur des techniques financières et commerciales efficaces. Ils y inventeront en particulier le chèque, le billet à ordre, la lettre de change. Cela n'empêchera pas l'apparition, à Alexandrie, d'un antijudaïsme préchrétien.
[…]
E. Conan : S'ouvre ensuite une nouvelle et longue ère heureuse de complémentarité avec les musulmans : les califes ne recrutent leurs conseillers et experts économiques que parmi les juifs.
J. Attali : Cela tient à une nécessité : il y a dans l'islam la même interdiction du prêt à intérêt que chez les chrétiens. Et les juifs sont parmi les rares à savoir lire et écrire. Ils sont donc les seuls capables d'organiser ces prêts, dont l'économie commence alors à avoir besoin : les marchands lettrés juifs constituent même le seul réseau mondial de courtiers, de commerçants et de changeurs. Tout en relevant d'un statut humiliant - selon la « dhimmitude » du Coran, on protège un « inférieur » - la compétence juive s'impose très vite. Le ministre des Finances du troisième calife, à Damas, est juif ! C'est l'apparition d'un nouveau personnage : le juif de cour, qui n'existait pas sous l'Empire romain. Mais cette élite aspirée vers le haut ne constitue qu'une infime minorité du peuple juif, essentiellement composé d'artisans, de paysans, de vignerons, de marins, de commerçants, qui vivent dans l'angoisse des conséquences possibles de la jalousie que peuvent susciter ceux d'en haut.
E. Conan : Pourquoi cette spécialisation économique se reproduit-elle de manière beaucoup plus tragique tout au long du Moyen Age européen ?
J. Attali : Avec le déclin de Bagdad, le centre de gravité se déplace vers l'Europe. Le continent souffre d'un manque de monnaie métallique : il n'y a pas assez d'or et d'argent pour assurer les transactions. Vers l'an mille, il n'y a guère plus de 150 000 juifs en Europe, qui, pendant trois siècles, se retrouvent dans la situation extraordinaire d'être les seuls à avoir le droit de faire des prêts alors que le besoin d'argent est considérable. C'est d'ailleurs l'une des rares activités qui leur sont autorisées au milieu d'un océan d'interdictions professionnelles. Mais c'est aussi une obligation : souvent, une communauté n'est tolérée dans une ville que si elle accepte d'assurer ce service. Les juifs, tous les juifs, vont donc jouer le rôle de prêteurs ; les paysans, bouchers, et artisans juifs sont aussi prêteurs. Ce sont en général des prêts entre voisins. Dans l'Europe du Sud, cela se passe parfois très bien. Ils sont utiles et les chrétiens le reconnaissent. Mais à cette époque se constituent aussi les Etats ; les souverains vont, à leur tour, recourir aux prêteurs juifs, forcés de leur prêter pour tout, même pour financer les guerres et les croisades.
E. Conan : Les rabbins ne mettent-ils pas en garde contre le développement de cette spécialisation sociale très piégée ?
J. Attali : Il y a de grands débats. Certains sages considèrent que prêter aux non-juifs est un devoir, pour les aider à s'enrichir. D'autres s'inquiètent de voir les juifs prendre le risque d'être haïs pour services rendus. Et c'est ce qui arrive : quand cela va mal - à cause d'épidémies ou de mauvaises récoltes - et que l'on ne peut plus rembourser, paysans et princes trouvent une raison de se fâcher avec les juifs. « Juif » devient synonyme d' « usurier ». Ils font alors l'objet de rackets, doivent payer pour tous les actes de la vie quotidienne, sous l'éternelle menace d'expulsion. D'où un cycle infini de périodes de calme suivies d'épisodes violents de pillages, de destructions de communautés.
[…]
Ni le nomadisme ni la finance ne sont plus des spécialités juives
E. Conan : En conclusion, vous dressez, à l’heure de la mondialisation, le constat de la fin de ce rôle multiséculaire des juifs : on n’a plus besoin d’eux ?
J. Attali : Le rôle principal des juifs, pendant trois mille ans, fut celui du nomade, dont le sédentaire a besoin pour entretenir les contacts avec l’extérieur. Mais quand, avec la mondialisation, tout le monde devient nomade, il n’y a plus besoin de ces nomades-là ! C’est nouveau et très récent, à tel point qu’en Israël les nouvelles élites sont elles-mêmes nomades à l’égard de l’Etat juif. Un autre rôle attend sans doute le peuple du Livre, avant-garde du nomadisme. »
Ainsi ni Janet Yellen, la future gouverneure de la FED, ni toute autre personnalité juive ne changeront le cours de l’Histoire. Le cours de l’Histoire du monde est déjà tracé. Et on peut répondre à Jacques Attali : « Quand avec la mondialisation, tout le monde devient nomade et tout le monde prend l’habit du pouvoir financier juif (issu de la diaspora), il n’y a plus de nomadisme. Le pouvoir financier juif aura alors terminé son rôle multiséculaire. Il l’aura terminé en prenant sans qu’il le sache de l’Occident pour le donner à un Orient qui lui aussi se transformera en un autre Occident. » Un déclin occidental auquel a contribué le pouvoir financier juif mais qui entrait dans les « Nécessités de l’Histoire ».
Tel peut être compris le rôle herméneutique du pouvoir financier juif dans la marche de ces soixante dernières années d’histoire.
Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective.
2. « L’incroyable destinée du dollar, de l’euro, de la livre sterling et du yen dans les destinées du monde », par Medjdoub hamed
http://www.agoravox.fr/tribune-libre
2. « Un marché transatlantique, sans le règlement de la crise syrienne et israélo-palestinienne, condamnée à n’être qu’une funeste chimère », par Medjdoub hamed
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