Trump, « furax contre Poutine », retourne à nouveau sa veste. Par Simplicius

Trump a de nouveau retourné sa veste dans une diatribe à NBC, exprimant sa « colère » envers Poutine pour ne pas avoir accepté les offres insipides de cessez-le-feu des États-Unis.

De nombreux commentateurs ont souligné les volte-face de plus en plus frénétiques de Trump, comparant ses déclarations de colère envers Poutine à celle envers Zelensky  , qualifié de « dictateur » :

« Si la Russie et moi ne parvenons pas à un accord pour mettre fin au bain de sang en Ukraine, et si je pense que c'est la faute de la Russie – ce qui pourrait ne pas être le cas –, mais si je pense que c'est la faute de la Russie, j'imposerai de nouveaux droits de douane sur le pétrole, sur tout le pétrole en provenance de Russie », a déclaré Trump lors d'un appel téléphonique matinal à NBC News dimanche. « Si vous achetez du pétrole russe, vous ne pourrez plus faire d'affaires avec les États-Unis », a déclaré Trump. « Il y aura un droit de douane de 25 % à 50 % sur tout le pétrole.»

Le problème pour Trump semble double :

D’un côté, il semble légitimement frustré par son incapacité à mettre fin rapidement à la guerre, en raison de pressions internes qui le poussent à faire face à la menace iranienne émergente, ainsi qu’au grand pivot attendu depuis longtemps vers la Chine.

Cela a été particulièrement mis en évidence par une récente note secrète du Pentagone, qui décrit le transfert des problèmes européens vers l’Europe tout en recentrant les moyens militaires américains sur la prétendue « prise de Taïwan » par la Chine.

https://www.washingtonpost.com/national-security/2025/03/29/secret-pentagon-memo-hegseth-heritage-foundation-china/

L'énoncé important de la thèse :

Mais les conseils de Hegseth sont extraordinaires dans leur description de l'invasion potentielle de Taïwan comme le scénario moteur exclusif devant être prioritaire par rapport aux autres dangers potentiels, réorientant la vaste architecture militaire américaine vers la région indo-pacifique au-delà de sa mission de défense du territoire national.

Ces pauvres Européens seront livrés à eux-mêmes :

« La Chine est la seule menace constante du Département, et nier une prise de Taïwan par la Chine comme un fait accompli, tout en défendant simultanément le territoire national américain, est le seul scénario de référence du Département », écrit Hegseth. Son schéma de planification des forces – un concept définissant la manière dont le Pentagone va constituer et doter les forces armées pour faire face aux menaces perçues – n'envisagera le conflit avec Pékin que lors de la planification des éventualités d'une guerre entre grandes puissances, affirme-t-il, laissant la menace venant de Moscou largement aux mains des alliés européens.

En bref, les États-Unis et Trump veulent le beurre et l'argent du beurre : ils veulent être suffisamment puissants pour dominer la Chine, tout en mettant rapidement en place la « petite » invasion russe et en évitant que diverses exigences géopolitiques ultérieures ne se précipitent sur le continent européen. Qui ne le souhaiterait pas ? Le pouvoir de dominer le monde entier et d'en dicter les affaires. Mais Trump et son administration vivent à une autre époque, marchant sur des charbons ardents avec des bottes aux semelles de caoutchouc trouées depuis longtemps.

Flash info : la conquête russe de l'Ukraine a des conséquences géopolitiques bien plus graves qu'une prise de contrôle chinoise de Taïwan, mais les stratèges américains ne le savent pas, car ils sont actuellement aux mains des magnats de l'industrie et de la technologie qui se sont focalisés sur TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Corporation). 

Dans l'ensemble, Taïwan n'aura plus aucune importance dans un avenir proche, mais si l'on suit l'évolution des réalités géopolitiques que la victoire russe en Ukraine ouvrira, il n'y a tout simplement aucune comparaison possible – ne serait-ce que parce que les responsables américains ont promis depuis longtemps que TSMC serait détruit si la Chine s'en approchait, des lignes parallèles de cette entreprise étant déjà ouvertes en Arizona. Mais ce que la Russie a à gagner en Ukraine ne peut être « saboté » de la même manière. La Chine se retrouvera avec un rocher inutile, des infrastructures en ruine et 20 millions d'habitants – une goutte d'eau dans l'océan des 1,5 milliard de Chinois.

Mais pour en revenir à Trump, le deuxième point à souligner est que ses attaques contre la Russie pourraient avoir un côté théâtral. Il ne doit pas être perçu comme trop pro-russe et doit sans doute adopter une position ferme envers Poutine pour sauver les apparences, afin que les accusations d'« injustice » ou de partialité envers l'Ukraine ne soient pas trop fortes. Y a-t-il une part de vérité dans tout cela ?

Il semble que Trump ait exprimé sa frustration en partie parce que la phase des politesses est terminée et que la Russie affirme désormais ouvertement que les offres actuelles de « cessez-le-feu » sont tout simplement insuffisantes, comme vient de le déclarer le vice-ministre des Affaires étrangères Riabkov :

https://www.reuters.com/world/europe/trump-threatens-secondary-sanctions-russia-kremlin-says-it-is-continuing-talk-us-2025-04-01/

MOSCOU, 1er avril (Reuters) - La Russie ne peut accepter les propositions américaines visant à mettre fin à la guerre en Ukraine sous leur forme actuelle, car elles ne répondent pas aux problèmes que Moscou considère comme étant à l'origine du conflit, a déclaré un haut diplomate russe, suggérant des discussions américano-russes sur le sujet étaient au point mort.
Les commentaires du vice-ministre des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, suggèrent que Moscou et Washington ont jusqu'à présent été incapables de surmonter les divergences soulevées par le président Vladimir Poutine il y a plus de deux semaines, lorsqu'il a déclaré que les propositions américaines devaient être revues.

En réalité, dans sa déclaration plus longue, Riabkov a fait écho à ce que je dis depuis des semaines : les États-Unis recherchent d'abord un cessez-le-feu, et ce n'est qu'ensuite que les négociations et les discussions sur les dossiers seront véritablement menées. Cela découle de l'impatience de Trump à marquer des points et à proclamer une victoire médiatique rapide, du moins à ce stade du processus. Mais la Russie est plus rigoureuse que cela et exige que les choses se déroulent méthodiquement et systématiquement. Pour la Russie, il s'agit d'une question existentielle, et non d'un coup politique ou d'une solution de communication rapide.

Trump menace désormais de « mesures agressives » sous la forme de droits de douane élevés qui devraient nuire davantage à ses alliés qu'à la Russie :

Les États-Unis envisagent la possibilité d'introduire des « sanctions agressives » contre les navires transportant du pétrole russe, affirme Fox News.
Il est à noter que Washington évalue l'efficacité des sanctions antirusses actuelles à « 3 sur 10 ». Il est précisé que parmi les nouvelles mesures possibles, les États-Unis pourraient tenter d'interdire le passage des navires transportant du pétrole russe en mer Baltique.

Lisez attentivement la dernière partie : Trump pourrait tenter d'interdire le passage de tout navire transportant du pétrole russe en mer Baltique, ce qui imite ce que l'Allemagne a fait la semaine dernière en saisissant le pétrolier « Eventin » battant pavillon panaméen, de la flotte fantôme russe, qui transporterait, semble-t-il, du pétrole .

C'est un événement à surveiller, car l'Empire resserre l'étau sur la Russie par les pays baltes, incitant de plus en plus la Russie à réaliser la prophétie de l’Empire :  « envahir » ces pays.

L'Allemagne a officiellement lancé mardi son premier déploiement permanent de troupes étrangères depuis la Seconde Guerre mondiale – une brigade blindée de 5 000 hommes en Lituanie – alors que Berlin s'apprête à renforcer le flanc oriental de l'OTAN en réponse à la guerre de la Russie contre l'Ukraine.
➡️ Selon le groupe de pression de l'armée allemande, la 45e brigade blindée nouvellement créée a été officiellement activée lors d'une cérémonie à l'extérieur de Vilnius. Un quartier général temporaire a été établi, le blason de la brigade a été dévoilé et l'unité est désormais officiellement placée sous le commandement du général de brigade Christoph Huber.
💬 « Notre mission est claire : assurer la protection, la liberté et la sécurité de nos alliés lituaniens sur le flanc est de l'OTAN », a déclaré M. Huber à l'agence de presse allemande dpa. « Ce faisant, nous protégeons également le territoire de l'OTAN, et l'Allemagne elle-même.»

D'une chaîne russe :

Une répétition du scénario ukrainien, ça vous dit ?

Rappelons que la semaine dernière, des troupes américaines circulaient avec leurs chars à seulement 11 kilomètres de la frontière biélorusse, avant d'être noyées dans un marais :

Et cela s'est produit une semaine après que le prince William a vaillamment défilé à bord d'un char Challenger britannique « dans l'arrière-cour de Poutine », à quelques kilomètres de la frontière russe, lors d'exercices estoniens.

L'ironie suprême de tout cela ? Les laquais atlantistes prétendent prendre des précautions contre une « agression » russe « à leur porte », alors que le ministre estonien de la Défense, Hanno Pevkur, a déclaré la semaine dernière que mettre fin à la guerre en Ukraine était dangereux, car cela permettrait à la Russie de redéployer « 300.000 soldats » à la frontière nord-ouest des pays baltes :

https://nypost.com/2025/03/30/world-news/ukraine-cease-fire-will-send-russian-troops-to-nato-borders-baltic-states-warn/

Donc, la Russie n'a actuellement aucune troupe à la frontière, et c'est en réalité l'OTAN qui s’agite contre elle ? Ce mensonge évident est une fois de plus démasqué, et l'OTAN est démasquée comme l'agresseur perpétuel.

Hélas, les tambours de guerre continuent de résonner :

https://www.bbc.com/news/articles/cdjyjlkewr2o?

https://www.spiegel.de/wissenschaft/technik/waffen-kann-europa-militaerisch-gegen-russland-bestehen-a-1ce6ebaf-7382-4f36-abdc-4c47461143e4

Pour en revenir à la question de la flotte fantôme, un nouveau graphique de S&P Global confirme les estimations précédentes selon lesquelles la flotte fantôme de pétroliers russes couvre le  monde :

Selon de nouvelles données de S&P Global, la Russie contrôle désormais une flotte fantôme de 586 pétroliers, soit plus de cinq fois la taille combinée des flottes secrètes de l’Iran et du Venezuela.
Cette flotte transporte discrètement environ 3,5 millions de barils de pétrole par jour, dépassant les volumes transportés par d’autres pays sous sanctions.
Malgré les sanctions occidentales, Moscou a non seulement maintenu, mais aussi accru ses exportations de pétrole. Comment ? Un vaste réseau d’accords maritimes opaques, incluant des transbordements offshore en eaux neutres. Principaux acheteurs : l’Inde et la Chine. Ces deux géants asiatiques continuent d'absorber le brut russe, neutralisant ainsi l'impact escompté des sanctions américaines et européennes. Il s'agit d'un succès logistique et géopolitique majeur, qui a redessiné les flux énergétiques mondiaux en seulement deux ans. Les sanctions n'ont pas stoppé le pétrole. Elles ont simplement modifié son itinéraire.

Un commentaire sous-estimé pour contextualiser la propagande atlantiste :

Autre point important :

J'ai récemment écrit sur la contradiction venant de l'OTAN, selon laquelle la Russie cherche désespérément une « pause » tout en poussant à l'extension du conflit en Europe. Aujourd'hui, plusieurs acteurs de l'OTAN ont coordonné une campagne humoristique pour forcer la Russie à un cessez-le-feu, ce qui révèle leur propre besoin impérieux d'une pause afin d'injecter des troupes européennes dans la zone démilitarisée.

Remarquez le langage exigeant : la Russie doit immédiatement cesser de tergiverser et conclure un cessez-le-feu. Pourquoi la Russie aurait-elle besoin d'une telle persuasion si elle était en difficulté dans la guerre comme ils le prétendent ?

Remarquez qu'il s'agit toujours d'une forme de communication coordonnée entre eux, c'est-à-dire d'un scénario :

« Nous avons besoin que Poutine accepte un cessez-le-feu inconditionnel MAINTENANT… »

Quel camp vous semble le plus désespéré ?

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Une dernière remarque accessoire :

Trump continue de brailler sur le fait que les morts déchirantes de la guerre sont la principale raison de sa volonté de mettre fin au conflit en Ukraine – oh, braille toujours, mon cœur sensible !

This is a bald-faced fraud.

C’est une fraude éhontée.

Si Trump se souciait des morts réelles par principe, il dirait la même chose à Israël et à Netanyahou, plutôt que de les armer afin de leur permettre de commettre un holocauste contre les Palestiniens. Ce deux poids - deux mesures, montre clairement que les « morts inutiles » ne sont certainement pas les moteurs de la mission acharnée de Trump visant à mettre fin à la guerre ; il n’a aucun problème avec le massacre rituel tant qu’il sert les intérêts politiques de ses donateurs juifs.

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Ce qui reste à faire maintenant : le champ de bataille entre dans la phase de rasputitsa (périodes de l'année durant lesquelles, du fait de la fonte des neiges au printemps ou des pluies d'automne, une grande partie des terrains plats se transforment en mer de boue sous l'action de l'eau), et alors que nous approchons du moment opportun pour les manœuvres, les deux camps seraient en plein préparatifs.

https://apnews.com/article/russia-ukraine-war-spring-fighting-offensive-ceasefire-talks-49ee814cc4a8416c444ab7deae42488c

Notez l'admission intéressante de l'article ci-dessus :

« Les Russes étaient très épuisés ces deux derniers mois. Pendant dix jours en mars, ils ont marqué une sorte de pause », a déclaré le porte-parole militaire, le major Viktor Trehubov, à propos de la situation à Pokrovsk. Mi-mars, l'attaque a repris. « Cela signifie que les Russes se sont bien reposés.»

L'« épuisement important » des Russes a été surmonté en seulement dix jours. Ils se sont « tout simplement remis ». Comment se « simplement remettre » d'un « épuisement important » ? En fait, la déclaration ci-dessus constitue un aperçu de la propagande pro-ukrainienne contre la Russie : quels que soient leurs propos, quelles que soient les descriptions de l’armée russe qu’ils véhiculent, il faut toujours les prendre avec des pincettes, car elles sont presque toujours entachées d’exagération.

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Quelques derniers points :

Deux nouveaux records dans les statistiques de frappes russes :

Nouveau record de drones : la Russie a lancé 4 198 drones sur des installations des forces armées ukrainiennes en Ukraine en mars.
- Infographie : Ce mois-ci, il n’y a pas eu une seule nuit sans attaques ; les frappes se sont poursuivies pendant 31 jours. La Russie a changé de tactique ; désormais, ses escadrons frappent délibérément une ville. Le nombre de drones a presque décuplé par rapport à l’année dernière.

On y trouve la note suivante sur le changement de tactique russe :

Bild présente les nouvelles tactiques des drones russes « Geranium-2 » lors des frappes contre l’Ukraine.

Ces drones, appelés « Géraniums », se rassemblent à quelques kilomètres de la cible, à 1 km d'altitude, en groupes allant de quelques-uns à des dizaines. Ils attaquent ensuite simultanément avec un minimum d'intervalles. Auparavant, les « Géraniums » attaquaient individuellement, souvent à quelques minutes d'intervalle, permettant aux défenses aériennes ennemies de les abattre un par un et de recharger. Cette tactique d'essaim est utilisée depuis un certain temps, mais l'ennemi en cache l'existence et notre camp garde le silence pour des raisons de confidentialité.

Cela coïncide avec un premier trimestre 2025 record en matière de livraisons de bombes Fab :

Ukrainian post :

En seulement trois mois, les Russes ont largué plus de 10.000 bombes aériennes guidées sur l'Ukraine.
Au total, au cours des trois premiers mois de 2025, l'aviation tactique russe a largué 10.577 bombes aériennes guidées sur le territoire ukrainien. Ceci a été rapporté sur le site web du ministère ukrainien de la Défense :
« Les frappes aériennes ennemies sur les localités ukrainiennes et les positions des forces de défense ne cessent pas. En mars, l’aviation russe a intensifié son utilisation de bombes aériennes guidées – environ 4 800 (en février – 3 370).»
N.D. : Cela représente environ 120 bombes par jour en moyenne. Si ces bombes ne font qu’un seul mort en moyenne, cela représenterait 120 morts par jour, sans compter l’artillerie, les drones, les armes légères et tout ce qui se trouve entre les deux.

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Les drones attendent sur les voies d’approvisionnement ukrainiennes, économisant leurs batteries jusqu’à ce qu’un véhicule logistique soit ce qu’un véhicule logistique soit détecté. Ils décollent ensuite et l’éliminent. Voici un montage de ces frappes de ces derniers jours :

Certes, les FAU ont elles-mêmes été les pionnières de cette « astuce » il y a longtemps, mais la Russie l’utilise désormais largement et avec beaucoup de succès. L'une des raisons pour lesquelles il est si mortel est que les drones sont généralement entendus de loin, ce qui donne à la cible le temps d'effectuer des manœuvres d'évitement, de se mettre à couvert, de se disperser, etc. Mais cet « oiseau de proie » prédateur exploite un énorme effet de surprise, ne laissant aux cibles que quelques secondes pour réagir.

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Le T-90M russe équipé du nouveau système de défense anti-attaque Arena-M APS (Active Protection System) a été repéré sur des terrains d'essai :

Rostec a publié une nouvelle vidéo montrant un nouveau test du système Arena-M en action. Ce qui rend cette vidéo si particulière, c'est que les experts ont identifié que le projectile détruit dans la vidéo est en fait un Javelin américain capturé. Si cela est vrai, cela signifie que la question de longue date de savoir si les systèmes APS (Active protection system)  russes évolueront pour être capables de gérer les Javelin et autres armes similaires a enfin trouvé une réponse :

La raison pour laquelle ce débat a eu lieu est qu'il restait à déterminer si les systèmes APS pouvaient gérer des armes d'attaque par le haut comme le Javelin, plutôt que des lance-roquettes frontaux à l'ancienne, qu'ils étaient initialement censés arrêter.

Par Simplicius

2 avril 2025