Après lecture de cet article, on comprendra pourquoi Ghannouchi dirige la Tunisie et Morsi préside l’Egypte. Deux ans après son déclenchement en Tunisie, le « printemps arabe » parait tel que personne ne l’a vu au départ : une destruction méthodique des Etats-nations et le remplacement des régimes despotiques mais modernistes issus de la décolonisation par des régimes islamistes réactionnaires et inféodés aux USA. On dira que c’est une lecture « conspirationniste » des évènements. C’est l’argument des désinformateurs et des agents à la solde de l’impérialisme. Voici les faits exposés par un docteur en sciences politiques, qui a bien voulu nous adresser son analyse. Jugez-en par vous-mêmes.
Tout a commencé juste après les attentats criminels du 11
septembre 2001. Lorsque Oussama Ben Laden, l’ancien agent de la CIA
s’est retourné contre la puissance qui l’avait armé et galvanisé contre
la présence soviétique en Afghanistan. La décision américaine de frapper
Al-Qaïda en Afghanistan même n’était pas illégitime en soi. Ben Laden,
ses complices et ses protecteurs devaient payer. Mais, dans son délire
narcissique, George W.Bush a décidé en 2003 d’envahir l’Irak, un Etat
qui n’avait strictement aucune responsabilité dans les attentats du 11
septembre, à l’inverse de l’Arabie Saoudite, gardienne des lieux saints
et des puits du pétrole.
De George W.Bush à Barak Hussein Obama
C’est à partir de cette invasion que les américains ont décidé de
changer de stratégie et d’alliances : plutôt que d’en faire des ennemis,
les islamistes repentis seront nos alliés et les gardiens de nos
intérêts dans le monde. Sous couvert de démocratie et de droits de
l’homme, nous lâcherons les régimes qui les oppriment et nous les
installerons au pouvoir. Nous les appellerons « islamistes modérés »,
c’est-à-dire modérément démocrates et hyper-impérialistes. Nous leur
fixerons trois lignes rouges à ne pas franchir : notre mainmise sur les
richesses énergétiques du monde musulman, la sacralité de l’Etat
d’Israël et l’arrêt des actions terrorises qui nous visent.
Ce rapprochement entre les impérialistes et les islamistes, qui
réactive la vieille alliance entre le wahhabisme saoudien et le
pragmatisme américain, et aussi entre les services britanniques et les
frères musulmans, a fait l’objet d’un important livre de Robert
Dreyfuss, « Devil’s Game. How the United States Helped Unleash
Fundamentalist Islam » (Jeu du diable. Comment les Etats-Unis ont aidé à
libérer l’islam fondamentaliste ?), publié en novembre 2005.
Avec l‘arrivée au pouvoir de Barak Hussein Obama, ce rapprochement
entre l’administration américaine et la secte islamiste prend un
tournant décisif. Avec un père originaire du Kenya et de confession
musulmane, puis un beau père indonésien, Barak Hussein a baigné dans cet
islam identitaire, victimaire et communautariste qui n’a rien à voir
avec l’islam quiétiste, spirituel et décomplexé de la majorité des
musulmans dans le monde. Dans les années 1980, il est travailleur
social, plus exactement « organisateur de communauté » (Community
organizer) dans les quartiers sud de Chicago. A la même époque, il se
rapproche de « L’Eglise unie du Christ », localement dirigée par le
pasteur très controversé, Jeremiah Wright, issu de la secte « Nation of
islam », puis finit par se « convertir » au protestantisme.
Avec Barak Hussein Obama à la Maison Blanche, les islamistes ont donc
trouvé l’allié idéal qui comprend leur combat et partage leurs idéaux,
ainsi que l’opportunité historique de passer à la phase finale de leur
conquête du pouvoir dans le monde arabe. Pour eux, Obama est en quelque
sorte le Messie libérateur, le bras par lequel le dessein d’Allah va se
réaliser, pas seulement dans le monde arabe mais aussi, à moyen et long
terme, dans ce vieux continent fragilisé par une déchristianisation
entamée depuis plus d’un siècle. Les islamistes ne savent pas encore
qu’Obama est plutôt l’Antéchrist dont la politique conduit droit vers un
choc des civilisations qui fera disparaitre l’islam en tant que
religion. Diviser les musulmans, tuer l’islam par le poison islamiste,
telle est la stratégie machiavélique de l’administration américaine.
L’entrisme des Frères musulmans
Le 22 décembre 2012, paraissait dans le magazine égyptien « Rose
el-Youssef » un article d’une importance capitale sous le titre de, « Un
homme et six Frères à la Maison Blanche », signé par Ahmed Chawki, un
pseudonyme. L’auteur écrit que six individus ont modifié la politique
des Etats-Unis : « La Maison Blanche est passée d’une position
d’hostilité envers les groupes et organisations islamistes dans le monde
à celle du plus important partisan de la confrérie des Frères
musulmans ».
Selon l’auteur, les six individus sont : Arif
Ali-khan, secrétaire adjoint de la Sécurité intérieure pour le
développement des politiques ; Mohamed Elibiary, membre du Conseil
consultatif sur la Sécurité intérieure ; Rached Hussein, envoyé spécial
américain de l’Organisation de la Conférence islamique ; Salem
al-Marayati, cofondateur de Muslim Public Affairs Council (MPAC) ;
Mohamed Majid, président de l’Islamic Society of North America (ISNA) ;
Eboo Patel, membre du Conseil consultatif du président Obama, chargé des
partenariats confessionnels d’arrondissements.
Le pédigrée des six "Frères musulmans" qui sont aussi "agents américains"
Né en 1968 d’un père indien et d’une mère pakistanaise, Arif Ali-Khan
est un avocat musulman et professeur à l’Université de la Défense
Nationale, spécialisé dans la lutte antiterroriste. Après son succès en
tant que maire adjoint de Los Angeles, il a été nommé en 2009 par Obama
secrétaire adjoint à la Sécurité intérieure. Il a été surtout conseiller
d’Obama chargé du dossier des Etats musulmans. Fondateur de
l’Organisation mondiale islamique qui est une ramification de
l’Organisation Mondiale des Frères Musulmans, c’est lui qui a assuré les
liens et les négociations avec les mouvements islamistes avant et après
le « printemps arabe ».
Né en Alexandrie, Mohamed Elibiary
a grandi au Texas où s’étaient installés ses parents qui ont fui la
persécution des islamistes en Egypte. Mohamed Elibiary, alias le
« qutbiste » pour son fanatisme à l’égard des idées de Saïd Qutb, est un
membre éminent des Frères musulmans aux Etats-Unis. Diplômé en
management et en ingénierie réseau, a été directeur de la section de
Houston du Council on American Islamic Relations (CAIR), une vitrine des
Frères musulmans aux USA. C’est lui qui a rédigé le discours d’Obama
appelant Hosni Moubarak à quitter le pouvoir.
Né en 1978 dans le Wyoming, Rached Hussein
est un avocat d’origine indo-pakistanaise qui était un membre secret
des Frères musulmans. En juin 2002, il a participé à la Conférence
annuelle de l’American Muslim Council, anciennement dirigée par
Abdurrahmane Alamoudi, qui a été condamné pour financement de
terrorisme. Il a aussi participé au comité organisateur du Critical
Islamic Reflection, aux côtés de grandes figures des Frères musulmans
aux Etats-Unis, telles que Jamal Barzinji, Hichem al-Talib et Yacoub
Mirza. Après avoir rejoint l’équipe électorale d’Obama, ce dernier l’a
nommé en janvier 2009 conseiller juridique à la Maison Blanche. Barak
Hussein Obama l’a chargé aussi de la rédaction de ses discours sur la
politique étrangère. En 2009, c’est Rached Hussein qui a rédigé le
discours d’Obama au Caire. Répondant à des critiques, Obama a dit de son
ami et conseiller : « Je l’ai choisi pour ce poste parce que c’est un
avocat accompli et parce qu’il a joué un rôle clé dans le développement
des partenariats que j’ai demandé avec le Caire. Et comme un Hafiz
(connaisseur) du Coran, c’est un membre respecté de la communauté
musulmane américaine ».
Né en Irak, Salem el-Marayati
est un américain d’adoption. Il est actuellement directeur exécutif de
la Muslim Public Affairs Council (MPAC), une organisation islamique
créée en 1986 par des Frères musulmans. Il a été nominé en 2002 pour
travailler avec la National Security Agency. Les soupçons qui ont pesé
sur la MPAC dans la campagne sécuritaire post 11 septembre 2001, n’ont
pas empêché el-Marayati de s’approcher des néoconservateurs, puis des
démocrates au sein de l’équipe d’Obama.
Né dans le nord du Soudan en 1965, Mohamed Majid
est le fils de l’ancien mufti du Soudan. Il a émigré aux Etats-Unis en
1987. Après des études complémentaires, il a été en 1997 enseignant à
l’Université de Howard, spécialiste de l’exégèse coranique. Membre des
Frères musulmans, il a été très influent auprès des communautés
musulmanes nord américaines. En tant qu’avocat occasionnel, il a été un
militant farouche pour la criminalisation de toute diffamation de
l’islam. Ayant soutenu la candidature d’Obama aux élections
présidentielles, ce dernier lui a confié plusieurs missions associatives
de type communautaristes. En 2011, il l’a nommé conseiller au
Department of Homeland Security (DHS) pour lutter contre l’extrémisme et
le terrorisme. Il est actuellement conseiller du Federal Bureau of
Investigation (FBI) ainsi que d’autres organismes fédéraux.
Enfin, Eboo Patel
est musulman américain d’origine indienne. Il a fait ses études en
sociologie dans l’Illinois à Urbana-Champaign. Etudiant, il a été
activiste islamiste auprès des musulmans originaires de l’Inde, de Sri
Lanka et d’Afrique du Sud. Grâce à des fonds de la Fondation Ford, il
est l’initiateur de IFYC en 2002. Frère musulman et ami très proche de
Hani Ramadan, il est membre du Comité consultatif religieux du Council
on Foreign Relations. Il a été aussi très proche de Siraj Wahhaj, un
Frère musulman américain bien célèbre. Eboo Patel est actuellement
consultant au Département de la Sécurité Intérieure américaine et membre
du conseil Barak Obama’s Advisory.
Hillary Clinton avait aussi sa musulmane de service
Elle s’appelle Huma Mahmoud Abidin et elle a joué auprès de madame
Clinton un rôle majeur au début du « printemps arabe ». Avant de
rejoindre l’équipe électorale de madame Clinton, elle vient aussi de
l’ancien entourage associatif et communautariste de Barak Hussein Obama.
Pour montrer patte blanche au big boss noir, Hillary Clinton l’a
recruté parmi ses plus proches collaborateurs. Elle est née en 1976, de
père indien et de mère pakistanaise. Elle a grandi et fait ses études au
pays du wahhabisme, l’Arabie Saoudite, où ses parents travaillaient.
Lors des primaires démocrates de 2008, elle a été l’assistante
personnelle d’Hillary Clinton. Elle est mariée à Anthony David Weiner,
membre du Parti Démocrate et élu de New York.
Conclusion
Dès ses premiers frémissements en Tunisie, le « printemps arabe » a
été une vaste escroquerie médiatique et une grande conspiration
islamo-impérialiste, que le peuple tunisien, désireux de liberté et de
démocratie n'a pas vu. Avec de telles personnalités islamistes
américaines, influentes dans les instances décisionnelles et
sécuritaires, le « printemps arabe » devait forcément être un hiver
islamiste. Ce n’est pas du tout un hasard si les deux principaux
pourvoyeurs de l’islamisme dans le monde, l’Arabie Saoudite et le Qatar,
ont, dès la « révolution du jasmin », soutenu ces insurrections dites
spontanées. Ce n’est pas non plus un hasard si ces Etats continuent à
financer les djihadistes en Syrie qu’ils ont mis à feu et à sang, en
attendant de passer sans doute à l'Iran, au Liban et en Algérie. Pour
les ignorants, c’est le siècle de l’islamisme qui commence. Pour les
initiés, c’est la fin de l’islam qui est amorcée.
Fakhreddine Besbes, docteur en sciences politiques
Tunisie-Secret.com