Alexandre Douguine affirme que l'escalade du conflit au Moyen-Orient marque le début d'une grande guerre mondiale, l'Iran et ses alliés affrontant Israël et l'hégémonie occidentale, ouvrant ainsi un deuxième front après l'Ukraine.
Les frappes de missiles de l'Iran sur Israël sont une étape naturelle pour la République islamique d'Iran. Il s'agit d'une réponse aux actions antérieures d'Israël contre le Hezbollah libanais, notamment l'assassinat de son chef, le cheikh Sayyed Hassan Nasrallah, et du chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh (tué à Téhéran), ainsi qu'au génocide de civils à Gaza.
Il est difficile de dire si les centaines de missiles iraniens ont atteint leurs cibles car, comme dans tous les conflits militaires, les deux parties ont tendance à cacher la situation réelle. Toutefois, force est de constater que la guerre au Moyen-Orient, que de nombreux experts prédisaient inévitable, est déjà devenue une réalité. Un « deuxième front » dans la confrontation entre le monde multipolaire émergent et l'hégémonie occidentale est désormais ouvert. Le premier front est l'Ukraine, le second est le Moyen-Orient.
Pendant longtemps, après l'invasion israélienne de Gaza et le début du génocide de masse contre les civils, le Hezbollah a hésité à entrer directement en guerre. L'Iran a également retardé toute action sérieuse, tentant de trouver un terrain d'entente avec l'Occident par l'intermédiaire de son nouveau président. Cependant, le guide suprême, l'ayatollah Khamenei, a décidé de lancer une attaque massive de missiles sur Israël.
L'escalade a franchi une nouvelle étape. Les troupes israéliennes ont envahi le sud du Liban. Le bombardement de Beyrouth et de l'ensemble du territoire libanais est devenu la norme. Un autre front s'ouvrira sans aucun doute pour Israël en Syrie. Je pense également que l'Irak sera de plus en plus entraîné dans la coalition anti-israélienne, étant donné que la population et le gouvernement irakiens sont majoritairement chiites. On peut donc considérer que la Grande Guerre au Moyen-Orient est en cours.
Mais quel est l'équilibre des forces dans cette guerre ? Il est clair qu'Israël dispose d'un avantage technologique considérable. Tant que la technologie décide de tout, Israël reste le camp le plus fort du conflit, même par rapport au Hezbollah et à l'Iran, qui sont bien armés. Oui, les dirigeants du Hezbollah ont été éliminés. Oui, il a subi d'énormes pertes à la suite d'opérations de renseignement israéliennes. Oui, l'Occident soutient Israël.
Néanmoins, nous ne devons pas sous-estimer l'immense supériorité numérique des forces de l'Axe de la Résistance sur Israël. Lorsque la situation en Israël atteindra un point de rupture avec la population palestinienne (plus de deux millions de Palestiniens en Israël même, plus de quatre millions dans les deux territoires palestiniens), la situation deviendra critique.
Bien sûr, l'Occident peut aider Israël à intercepter les missiles et à lancer des frappes. Mais que faire de cette « mer d'Arabes » qui a subi un génocide à Gaza et qui est systématiquement et cyniquement détruite par Israël sur son territoire, en violation de toutes les normes de la guerre ? Je pense que nous sommes proches d'une véritable explosion de colère arabe contre Israël, qui ne pourra pas être contenue très longtemps.
Progressivement, cette guerre prendra un caractère encore plus large. Et il faut dire que cette situation profite au Premier ministre israélien Netanyahou. Lui et son cabinet d'extrême droite, qui comprend des ministres de la faction sioniste religieuse radicale, tels que Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir, ont pour objectif eschatologique de créer le « Grand Israël ». Le gouvernement de M. Netanyahou part du principe qu'il a un « crédit messianique », croyant que l'arrivée du « Machia'h » (le messie juif, roi des Juifs qui soumettra toutes les nations au peuple juif, mais qui est perçu comme l'Antéchrist ou Dajjal par les Chrétiens et les Musulmans) est proche.
Ainsi, la guerre contre les Arabes est considérée comme sacrée par les sionistes religieux, adeptes du rabbin Kook et de Dov Ber Levi Soloveitchik, qui, au milieu du 20ème siècle, ont béni la saisie des terres arabes en vue de la création du « Grand Israël », ou par des rabbins modernes comme Dov Lior, qui défendent des points de vue similaires. Son point culminant devrait être la destruction de la mosquée Al-Aqsa sur le mont du Temple à Jérusalem et le début de la construction du troisième Temple, où le Machia'h juif doit régner. Dans le même temps, on assiste à une mobilisation eschatologique de la population islamique de la région, en particulier des chiites.
La situation ne peut donc que s'intensifier. Les sionistes religieux pensent qu'ils peuvent hâter la venue de leur Machia'h par des actions radicales et agressives, une nouvelle guerre du Kippour. Bien qu'une partie importante de la population israélienne soit laïque et n'y croit pas, elle organise des manifestations de masse contre Netanyahou, demandant : « Nous vivions bien dans une société démocratique, et soudain il y a cette guerre étrange et terrifiante », blâmant Netanyahou pour ce qui se passe.
Cependant, dans le monde islamique, il existe également une position forte en faveur de l'escalade, les chiites étant les plus préparés à un scénario eschatologique. Israël, le régime sioniste, est considéré comme le serviteur du Dajjal (Antéchrist), qui doit être combattu. Pour la plupart des musulmans ordinaires, il s'agit simplement d'une guerre pour la survie, une guerre ethnique. À Gaza, Israël procède à un nettoyage ethnique, tuant des dizaines, voire des centaines de milliers de Palestiniens pacifiques.
Il est difficile de prédire comment les événements vont se dérouler. Il est clair que pour l'administration Biden, il s'agit d'une situation très désagréable, qui détourne l'attention de l'Ukraine, dont le soutien est rapidement devenu secondaire. Il s'agit également d'un coup dur pour l'économie mondiale, car l'Iran pourrait bloquer le détroit d'Ormuz à tout moment, ce qui affecterait les routes commerciales vitales. À cela s'ajoute l'activité des Houthis pro-iraniens au Yémen, en mer Rouge et en mer d'Arabie, et même dans l'océan Indien. Cela représente un scénario sombre pour l'administration américaine actuelle, tout en créant une opportunité pour Trump, un partisan du sionisme religieux et un apologiste de Netanyahou.
En raison de l'escalade au Moyen-Orient, le monde entier est ébranlé. C'est la principale conséquence du début de la Grande Guerre.
Mais quelle position la Russie doit-elle adopter dans cette situation? Il s'agit bien sûr d'une question très délicate. D'une part, Israël n'est pas notre ennemi. D'autre part, l'Iran, les Houthis yéménites, le Hezbollah, les Syriens de Bachar el-Assad et les chiites irakiens sont nos amis et nos alliés stratégiques.
Nos partenaires stratégiques, qui ont largement soutenu la Russie dans sa confrontation avec l'Occident au sujet de l'Ukraine, sont désormais des ennemis farouches (jusqu'à la mort) d'un pays avec lequel la Russie entretient des relations neutres. Mais si l'on considère que derrière Israël se tient l'Occident mondialiste - les mêmes forces qui soutiennent nos ennemis directs en Ukraine, la junte de Kiev - un modèle géopolitique très complexe se dessine. Les dirigeants russes sont donc confrontés à un dilemme.
D'une part, nous semblons nous diriger vers un soutien total aux forces de l'axe de la résistance dans leur lutte, non pas tant contre Israël lui-même, mais contre l'Occident collectif qui le soutient. D'autre part, Poutine (bien que dans une moindre mesure que Trump) se sent proche des politiques de droite de Netanyahou, de son désir d'un État plus fort et de sa défense des valeurs traditionnelles (pour les Juifs). Cependant, cette politique israélienne n'est pas suffisamment proche pour que nous allions à l'encontre de nos propres intérêts géopolitiques.
Nous constatons que la position du ministère russe des affaires étrangères et du Kremlin tend à soutenir l'Iran, les chiites, les Palestiniens, les Libanais, les Yéménites et les Irakiens, et à s'opposer ouvertement à l'Occident global. Mais à un moment donné, nous devrons également prendre position à l'égard d'Israël. Nous ne pouvons pas oublier que certains sionistes de droite en Russie ont soutenu Moscou dans le conflit ukrainien. Il s'agit également d'un facteur important. Mais l'emportera-t-il sur notre alliance géopolitique avec les forces de l'Axe de la Résistance ? La question reste ouverte. À mon avis, l'attitude de la Russie à l'égard d'Israël sera considérablement réévaluée, ce qui entraînera un refroidissement notable des relations.
Alexandre Douguine
Euro-Synergies
vendredi, 11 octobre 2024
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Commentaires
La Russie ne doit pas oublier le
précédent égyptien, à l'époque où Sadate (l'Egypte était très fortement alliée
à l'URSS), s'est détourné des Soviétiques pour pactiser avec les USA et faire
la paix avec Israel. Pourquoi ? Parce qu'en parti les égyptiens voyaient bien
que l'URSS ne jouait pas totalement dans leur camp, notamment ne lui
fournissant pas toutes les armes qu'elle avait en possession et qui pouvaient
neutraliser Israel, ni tous les renseignements.
Je veux dire par là, que si aujourd'hui les Iraniens et d'autres pays musulmans
(arabes) se rendent compte que finalement la Russie ne prend pas franchement
parti pour eux et ne les aide pas à établir une bonne fois pour toute une vraie
parité stratégique avec l'état hébreux, ils se diront à quoi bon être l'alliée
des Russes et iront à Canossa, s'allier avec les USA. Je pense que même la
Syrie, l'Irak et les Palestiniens pourraient en arriver là, si demain les USA
leur proposent et promet un "containment"de la folie messianique de
leur allié Israélien, et une paix relativement acceptable où ils n'auraient pas
trop à perdre.
Écrit par : NAIR | vendredi, 11 octobre 2024
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N'oublions pas par principe de rafraîchissement intellectuel que autant vous avez des sionistes de gauche comme de droite. Par ailleurs les kibboutz à la base se fondèrent sur un socle d'idéologie socialiste puisque les premiers arrivés venaient en grande partie des pays anciennement communistes.On entend bien dans Douguine son embarras et son ambiguïté quant à la position de la Russie dans cette histoire du proche-orient.
Écrit par : Fred | samedi, 12 octobre 2024
Hindi est plus nuancé concernant Trump...
RépondreSupprimerhttps://youtu.be/zEBaNviSgsw?feature=shared&t=883
https://www.egaliteetreconciliation.fr/Herzi-Halevi-le-chef-de-Tsahal-vise-par-une-frappe-chirurgicale-du-Hezbollah-76858.html
RépondreSupprimerUne attaque du Hezbollah contre les chefs des forces sionistes : des morts parait-il!
ES s'est tiré une balle dans les pieds via son mentor Soral après sa sortie incongrue contre Pierre Hilliard, ce dernier a publié un livre : "Comprendre l'Empire loubavitch" qui ne lui a pas plu, Solar n'aime pas la dissidence qu'il n'arrive pas à apprivoiser (un autre ex: Hicham Hamza), c'est un "attracteur étrange" attirant les dissidents (Laibi(?), Segault, Cohen ... etc) pour ensuite les jeter en pâture, un garant de la dissi-dance qui vit sur le dos des goyim naïfs !!
SupprimerFRANCHEMENT LES MUSULMANS N’IRONT PAS S’ALLIER AVEC LES USA NI AVEC LES RUSSES QUI JOUENT SOUVÀT UN DOUBLE JEUX ET ONT TOUJOURS AIDER ISRAHELL DANS LE DOS DES ARABES QUI SAVENT CELA LA RUSSIE DEVRA CHOISIR LE CHITANE OU DIEU ONT NE PEUT PACTISER QUE AVEC UNE PARTIE OU AVEC L’AUTRE CE QUI SERAIT DIRECTEMENT COURIR A LEURS PERTE
SupprimerMoscou a déjà pris position en faveur d'Israël, l'aide pro-chabad dans le Kremlin impose une direction avantageuse à leur idéologie raciste et messianiste, rappelons l'éviction d'Alexeï Pavlov en 2023 à la demande du Rabbin Lazare !!
RépondreSupprimerPoutine et Trump apparaissent comme deux marionnettes mis en scène par les structures Chabad-Loubavitch, la Russie a beau se frotter aux US dans le bourbier Ukrainien mais leur convergence à servir à la réalisation de la rêverie sioniste est indéfectible, pour paraphraser Castro, Trump et Poutine sont une véritable paire de chaussures portée par la même idéologie mondialiste et messianiste !!
C'est dans cette optique qu'on peut comprendre le défaut de confiance de l'Iran à l'égard de la Russie, la Russe est un partenaire stratégique mais pas un allié sur lequel compter dans le cas d'une guerre totale !
Poutine fait des concessions car si Israël s’auto détruit, il risque de voir rappliquer 1.500.000 juifs citoyens russes qui seront un facteur extrême de désordre pour la Russie.
SupprimerNon, Poutine peut bien les relogé en Ukraine comme Israël le souhaitait !
Supprimerles relogé -> les reloger :)
SupprimerJ'aimerai bien que vous m'expliquiez en quoi "le défaut de confiance de l'Iran à l'égard de la Russie," se manisfèste t-il?
SupprimerL'Iran fournit des missiles et des drones à la Russie. La Russie fournit des avions et d'autres armes sophistiqués à l'Iran. Précédent la dernière attaque des iraniens sur l'entité diabolique de nombreux avions cargo ont fait le va et vient entre la Russie et l'Iran.
Les loubavitchs qui tournent autour des 2 présidents est peut être un fait, les fêtes juives et certaines commémorations mais ils ne décident en rien de la politique fondamentale établie par l'élite intellectuelle et pro russe qui gravite autour de Mr Poutine
Pour Alexeï Pavlov il est parti de son plein pour retrouver une soit disant "liberté" à Dubai et à Paris alors qu'il est surveillé h24 par les services occidentaux et emprisonné à Paris.? Je pense qu'on peut mettre ça sur le compte d'une erreur de jeunesse ou l'appelle des sirènes. Son frère beaucoup plus mature est resté en Russie.
De plus ukraine et l'otan qui se confond avec l'entité diabolique sont alliés pour détruire la Russie. Que feriez vous à la place de poutine?
Désolé j'ai oublié de mettre une majuscule au grand et honorable MONSIEUR POUTINE
SupprimerLe Hezbollah est entré dans une guerre d'usure contre l'entité en soutien à Gaza et à la Cisjordanie dès le 8 octobre 2023 Mr Douguine. Ainsi que la résistance islamique en Syrie et Iraq. Ainsi que AnsarAllah au Yémen. Derrière eux se trouve l'Iran.
RépondreSupprimerPour ce qui est des relations Russo-Israelienne elles ont pris la pente descendante et plus rien ne pourra empêché cette dégradation. Poutine et la Russie font des sacrifices géopolitique comme dans le cas d'Israël et de l'Azerbaïdjan mais cela ne durera pas éternellement. Pour ce qui est de son soutien à l'Iran : livraison du s400, échange de capacité hypersonique, livraison de système de guerre électronique et promesse officielle d'un soutien direct en cas de guerre contre l'OTAN-entite.
Sans la Russie de Poutine les anglo-sioniste aurait depuis longtemps attaqué l'Iran, le Venezuela, la Chine, l'Algérie etc. C'est le coeur de la résistance et craché sur le cœur de la résistance fait de vous un traître et un complice des pires oppresseurs de l'histoire de l'humanité.
Très bonne analyse en peu de mots, chapeau!
SupprimerBien sûr que si, Israël est ennemie de la Russie.
RépondreSupprimerProfondément parlant, Israël est l'ennemie du monde entier de part son racisme fondamental et sans limite :
- le droit religieux de chasser de leur pays et même d'exterminer les Palestiniens non juifs pour s'installer à leur place.
- le mythe de la supériorité juive et du destin d'un soi-disant peuple juif destiné à dominer le monde.
- la propagation mondiale de ces mythes chez tous les humains en particulier les évangélistes mais surtout les juifs, faisant de ces derniers des faux citoyens au service d'Israël.
Ensuite, concrètement
- Israël est en guerre larvée avec la Russie en Syrie, car leur buts sont opposés. Guerre qui contient des incidents militaires graves.
- Israël ne rêve que de l'anéantissement de l'Iran, partenaire devenu fondamental de la Russie.
- Israël soutient Kiev contre la Russie.
- Israël est partenaire de son soutient vital, les USA, lesquels rêvent de fragmenter et piller la Russie.
Vous répondez à l'injonction d'un saint homme qui a dit : "Que celui qui désir réfléchir, le fasse de manière simple".
SupprimerMerci pour votre commentaire clairvoyant.
Faux..
RépondreSupprimerL'intervention de la Russie à été à l'avantage stratégique d'Israël qui souhaitait la destruction de ce pays dans le cadre du remodelage du moyen Orient dit plan oded yinon...
Bis repetita, Israel a besoin d'un outsider pour bousculer le challenger sinon pas de grand bouleversement... Israël aime danser sur les braises chaudes et pense pouvoir tirer les marrons du feu... Stratégie risquée mais qui ressemble bien à leur folie messianique
Douguine en bon "philosophe" tourne autour du pot mais il sait que son eurasianisme colle infiniment plus avec le rêve messianique de ses copains à double casquette plutôt qu'avec son axe de la résistance orientale qui pour l'instant est bien utile pour bousculer le challenger US dans la région et aussi dans le monde... Et c'est bien ça l'objectif... Et Israël a clairement le même objectif d'entraîner les US dans leur perte après les avoir saigné proprement... Dixit Netanyahu
SupprimerLire destruction de la Syrie...
RépondreSupprimerEn Russie les juifs chabad ont chassé les libéraux à l'époque de gouzinsky et consort... Vous pensez vraiment que ces gens là œuvrent pour l'intérêt stratégique de la sainte Russie et de l'objectif eurasianiste... Faut pas rêver... "On ne dîne pas avec le diable même avec une longue cuillère"
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