Manuel Valls croit à la théorie du Choc des civilisations et il a
choisi son camp : Israël et ses vassaux occidentaux. Pas une semaine ne
se passe sans qu’il ne manifeste avec ferveur les liens qui l’unissent à
l’État hébreu.
Le 18 mars, il vient apporter son soutien à David Habib, candidat PS aux municipales de Pau et "ami personnel" du nouveau Premier Ministre de la France-Israël. Pour mémoire, vice-Président du Groupe d’amitié France-Israël, David Habib est aussi l’un des rares signataires du Parti Socialiste de la « Lettre ouverte au président de la République »
(alors Nicolas Sarkozy) lui demandant de s’opposer à la reconnaissance
d’un État palestinien… Le lendemain même, il prononce un discours à
l’esplanade du Trocadéro à l’occasion du rassemblement organisé par le
CRIF en hommage aux victimes de Mohamed Mehra, dans lequel il assimile antisionisme et antisémitisme et traîne dans la boue ceux qui osent critiquer la politique de l’État hébreu. Ces prises de position font écho à ses nombreuses professions de foi en faveur d’Israël, notamment à celle prononcée sur Radio J en novembre 2012, au moment même où l’armée israélienne déployait l’opération Pilier de défense dans la bande de Gaza qui s’est soldée par des centaines de morts et des milliers de blessés, côté palestinien.
La communauté musulmane en France ne bénéficie pas des mêmes
attentions, loin s’en faut : sorties sur l’Islam (au Conseil des
Ministres) qu’il estime incompatible avec la démocratie, campagnes islamophobes à répétition, interdiction d’une manifestation contre un film raciste antimusulman, promotion agressive de la laïcité contre la communauté musulmane, déni de l’islamophobie (il récuse d’ailleurs le terme même en accréditant le mythe de son invention par des intégristes iraniens
dans les années 1970). Lors du meeting du 27 novembre dernier à la
Mutualité pour « défendre la République contre les extrémismes » il est
allé jusqu’à mettre sur le même pied extrême-droite et communautarisme
religieux – comprendre "musulman" (voir ici à 2’05). Les musulmans ne se trompent pas en estimant à une très large majorité (77 %) que le PS est un parti islamophobe et raciste.
Cette inégalité de traitement ne fait que refléter la politique extérieure menée par la France. Sur les dossiers Syrien, Iranien ou Ukrainien, le gouvernement est totalement aligné sur les intérêts d’Israël, achevant la rupture
d’avec la politique gaullienne, plus équilibrée, qui a fait un temps
l’honneur de la France. Et quand il s’agit de défendre ses propres
intérêts impérialistes, le gouvernement ne fait que reprendre la rhétorique néoconservatrice
de la "guerre contre le terrorisme" pour l’appliquer au Mali et en
République Centrafricaine. La France, pays le plus sioniste du monde ?
C’est en tout cas le seul où appeler au boycott de produits israéliens est passible de poursuites pénales.
Le sionisme professé par le gouvernement français ne doit rien au hasard : il
permet de réduire l’antiracisme à une lutte contre l’antisémitisme puis,
par glissement, contre l’antisionisme pour finalement légitimer la
politique d’Israël en prohibant toute critique à son encontre, alors que
l’État hébreu qui pratique sans vergogne une politique d’apartheid est
l’un des plus racistes au monde. L’obsession antisémite de Manuel Valls n’est que le masque d’une allégeance absolue à Israël. Victime collatérale de cette politique, le musulman devient un bouc émissaire parfait, isolé, dominé et sans soutiens politiques, au prix d’ailleurs d’une montée en force de l’islamophobie en France bien utile au gouvernement pour masquer la faillite de sa politique en ces temps de crise.
Mais le sionisme est plus qu’une affaire de famille, quoi qu’en dise Manuel Valls :
c’est le pendant idéologique des politiques économiques menées par le
gouvernement socialiste en faveur du libre-échange et des intérêts de
l’oligarchie. Il sert, à terme, le projet d’une gouvernance globale de
la finance sur les peuples et les nations dont on voit déjà les prémices
à l’échelle européenne et qui prendra demain la forme d’un gouvernement
mondial ayant Jérusalem pour capitale. L’expérience de la Grèce, laboratoire de la dictature intégrale de la finance, est appelée à se généraliser notamment à travers la mise en place d’un grand marché transatlantique UE-USA
qui laminera ce qu’il reste de droit du travail et de protections
sociales de part et d’autre de l’Atlantique. Le sionisme déborde de
beaucoup la question palestinienne. Il est un levier idéologique pour soumettre les populations aux exigences du Nouvel Ordre Mondial.
Pour cette raison, la propagande sioniste du gouvernement ne peut que
s’intensifier au fur et à mesure de l’aggravation de la crise économique
et financière et de la radicalisation des contradictions impérialistes,
comme on l’observe depuis le virage atlantiste du quinquennat Sarkozy.
Des extrémistes juifs narguent les CRS devant Manuel Valls
Manuel Valls n'avait jamais "pris position" sur le traitement à réserver à la LDJ (Ligue de défense juive), mouvement ultra-sioniste ayant commis, depuis plusieurs années, des agressions et des intimidations à l’encontre de citoyens ou d’entreprises jugés hostiles à Israël.
En ce 21 mars 2014, les
drapeaux jaunes de la LDJ étaient reconnaissables lors de l'altercation
qui s'est produite -place du Trocadéro- entre ces
extrémistes juifs et les forces de l'ordre. Un rassemblement contre
l'antisémitisme -rapidement transformé en meeting communautariste en faveur du régime d'occupation et d'apartheid qu'est l'État d'Israël- se tenait en présence de Manuel Valls.
En dépit de ses débordements, la LDJ a pu demeurer sur place et entonner son cri patriotique "Le peuple d'Israël vivra!" devant Manuel Valls, présent sur l'estrade en compagnie d'Anne Hidalgo, Meyer Habib, Harlem Desir, Hassen Chalghoumi, Marek Halter, Patrick Klugman, Claude Goasguen, Roger Cukierman, Gil Taïeb et Bernard-Henri Lévy.
Comble de l'ironie: comme à son habitude, la LDJ a suscité des échauffourées face aux cordons de la gendarmerie. Malgré l'usage
de gaz lacrymogène pour disperser les jeunes miliciens, certains
d'entre eux ont continué -en dépit de la présence du ministre de
l'Intérieur- à narguer les CRS, sans que Manuel Valls réagisse.Transparence des impôts : le tour de passe-passe de Valls
On croyait tout savoir de Valls. Depuis qu’il est
ministre, ce dernier a eu droit à une cascade de portraits dans la
presse, mettant en scène son couple, sa femme, leur amour et… leur
appartement. Les Français ont vite su qu’ils préféraient habiter dans
ce logement du quartier de la Bastille, plutôt que de dormir dans le lit
précédemment occupé par Claude Guéant à l’Intérieur. C’est ce
qu’avait assuré son épouse, la musicienne Anne Gravoin. On la comprend un
peu…
Mais pour en savoir plus sur ce
fameux appartement, le « nid » parisien de la
famille (Le Figaro), mieux vaut ne pas en rester à
la déclaration de patrimoine que, à l’instar de tous les ministres,
Manuel Valls est obligé de remplir depuis l’adoption en 1988 de la loi sur le
financement de la vie politique. Gageons que celle qu’il doit à nouveau déposer à la Haute
Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP)
reprendra les mêmes éléments que celles qui furent publiées
depuis son entrée au gouvernement, en 2012 : un « appartement
de 88 m2 » acheté en 2006 à Évry, ainsi qu’un «
appartement de 44 m2 », acquis à Paris en
2010 pour 315 000 euros, via une SCI. La Haute Autorité,
institution indépendante créée en 2013 après l’affaire Cahuzac,
a contrôlé en juin dernier sa première déclaration de Premier
ministre. Et n’y a rien trouvé à redire.
Normal : le Premier ministre respecte la loi à la
lettre. Il a déclaré les biens immobiliers dont il est propriétaire via
une SCI dont sa femme possède 99 parts sur 100, et rien d’autre. Le
cadastre est formel. La SCI Homère détient deux lots de l’immeuble
en question, en plein cœur du XIe
arrondissement, bobo et populo à la fois. Il s’agit d’un WC donnant sur l’escalier
et d’un petit appart de deux pièces au premier étage, comprenant
entrée, séjour, chambre, cuisine et salle d’eau avec cabinets. On est
d’accord : la règle déclarative a été formellement respectée.
Le seul souci, c’est que Manuel Valls ne vit pas dans
un deux-pièces de 44 m2. L’appartement qui abrite les nuits de
monsieur le Premier ministre comporte en tout, encore selon le
cadastre, 16 lots de copropriété, ainsi que 2 caves. À lire le règlement
de copropriété de l’immeuble, les lots réunis — dont 14
appartiennent en nom propre à Anne Gravoin, qui a épousé Valls sous
le régime de la séparation de biens — permettent de regrouper pas
moins de 7 pièces de séjour, 4 chambres, 5 salles d’eau ou salles de
bains, ainsi que 5 cuisines et 2 terrasses. Sans parler de 6 locaux,
entiers ou partiels, au rez-de-chaussée. On peut imaginer que,
contrairement à l’affectation des habitations lors de la construction de
l’immeuble, les cuisines ou les salles de bains en surnombre ont été
transformées en chambres. Le Point, qui dressait le 1er avril
2014 le portrait de Valls, évoquait en tout cas un logement «
bohème ». On en connaît d’autres qui adoreraient vivre dans une
telle «bohème»…
Au final, selon nos calculs, la
surface totale des lieux se situe entre 210 et 250 m2.
Soit, à quelque 8 000 euros du mètre carré (le bas de la
fourchette…), un prix total s’élevant de 1,68 million à 2 millions
d’euros.
Mais quand la presse s’est penchée sur la
dernière déclaration de patrimoine de Valls, elle n’y a vu que du
feu. Les Échos, L’Obs, Le Huffington Post et
d’autres racontent ainsi qu’il « dispose de deux
appartements, un dans l’Essonne et un appartement de 44 mètres carrés
à Paris ». L’Express et Le Monde du 16 avril 2013 sont
plus précis, notant qu’il est propriétaire de « une part sur 100
d’un appartement de 44 m2 dans le XIe arrondissement de
Paris, acheté avec son épouse… ». Les lecteurs imaginent donc que
Valls et sa famille vivent dans un simple deux-pièces.
Au final, la déclaration de patrimoine transmise par
Manuel Valls lors de son arrivée à Matignon (et avant, quand il était ministre
de l’Intérieur) était manifestement régulière, mais en revanche, tout sauf
sincère ou loyale. Cacher 99 % des parts d’une SCI détenant un
actif de près de 2 millions d’euros, en les mettant au nom de sa femme, pour ne
pas avoir à en déclarer le montant ou l’existence en tant qu’homme politique
est certes permis par la loi. Les juges aux affaires familiales connaissent
cependant la chanson : lors de la dissolution d’un mariage, on recherche
toujours l’origine des fonds ayant servi à l’acquisition des biens détenus en
indivision. Anne Gravoin, violoniste, paierait avec ses cachets 99 % des
mensualités de l’emprunt de la SCI, et aurait apporté 99 % de l’apport initial?
Peut-être… ou peut-être pas. Tout laisse cependant à penser qu’il s’agit
d’une manœuvre destinée à “blanchir” Manuel Valls d’une étiquette de bourgeois
nanti. C’est sûr qu’il est plus difficile de demander aux français de se serer
la ceinture quand on est millionnaire, voire multimillionnaire, que lorsque
l’on déclare un “patrimoine” de 93 000 euros à 52 ans !