La première
fois qu’il m’est apparu clairement que je vis dans une dictature, c’était en
2014, en lisant, avant sa publication, l’étude empirique historique (et
toujours la seule) abordant la question de savoir si le gouvernement
fédéral des États-Unis est, authentiquement, une démocratie – ou, s’il s’agit
plutôt d’une dictature que d’une démocratie. Cette étude a documenté de façon
concluante que le gouvernement de l’Amérique est une dictature.
Ainsi, le 14
avril 2014, j’ai titré :
« Les États-Unis sont une oligarchie, pas une démocratie, selon une
étude scientifique ». Par la suite, mon éditeur a relié mon article au
journal où l’étude a été publiée, « Perspectives on Politics » de l’American
Political Science Association, et l’étude complète peut être lue ici.
Le 30 avril
2014, a été publiée sur YouTube la vidéo qui reste, à ce jour, le meilleur
résumé, et le plus clair, de ce que cette étude académique, mal écrite, a
prouvé.
Voir son
explication ici [sous titré en anglais] : vidéo
Le titre de
ce résumé est aussi meilleur que le titre de mon article.
Cette
excellente vidéo annonce « La Corruption est légale en Amérique »
qui est une autre conclusion précise de cette étude. Chaque citoyen américain
devrait savoir ce que cette vidéo de près de 6 minutes dit et montre de l’étude
académique, car elle explique comment les super-riches, en tant que
classe, volent tous les autres (tous ceux qui ne sont pas super-riches) :
ils le font par le moyen de la corruption.
Ensuite, la même
personne qui a créé la vidéo en a fait une autre présentation, mais cette fois
en l’accompagnant d’un texte, et cet article était intitulé « Un
graphique montre comment les riches contrôlent la politique américaine ».
Dépense de campagne pour influencer le
gouvernement : $5.8 milliards, face au gain : $4.000 milliards |
Il
explique comment les riches exercent leur contrôle par la corruption, ce qui
est légal en Amérique et qui peut être fait beaucoup plus facilement par les
riches que par les pauvres. Les pauvres ne peuvent tout simplement pas acheter
le gouvernement, et ceux qui tenteraient de le faire utiliseraient seulement
des moyens illégaux, que la Cour suprême des États-Unis a définis comme
tels, c’est la corruption flagrante, qui est la corruption pratiquée par la
classe inférieure, pas le type de corruption bien plus lucrative à laquelle les
individus super-riches ont accès. La corruption qui n’est accessible qu’aux
super-riches est légale en Amérique, c’est pourquoi les super-riches continuent
de s’enrichir, tandis que le reste de la population a de la chance s’il ne
devient pas encore plus pauvre.
Explosion du coût des campagnes électorales |
Le 28
juillet 2015, l’ancien président américain Jimmy Carter a été franc à propos de
cette situation. En intervenant dans une émission de radio progressiste,
il a dit cela au sujet de la corruption au plus haut niveau en
Amérique :
« Cela
viole l’essence de ce qui a fait de l’Amérique un grand pays par son système
politique. Maintenant c’est juste une oligarchie, avec une corruption politique
illimitée, qui est à la base même de l’obtention des nominations à la
présidence ou à l’élection présidentielle. Et la même chose s’applique aux
gouverneurs, aux sénateurs américains et aux membres du Congrès. Alors,
maintenant, tout ce que nous voyons est une subversion de notre système
politique afin de récompenser les principaux contributeurs, qui veulent,
attendent, et obtiennent parfois, des faveurs après les élections. (…) À
l’heure actuelle, les titulaires de mandats, Démocrates et Républicains,
considèrent cet argent illimité comme un grand avantage pour eux-mêmes.
Quelqu’un qui est déjà au Congrès a beaucoup plus à vendre. »
Trois jours
plus tard, Huffington Post a publié mon article sur cette déclaration,
intitulée « Jimmy Carter a raison de dire que les États-Unis ne sont plus
une démocratie » et il avait plus de 60.000 « j’aime » sur
Facebook – ici l’article est montré un
peu plus tôt, quand il n’y en avait que 56.000 – mais Huffington Post a trafiqué ce
nombre de « j’aime » pour le ramener à son chiffre actuel de 18.000. Cet article a été le dernier qu’ils ont accepté de moi – après en
avoir publié plus de cent. Ils ont rejeté toutes mes propositions
d’articles après cela. Aucune explication n’a jamais été donnée, et je n’ai
plus jamais entendu parler d’eux.
L’article
scientifique sur le gouvernement américain a examiné 1.779 projets de loi entre
1981 et 2002 et a conclu que les seules lois qui ont été votées étaient celles
présentées par les super-riches : « On voit que les préférences
de l’Américain moyen ont un impact minuscule, quasi nul, statistiquement non
significatif sur les politiques publiques ». Ce n’est certainement pas une
démocratie.
Il y a eu
des spéculations sur le moment où, historiquement, le
gouvernement-américain-par-l’aristocratie (ou, simplement par les quelques
super-riches de l’oligarchie) est apparu. Avant la présidence de Ronald Reagan,
en remontant jusqu’à l’époque où Franklin D. Roosevelt (FDR) est mort au
pouvoir en 1945 en tant que président, la distribution des revenus et de la
richesse était beaucoup plus égalitaire en Amérique qu’elle ne l’était à
l’entrée de Reagan à la Maison Blanche, lorsque a commencé la domination de la
doctrine de l’économie de l’offre, qui est basée sur la croyance selon laquelle
la richesse dégouline du haut de quelques riches vers les
pauvres, plutôt que – comme le croyait FDR – par une stimulation de
la demande de la part des nombreux pauvres pour infuser la croissance. FDR
croyait que ce qui motive une économie, ce sont les besoins, pas les produits
et les services qui répondent aux besoins. Au contraire, Reagan
croyait à la loi de Say, qui dit que tout ce qui est produit répondra
aux besoins (ou du moins aux désirs) – que la production est ce qui motive une
économie, et que les besoins (et les désirs) s’adaptent. Ainsi, FDR se
concentrait sur l’homme ordinaire et surtout les pauvres, mais Reagan se
concentrait sur les entrepreneurs ou les propriétaires d’entreprises. La
classe moyenne n’est pas un problème ici, elle est simplement la partie la plus
riche des pauvres. Historiquement, cela a été le cas. Par exemple, la classe
moyenne américaine a diminué alors que les pauvres se sont multipliés, mais les
5% les plus riches raflent tous les gains, et la plus grande partie va au 1% ou
même moins. Donc, les pauvres, dans ce contexte, incluent la
classe moyenne, et se référer à l’Amérique de la classe moyenne revient
maintenant à se référer à une race en voie de disparition – mais c’est une
race de pauvres, pas de riches.
Cependant,
la corruption extrême au sommet de ce pays apparaît plus brusquement que jamais
dans les documents du gouvernement américain, récemment déclassifiés, au sujet
de l’assassinat de JFK – dont l’origine apparaît beaucoup plus précoce que ce
qui avait été généralement supposé, débutant au moins au moment où le président
Kennedy est entré en fonction le 20 janvier 1961. Kennedy s’est retrouvé
encerclé par le complexe
militaro-industriel que son prédécesseur, Eisenhower, avait entretenu
pendant qu’il était à la Maison Blanche, et contre le danger duquel ce dernier,
Ike, sur le départ, avait hypocritement attendu le 17 janvier 1961, soit
trois jours avant l’investiture de Kennedy, pour mettre en garde l’opinion
publique américaine. Certains de ces gens corrompus étaient ceux que Kennedy
lui-même avait amenés. Ils n’étaient pas tous des vestiges de la
période d’Eisenhower. Mais Kennedy était apparemment choqué, malgré tout.
Les débuts
de cette corruption profonde pourraient être pistés encore plus tôt
chez des taupes du gouvernement – comme les frères Dulles, Averell
Harriman et Prescott Bush – qui avaient construit leur carrière, après la
Première Guerre mondiale, au moyen de l’exercice, et de la maîtrise, des
aller-retours entre l’establishment de la politique étrangère du gouvernement
et Wall Street. À partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, les
agents de ces taupes ont mis fin au Bureau des services stratégiques de FDR et
ont créé la CIA de Truman. Dès le départ, la CIA était profondément corrompue,
comme le montre clairement le documentaire [en anglais] de deux heures et
demie de la BBC, diffusé en 1992, intitulé Opération Gladio : Vidéo
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Titre original : Mieux
vaut tard que jamais… : Les Américains commencent seulement à prendre
conscience qu’ils vivent dans une dictature
Par Eric Zuesse – Le 22 décembre 2017 –
Source Strategic
Culture
Traduit par
jj, relu par Catherine pour le Saker
Francophone
VOIR AUSSI :
- USA. Trump déclare l'État d’Urgence contre la corruption
- USA. Des centaines de corrompus, y compris la famille Bush, amenés au bagne de Guantánamo
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